HOT ARIEGE
L’émission qui va vous faire taper du pied
avec un paquet de blue notes
et la rage du swing
Séance 1
Introduction
Bonsoir, c’est Bruno Blue Boy ! Vous écoutez Hot Ariège, l’émission qui va vous faire taper du pied avec un paquet de blue notes et la rage du swing !
Nous allons voyage ensemble au pays de la musique populaire américaine, blanche et noire. Nous parlerons bien sûr abondamment de la musique noire, matrice de tous les genres qui se sont développés au XXe siècle : blues, rock, country, gospel, soul… Elle sera au cœur de notre sujet. Mais nous aborderons tous les styles sans exclusive. Et la présente émission va vous donner un avant-goût du vaste panorama musical que nous balaierons chaque semaine.
Au centre de tout il y a le blues, LA musique des Noirs américains de la fin du XIXème siècle jusqu’aux années soixante du siècle dernier. Notre voyage commence aujourd’hui avec l’arrivée du blues en Europe. Nous allons revivre ensemble ce fantastique moment, cela se passe dans les années soixante. Au moment où les jeunes Noirs se détournent du blues parce qu’ils considèrent que la musique de leurs grands-pères est une musique de fils d’esclaves et qu’ils entendent eux se libérer, l’Europe fait connaissance avec cette musique étrange. Maintenant fermez les yeux, nous partons en voyage dans le temps. Ça y est, vous y êtes ? Nous sommes à présent dans les années soixante et le blues arrive…
1/ John Lee Hooker
Il y a un morceau qui a tout déclenché. Ce morceau, c’est Shake It Baby, de John Lee Hooker. Nous allons sans attendre écouter la version « historique » de Shake It Baby, enregistrée à Hambourg, lors de la première tournée de l’American Folk Blues Festival en 1962, avec T-Bone Walker au piano ( ce qui est plutôt surprenant, étant donné que T-Bone Walker était un guitariste !), Willie Dixon à la contrebasse et Jump Jackson à la batterie.
Il y a un morceau qui a tout déclenché. Ce morceau, c’est Shake It Baby, de John Lee Hooker. Nous allons sans attendre écouter la version « historique » de Shake It Baby, enregistrée à Hambourg, lors de la première tournée de l’American Folk Blues Festival en 1962, avec T-Bone Walker au piano ( ce qui est plutôt surprenant, étant donné que T-Bone Walker était un guitariste !), Willie Dixon à la contrebasse et Jump Jackson à la batterie.
Shake It Baby est un morceau historique. Le public de l’American Folk Blues Festival ovationne John Lee Hooker et multiplie les rappels. Le morceau est diffusé à la radio, notamment dans l’émission Salut les copains. C’est un choc pour une génération. Les amateurs de jazz de l’époque pensaient que le blues n’était qu’une musique primitive dont la seule vocation avait été de servir d’ingrédient au jazz au début du vingtième siècle. Et voilà qu’ils découvraient une musique moderne et ravageuse.
Le 45 tours de Shake it baby devient un des tubes de l’année 1963 en France mais aussi dans les pays germaniques, en Angleterre, dans le Bénélux. En France, il s’en vend plus de 100 000 exemplaires et le morceau est classé au hit-parade entre Johnny et les Chaussettes Noires d’Eddy Mitchell.
Parlons un peu de John Lee Hooker, un artiste majeur du blues de la ville de Detroit, la ville des usines Ford. John Lee Hooker, né en 1917 dans le Mississippi, a accédé à la notoriété dans l’immédiat après-guerre par des morceaux rythmés et envoûtants tels que Boogie Chillen paru en 1948. John Lee Hooker devient en fait un maître du boogie, avec une voix profonde incroyable et une guitare qui la prolonge ou qui claque sèchement sur fond de rythme endiablé.
Il a commencé dans des conditions précaires à Detroit. Il n’y a pas à l’époque dans cette ville de grande maison de disque avec un studio correctement équipé. Il faut faire du garage, ni plus ni moins, dans un arrière-fond de boutique. Mais son talent, sa personnalité, son charisme sont tels qu’il perce quand même, obtient des succès et finit par enregistrer pour de grandes marques : King , Chess, Vee-Jay dont il devient avec Jimmy Reed une grande vedette. Il bénéficie à ce moment-là, dans les années 1955 1960, d’un soutien impeccable, avec Jimmy Reed, Eddie Taylor, Tom Whitehead à la batterie. Chacun des morceaux qu’il enregistre alors est un chef d’œuvre : Time Is Marching, Trouble Blues, I’m Mad, Want Ad Blues, je m’arrête car il faudrait tous les citer et la liste serait bien trop longue..
Dans les années soixante, il prend le train du blues revival. Nous reparlerons de cet engouement pour le blues qui apparaît dans ces années là. Il participe à de multiples festivals et aux tournées de l’American Folk Blues Festival. Après Shake It Baby, il est connu dans toute l’Europe. Etant doté d’un solide sens commercial, il n’hésite pas à jouer avec des groupes pop, même mauvais. Il se produit aussi avec un bon, le groupe des Canned Heat en 1970, et sa popularité auprès du public pop est réelle.
Je ne me lancerai pas ici dans sa discographie, bien trop abondante. John Lee Hooker est un artiste majeur du blues, sans doute le plus connu et le plus populaire avec B.B. King et Lightnin’ Hopkins. Il est mort le 21 juin 2001.alors qu’en France on célébrait la fête de la musique. John Lee Hooker s’en est allé mais sa musique est immortelle.
2/ Les Shadows
Après cette introduction sur le blues – qui, répétons-le, est à la base de tout -, nous allons faire la tournée des musiques qui faisaient fureur dans les années soixante. Le contexte de ces années-là est paradoxal : c’est la fin du rock ‘n’ roll aux Etats-Unis et son début en France, alors qu’arrive l’ère du twist et ce qu’on appelait de façon un peu péjorative les « yé-yé ».
Après cette introduction sur le blues – qui, répétons-le, est à la base de tout -, nous allons faire la tournée des musiques qui faisaient fureur dans les années soixante. Le contexte de ces années-là est paradoxal : c’est la fin du rock ‘n’ roll aux Etats-Unis et son début en France, alors qu’arrive l’ère du twist et ce qu’on appelait de façon un peu péjorative les « yé-yé ».
Quelques années avant l’apparition des Beatles et des Rolling Stones, la scène musicale est dominée aux Etats-Unis par les groupes vocaux précurseurs de la soul comme les Platters, ou encore Ray Charles et les Raelets. En Europe, le groupe qui tient le haut du pavé est celui des Shadows. Le groupe est composé de Hank Marvin guitare solo, Bruce Welch guitare rythmique, Jet Harris basse, Tony Meehan à la batterie (remplacé en 1961 par Brian Bennett).
Leur premier succès, enregistré en juin 1960 dans le studio devenu mythique d’Abbey Road à Londres, classé n°1 au hit-parade pendant plusieurs semaines, est Apache. On l’écoute.
Les Shadows sont les premiers jeunes européens à former un groupe guitare / basse / batterie, à utiliser une guitare électrique Stratocaster et a connaître le succès.
Ils représentent une transition entre le rock ‘n’ roll pur et dur d’Elvis Presley et de Chuck Berry (les Shadows étaient le groupe qui accompagnait le chanteur de rock ‘n’ roll Cliff Richard avec lequel ils ont eu pas mal de succès) et les groupes pop des années soixante.
3/ Chubby Checker
Nous continuons notre revue des styles en vogue dans les années soixante avec ce genre étrange qu’on a appelé le twist. Comme le souligne Charlie Gillett dans son histoire du rock ‘n’ roll, le twist a été acclamé comme une innovation aussi importante que le rock ‘n’ roll par une campagne publicitaire gigantesque, avec à la clé la danse de l’été 1960 qui s’est prolongée en Europe pendant plusieurs années. En Europe, le twist s’est quasiment assimilé avec le rock ‘n’ roll. On l’a compris, l’opération « twist » n’était qu’une opération commerciale destinée à vendre des disques en redonnant du souffle au rock ‘n’ roll qui commençait à disparaître sous l’effet de la politique des grandes firmes qui préféraient la variété et son public large au rock ‘n’ roll pur et dur destiné uniquement à un public jeune.
Nous continuons notre revue des styles en vogue dans les années soixante avec ce genre étrange qu’on a appelé le twist. Comme le souligne Charlie Gillett dans son histoire du rock ‘n’ roll, le twist a été acclamé comme une innovation aussi importante que le rock ‘n’ roll par une campagne publicitaire gigantesque, avec à la clé la danse de l’été 1960 qui s’est prolongée en Europe pendant plusieurs années. En Europe, le twist s’est quasiment assimilé avec le rock ‘n’ roll. On l’a compris, l’opération « twist » n’était qu’une opération commerciale destinée à vendre des disques en redonnant du souffle au rock ‘n’ roll qui commençait à disparaître sous l’effet de la politique des grandes firmes qui préféraient la variété et son public large au rock ‘n’ roll pur et dur destiné uniquement à un public jeune.
Voici la version de The Twist enregistrée en 1960 par Chubby Checker, qui est en quelque sorte le pape du twist.
La version de Chubby Checker n’était en fait qu’une reprise réussie. L’original date de 1959, un an auparavant, et constituait la face B d'un morceau du musicien de rhythm and blues Hank Ballard, qui avait connu de nombreux succès : ainsi le célèbre morceau Work with me Annie s’était vendu à plus d’un million d’exemplaires.
4/ les Platters
J’ai évoqué les groupes vocaux de l’époque. Ils étaient pléthore : les Dominoes, les Drifters, les Coasters, les El-Dorados et beaucoup d’autres qui ont eu beaucoup de succès fin des années cinquante début des années soixante… Le groupe qui va atteindre une renommée internationale grandiose fut les Platters. Faisaient partie des Platters de 1954 à 1960 : Tony Williams le ténor soliste, David Lynch ténor, Herb Reed basse, Paul Robi baryton et Zola Taylor, chanteuse contralto.
J’ai évoqué les groupes vocaux de l’époque. Ils étaient pléthore : les Dominoes, les Drifters, les Coasters, les El-Dorados et beaucoup d’autres qui ont eu beaucoup de succès fin des années cinquante début des années soixante… Le groupe qui va atteindre une renommée internationale grandiose fut les Platters. Faisaient partie des Platters de 1954 à 1960 : Tony Williams le ténor soliste, David Lynch ténor, Herb Reed basse, Paul Robi baryton et Zola Taylor, chanteuse contralto.
Leur premier succès, c’est l’immortel Only you, enregistré pour la firme Mercury en 1955. On l’écoute.
Only You est le premier morceau qui installe véritablement la musique noire au sommet de la scène internationale. I got a woman de Ray Charles est de la même année, 1955, mais ce n’est pas ce morceau-là qui va révéler ce pianiste aveugle de génie. Fats Domino avait aussi connu des succès dès les années quarante, mais il n’atteindra sa célébrité mondiale qu’avec Blueberry Hill en 1956, soit un an après Only You. Quelques chiffres permettent de mesurer l’ampleur de l’impact d’Only You. Only You est resté sept semaines en tête du hit parade des Etats-Unis, le Billboard, dans la rubrique rhythm and blues et il est resté trente semaines classé au Billboard toutes catégories. En France, Only You a occupé la tête du classement pendant douze semaines (sept en 1957 et cinq en 1958).
5/ Ray Charles
C’est tout de même Ray Charles qui va produire la grande révélation de la musique noire, avec What’d I Say, enregistré en 1959 pour la marque Atlantic, la firme d’Ahmet Ertegun et Jerry Wexler, qui a produit de très nombreux chefs d’œuvre de la musique noire.
C’est tout de même Ray Charles qui va produire la grande révélation de la musique noire, avec What’d I Say, enregistré en 1959 pour la marque Atlantic, la firme d’Ahmet Ertegun et Jerry Wexler, qui a produit de très nombreux chefs d’œuvre de la musique noire.
On écoute What’d I Say.
A noter que, pendant un temps, la chanson a été interdite sur certaine radios aux Etats-Unis. Trop érotique pour l’Amérique puritaine. Ainsi le critique Tony Russell a pu dire : “le dialogue entre le chanteur et ses choristes commence dans une église et finit dans une chambre à coucher”. On peut s ‘amuser de l’image mais la façon dont Ray Charles subjugue son auditoire par un riff implacable au piano et fait monter la tension tout au long du morceau est tout simplement inégalable.
L’impact de What’d I Say a été considérable, plus encore qu’avec les Platters. Paul McCartney a déclaré qu’il avait trouvé sa vocation lorsqu’il a entendu What’d I Say. Il s’est vendu des millions d’exemplaires du 45 tours dans toute l’Europe. Je revois encore ce disque qu’on avait acheté dans la famille sur lequel il était marqué « Bon pour le twist » ! What’d I Say a été un détonateur. Le public européen découvrait la musique noire, non pas sous la forme d’une ballade romantique comme avec les Platters, mais la vraie musique noire : un boogie endiablé au piano, une voix qui déchire et un effet entraînant irrésistible.
Un mot sur Ray Charles. Né en 1930 et décédé en 2004, Ray Charles a commencé sa carrière comme pianiste de blues aux côtés du guitariste Lowell Fulson. Comme chanteur, ses modèles sont Charles Brown et Nat King Cole. Il signe chez Atlantic en 1951. Il commence par enregistrer des ballades façon Côte Ouest. Les temps virant au rock ‘n’ roll dans le milieu des années cinquante, il évolue. L’adjonction d’un groupe de chanteuses de spirituals, les Raelets, en 1956 est un tournant majeur qui va lui permettre d’enchaîner succès sur succès. Il est devenu d’abord un monstre du rhythm and blues, puis l’immense vedette que tout le monde connaît. Le show bizz a évidemment édulcoré ses productions sur la fin mais cela n’enlève rien au fait que Ray Charles mérite de figurer au panthéon de la musique noire américaine..
6/ Elvis Presley
Continuons notre tour d’horizon. Il est évidemment impossible de parler du contexte des années cinquante soixante sans parler d’Elvis Presley. Si musicalement le rock ‘n’ roll trouve son origine dans le rhythm ‘n’ blues et la country des années quarante, voire dans le blues des années trente, c’est bien Elvis qui lui donne son véritable départ. Notons au passage qu’il convient de distinguer deux styles :
Continuons notre tour d’horizon. Il est évidemment impossible de parler du contexte des années cinquante soixante sans parler d’Elvis Presley. Si musicalement le rock ‘n’ roll trouve son origine dans le rhythm ‘n’ blues et la country des années quarante, voire dans le blues des années trente, c’est bien Elvis qui lui donne son véritable départ. Notons au passage qu’il convient de distinguer deux styles :
- il y a d’abord le rock ‘n’ roll, qui s’est écrit d’abord en toutes lettres et en trois mots distincts « rock, and, roll », puis par la suite avec un simple ‘n’ entouré d’apostrophes entre rock et roll. Le rock ‘n’ roll est un genre musical spécifique qui a existé aux Etats-Unis entre 1954 et 1961, les dates précises ont leur importance, avant de trouver un prolongement en Europe jusqu'en 1964 /1965 ;
- il y a aussi le rock, rock tout court, qui est un courant beaucoup plus large issu du premier et qui s’est assimilé avec la pop music, d’où le terme de rock / pop parfois utilisé, et qui dure encore. Alors que le rock ‘n’ roll est mort, le rock continue mais sous des formes aujourd’hui très différentes des origines.
Avec Elvis Presley, nous parlons ici du rock ‘n’ roll et plus spécialement de sa naissance. Je vais évoquer une scène bien connue : ça se passe le 5 juillet 1954 à Memphis, dans les studios de la maison Sun, la maison de disques devenue légendaire qui est dirigée par Sam Phillips. A cette époque Sam Phillips a déjà enregistré une trentaine de blues et est à la recherche d’un chanteur blanc qui pourrait chanter comme les Noirs, ce qui lui donnerait accès à un public plus large car la ségrégation entre Blancs et Noirs est extrêmement forte dans ces années là. Elvis a fait plusieurs essais de ballades peu concluants. C’est au cours d’une pause qu’Elvis se met de façon impromptue à interpréter librement un blues d’Arthur Big Boy Crudup, That’s All Right Mama. Aussitôt, Phillips fait signe aux accompagnateurs de reprendre leurs instruments, les micros sont rebranchés, une heure après le disque est prêt. Cette anecdote est hautement significative de l’impact formidable rencontré par l’alliage de l’authenticité (à l’inverse des produits en série formatés par l’industrie du disque) et, bien sûr, du blues, musique capable de dégager une émotion considérable.
C’est ce morceau qu’on écoute à présent, That’s All Right, où Elvis est accompagné de Scotty Moore à la guitare et de Bill Black à la contrebasse.
Je n’épiloguerai pas sur la carrière d’Elvis Presley qui a créé le genre avant de devenir de façon méritée un véritable héros du rock ‘n’ roll pour les jeunes incarnant la libération et la transgression, puis un chanteur de ballades sirupeuses dans les années soixante, un acteur de mélos pour midinettes au cinéma ensuite, enfin un chanteur revenant qui se singeait lui-même avant de finir à quarante deux ans sans doute à cause d’un abus de médicaments. L’image qu’il faut garder d’Elvis, c’est celle des années cinquante, quand il a créé le rock ‘n’ roll en reprenant la façon de jouer des Noirs.
7/ Hank Williams
On ne soulignera jamais assez l’influence du blues, non seulement dans le rock ‘n’ roll mais dans tous les styles dérivés, rock, pop, soul… Nous consacrerons évidemment de nombreuses émissions à tous ces bluesmen inconnus du grand public, comme Arthur Crudup l’auteur de That’s All Right Mama et bien d’autres, qui ont créé d’authentiques chefs d’œuvre et exercé une influence énorme sur tous les musiciens populaires à partir des années cinquante.
On ne soulignera jamais assez l’influence du blues, non seulement dans le rock ‘n’ roll mais dans tous les styles dérivés, rock, pop, soul… Nous consacrerons évidemment de nombreuses émissions à tous ces bluesmen inconnus du grand public, comme Arthur Crudup l’auteur de That’s All Right Mama et bien d’autres, qui ont créé d’authentiques chefs d’œuvre et exercé une influence énorme sur tous les musiciens populaires à partir des années cinquante.
Le style de musique spécifique créé par Presley en 1954 porte le nom de rockabilly (contraction de rock et de hillbilly, qui signifie paysan, péquenot). Le rockabilly est l’un des cinq genres identifiables de rock ‘n’ roll, à côté de celui des groupes vocaux dont on a déjà parlé, des orchestres rhythm and blues (chef de file Bill Haley), du piano Nouvelle Orléans (Little Richard) et du style dérivé du blues de Chicago (Chuck Berry).
On a dit que le rockabilly était un mariage entre le blues et la musique country. Ce n’est évidemment pas faux, mais en réalité ce qu’on vient d’écouter démontre que le rockabilly trouve son origine dans une certaine façon pour de jeunes chanteurs blancs de jouer du blues plutôt que dans une synthèse artificielle entre deux styles. Et de fait, la musique country a été plus présente dans les faces B des groupes de l’époque (telles que Blue Moon of Kentucky, la face B de That’s All Right sur le premier 45 tours de Presley) que comme ingrédient à part entière dans les morceaux de rock ‘n’ roll. Le film Jailhouse Rock dont Elvis Presley est la vedette et qui tend à ringardiser la « vieille » musique country par rapport au « jeune » rock ‘n’ roll est assez révélateur, en tout cas de ce que les grandes firmes du moment pensaient de ces musiques et de leurs publics.
Mais il est vrai que la country music a connu de nombreux précurseurs du rock ‘n’ roll. Certains chanteurs de country se sont d’ailleurs essayé, sans trop de succès, au rock ‘n’ roll, comme Eddie Bond, les Maddox Brothers, ou encore Skeets McDonald qui a employé le jeune Eddie Cochran.
Celui qui est considéré comme le géant du genre est le chanteur guitariste Hank Williams, dont le morceau le plus connu est Move it on over enregistré en 1947. On l’écoute.
Hank Williams, c’est l’icône de la country music. Originaire de l’Alabama, il est né Hiram Williams en 1923 et il est décédé en 1953. Il a eu durant son adolescence un bluesman comme mentor, Rufus Payne. Il forme son premier groupe en 1938, les Drifting Cow-boys. Il sort son premier album en 1946, Never Again. Jusqu’à sa mort, toutes les productions de Hank Williams seront des succès commerciaux. En dehors de Move It On Over, citons Honky Tonkin’, Lovesick Blues, My Bucket’s Got A Hole In It, Long Gone Lonesome Blues. De nombreux morceaux de Hank Williams ont fait l’objet de reprises dans d’autres genres que la country, en rock ‘n’ roll bien sûr, mais aussi en blues, en jazz, rock etc. Il est mort en pleine gloire à 29 ans. Ses graves problèmes d’alcool ne sont sans doute pas pour rien dans cette mort prématurée. Hank Williams laisse une œuvre immense.
8/ Chuck Berry
Evidemment l’influence du blues s’est exercée de la façon la plus directe et la plus évidente sur les musiciens noirs qui ont choisi de prendre le train en marche du rock ‘n’ roll dès le milieu des années cinquante.
Evidemment l’influence du blues s’est exercée de la façon la plus directe et la plus évidente sur les musiciens noirs qui ont choisi de prendre le train en marche du rock ‘n’ roll dès le milieu des années cinquante.
C’est le cas en particulier de Chuck Berry, qui jouait du blues dans son adolescence, très influencé par T-Bone Walker. Natif de Saint-Louis, Chuck Berry arrive à Chicago en 1955 et grâce à Muddy Waters il rentre à la maison de disques de Leonard Chess. Il a ainsi la chance d’être accompagné par les meilleurs musiciens de Chicago : Otis Spann ou Johnny Johnson au piano, Willie Dixon à la basse, Matt Murphy à la guitare rythmique, Fred Below à la batterie. En revanche, il se produira souvent sur scène avec des musiciens médiocres. Quoi qu’il en soit, dès 1955 Il enchaîne immédiatement les succès.
On écoute l’un d’eux, Memphis Tennessee, enregistré en 1959.
Dans son histoire du rock ‘n’ roll, Charlie Gillett écrit que Chuck Berry est « peut-être la figure la plus importante du rock ‘n’ roll ». En tout état de cause, Chuck Berry, né en 1931 et mort cette année (le 18 mars 2017) a créé un style essentiel et a composé une liste de standards du rock ‘n’ roll tout à fait impressionnante : outre Memphis Tennessee qu’on vient d’entendre, Sweet Little Sixteen, Johnny B. Goode, Roll Over Beethoven, Little Queenie sont les plus connus mais on pourrait en ajouter une dizaine d’autres. Il incarne la combinaison du blues de Chicago, du rhythm and blues et du rock ‘n’ roll. Ses morceaux ont servi de rampe de lancement pour les Beatles et les Rolling Stones. Son influence sur les musiciens de rock et au-delà est considérable. Personne d’autre que lui ne peut se prévaloir d’une telle influence. Il est une figure majeure de notre temps.
9/Big Bill Broonzy
Après ce panorama rapide de la musique dominante des années cinquante soixante, on va terminer avec deux morceaux de blues authentique dus à des géants du blues. Le premier est de Big Bill Broonzy, chanteur guitariste né en 1898 et décédé en 1958. Big Bill Broonzy est le véritable créateur du blues de Chicago dans les années trente. Il a enregistré plus de 300 titres avant guerre. Il est à ce moment-là le bluesman le plus populaire et le plus influent de son temps. Il est le king du Chicago Blues. C’est à la fois un chanteur expressif et un guitariste hors pair. Sa popularité a décru après la guerre car les adeptes de la guitare électrique dominent la scène. L’heure est alors venue pour Muddy Waters et John Lee Hooker. Big Bill Broonzy a continué d’enregistrer néanmoins et il est le premier bluesman à venir en Europe dès 1951 et à s’y tailler une réputation mondiale.
Après ce panorama rapide de la musique dominante des années cinquante soixante, on va terminer avec deux morceaux de blues authentique dus à des géants du blues. Le premier est de Big Bill Broonzy, chanteur guitariste né en 1898 et décédé en 1958. Big Bill Broonzy est le véritable créateur du blues de Chicago dans les années trente. Il a enregistré plus de 300 titres avant guerre. Il est à ce moment-là le bluesman le plus populaire et le plus influent de son temps. Il est le king du Chicago Blues. C’est à la fois un chanteur expressif et un guitariste hors pair. Sa popularité a décru après la guerre car les adeptes de la guitare électrique dominent la scène. L’heure est alors venue pour Muddy Waters et John Lee Hooker. Big Bill Broonzy a continué d’enregistrer néanmoins et il est le premier bluesman à venir en Europe dès 1951 et à s’y tailler une réputation mondiale.
Le morceau qu’on va entendre, Keep Your Hands Of Her, est issu d’une session enregistrée pour la firme Mercury en 1949, avec Antonio Cosey au saxo alto, Carl Sharp au piano, Ransom Knowling à la basse et Alfred Wallace à la batterie.
Ce morceau figure sur l’excellent CD « Big Bill Broonzy, Rockin’ in Chicago 1949-53 », édité par Rev-Ola Bandstand que je vous recommande.
Au-delà de sa carrière couronnée de succès, Big Bill Broonzy a joué un rôle considérable dans l’histoire pour le développement du blues urbain.
10/ Lightnin’ Hopkins
Le dernier morceau est dû à un autre géant du blues, Lightnin’ Hopkins. De son vrai nom Sam Hopkins, Lightnin’ Hopkins était un chanteur guitariste du Texas qui a passé des années avant guerre à mener une vie errante en jouant dans des soirées ou des campements d’ouvriers. Il a accompagné le légendaire Blind Lemon Jefferson, guitariste aveugle qui a exercé une grande influence sur les bluesmen texans. Il est baptisé « Lightnin’ », l’éclair, à la fin des années quarante, alors que son compère, le pianiste Wilson Smith, est surnommé pour sa part « Thunder », le tonnerre. Ensemble, ils gravent des faces pour Aladdin et le morceau Katie Mae remporte un grand succès en 1946. Il a connu plusieurs autres succès dans l’immédiat après-guerre grâce à sa voix chargée d’émotion et à un jeu de guitare suramplifiée très incisif. Jusqu’en 1954, il enregistre de manière prolifique pour de nombreuses marques. Des morceaux comme Short Haired Woman en 1947, Fast Life Woman en 1949 ou Coffee Blues en 1950 assoient sa notoriété.
Le dernier morceau est dû à un autre géant du blues, Lightnin’ Hopkins. De son vrai nom Sam Hopkins, Lightnin’ Hopkins était un chanteur guitariste du Texas qui a passé des années avant guerre à mener une vie errante en jouant dans des soirées ou des campements d’ouvriers. Il a accompagné le légendaire Blind Lemon Jefferson, guitariste aveugle qui a exercé une grande influence sur les bluesmen texans. Il est baptisé « Lightnin’ », l’éclair, à la fin des années quarante, alors que son compère, le pianiste Wilson Smith, est surnommé pour sa part « Thunder », le tonnerre. Ensemble, ils gravent des faces pour Aladdin et le morceau Katie Mae remporte un grand succès en 1946. Il a connu plusieurs autres succès dans l’immédiat après-guerre grâce à sa voix chargée d’émotion et à un jeu de guitare suramplifiée très incisif. Jusqu’en 1954, il enregistre de manière prolifique pour de nombreuses marques. Des morceaux comme Short Haired Woman en 1947, Fast Life Woman en 1949 ou Coffee Blues en 1950 assoient sa notoriété.
On l’écoute ici dans un boogie rapide intitule Tap Dance Boogie enregistré à Houston en 1951.
Un détail étonnant sur ce morceau : le tapement régulier que l’on entend et qui imprime le rythme est produit par une capsule de bouteille de soda fixée sous la semelle du chanteur qui bat la mesure sur une planchette en bois ! Et on entend distinctement Lightnin’ interpeller quelqu’un par un « Tire toi de là que je puisse voir mes chaussures ! ». C’est ça le blues, du direct, de l’authentique !
Que dire sur la carrière de Lightnin’ Hopkins ? Après un trou entre 1954 et 1959, Lightnin’ Hopkins devient l’une des grandes figures du blues revival des années soixante. Dès lors il ne cessera plus de se produire et d’enregistrer. Lightnin’ Hopkins était quelqu’un de spontané et d’étonnant. Il était capable d’empocher un cachet de plusieurs milliers de dollars d’une maison de disques et en sortant d’aller jouer au coin de la rue avec sa guitare et recevoir quelques pièces données par les passants.
Il y a quelques années, un sondage parmi les lecteurs d’une revue spécialisée dans le blues en France avait montré que Lightnin’ Hopkins était le bluesman le plus populaire parmi les amateurs de blues. Lightnin’ Hopkins excelle aussi bien dans les morceaux lents qu’il charge d’un feeling incroyable que dans les boogies rapides où il dégage un swing exubérant inégalable. Il faut ajouter à cela une personnalité extraordinairement attachante pour son authenticité, sa poésie, son humour, sa philosophie de la vie. Lightnin’ Hopkins, c’est le blues. Que dire de plus ?
Voilà, nous sommes arrivés au terme de notre émission.
Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE
Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :
https://www.radio-transparence.org/
Merci pour votre visite & Bon Blues !!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire