jeudi 28 septembre 2017

Séance 2


HOT ARIEGE
L’émission qui va vous faire taper du pied 
avec un paquet de blue notes 
et la rage du swing























Séance 2


1/ Fats Domino
On commence tout de suite avec un artiste incontournable à plus d’un titre : Antoine Fats Domino, né en 1929 et toujours vivant. Fats Domino se situe à la lisière de plusieurs styles : blues, rhythm and blues, rock ‘n’ roll. Il s’inscrit pleinement dans la tradition des chanteurs de blues de la Nouvelle-Orléans avec un style exubérant et un jeu de piano basé sur le boogie woogie. C’est aussi un des vrais créateurs noirs du rock ‘n’ roll, à côté de figures telles que Louis Jordan ou Big Joe Turner. 
Fats Domino a commencé sa carrière au sein de l’orchestre du saxophoniste Dave Bartholomew. Il enregistre sous son nom en 1949 pour la marque locale Imperial qui démarrait à ce moment-là. Il remporte immédiatement un premier succès avec The Fat Man. On l’écoute. 
The Fat Man est un immense succès commercial. Le million d’exemplaires vendus est rapidement atteint. La marque Imperial décolle. Fats Domino a ouvert la voie à de nombreux chanteurs locaux, comme Archibald ou Smiley Lewis. Le style rhythm ans blues de la Nouvelle Orléans est né.
Fats Domino est l’un de ceux qui ont contribué à faire tomber la barrière entre les publics, noir et blanc, et les hit-parades. Jusqu’ici les succès des noirs étaient copiés par des artistes blancs – ce qu’on a appelé les « cover versions » – qui les capitalisaient au profit d’un public blanc plus large. Les nombreux succès de Fats Domino, notamment Ain’t That A Shame enregistré en 1955, vont être classés dans la même rubrique que les chansons des blancs dans le Billboard, le magazine américain qui publie les hit-parades, tandis que les cover versions de Pat Boone feront un flop retentissant.
Fats Domino est l’auteur d’une série incroyable de standards : Don’t You Lie To Me, Hey Là-bas, Going Home, Blueberry Hill, I’m Ready, I’m In A Love Again, Blue Monday, My Girl Josephine… Aucun autre chanteur de rhythm and blues n’a eu autant de succès que lui. Fats Domino est incontestablement le king du rhythm and blues, un king qui a réussi à percer pleinement dans le rock ‘n’ roll.
Si quelqu’un mérite d’être qualifié de légende vivante, c’est bien Fats Domino !


2/ Memphis Slim
Au début des années soixante, l’Europe méconnaît totalement le blues, assimilé à un art mort ayant existé au début du XXème siècle comme l’une des sources du jazz et ayant disparu par la suite. C’est évidemment une méprise totale puisqu’après une longue vie à côté du jazz le blues a connu une espèce de nouvel âge d’or après la guerre, notamment grâce à la guitare électrique et qu’à cette période les clubs noirs des grandes villes américaines présentent de nombreux bluesmen d’une valeur inestimable, comme John Lee Hooker, Muddy Waters ou Howlin’ Wolf.
Big Bill Broonzy est venu en Europe dès 1951. Mais c’est un artiste qui représente plutôt le blues d’avant guerre. Des Britanniques, Chris Barber, Alexis Korner, vont faire venir au Royaume Uni en 1958 un artiste vraiment représentatif du blues moderne, Muddy Waters. Mais c’est une opération ponctuelle, sans lendemain et sans répercussion dans le reste de l’Europe. Ce sont deux allemands, Horst Lippmann et Fritz Rau, qui vont avoir l’idée de génie : organiser des tournées de bluesmen dans toute l’Europe. La première tournée démarre en 1962 avec John Lee Hooker, le pianiste Memphis Slim, le duo formé par l’harmoniciste Sonny Terry et le guitariste Brownie McGhee, le contrebassiste Willie Dixon, l’harmoniciste Shakey Jake, le guitariste T-Bone Walker, la chanteuse Helen Humes et le batteur Jump Jackson.
Voici We’re Gonna Rock enregistré le 18 octobre 1962 à Hambourg avec Memphis Slim au chant et au piano, T-Bone Walker à la guitare, Willie Dixon à la contrebasse et Jump Jackson à la batterie.
La tournée de l’American Folk Blues Festival de 1962 a connu un immense succès. Je l’avais signalé dans l’émission précédente, le 45 tours de John Lee Hooker enregistré lors de cette tournée avec le morceau Shake It Baby se vend en France à plus de cent mille exemplaires. Dès lors, les tournées de l’American Folk Blues Festival ont lieu chaque année par la suite. Elles se prolongeront jusqu’en 1972, avant de disparaître concurrencées par d’autres tournées. Elles auront permis de faire découvrir au public européen des géants tels que Lightnin’ Hopkins, Muddy Waters, Howlin’ Wolf et bien d’autres. Ces tournées ont une importance historique considérable. Elles ont influencé une grande quantité de jeunes musiciens, notamment britanniques, qui se feront un nom dans la pop music quelques années plus tard. 

Un mot sur Memphis Slim, l’auteur de We’re Gonna Rock. Son vrai nom est John Len Chatman et il a pris le nom de son père, Peter. Il est né en 1915 à Memphis dans le Tennessee. C’est là qu’il rencontre Roosevelt Sykes qui devient son mentor. Il s’établit à Chicago en 1937 et commence à enregistrer en 1940 pour les marques Okeh et Bluebird. Il remporte un succès avec Beer Drinkin’ Woman. Dès lors il ne cesse plus d’enregistrer. Son morceau le plus connu est Everyday I Have The Blues, devenu un standard du blues. En 1959, Memphis Slim s’associe à Willie Dixon avec lequel il monte un duo piano / contrebasse qui connaît un grand succès auprès du public du blues revival. En 1961, il se fixe à Paris et joue notamment au cabaret les « Trois Mailletz » jusqu’en 1974. C’est ce qui explique qu’il soit devenu un bluesman connu en France. Il est mort en février 1998.
Memphis Slim est l’archétype du pianiste de Chicago, émule de Roosevelt Sykes et particulièrement brillant dans les boogie-woogies. 


3/ Rolling Stones
Inutile de présenter les artistes qui suivent car tout le monde les connaît. Il s’agit des Rolling Stones, qui connaissaient déjà le blues avant les tournées de l’American Folk Blues Festival. Keith Richards, le guitariste, raconte dans son autobiographie, Life, parue chez Robert Laffont en 2010, que comme Mick Jagger il connaissait  Muddy Waters, Howlin’ Wolf, Lightnin’ Hopkins, Buddy Guy et d’autres encore dès 1959, à l’âge de 15-16 ans. Jagger, Richards et Charlie Watts, le batteur, ont participé à partir d’avril 1962 au groupe d’Alexis Korner, Blues Incorporated, qui cherchait à percer en jouant du blues.
En fait, le succès des Rolling Stones, au moins au début, est dû plutôt à des reprises de morceaux de Chuck Berry qu’à des blues purs et durs. Ainsi leur premier 45 tours sorti en 1963 comporte sur la face A Come On, une reprise de Chuck Berry, et sur la face B I Want To Be Loved, un blues de Willie Dixon. Mais c’est bien la face A, Come On, qui assure leur première notoriété.
On écoute à présent un morceau paru l’année suivante, en 1964, Around and Around. Le groupe se compose alors de Jagger au chant, Richards et Jones aux guitares, Bill Wyman à la basse et Charlie Watts à la batterie.
Rappelons que le nom du groupe des Rolling Stones, les pierres qui roulent, a été choisi par le leader d’origine du groupe, Brian Jones, en référence à une chanson de Muddy Waters, Rollin’ Stone. La notoriété mondiale des Rolling Stones ne viendra que l’année suivante, en 1965, avec le morceau I Can’t Get No (Satisfaction). 


4/ Mississippi Fred McDowell
On connaît la suite de l’histoire des Rolling Stones qui ont inscrit de nombreux blues à leur répertoire jusqu’à leur dernier album de 2017, Blue & Lonesome, qui est constitué intégralement de reprises de Little Walter, Howlin’ Wolf, Magic Sam et autres.
Mais c’est en 1971 qu’ils ont inclus dans leur album Sticky Fingers, un morceau intitulé You Gotta Move que le bluesman Mississippi Fred McDowell avait enregistré six ans auparavant.
On écoute le morceau original You Got To Move, enregistré par Fred McDowell en public à New-York en novembre 1971.
Fred McDowell est né en 1904 dans le Tennessee, il est mort en 1972. C’est l’un des très grands bluesmen du Delta du Mississippi, l’un des lieux de naissance du blues. Il a exercé différents métiers, poseur de traverses, ouvrier tonnelier, ouvrier agricole, avant d’être découvert en 1959 par le grand ethnomusicologue Alan Lomax qui le fait enregistrer. Mississippi Fred McDowell signe chez Atlantic et Prestige. C’est en 1964 qu’il connaît la consécration avec la publication de deux albums remarquables : « My Home Is On The Delta » et « Mississippi Delta Blues ». Par la suite Fred McDowell devient l’une des grandes figures du blues revival des années soixante. Sans pour autant répugner à utiliser la guitare électrique malgré la prévention du public folk. A l’instar de You Got To Move, les morceaux qu’il grave de la fin des années soixante jusqu’à sa mort en 1972 en utilisant la guitare électrique sont de toute beauté. Il nous a laissé des disques fantastiques. Citons Mississippi Delta Blues enregistré pour Arhoolie en 1964 et I Do Not Play No Rock And Roll, paru en 1971 chez Capitol.  
Mississippi Fred McDowell est un digne représentant du blues rural du Mississippi. Il est la principale découverte du blues revival. On ne saurait trop remercier les musicologues qui ont accompli des recherches difficiles dans les années quarante cinquante pour trouver, ou parfois retrouver, des artistes qui comptent parmi les plus grands noms du blues et les faire enregistrer.


5/ The City Ramblers Skiffle Group
Parallèlement au rock ‘n’ roll, un autre courant plus méconnu représenta une forme de pont entre la musique européenne et le blues. Il s’agit d’un style né en Grande-Bretagne à la fin des années cinquante, qu’on a appelé le skiffle. Ce style est l’aboutissement d’un revival entrepris en faveur du jazz traditionnel de la Nouvelle-Orléans. C’est ainsi que le tromboniste Chris Barber, qui joua après guerre en Angleterre le même rôle que Claude Luter en France pour populariser la musique de Sidney Bechet et des débuts de Louis Armstrong, en fut l’une des principales figures. 
Ce courant, au début très minoritaire, est venu sur le devant de la scène en 1958 lorsque Lonnie Donegan (son vrai nom est Tony Donegan mais il s’est fait appeler Lonnie en l’honneur du bluesman Lonnie Johnson) enregistra le morceau Rock Island Line du bluesman Huddie Ledbetter, connu sous le nom de Leadbelly. Avec Cliff Richard et les Shadows, Lonnie Donegan est le chanteur anglais qui aura eu le plus de succès avant l’apparition des Beatles.
Une multitude de groupes apparurent alors avec l’appui d’une instrumentation hétéroclite, parfois proche de celle des jugs bands, ces groupes d’orchestres composés d’instruments à cordes qui sévissaient dans les années vingt et trente, notamment aux alentours de la ville de Memphis dans le Tennessee. Le mot « jug » signifie jarre : le musicien soufflait dans une bouteille, ce qui produisait un son étouffé assez saisissant. Les groupes de skiffle avaient aussi parfois une consonance proche des groupes celtiques qui apparaîtront quelques années plus tard.
Voici Keep Your Pistol Good And Loaded, enregistré en 1957 par The City Ramblers Skiffle Group. 
Dans son ouvrage « Le blues moderne 1945 –1973 » paru chez Albin Michel en 1973, Philippe Bas-Rabérin note : « Socialement, ce genre musical correspondait à diverses aspirations de gauche … : les marches pour la paix ou contre la défense nucléaire étaient la plupart du temps servies par un orchestre « trad » ou de skiffle. »
En France ce courant a été représenté par Hugues Aufray, propulsé en tête du hit-parade en décembre 1961 avec la chanson Santiano. Ce style venu du Royaume Uni, le skiffle, ne doit pas être confondu avec le courant folk américain qui a connu un regain d’intérêt avec les succès de Bob Dylan à partir du milieu des années soixante et qui se place après le rock ‘n’ roll. Mais les deux ont puisé dans le répertoire du folk américain des années trente, Woody Guthrie, Leadbelly, et jouent dans le même registre.
En fait le skiffle a disparu assez rapidement. Il a été étouffé en Angleterre par la popularité des Shadows, à la sonorité rock et électrique, eux-mêmes balayés ensuite par la vague des Beatles et des Rolling Stones.


6/ The Gospelaires Of Dayton
Un autre genre représente une influence majeure sur la musique populaire, y compris sur le blues lui-même puisque ce genre lui est antérieur, il s’agit du gospel.
La musique religieuse est présente très tôt chez les esclaves noirs américains (on parle de negro spirituals), peut-être dès le XVIIIème siècle alors que les premières formes de blues n’apparaissent qu’après la guerre de Sécession, vers la fin du XIXème  siècle. 
Parmi les interprètes les plus connus de gospel, on peut citer le Golden Gate Quartet, Sister Rosetta Tharpe, Mahalia Jackson, les Dixie Hummingbirds et les Blind Boys of Alabama. 
On écoute Ride This Train, un morceau enregistré par The Gospelaires Of Dayton en 1961. Melvyn Pullen et Charles McLean sont les ténors, Robert Washington, Frank Peoples et Paul Arnold les barytons, enfin Robert Latimore le chef du groupe tient la guitare et la batterie.
The Gospelaires Of Dayton sont une illustration de l’évolution du gospel dans les années soixante. La musique sacrée s’ouvre à l’influence de la musique profane. La première innovation vient des Pilgrim Jubilees Of Chicago qui font appel en 1959 au pilier du blues de Chicago Willie Dixon et à sa basse électrique. Dès lors le mouvement est lancé. De nouveaux groupes émergent. Ces groupes sont composés exactement de la même manière que les orchestres de blues avec guitares électriques, basse, batterie, piano etc. Bien sûr l’orgue joue un rôle important dans ce registre.
Les Gospelaires Of Dayton ont à ma connaissance commencé à enregistrer en 1957. Ride This Train, qui date de 1961, est leur composition la plus connue. A signaler également A Sad Song paru en 1968.  


7/ The Dominoes
L’influence des negro spirituals sur les groupes vocaux des années soixante est évidemment importante. 
Citons Charlie Gillett, qui écrit dans son ouvrage The sound of the city - histoire du rock ‘n’ roll, écrit en 1970 paru chez Albin Michel en 1986 : « Le style des groupes vocaux était presque un retour en arrière… La plupart des groupes vocaux noirs qui apparurent à cette époque étaient jeunes, inexpérimentés et avaient pour chanteurs des amateurs qui répétaient dans des installations improvisées sans bénéficier de la présence de musiciens qui puissent les aider pour leurs arrangements. Pour compenser, chacun des chanteurs d’arrière-plan devait inventer une partie ayant un impact plus rythmique qu’harmonique, et c’étaient souvent à cause de leurs ingénieux contre-chants que leurs disques retenaient l’attention ».
C’était incontestablement le cas pour des groupes comme les Chords ou Frankie Lymon et les Teenagers qui chantaient des mièvreries de variété. En revanche, un groupe comme celui des Dominoes, dont le chanteur vedette était Clyde McPhatter, était extrêmement professionnel. Et la filiation avec le gospel est directe en ce qui les concerne puisque le groupe a été formé en 1950 par un professeur de gospel de New-York, Bill Ward. 
Voici Sixty Minute Man par les Dominoes, un morceau de 1951 qui fait la part belle à Bill Brown, le chanteur de basse du groupe, avec Bill Ward au piano.
Notons que les paroles n’ont rien à voir avec le gospel :
Si votre homme vous traite pas bien,
Venez donc voir le père Dan ;
J’les fais balancer et j’les fais rouler toute la nuit ;
Je suis l’homme des soixante minutes.
Si vous voulez des détails et des compléments, vous avez ce qu’il vous faut dans le refrain :
Il y aura quinze minutes de baisers,
Puis tu crieras : « Oh, s’il te plaît n’arrête pas ! »
Il y aura quinze minutes de caresses
Et quinze minutes d’effusion
Et quinze minutes où je me mettrai en rogne.
Et dans ce contexte, les soupirs éloquents de Clyde McPhatter à l’arrière plan et les « Don’t Stop ! », n’arrête pas !, qu’il balance au moment voulu sont plus que suggestifs. A noter l’utilisation dans la chanson des termes « rock » et « roll » dès 1951 : I rock ‘em, roll ‘em all night long.
Dois-je préciser que dans le climat de l’Amérique puritaine des années cinquante, la chanson a été interdite sur de nombreuses radios ? Cela n’a en tout cas pas empêché qu’elle trône de longues semaines en tête du hit-parade.
Billy Ward a formé les Dominoes en 1950 à New York. Il signe chez Federal / King et le succès est immédiat avec Do Something For Me. Les Dominoes récidivent en 1951 avec Sixty Minute Man, le plus gros hit de l’année 1951. Le groupe se renouvelle en 1952 avec le départ de Clyde McPhatter chez les Drifters, remplacé par Jackie Wilson. Ils obtiennent un succès avec Have Mercy Baby. D’autres succès suivront jusqu’en 1958.
Des Dominoes sont issus deux chanteurs d’exception qui ont fait une grande carrière après leur passage chez les Dominoes : Clyde McPhatter et Jackie Wilson. Nous en reparlerons au cours de prochaines émissions.


8/ Louis Jordan
Puisqu’on parle des précurseurs du rock ‘n’ roll, il est impossible de faire l’impasse sur un artiste qui a joué un rôle majeur dans l’évolution du rhythm and blues des années quarante vers le rock ‘n’ roll : Louis Jordan.
Louis Jordan a mis au point un style de rhythm and blues incroyablement efficace, à base de jump blues et de boogie. Il est l’auteur d’une dizaine de morceaux, comme Caldonia Boogie, Keep-A-Knockin’, Let The Good Times Roll, qui sont devenus des standards du blues et du rock ‘n’ roll.
On écoute l’un d’eux : Choo Choo Ch’ Boogie, un morceau de Louis Jordan and his Tympany Five, enregistré à Los Angeles en 1946, avec Aaron Izenhall à la trompette, Josh Jackson au saxo ténor, Wild Bill Davis au piano, Carl Hogan à la guitare électrique, Jesse Simpkins à la basse et Eddie Boyd à la batterie (à ne pas confondre avec un autre Eddie Boyd, pianiste de Chicago).
Louis Jordan, né en 1908 mort en 1975, joueur de clarinette et de saxophone, fait partie de ces musiciens inclassables qui se situent au carrefour de plusieurs styles : blues, jazz, rock ‘r’ roll… Il a commencé à enregistrer dès 1929 avec le chef d’orchestre et batteur de jazz Chick Webb. Il a accompagné notamment Louis Armstrong et Ella Fitzgerald. Il fonde son orchestre, les Tympany Five, en 1938 et signe chez Decca. Il obtient un succès immédiat et devient une véritable star. Ses morceaux se caractérisent par un rythme endiablé, des riffs efficaces, un swing exubérant et Louis Jordan n’hésite pas à les émailler de blagues et de gags qui constituent son cachet personnel. Son succès ne faiblit pas tout au long des années quarante. Il trône sans arrêt en tête du Billboard dans la catégorie rhythm and blues. Et son influence considérable s’étend bien au-delà du seul rhythm and blues.
Louis Jordan, c’est le trait d’union parfait entre le jazz swing des années trente et le rock ‘n’ roll des années cinquante. Il est le principal artisan, avec Fats Domino et Big Joe Turner, de l’élaboration du rhythm and blues première manière, éclatante préfiguration du rock ‘n’ roll.

9/ Big Maceo
Voici à présent un autre artiste important des années quarante, Big Maceo, de son vrai nom Major Merriwheather. Big Maceo, né en Géorgie en 1905, décédé en 1953, a créé un style de piano très reconnaissable avec ses basses roulantes exécutées avec puissance de la main gauche, qui a fortement influencé la plupart des pianistes de Chicago.
Il rejoint Chicago en 1940, où il fréquente Tampa Red et Big Bill Broonzy. Il enregistre pour Bluebird à partir de 1941. Worried Life Blues obtient un grand succès et devient un standard du Chicago blues.
On écoute County Jail Blues, un morceau de 1941 où le jeu de piano de Big Maceo se marie à merveille avec la guitare incroyablement mélodieuse de Tampa Red, « The Guitar Wizard », le sorcier de la guitare. Sa voix légèrement voilée crée un climat de tristesse saisissant. La basse est tenue par Ransom Knowling. 
Big Maceo multiplie les séances d’enregistrements et les chefs d’œuvre, tels Why Should I Hang Around ou Poor Kelly Blues. Chicago Breakdown, enregistré en 1945 avec Tampa Red à la guitare et Charles Sanders à la batterie, est un sommet du boogie-woogie et certainement l’un des meilleurs blues instrumentaux qui ait jamais été enregistré. 
Big Maceo a été frappé par une attaque en 1946 et il s’est retrouvé paralysé d’un côté. Sur la fin de sa vie, il n’est plus que l’ombre de lui-même et il est mort terrassé par une crise cardiaque en 1952, à l’âge de 47 ans.
Big Maceo est l’un des plus grands pianistes de l’histoire du blues.


10/ Jimmy Reed
termine l’émission par un géant parmi les géants, Jimmy Reed. Jimmy Reed, né en 1925 dans le Mississippi, est un monstre du blues. En termes de succès commercial, avec 22 entrées au hit-parade entre 1953 et 1966, il est largement au-dessus de tous les autres bluesmen de l’époque. 
Jimmy Reed est un chanteur qui s’accompagne à l’harmonica. Ses morceaux sont puissants, paresseux et irrésistibles ! On doit souligner que le soutien rythmique de son copain Eddie Taylor et du batteur Earl Phillips ne sont pas pour rien dans la facture impeccable de leurs compositions qui sont d’une efficacité redoutable.
Jimmy Reed vient à Chicago en 1943. Il travaille le jour, joue dans des clubs la nuit. Il a commencé à enregistrer pour la marque Vee-Jay en 1953. Sa femme, Mama Reed, aide à produire des textes pleins d’imagination. Il obtient un premier succès en 1954 avec You Don’t Have To Go. Tout au long des années cinquante, le succès ne le quitte plus. Entre 1956 et 1961, six de ses chansons enregistrées pour Vee-Jay sont classées au Top Ten du Billboard. Parmi elles figure Baby What You Want Me To Do, enregistrée en 1959. On l’écoute.
Ce morceau a été repris par de très nombreux artistes dont Elvis Presley, Little Richard et Jerry Lee Lewis.
Malheureusement l’abus d’alcool, le départ d’Eddie Taylor lassé d’avoir un patron ivre du matin au soir et d’avoir perpétuellement à assurer pour deux, la faillite de Vee-Jay en 1964, la séparation d’avec Mama Reed et des crises d’épilepsie de plus en plus fréquentes, ont convergé pour produire une lente descente aux enfers pour Jimmy Reed. En 1968, lors de la tournée de l’American Folk Blues Festival, il est incapable de tenir plus de dix minutes sur scène. Il décède en 1976.
Il y a un « son » Jimmy Reed, à base de lourdes basses rythmées de boogie-woogie et de courtes phrases incisives d’harmonica. Son efficacité est extraordinaire. Le style de Jimmy Reed a été repris à l’infini par une quantité innombrables d’artistes appartenant aux genres les plus divers. 
Jimmy Reed est l’un des plus grands bluesmen de tous les temps.


Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

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