mercredi 26 décembre 2018

Séance 47 B (Noël 2018)


HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !


Séance 47 bis Noël 2018


1/ Little Walter, 1930-1968
Nous allons écouter un morceau enregistré en 1952 pour Checker (filiale de Chess),  Mean Old World. Little Walter au chant et à l’harmonica est accompagné par Louis et Dave Myers aux guitares et Fred Below à la batterie.


2/ John Lee Ziegler, 1929-2008
John Lee Ziegler est une découverte fantastique du chercheur George Mitchell. Le morceau qu’on va entendre est extrait d’une compilation intitulée Georgia Blues Today parue en 1981. Le morceau s’intitule Used To Be Mine But Look Who Got Her Now. L’enregistrement date probablement de 1978.


3/ Tommy Johnson, 1896-1956
Tommy Johnson est un disciple de Charley Patton, le père du blues du Delta. Il n’a enregistré que 14 titres entre 1928 et 1930, mais tous ces morceaux sont devenus des classiques du blues repris d’innombrables fois. Citons Maggie Campbell blues, Big Fat Mama Blues, Big Road Blues   
On écoute le plus connu d’entre eux Canned Heat Blues.


4/ Clarence Frogman Henry
Clarence Frogman Henry, né en 1937 à La Nouvelle Orléans, est un disciple de Professor Longhair et de Fats Domino. On écoute un morceau de 1956, Ain’t Got No Home, où Clarence Henry imite la grenouille, frog en anglais, d’où le surnom de « Frogman » dont il sera affublé. On l’écoute.
Cette chanson a atteint la troisième place du classement rhythm and blues et la vingtième du classement général pop.


5/ Hank Williams, 1923-1953
Hank Williams, né en 1923 mort en 1953, originaire de l’Alabama, est l’une des figures les plus prestigieuses de la country music. On écoute un morceau intitulé Lost Highway. 
Hank Williams est au chant, Dale Potter au violon, Don Davis à la steel guitar, Zeb Turner et Jack Shook aux guitares, Clyde Baum à la mandoline et probablement Ernie Newton à la basse. 


6/ Magic Slim, 1937-2013
De son vrai nom Morris Holt, Magic Slim est un chanteur guitariste de Chicago influencé par Magic Sam et Freddie King. On l’écoute dans une reprise d’un morceau de Hound Dog Taylor, Give Me Back My Wig, tiré de l’album « Grand Slam » paru chez Rooster Blues en 1982. 


7/ Joe Simon  
Joe Simon est né en 1943 en Louisiane. C’est un grand nom de la soul music : entre 1964 et 1981, Joe Simon a eu en permanence un morceau classé au hit-parade, une performance exceptionnelle.
On écoute un morceau de 1965, paru chez Vee-Jay, Let’s Do It Over, qui a atteint la treizième place du classement rhythm and blues. 


8/ Big Joe Turner, 1911-1985  
Big Joe Turner, né en 1911 à Kansas City, décédé en 1985, est l’une des plus grandes figures de la musique populaire américaine. C’est un chanteur de rhythm and blues précurseur du rock ‘n’ roll, qui a joué un rôle déterminant dans la musique des années cinquante.
On écoute ce qui est sans doute le titre le plus connu de Big Joe Turner, Shake, Rattle And Roll, enregistré en février 1954 pour la marque Atlantic. C’est la version originale du morceau qui a été repris par Bill Haley.


9/ Lil’ Ed Williams
Edward Williams, surnommé Lil’ Ed, né en 1955 à Chicago, neveu du guitariste J.B. Hutto, est un chanteur guitariste de slide émule d’Elmore James.
On écoute un morceau issu de son deuxième album paru en 1989, « Chicken, Gravy & Biscuits ». Le morceau s’appelle Walkin’. Les Blues Imperials qui l’accompagnent  sont composés de James Pokie Young le demi-frère à la basse, Michael Garrett à la guitare rythmique et Kelly Littletown à la batterie. 


10/ Bea Booze, 1912-1986  
Beatrice Booze est née en 1912 à Baltimore et elle est décédée en 1986. On écoute sa version du grand classique de Ma Rainey, See See Rider. Sa version, intitulée See See Rider Blues, parue en 1943, a atteint la première place au hit-parade du rhythm and blues. Bea Booze est accompagnée au piano par Sammy Price.


11/ Skeets McDonald, 1915-1968  
Enos William McDonald est né en 1915  dans l’Arkansas et il est mort en 1968. 
On écoute un morceau enregistré en 1956, Don’t Push Me Too Far. Skeets McDonald chante avec Otis William, Jo Maphis et Lewis Talley à la guitare, Ralph Mooney à la steel guitar, Jelly Sanders au violon, Clarence Bud Dooley à la basse et Pee Wee Adams à la batterie.


12/ Robert Johnson, 1911-1938 
Robert Johnson a enregistré 29 faces au Texas pour ARC Vocalion en deux séances : la première en 1936 dans une chambre d’hôtel à San Antonio, la seconde en 1937 à Dallas.
On écoute un morceau de la première séance, il s’agit de la seconde prise de Come On In My Kitchen. 


13/ Buster Brown, 1911-1976 
Buster Brown, est né en Géorgie en 1911 et il est mort en 1976. Il a enregistré plusieurs morceaux chez Fire / Fury. L’un d’eux, Fannie Mae, décroche en 1959 une première place au Billboard dans la catégorie rhythm and blues.
On écoute Fannie Mae avec Buster Brown au chant et à l’harmonica, Wild Jimmy Spruill et Riff Ruffin aux guitares et Jimmy Lewis à la basse.
A noter que Buster Brown a réalisé une suite à Fannie Mae, Fannie Mae Is Back, qui est en fait une nouvelle version du morceau.


14/ Lonnie Johnson, 1894 ? - 1970 
Chanteur guitariste né en 1894 (ou 1899 ?), mort en 1970, qui se considérait plutôt comme un jazzman qu’un bluesman et qui a accompagné les plus grands, notamment Louis Armstrong et Duke Ellington.
Voici Falling Rain Blues, enregistré à Cincinnati le 20 décembre 1947, avec Allen Smith au piano et Monte Morrison à la basse.
Lonnie Johnson est tout simplement l’inventeur de la guitare solo blues. Son influence sur la musique populaire américaine est immense.


15/ Wilbert Harrison, 1929-1994  
Wilbert Harrison est né en 1929, mort en 1994. C’est un chanteur, guitariste, pianiste et harmoniciste. Il est surtout connu pour son grand succès de 1959, Kansas City, une reprise d’un morceau de Little Willie Littlefield intitulé K.C. Lovin’. Cette reprise est une magnifique réussite qui doit beaucoup, évidemment à la voix et au piano de Harrison, mais aussi à la guitare du fantastique guitariste new-yorkais Wild Jimmy Spruill. On écoute Kansas City.
Ce morceau enregistré pour la marque Fury du producteur Bobby Robinson a été une véritable bombe, classé n°1 au hit-parade, vendu à plus d’un million d’exemplaires. mais surtout c’est devenu l’un des plus grands standards de blues et de rock ’n’ roll de l’histoire dont les reprises sont absolument innombrables. Il en existerait plus de trois cent versions…


16/ Albert Ammons et Pete Johnson  
Albert Ammons et Pete Johnson sont deux formidables pianistes de boogie woogie qui ont produit des chefs d’œuvre inégalés en conjuguant leur talent. En voici un exemple : on écoute un morceau intitulé Sixth Avenue Express.
Ce morceau a été enregistré à New-York en 1941. Albert Ammons et Pete Johnson étaient accompagnés à la batterie par James F. Hoskins. La puissance d’Ammons et l’inventivité de Johnson, c’est fabuleux !


17/ Warren Storm
Le vrai nom de Warren Storm est Warren Schexnider. Il est né en 1937 en Louisiane et il a été surnommé le parrain de la swamp pop. C’est une découverte du producteur Jay Miller, il a démarré en 1958.
On écoute un morceau de la fin des années cinquante, la date exacte n’est pas connue, If You Don’t Want Me.  
Warren Storm n’a décroché qu’un seul hit national mais il occupe une place importante dans la swamp pop. En tant que batteur, il a accompagné pas mal d’artistes enregistrés par Jay Miller.


Morceaux non diffusés :


18/ Blind Willie McTell, 1898-1959 
William Samuel McTell, guitariste aveugle né en 1898, décédé en 1959, était un chanteur de rue originaire de Géorgie au jeu de guitare exceptionnel qui a abondamment enregistré à partir de 1927. On écoute l’un de ses morceaux les plus connus enregistré en 1928, Statesboro Blues.


19/ Billie Holiday, 1915-1959 
Billie Holiday est l’une des plus grandes chanteuses de l’histoire du jazz.
On écoute un morceau enregistré en 1940, un grand classique du genre, St. Louis Blues. Billie Holiday est accompagnée par l’orchestre de Benny Carter avec Bill Coleman à la trompette, Benny Morton au trombone, Benny Carter à la clarinette, George Auld au saxo ténor, Sonny White au piano, Ulysses Livingston à la guitare, Wilson Myers à la basse et Yank Porter à la batterie.


20/ Tarheel Slim, 1924-1977
De son vrai nom Allen Bunn, Tarheel Slim est né en Caroline du Nord en 1924. Il est mort en 1977. 
On écoute un morceau de novembre 1959 enregistré pour Fire, la marque Bobby Robinson, où Tarheel Slim chante en duo avec sa femme, Anna Lee Sandford. Le morceau s’appelle Lock Me In Your Heart. 



Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

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mercredi 19 décembre 2018

Séance 55


HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !


Séance 55 

1/ Big Bill Broonzy, 1898-1958 
William Lee Conley Broonzy, Big Bill pour les intimes, est un chanteur guitariste né en 1898 dans le Mississippi et décédé en 1958. Big Bill Broonzy a passé son enfance dans une plantation de l’Arkansas et il s’est fixé à Chicago après l’armée, en 1920. 
Il enregistre ses premiers disques pour Paramount en 1927. Il travaille durant la semaine comme livreur dans une épicerie et il se produit le week-end dans le South Side, quartier de Chicago où il devient extrêmement populaire. De 1930 à 1932, il grave de nombreux disques pour Gennett/Champion et Banner. De 1935 à 1943, il se produit dans des clubs, souvent accompagné par un pianiste : Black Bob jusqu’en 1937, puis Joshua Altheimer de 1937 à 1940, et Memphis Slim de 1941 à 1943. Durant cette période, entre 1934 et 1942, il enregistre de manière prolifique pour Bluebird, ARC, Vocalion et Okeh. Au total, il a enregistré plus de 300 titres avant guerre. Il est à ce moment-là le bluesman le plus populaire et le plus influent de son temps. Il est le véritable créateur et le roi du blues de Chicago de l’époque, prémisse du Chicago blues moderne.
Big Bill Broonzy au chant et à la guitare, Horace Malcolm ou Blind John Davis au piano, Washboard Sam au washboard.
Comme de nombreux autres morceaux de Big Bill, I Feel So Good est devenu un classique, un standard du blues de Chicago. Nous avons d’ailleurs eu l’occasion d’entendre dans une précédente émission l’excellente version de Little Al Thomas, enregistrée en live au festival de Lucerne en 2000.
Dans les années trente/quarante, l’influence de Big Bill Broonzy est immense. C’est lui qui permet aux jeunes artistes d’avoir leur chance. Il aide à faire enregistrer Washboard Sam, Jazz Gillum, John Lee Sonny Boy Williamson, Memphis Slim, Muddy Waters. Ce dernier lui vouait un véritable culte : ce n’est pas pour rien si son fils, qui joue du blues aussi, a pris le surnom de Big Bill Morganfield. Après la guerre, la popularité de Big Bill Broonzy a décru assez vite car les adeptes de la guitare électrique dominent la scène. C’est l’heure du rhythm and blues, c’est l’heure aussi, pour le blues pur, de Muddy Waters, de Lightnin’ Hopkins, de John Lee Hooker. Big Bill Broonzy a continué d’enregistrer néanmoins et il est le premier bluesman à venir en Europe dès 1951 et à s’y tailler une réputation mondiale.
A sa mort, en 1958, des journalistes européens ignorants, influencés par les critiques de jazz de l’époque qui ne considéraient le blues que comme une source primitive du jazz en voie de disparition, ont proclamé la mort du blues, ce qui était évidemment une absurdité. Comme quoi il ne faut pas prendre pour argent comptant tout ce qu’une certaine presse nous raconte.
Big Bill Broonzy était à la fois un chanteur expressif et un guitariste hors pair. De nombreux témoignages font ressortir sa personnalité chaleureuse et le fait qu’il était très apprécié de ses contemporains. Il a joué un rôle considérable, unique, dans l’histoire du blues, notamment pour la transformation du country blues en une musique urbaine moderne.


2/ Sonny Rhodes
Clarence Edward Smith, surnommé Sonny Rhodes, est un chanteur guitariste né en 1940 au Texas. Il a été le chauffeur de Little Junior Parker.
Il sort son premier 45 tours chez Domino en 1961. Il devient ensuite ami avec le pianiste JJ Malone. Ils jouent ensemble dans des clubs. En 1965, Sonny Rhodes se fixe à Oakland, en Californie. J’ai déjà souligné le lien profond qui unissait le blues du Texas et de la Californie. Entre 1966 et 1968, Sonny Rhodes grave des 45 tours pour le label Galaxy, dirigé par son pote JJ Malone. 
En 1975, il participe au San Francisco Blues Festival. C’est à ce titre que trois morceaux de lui figurent dans une compilation parue d’abord en vinyl chez Paris Album en 1980 intitulée San Francisco Blues Festival, puis en CD en 1986 chez EPM.
On écoute l’un de ces morceaux, Mean Mistreatin’ Mama.
Après 1975, Sonny Rhodes n’a pas cessé de sortir des albums. A ma connaissance, le dernier est paru en 2008. Cela fait déjà une dizaine d’années, mais bon, ça lui fait quand même 78 ans, il a le droit de souffler.
Sonny Rhodes est un guitariste influencé par Freddie King qui a contribué à renouveler le style de la côte ouest. D’ailleurs il n’existe plus vraiment de blues régionaux depuis au moins une vingtaine d’années, tout s’est mélangé, il faut bien le dire. A noter la petite touche originale de Sonny Rhodes, le port d’un turban, comme son idole de jeunesse, Chuck Willis.


3/ Merle Travis, 1917-1983
Merle Travis est un chanteur, guitariste, compositeur, écrivain, né dans le Kentucky en 1917. Fils d’un mineur, les paroles de ses chansons traitent souvent de la vie et de l’exploitation des mineurs de charbon.
C’est en 1937 qu’il est engagé dans son premier orchestre en tant que guitariste. Il en fera plusieurs, il anime des émissions de radio, il joue et travaille avec les Delmore Brothers et Grandpa Jones. 
Il signe chez King Records en 1943. Il a enregistré pour ce label près d’une cinquantaine de faces. Mais c’est chez Capitol qu’il a gravé le plus de morceaux, une centaine.
On écoute un morceau de 1947, Merle’s Boogie Woogie, qui est intéressant à plus d’un titre. Ce morceau fait d’abord ressortir l’incroyable technique de Merle Travis à la guitare. Sa manière de jouer porte d’ailleurs son nom, c’est le Travis Picking. C’est un fingerpicking très particulier, caractérisée par le fait que des accords et des notes de basse sont pincés en alternance par le pouce tandis que l’index joue la mélodie. Mais, rappelez vous, tout vient des Noirs : l’origine du style reviendrait à un musicien noir virtuose du nom d’Arnold Shultz qui l’aurait enseigné à un mineur de charbon. 
C’est aussi l’une des premières fois qu’on utilise pour ce morceau la technique du re-recording mise au point par Les Paul, l’inventeur d’une guitare électrique célèbre. Cette technique consiste à ajouter à un premier enregistrement une ou plusieurs pistes issues d’autres enregistrements.
Enfin ce morceau figure sur le coffret Frémeaux intitulé « Rock ‘N’ Roll 1947 » qui présente des titres qui ont joué un rôle dans l’élaboration du rock ‘n’ roll qui éclatera dans les années cinquante.
Morceau enregistré en juillet 1947, avec Merle Travis au chant et à la guitare, Eddie Kirk à la guitare, Noël Boggs à la steel guitar, Tex Atchison au violon, Cliffie Stone à la basse et Joel Duroe à la batterie.  
Merle Travis a décroché une première place au Billboard en 1955 avec un morceau enregistré dans un style folk, Sixteen Tons. Il a animé des émissions de télé, il est présent dans plusieurs films, notamment des westerns où il chante, mais d’autres aussi, comme « Tant Qu’il Y Aura Des Hommes », avec Burt Lancaster sorti en 1953.
Merle Travis a été très recherché comme guitariste aux grandes heures du rockabilly. Le critique Gérard Herzhaft écrit que Merle Travis a été l’un des artistes les plus importants de l’histoire de la musique populaire américaine.



4/ Tarheel Slim
Tarheel Slim, 1924-1977 
De son vrai nom Allen Bunn, Tarheel Slim est né en Caroline du Nord. 
C’est à l’origine un artiste dans la tradition de la Côte Est. Il commence dans le registre du gospel, vire ensuite rhythm and blues. Ses premiers enregistrements datent de 1950. Avec le groupe des Larks, il obtient en 1951 deux succès classés au Billboard, le hit parade du rhythm and blues, dont l’un est une reprise d’un morceau de Sonny Boy Williamson (Rice Miller), Eyesight To The Blind. 
Tarheel Slim entame une carrière solo en 1952. Il enregistre des blues pour le label Apollo, puis pour Fury, la marque de Bobby Robinson. On écoute un morceau de cette époque, crédité à Allen Bunn car il ne porte pas encore son surnom, Too Much Competition.
Ça ne marche pas trop pour Tarheel Slim. En 1954, on arrive dans les années rock ‘n’ roll. Il épouse par la suite une chanteuse, Anna Lee Sandford, et ensemble sous le nom des Lovers, les Amoureux, ils remportent un succès avec Darling, It’s Wonderful.
En 1958, Tarheel Slim reprend sa carrière solo. Il enregistre des morceaux dans la veine du Chicago Blues comme Wildcat Tammer ou Number Nine Train qu’on a écouté lors de l’émission avec marc consacrée à New York. 
Tarheel Slim reforme ensuite un duo avec sa femme. Le couple a connu un succès avec It’s Too Late, resté dix semaines au Top 20 en 1959. Les enregistrements ultérieurs de Tarheel Slim sont assez éclectiques. Après une coupure entre 1964-1965 et 1970, Tarheel Slim remonte sur scène. En 1975, il enregistre un dernier album, dans la veine du style classique de la Côte Est avec une guitare acoustique.
Tarheel Slim a eu une carrière originale pour un bluesman de la côte est, influencé à ses débuts par le pionnier Blind Boy Fuller. Il a fait preuve d’un éclectisme rare, jouant aussi bien de la guitare électrique que de la guitare acoustique, dans le style de la côte est, du rhythm and blues new-yorkais, voire du rock ‘n’ roll. 


5/ Mountain
On ne le fait pas souvent, mais on va passer du hard rock dans Hot Ariège. Une fois de plus pour montrer le lien entre tous les genres et faire ce travail de décorticage qui permet de faire apparaître l’influence de la musique noire sur tous les genres musicaux apparus au vingtième siècle.
On va parler de Mountain, un groupe formé en 1969 autour du chanteur guitariste Leslie West et du chanteur bassiste Felix Pappalardi. Manifestement ces deux musiciens ont subi l’influence du groupe Cream d’Eric Clapton.
Le groupe Mountain a connu deux faits de gloire. Le premier, c’est leur passage au concert mythique de Woodstock en 1969, immense concert en plein air devenu culte pour les adeptes de la pop music. Le deuxième, c’est le morceau Mississippi Queen qui décroche en 1970 une 21e place au Billboard Hot 100.
On écoute un morceau sorti en 1971, Roll Over Beethoven, une reprise bien sûr du standard de Chuck Berry, et voici un des liens que j’annonçais entre le hard rock et la musique noire.
Composition du groupe : Leslie West au chant et à la guitare, Felix Pappalardi au chant et à la basse, Corky Laing à la batterie et Steve Knight au clavier. 
Ce morceau permet aussi de mesurer le chemin parcouru : la version originale de Chuck Berry sort en 1956, celle des Beatles en 1963, et donc celle de Mountain en 1971.
Le groupe Mountain s’est séparé en 1972. Il s’est reformé par la suite à plusieurs reprises. Felix Pappalardi meurt en 1983. Je considère qu’après, ce n’est plus vraiment le même groupe, même si leur dernier album date de 2007.


6/ Betty Everett, 1939-2001
Betty Everett était une chanteuse née en 1939, décédée en 2001, originaire du Mississippi. Elle a commencé dans le gospel et est arrivée à Chicago en 1957. Dès cette année-là, elle enregistre pour la marque Cobra qui donne sa chance à de jeunes artistes de Chicago et à laquelle on a consacré une émission avec Marc.
Betty Everett signe en 1963 chez Vee-Jay, la grande marque de Chicago rivale de Chess. Elle obtient un succès en 1964 avec Shoop Shoop Song (It’s In His Kiss), classé sixième au Billboard Hot 100.
On écoute un morceau de cette époque Vee-Jay sorti en 1964 également, Getting Mighty Crowded. 
Cette chanson est caractéristique de l’époque – le milieu des années soixante - et de la politique de Vee-Jay qui cherche manifestement à copier le style de Motown, le label qui a produit de nombreux succès dans la veine soul. 
Pas de bol cependant pour Betty Everett, et pour beaucoup d’autres artistes d’ailleurs, Vee-Jay qui était en butte à de multiples procès cesse ses activités en 1965. Betty Everett n’a jamais vraiment réussi à repartir sur de nouvelles bases. Les titres qu’elle a sorti sur d’autres labels, comme ABC ou Fantasy ont rencontré assez peu de succès. Elle obtient néanmoins un dernier hit en 1969 chez Uni, There’ll Come A Time, numéro 2 au Billboard rhythm and blues. Mais c’est en fait un chant du cygne. Son dernier disque est sorti en 1980.


7/ Mance Lipscomb, 1895-1976 
Mance Lipscomb est un chanteur guitariste du Texas né en 1895 et décédé en 1976. Dans les années soixante, soixante-dix, les spécialistes le désignaient comme un « songster », c’est-à-dire quelqu’un qui raconte des histoires en interprétant différents thèmes populaires, sans nécessairement se conformer au code des douze mesures en vigueur avant guerre que les spécialistes en question considéraient comme une caractéristique du blues. Aujourd’hui on fait moins cette distinction entre songster et bluesman, car les chercheurs ont montré qu’il était impossible de tracer une quelconque frontière entre les musiciens. Même avant guerre, beaucoup de bluesmen sont sortis des douze mesures et ont traité des mêmes thèmes que les songsters, sur le même mode. 
Mance Lipscomb a mené une existence paisible de fermier dans sa ville de Navasota au Texas tout au long de sa vie. Il a joué de la guitare très tôt et c’était lui qui animait les bals, les week-ends et les fêtes locales. Mance Lipscomb a développé un jeu de guitare exceptionnel très personnel, assez proche du finger picking de la Côte Est. Il chante d’une voix douce et légère pour nous embarquer dans ses histoires tout en exprimant un feeling intense. Heureusement que l’ethnomusicologue Mack McCormick a croisé sa route en 1959, sans quoi il serait resté inconnu. Mance Lipscomb est devenu l’une des plus belles découvertes du blues revival des années soixante.
On écoute un morceau enregistré en 1964 par Chris Strachwitz, le producteur du label Arhoolie, chez lui, dans sa maison de Berkeley en Californie. Le morceau s’appelle You Got To Reap What You Sow. Cette phrase est tirée de la bible : tu récolteras ce que tu sèmes.
Ce morceau est tiré d’un CD du label Arhoolie « Mance Lipscomb, Texas Songster Volume 2 – You Got To Reap What You Sow », qui porte donc le titre du morceau qu’on vient d’entendre.
 Mance Lipscomb a participé à de nombreux concerts et festivals jusqu’à sa mort en 1976. Son authenticité, la chaleur humaine qu’il dégageait, sa philosophie simple empreinte de sagesse et, bien sûr, ses incroyables capacités de guitariste lui ont attiré une énorme sympathie de la part du public. Et on ne se lasse jamais d’écouter Mance Lipscomb, une musique douce et tranquille.


8/ Little Sonny
Little Sonny est un chanteur harmoniciste né en 1932 dans l’Alabama qui ne doit pas être confondu avec plusieurs autres musiciens comme Little Sonny Jones ou Little Sonny Warner. Lui c’est Little Sonny tout court et son vrai nom est Aaron Willis.
Il s’est établi à Detroit en 1953 et il se destinait à être un joueur de base-ball quand il a entendu en concert Sonny Boy Williamson Rice Miller. Ce fut un choc qui l’a décidé à se lancer dans le blues. Il monte un groupe en 1956 avec Chuck Smith au piano, Louis Mr Bo Collins à la guitare et James Crawford à la batterie. Il joue dans des clubs et sort son premier single en 1958 chez Duke Records.
On écoute un morceau de son deuxième single paru en 1959 chez J-V-B, un label éphémère de Detroit, qui deviendra Battle Records, du nom de son propriétaire, Joe Van Battle, qui a joué un rôle essentiel pour le blues de Detroit (la ville de John Lee Hooker, rappelons-le). Le morceau s’appelle Love Shock. 
Little Sonny a réussi à décrocher un hit dans le Top 20 du Billboard en 1967, Sonny’s Bag. Il a fondé son propre label, Speedway, sur lequel il a fait apparaître plusieurs de ses disques. Il a participé à de nombreux festivals. Il a aussi sorti pas mal d’albums à partir de 1969 ; le premier pour une filiale de Stax.
Il paraît qu’il possède une collection impressionnante de photos dans le sous-sol de sa maison. On y voit toute une galerie de bluesmen. A ma connaissance, sa dernière apparition en public remonte à 2008. En 2018, ça lui fait 86 ans.
Little Sonny ne fait pas partie du Top des harmonicistes de blues, mais c’est un instrumentiste brillant qui a su s’adapter à l’évolution vers la soul music pour inclure dans son jeu des éléments qui collent parfaitement à ce style, qui a dominé la scène musicale afro-américaine dans les années soixante, soixante-dix.


9/ The Cleftones 
Les Cleftones sont un groupe de doo wop qui s’est formé en 1955, à l’origine sous le nom de The Silvertones. Le groupe était composé de cinq lycéens d’un établissement de Queens, dans l’Etat de New-York : Herbie Cox chanteur principal, Charlie James McGhee premier ténor, Berman Patterson second ténor, Warren Corbin basse et William McClane baryton. 
Ils ont immédiatement décroché un contrat avec George Goldner, le patron de la marque Gee ; Gee, c’est aussi le nom d’un succès des Crows enregistré chez Goldner et c’est aussi par une reprise de Gee que les Cleftones se sont fait connaître. Dès l’année 1956, nos cinq lycéens obtiennent un succès avec Little Girl Of Mine. 
 On écoute un morceau de 1957, Loverboy, enregistré chez Gee.
Les Cleftones sont un de ces nombreux groupes qui n’ont eu qu’un seul succès, du moins – pour les Cleftones – dans leur composition d’origine. Il y en a eu beaucoup dans ces années-là. En fait, à la différence des groupes classiques, le défaut de support instrumental les condamnait à rechercher une originalité strictement vocale, ce qui était particulièrement difficile justement parce que ce type de groupes était alors pléthorique.
En 1961, le groupe s’est renouvelé et les Cleftones de la seconde génération ont eu un succès avec Heart And Soul. Le groupe s’est définitivement séparé en 1964. L’heure du doo wop était passée, le temps de la soul music était venu.


10/ George Mojo Buford, 1929-2011 
Chanteur harmoniciste originaire du Mississippi. Il a effectué les deux itinéraires traditionnels : musical, du gospel au blues ; et géographique, avec la remontée jusqu’à Chicago en passant par Memphis, où il a appris à jouer de l’harmonica.
Il arrive à Chicago en 1952. Peu après, il constitue un trio, les Savage Boys, qui deviennent le « Muddy Waters’ Junior band » avec la venue du guitariste Jo Jo Williams. Cet ensemble fait des tournées avec l’orchestre régulier de Muddy Waters et le remplace parfois dans les clubs de Chicago.
En fait, Mojo Buford est surtout connu pour être rentré trois fois dans l’orchestre de Muddy Waters : la première fois en 1961 en remplacement de James Cotton ; la seconde en 1967 après le départ de George Smith, et la dernière en 1980 en remplacement de Jerry Portnoy. Il faut dire que l’orchestre de Muddy Waters, qui n’a pas arrêté de changer en trente ans, a une particularité : tous ses membres sont des bluesmen connus.
Et quand Mojo Buford ne faisait pas partie de l’orchestre de Muddy Waters, il enregistrait sous son nom. Ses premiers enregistrements datent de 1962. On écoute un morceau de sa deuxième période d’enregistrement. C’était en 1969 pour Garrett, le morceau s’appelle In My Younger Days. 
George Mojo Buford au chant et à l’harmonica, Lonnie Knight à la guitare, Larry Hoffman à la basse et Bill Gent à la batterie.
Mojo Buford a beaucoup enregistré. Il a fait paraître pas mal d’albums, jusque dans les années 2000.


Bonus track :

11/ Precious Bryant, 1942-2013
Pour notre « bonus track », je vous propose un morceau de Precious Bryant, née en 1942
Georgie Precious Bussey - Bryant c’est son nom de mariage – dans une famille de musiciens. Déjà, à l’âge de six ans, elle jouait de la guitare.  C’est le chercheur George Mitchell qui a fait sa découverte en 1967. 
Elle a fait paraître un album en 2002, « Fool Me Good », chez Terminus Records. On écoute un morceau de cet album, Broke And Ain’t Got A Dime. 
Elle a sorti deux autres albums en 2005. Elle est venue en France au festival de Cognac. On lui a demandé à cette occasion si elle connaissait des musiciens qui jouaient encore dans le même style qu’elle ; elle a répondu : « Non, je ne vois personne, je pense être aujourd’hui la seule à encore jouer ce type de blues dans ma région. » 
Ainsi, lorsqu’elle est décédée en 2013 c’est l’une des dernières représentantes d’un country blues authentique, une forme du blues de la côte est, qui s’en est allée.


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mercredi 12 décembre 2018

Séance 54


HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
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Séance 54 


1/ Arthur Big Boy Crudup, 1905-1974 
Arthur Big Boy Crudup est un chanteur guitariste né en 1905 mort en 1974. C’est l’archétype du bluesman du Mississippi : une voix haute, un style vigoureux, un chant rude et une guitare redoutablement efficace. Arthur Big Boy Crudup a connu une vie de galère, occupant des emplois dans une fonderie, fermier, employé de chemin de fer, dans la voirie, bûcheron, livreur etc. Toujours sur les routes, il se produit dans les bals. Comme beaucoup d’autres, il émigre à Chicago, joue dans les rues, il est remarqué par Big Bill Broonzy et il peut enregistrer pour la marque Bluebird à partir de 1941.
Il a pas mal bourlingué ensuite, dans le Mississippi, l’Arkansas, à Memphis où il a enregistré sous des noms d’emprunt pour des marques diverses : Ace, Trumpet, Checker la filiale de Chess. Entre 1944 et 1953, Crudup s’est rendu régulièrement à Chicago pour enregistrer chez RCA Victor.
On écoute un morceau de 1947, I Want My Lovin’.
Fantastique intro à la batterie, puis la basse entre en jeu et enfin la guitare, le tout dans le style caractéristique de Big Boy Crudup ; un style qui a fait école et qui est devenu la matrice du rockabilly. C’est en effet le schéma qui a été suivi à la maison Sun, avec la guitare de Scotty Moore, la contrebasse de Bill Black et la batterie de DJ Fontana, les premiers accompagnateurs d’Elvis Presley. Vous le savez déjà, bien sûr, ce sont les Noirs qui ont tout inventé. Eh bien, le nom de Crudup, Arthur Big Boy Crudup, est un nom à retenir car son influence aura été considérable sur l’évolution de la musique populaire dans la deuxième moitié du vingtième siècle.
Fin 1953, Crudup s’établit en Virginie et renonce à la musique, au moment même où ses titres sont repris par de nombreux bluesmen et des rockers. Il est retrouvé en 1959 et il enregistre pour Fire. Il grave aussi deux albums pour Delmark. Il apparaîtra dans des festivals et fera des tournées européennes au début des années soixante-dix.


2/ Teddy Reynolds, 1931-1998
Chanteur pianiste né à Houston, Texas, en 1931, dans une famille de musiciens. Il sait jouer du piano très tôt et dès l’adolescence il joue dans des clubs.
Il participe à un premier enregistrement en tant que chanteur dans l’orchestre d’Ed Wiley en 1950 pour le label Sittin’ In With. Le morceau Cry, Cry, Cry ayant obtenu un succès régional, le label édite les autres morceaux sous le nom de « Teddy Cry, Cry Reynolds ». Sa carrière est lancée.
Dès lors, il participe à des tournées et à de nombreuses séances d’enregistrement derrière des musiciens comme Bobby Blue Bland, Junior Parker, Johnny Copeland… En 1958, il obtient un succès sous son nom avec le morceau Puppy Dogs, chez Mercury.
Au début des années soixante, il s’installe à Los Angeles. On a déjà évoqué cette connexion dans le blues entre le Texas et la Californie. Il enregistre en 1961 un album pour les frères Bihari. On écoute un morceau de cet album, Twist All Night.
1961, on est en plein dans la mode du twist lancée par Chubby Checker qui avait popularisé une reprise d’un morceau de Hank Ballard, The Twist. Eh oui, c’est Hank Ballard, le véritable créateur du twist. Et donc la mode fait fureur en 1961 et déteint sur les compositions du moment. Il est assez incroyable qu’un pur bluesman comme Teddy Reynolds ait enregistré un tel album, mais en fait d’autres l’ont fait, comme Muddy Waters ou Wild Jimmy Spruill.
La suite est plus difficile pour Teddy Reynolds. Il retourne à Houston, bosse dans le bâtiment, puis dans le pétrole. Il sera retrouvé plus tard et aurait fait de nouveaux enregistrements qui ne sont aujourd’hui pas disponibles.
Teddy Reynolds est décédé le 1er octobre 1998.


3/ Milo Twins
Edward et Edwin Miolen sont connus sous le nom des « Milo Twins », les jumeaux Milo. Ce sont effectivement de vrais jumeaux nés vers la fin des années dix dans le Tennessee. Ils sont orphelins très jeunes. Au début, ils font des travaux agricoles pour survivre. Ils se mettent ensuite à la guitare et à vivre de la musique, en trouvant des endroits où ils peuvent manger et dormir.
Leur première apparition importante en public, c’est à la radio, à Atlanta en 1938. Les duos de frangins sont à la mode à l’époque. On a déjà évoqué dans Hot Ariège les Delmore Brothers, il y a aussi les frères Shelton. Bref, ça marche pour eux et dès l’année suivante, en 1939, ils réalisent une session d’enregistrement pour Decca. Le label sortira 4 singles des Milo Twins. Ce sont bien sûr des 78 tours. 
Les enregistrements suivants seront réalisés pour le label Capitol en 1947. Entre 1947 et 1949, ils sortiront 6 singles.
On écoute un morceau enregistré chez Capitol en 1947, Baby Buggy Boogie.
Les frères Milo sont au chant, à la guitare et à la mandoline, Jimmie Riddles à l’harmonica et probablement Merle Travis à la guitare.
Ce morceau est un exemple du country boogie, un genre qui se développe à l’intérieur de la country music à partir de 1939 et qui va faire fureur au sortir de la guerre. 
On sait peu de choses sur les Milo Twins bien qu’ils aient eu une carrière bien remplie. Ils se sont installés en Californie en 1948, ils sont apparus dans des films, ils ont réalisé de nombreuses tournées.
Edwin est décédé en 1965, Edward en 1978.


4/ Hammie Nixon, 1908-1984
Harmoniciste né dans le Tennessee. Il a été l’un des premiers, dès les années vingt, à utiliser l’harmonica pas simplement pour faire des breaks ou des solos, mais comme instrument de soutien rythmique. Il jouait aussi du kazoo, de la guitare et du jug et sur le tard il était aussi chanteur.
Le jug, c ‘était une bouteille dans laquelle on soufflait pour produire un son sourd, étouffé. Les jug bands étaient une spécialité dans la région autour de Memphis avant guerre et Hammie Nixon a commencé par là, en jouant au sein de jug bands.
En 1927, il s’est associé au guitariste Sleepy John Estes qui, en tant que chanteur, a été le leader du duo. Les deux compères ont joué ensemble pendant une cinquantaine d'années. Les disques ont été gravés sous le nom de Sleepy John Estes, ce qui explique que ce dernier soit plus connu que Hammie Nixon.
En 1929/1930, ils ont enregistré pour le label Victor. Ils se sont baladés un peu partout, notamment à Chicago. Ils jouent dans les rues, à la fin des années trente ils enregistrent pour Bluebird, pour Ora Nelle. Après un passage à vide dans les années cinquante, ils ont bien profité du blues revival. Ils ont fait quantité de festivals.
Après la mort de Sleepy John Estes en 1979, Hammie Nixon a continué. Il a formé un groupe qui s’appelait le Beale Street Jug band ; Beale Street était une rue de Memphis, célèbre dans les milieux du blues. Il a aussi enregistré quelques disques, dont un 45 tours pour High Water Recording Company en 1982. On écoute la face A du disque, It’s A Good Place To Go.
Il est assez fascinant d’entendre un jug band enregistré dans les années quatre-vingt, qui joue exactement comme on jouait dans les années trente en produisant une musique sensationnelle. 


5/ Robert Lockwood Jr, 1915-2006 
Robert Lockwood Jr est né dans l’Arkansas. très jeune, il a travaillé dans une plantation de coton. C’est l’ami de sa mère, le grand Robert Johnson lui-même, qui lui a appris à jouer de la guitare. Par la suite, il a joué avec Robert Johnson et avec Sonny Boy Williamson Rice Miller. 
Il a réalisé ses premiers enregistrements en 1941 pour Bluebird. Ensuite il a animé avec Sonny Boy Williamson la fameuse émission quotidienne de radio King Biscuit patronnée par la marque de farine du même nom. L’année suivante, il a joué avec Elmore James, puis il a animé une autre émission de radio, il a séjourné à St. Louis et à Chicago. Dans les années cinquante, il joue avec Sunnyland Slim, Little Walter, Eddie Boyd et enregistre pour Mercury, JOB et Candid, ainsi que pour Chess comme musicien de studio.
Dans les années soixante, il renonce à la musique. Il est réapparu dans un festival en 1969. Dès lors il n’a plus cessé de se produire ni d’enregistrer. On écoute un morceau extrait d’un album de 1997 « I Got To Find Me A Woman » paru chez Verve/Gitanes. Le morceau s’appelle How Long, c’est un classique de Leroy Carr.   
Robert Jr Lockwood - How Long
Robert Lockwood Jr a surtout été connu comme émule de Robert Johnson. En réalité, ses talents de guitariste allaient bien au-delà de ce qu’il avait appris lorsqu’il était jeune. Il a beaucoup écouté Charlie Christian et a développé une approche jazz de la guitare blues, ce qui lui a permis d’avoir des affinités avec Little Walter par exemple et de délivrer avec ce dernier une musique élégante très efficace.
A noter que dans la dernière partie de sa vie, il était devenu un adepte de la guitare à douze cordes.


6/ Memphis Slim, 1915-1988 
Memphis Slim, de son vrai nom John Len Chatman, est né en 1915 à Memphis dans le Tennessee. C’est là qu’il rencontre le pianiste Roosevelt Sykes qui devient son mentor. Il s’établit à Chicago en 1937 et commence à enregistrer en 1940 pour les marques Okeh et Bluebird. Il remporte un succès avec Beer Drinkin’ Woman. Dès lors il ne cesse plus d’enregistrer. Son morceau le plus connu est Everyday I Have The Blues, devenu un standard du blues. 
On écoute un morceau de 1946 enregistré pour Miracle Record, Harlem Bound. Le morceau est crédité à Memphis Slim and the Houserockers, un groupe qu’il a formé avec les saxophonistes alto Alex Atkins et ténor Ernest Cotton, et le bassiste Charles Jenkins. Lui-même est bien sûr au chant et au piano.
Un morceau qui sonne bien rhythm and blues, dans la veine à la mode : on sent l’influence de Louis Jordan. On voit ici l’étendue de Memphis Slim qui a su s’adapter à tous les styles : barrelhouse avant guerre avec Roosevelt Sykes, blues pur typique de Chicago avec les artistes Bluebird comme Big Bill Broonzy, rhythm and blues après-guerre et il évoluera encore, notamment en réalisant des boogie woogie d’une facture très personnelle.
En 1959, Memphis Slim s’associe à Willie Dixon avec lequel il monte un duo piano / contrebasse qui connaît un grand succès auprès du public du blues revival. En 1961, il se fixe à Paris et joue notamment au cabaret les « Trois Mailletz » jusqu’en 1974. C’est ce qui explique qu’il soit devenu un bluesman assez connu en France. Il a participé à trois tournées de l’American Folk Blues Festival : la première en 1962, la seconde en 1963 et en 1972. Il est mort en février 1998.


7/ John Lee Hooker, 1917-2001 
Je ne présente plus John Lee Hooker, un des bluesmen les plus connus en France et dans le monde. Une prochaine séance de Hot Ariège sera consacrée spécialement à trois artistes majeurs du blues, dont John Lee Hooker. Cette séance, qui permettra d’apprécier l’œuvre de l’artiste d’une manière un peu plus globale, sera importante, ne la ratez pas !
On écoute un morceau de sa période Chicago enregistré en 1961 pour le label Vee-Jay, I’m Going Upstairs. 
John Lee Hooker au chant et à la guitare, Lefty Bates à la guitare, Quinn Wilson à la basse et Earl Phillips à la batterie.
Les disques de John Lee Hooker sont très nombreux, il est difficile de se repérer dans ce maquis. Je recommande aux amateurs le coffret de 6 CD édité par Charly sous le titre « John Lee Hooker – The Vee-Jay Years 1955-1964 ». 


8/ Brenda Lee   
Chanteuse de rock ‘n’ roll née en 1944 à Atlanta, Géorgie. C’est une enfant « prodige ». Elle est remarquée très tôt, elle passe à la télévision. En 1956, à l’âge de douze ans donc, elle signe chez Decca et sort ses premiers singles.  
On écoute un morceau de 1957. Elle a treize ans, le morceau s’appelle Rock The Bop.
Brenda Lee a décroché plusieurs succès dans le registre du rock ‘n’ roll :Sweet Nothin’s, I Want To Be Wanted, All Alone Am I, Fool 1. Elle est l’une des rares artistes féminines à avoir percé dans le genre. Elle incarne le côté ado du rock ‘n’ roll à l’instar de son équivalent masculin Frankie Lymon. Mais ses succès les plus importants sont plutôt dans le registre pop ou country. 
Elle est apparue dans plusieurs films et elle vit toujours.


9/ Smoky Babe, 1927-1973
Le vrai nom du chanteur guitariste Smoky Babe est Robert Brown. Il est né en 1927, décédé probablement en 1973 (certains disent 1975).
On en sait peu sur sa vie. Il est originaire du Mississippi mais il a été enregistré en Louisiane. C’est Harry Oster, ethnomusicologue de l’université d’Etat de Louisiane, qui l’a enregistré en 1960 et 1961, suite à une rencontre fortuite lors d’une jam session chez la sœur de Robert Pete Williams, Mable Lee. Les morceaux ont été édités au début des années soixante par Folk Lyric, Bluesville et Storyville.
Ses œuvres sont aujourd’hui présentes sur plusieurs compilations. On écoute un morceau extrait d’un CD paru en 1996 chez Arhoolie intitulé « Louisiana Country Blues » que Smoky Babe partage avec Herman E. Johnson. Le morceau s’appelle Going Back Home.
Morceau enregistré en 1960 à Scotlandville. A noter que Lazy Lester est présent à l’harmonica sur quelques titres enregistrés ce jour-là.
Une fois de plus, on ne peut que constater que cet enregistrement magnifique résulte en fait d’un hasard et de la passion pour le blues d’un universitaire. D’où la question que les amateurs de blues se posent inévitablement : combien de trésors de cette nature nous ont-ils échappé ? Certainement beaucoup. Merci en tout cas aux gens comme Harry Oster qui sont allés sur place ramener ces trésors !


10/ Rosco Gordon, 1928-2002
Chanteur né à Memphis. Il est l’un des tout premiers à être enregistré par Sam Phillips, le producteur de la célèbre maison Sun, dès 1951. Mais Sam Phillips n’édite pas Rosco Gordon : il vend les droits en même temps à RPM et à Chess. C’est le début d’un invraisemblable imbroglio juridique. Si les morceaux de Gordon étaient restés inaperçus, l’affaire n’aurait pas été bien grave. Seulement voilà, Booted édité en premier par RPM se classe numéro 1 au Billboard ! Les trois compagnies, Sun, RPM et Chess, ont réussi à trouver un arrangement : les droits vont à RPM et Chess reçoit ceux de Howlin’ Wolf. 
Par la suite, Rosco Gordon a décroché un deuxième hit (n°3 au Billboard) avec No More Doggin’ quelques mois après Booted et il n’a cessé de naviguer entre les compagnies, passant allègrement de l’une à l’autre sans se priver d’enregistrer chez l’une alors que les droits étaient détenus par une autre. C’est ainsi qu’entre 1951 et 1959, la grande décennie du blues et du rock ‘n’ roll, il a enregistré alternativement ou en même temps pour Sun, RPM, Chess, Duke et Vee-Jay. 
Je vous propose d’écouter un morceau enregistré pour Sun, Let’s Get High. Je ne connais pas la date de la session d’enregistrement. Apparemment le morceau n’a pas été édité sur le coup, il est sorti bien plus tard en 1990.
Rosco Gordon a eu encore un succès en 1960 avec Just A Little Bit. En 1962, il quitte la scène musicale et se consacre à une blanchisserie.
Il est aujourd’hui reconnu pour avoir créé le style du « Rosco rhythm » au piano, marqué par une accentuation décalée sur les premiers et troisième temps. C’est ce style, apparu pour la première fois avec No More Doggin’, son morceau de 1952, qui est l’une des bases du ska et du reggae. A noter d’ailleurs que Rosco Gordon a réalisé avec les Platters en 1956/1957 une tournée au Brésil, en Argentine et en Jamaïque, ce qui l’a rendu extrêmement populaire en Amérique latine, notamment dans les îles, ce qui explique aussi son influence sur la musique issue de cette région du monde.
Alors une fois de plus qu’on se le dise, je ne cesserai de le répéter : toutes les musiques populaires anglo-saxonnes du vingtième siècle, je dis bien toutes, sont dérivées du blues.


Bonus track :

11/ Big Pete Pearson
Son vrai nom est Lewis Paul Pearson, Big Pete pour les intimes. Il est né en 1936 à Kingston, en Jamaïque, mais très tôt sa famille est venue s’installer au Texas. Et Big Pete Pearson est un précoce puisque dès l’âge de 9 ans, il joue dans les bars à Austin. 
Il enregistre pour Peacock à la fin des années cinquante. Il faut attendre 2001 pour voir un album sortir sous son nom. C’est un album édité par Blue Witch, « One More Drink ». Blue Witch Records récidive et publie en 2007 un deuxième album de Big Pete Pearson, « I’m Here Baby ».
Je vous propose d’écouter un morceau de cet album. Il s’agit de Too Many Drivers.    
Big Pete Pearson - Too Many Drivers
Quoi de meilleur que du bon Chicago blues qui cogne ?  C’est bien ce que sait faire Big Pete Pearson. Il sait même très bien le faire !
Il a sorti deux autres albums en 2009 : Finger In Your Eye chez Southwest et The Screamer chez Modesto Blues.


Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

mercredi 5 décembre 2018

Séance 53


HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !



Séance 53 


1/ Jimmie Rodgers,  1897-1933
Jimmie Rodgers (Jimmie avec ie à la fin et non y et Rodgers avec un d avant le g), né en 1897, mort en 1933 a été la première star de la country music. Dès l’âge de 13 ans, il Rodgers travaille sur les voies de chemin de fer où il côtoie des Noirs et il s’imprègne de blues. 
Sa marque de fabrique, c’est la tyrolienne, appelée yodel dans sa version suisse. Ce sont sans doute des émigrés d’origine germanique qui ont importé dans la country music cette façon de faire des vocalises par onomatopées en alternant une voix de poitrine et de falsetto, via la musique des Appalaches, une chaîne montagneuse de l’est des Etats-Unis où s’est développée la musique populaire folklorique qui est à l’origine de la country. 
Il a fait ses débuts professionnels sur des stations de radio et il a commencé à enregistrer en 1927 pour le label Victor. Son morceau fétiche, Blue Yodel, l’a rendu instantanément célèbre. Le disque s’est vendu à près de cinq cent mille exemplaires. Cela lui a valu le surnom de « Blue Yodeler », en plus de ceux de « The Singing Brakeman », le chef de train chantant, titre donné à un court métrage réalisé pour Columbia Pictures, et de père de la country music.   
On écoute un morceau de 1929 intitulé Jimmie’s Texas Blues. 
Jimmie Rodgers est resté une légende. Il est l’un des créateurs de la country qui a émergé dans les années vingt. Sa musique est le résultat d’une combinaison personnelle entre le blues et la musique des Appalaches. Sa contribution à l’évolution de la musique du vingtième siècle est considérable. Son œuvre est immense. La tuberculose l’a emporté bien trop tôt en 1933 mais son nom est à retenir : Jimmie Rodgers, le père de la country music.



2/ Little Walter, 1931-1968 
Little Walter, Marion Walter Jacobs de son vrai nom,  n’est pas né dans le Mississippi mais en Louisiane. C’est l’une des stars du Chicago blues, un génie de l’harmonica, un immense créateur qui a eu une influence considérable. Il a joué de l’harmonica dès l’âge de huit ans, il débute dans des clubs de la Nouvelle Orléans à 12 ans et il arrive à Chicago en 1947. Il est engagé par Muddy Waters l’année suivante, en 1948. Son disque Juke obtient la première place au Billboard en 1952. C’est le départ pour sa carrière en solo. Il enregistre abondamment et pendant quatre ans il accumule les succès : Sad Hours, Mean Old World, Blues With A Feeling, You’re So Fine, My Babe... 
A partir de 1956, sa popularité commence à décroître bien qu’il soit toujours au top niveau. La preuve par le son : on écoute un morceau paru chez Chess en 1960, Just Your Fool. 
Little Walter au chant et à l’harmonica, Otis Spann au piano, Luther Tucker et Fred Robinson à la guitare, Willie Dixon à la basse et Fred Below à la batterie.
A partir de 1964, Little Walter se produit essentiellement en tournée. Il meurt dans une bagarre de rue à Chicago en 1968. Eh oui, très souvent la durée de vie des bluesmen a été limitée.
Little Walter fait partie des géants du blues, de cette dizaine d’artistes qui ont dominé le blues d’après-guerre. Il est avec John Lee Sonny Boy Williamson et Muddy Waters l’un des artisans du Chicago blues moderne. Il est aussi l’auteur d’un grand nombre de standards. On ne compte plus les reprises de ses morceaux. Comme celui qu’on vient d’entendre, Just Your Fool, qui figure sur le dernier disque des Rolling Stones. Il n’est pas exagéré de dire que son jeu à l’harmonica a changé le monde du blues.


3/ Mississippi Fred McDowell, 1904-1972 
Fred McDowell est né en 1904 dans le Tennessee, il est mort en 1972. Bien qu’il n’ait pas été enregistré avant guerre, il fait partie des grands bluesmen du Delta du Mississippi. Il a exercé différents métiers, poseur de traverses, ouvrier tonnelier, ouvrier agricole. Ce n’est qu’en 1940 qu’il a assez de fric pour s’acheter une guitare. Il anime alors des soirées et des bals du samedi soir. Il n’a été découvert qu’en 1959 par l’ethnomusicologue Alan Lomax qui l’a enregistré.  
Mississippi Fred McDowell signe chez Atlantic et Prestige. On écoute un de ces morceaux de 1959, Shake ‘Em On Down.
Mississippi Fred McDowell a enregistré de nombreuses versions de ce morceau. Celle qu’on vient d’entendre date de 1959, l’année de sa découverte. Shake ‘Em On Down est un grand classique du blues qui a été interprété par Tommy McClennan, Big Bill Broonzy, Bukka White et bien d’autres.
C’est en 1964 que Mississippi Fred McDowell connaît la consécration avec la publication de deux super albums que je recommande vivement aux amateurs : « My Home Is On The Delta » et « Mississippi Delta Blues ». Par la suite Fred McDowell devient l’une des grandes figures du blues revival des années soixante. Il participe à des festivals. Il vient en Europe en 1965 avec l’American Folk Blues Festival. 
Mississippi Fred McDowell tire des sons incroyables de sa guitare avec son bottleneck. C’est un des maîtres du slide du Delta.


4/ Little Hat Jones, 1899-1981 
Chanteur guitariste du Texas. Il a travaillé à la ferme, puis sur des chantiers où il a récolté son surnom de « Little Hat », petit chapeau, parce qu’il bossait avec un chapeau déchiré.
Il a réalisé trois sessions pour Okeh : deux en 1929 et une en 1930. Lors de la première session de 1929, en plus des deux morceaux qu’il a gravés sous son nom, il a accompagné à la guitare le chanteur Texas Alexander sur neuf morceaux.
On écoute un morceau issue de la troisième session réalisée le 14 juin 1930, Bye Bye Baby Blues. 
Morceau tiré d’une compilation JSP « Texas Blues 1927-1937 ». Il a également été édité par le label Document sous le titre « Texas Blues, 1927-1935 ». Ce label a fait paraître énormément de morceaux d’avant guerre. La qualité n’est pas toujours au top mais la plupart ses morceaux sont intéressants.
Little Hat Jones est très peu connu, même des amateurs de blues. Pourtant cette chanson a été utilisée pour un film paru en 2001, « Ghost World », de Terry Zwigoff.
Little Hat Jones n’a plus rien enregistré après 1930. Il jouait dans des soirées et des juke joints. Il n’a pas profité du blues revival des années soixante. Je n’en connais pas la raison. Est-ce que les chercheurs ne se sont pas intéressés à lui ou bien était-il malade, fatigué ? En tout cas, c’est dommage. Il est mort en 1981.


5/ Roy Happy Easter & Preston Love
Le plus connu des deux, c’est Preston Love né dans le Nebraska en 1921, décédé en 2004. Preston Love était un saxophoniste et un chef d’orchestre. Il a commencé comme saxophoniste à l’ère des big bands. Au début des années quarante, il joue dans des orchestres, dont certains sont prestigieux comme ceux de Count Basie ou de Lucky Millinder.
Il devient ensuite chef de son propre orchestre, jouant avec Billie Holiday, Wynonie Harris, Johnny Otis. En 1952, il a fondé sa boîte de disques, Spin Records.
On écoute un morceau de 1956 enregistré pour le label Ultra où le chanteur est donc Roy Happy Easter, dont on ne sait à peu près rien, sinon qu’il a fait un 45 tours, et un seul, avec le Preston Love Orchestra. Le morceau s’appelle If You Ever Get Lonesome.
Ce morceau figure sur une compilation éditée par Ace intitulée « DIG This Blues, The Legendary DIG Masters », volume 2 ; DIG étant le nom d’un label fondé par Johnny Otis qui à l’origine s’appelait Ultra.
Dans les années soixante, l’orchestre de Preston Love est devenu l’orchestre de studio du label Motown et il a accompagné les artistes de renom de la marque comme les Temptations, Marvin Gaye et autres.


6/ Doctor Clayton, 1898-1947
Peter Joe Clayton était chanteur et non docteur ; « doctor », c’était juste un surnom. Il prétendait être né en Afrique mais non, il était né en Géorgie. Dans les années trente il a vécu à Saint-Louis, il bossait en usine. 
En 1935, il grave 6 faces pour Bluebird qui n’en publie que deux. En 1940, sa femme et ses quatre enfants meurent dans un incendie. Il se rend alors à Chicago avec Robert Jr Lockwood. En 1941-1942, il enregistre pour Bluebird et Okeh.
On écoute son morceau le plus connu, Pearl Harbor Blues, enregistré quelques mois seulement après les événements pour Bluebird. Il faut rappeler que le président Roosevelt s’était fait élire sur un programme de non intervention dans le conflit mondial. C’est le bombardement surprise de la base navale de Pearl Harbor par l’aviation japonaise le 7 décembre 1941 qui a provoqué l’entrée en guerre des Etats-Unis et non l’idée qu’il fallait libérer l’Europe du joug nazi.
J’ai allumé ma radio
J’ai entendu M. Roosevelt dire
Que nous voulions rester en dehors de l’Europe
Mais que maintenant nous avions tous une dette à payer
Doctor Clayton au chant, Blind John Davis au piano, Ransom Knowling au tuba et Alfred Elkins à la contrebasse. Il s’agit de la version de 1942 pour Bluebird, Doctor Clayton en a gravé une autre en 1946 pour RCA.
Doctor Clayton n’a jamais obtenu de grand succès mais il était très populaire à Chicago et plusieurs de ses compositions ont été reprises par des musiciens de blues, notamment par B.B. King pour lequel il était une référence.


7/ Carl Perkins, 1932-1998
Carl Perkins était un chanteur guitariste découvert par la maison Sun, comme Elvis Presley, qui avait tout pour succéder au king. Mais ce fut un artiste maudit : cela ne s’est pas passé comme cela aurait dû.
Ce sont les disques d’Elvis qui attirent Carl Perkins dans les studios Sun dès 1954. Ses premiers enregistrements sont des ballades dans un style country. Mais Sam Phillips, le producteur de la maison Sun, pousse Car Perkins vers le rock ‘n’ roll. En décembre 1955, Perkins enregistre un morceau qui est devenu un standard du genre, Blues Suede Shoes, qu’on a écouté lors d’une précédente émission. Blues Suede Shoes est le premier morceau à figurer parmi les meilleurs classements des trois hits parades du Billboard (première pour la country et le rhythm and blues, deuxième pour la pop). La face B du disque, Honey Don’t, est également un morceau incroyable de rockabilly. On l’écoute.
Carl Perkins n’a pas eu de bol : un accident de voiture l’a empêché de participer à  une émission de télé extrêmement populaire et c’est de son lit d’hôpital qu’il a assisté à la prestation de Presley qui a repris son hit Blue Suede Shoes dans son show. Carl Perkins est hors jeu en ce moment décisif de l’année 1956 où sont apparues les stars du rock ‘n’ roll. Cette absence est décisive pour la suite de sa carrière. 
Plus tard, Carl Perkins cédera à l’alcoolisme et au découragement. Il abandonne même le métier. C’est une rencontre avec Johnny Cash qui lui a donné le goût de se remettre dans le bain en revenant à la country music. Carl Perkins reste à mon sens l’un des plus grands artistes de l’histoire du rock ‘n’ roll.


8/ Trudy Lynn
Trudy Lynn est une chanteuse de blues et de soul née au Texas en 1947. Sa carrière professionnelle a démarré dans les années soixante. Elle a commencé en chantant avec Albert Collins. Son répertoire s’est ensuite orienté vers le rhythm and blues. Dans les années soixante- dix, elle se produisait dans des clubs à Houston.
Elle a commencé à enregistrer des albums tardivement, en 1989, chez Ichiban Records. Ses deux premiers albums pour ce label ont été classés au Billboard. Elle en a fait trois autres pour la même marque. Elle a ensuite fait plusieurs autres maisons de disques.
Depuis 2013, elle sort régulièrement des albums édités chez Connor Ray Music. Le premier, intitulé « Royal Oaks Blues Café », a atteint la première place au Billboard. 
Je vous propose d’écouter un morceau tiré de son avant-dernier album paru en 2016, « I’ll Sing The Blues For You ». Le morceau s’appelle If It’s News To You. 
Un morceau qui sonne bien blues. Trudy Lynn est un bon exemple de ce qui se fait de mieux aujourd’hui et qui associe souvent blues et soul.
Son dernier album est paru en 2018.


9/ Pete Mayes, 1938-2008
Chanteur guitariste né à Double Bayou, une petite ville du Texas. Il n’a jamais eu de grand succès, il a enregistré tardivement ; en fait, la musique ne lui permettait pas d’être musicien à plein temps et toute sa vie il a occupé des emplois comme peintre ou employé dans un ranch.
Dans les années cinquante, il joue dans la salle de danse locale. Il a aussi formé un groupe puis joué avec des bluesmen comme Lowell Fulson, Big Joe Turner, Percy Mayfield, Bill Doggett, Junior Parker, des musiciens de jazz aussi.
Il grave son premier 45 tours en 1969 pour le label Ovide, avec lequel il en fera deux autres par la suite. Dans les années soixante-dix, il fait des tournées. En 1983 il hérite de la salle de danse locale. Il enregistre son premier album en 1986 pour un label hollandais, Double Trouble. 
On écoute un morceau tiré du deuxième album paru également en 1986 chez Double Trouble, « I’m Ready ». Le morceau s’intitule Crazy Woman.  
Pete Mayes - Crazy Woman
Blues sophistiqué, guitare mélodieuse, voix claire, Pete Mayes se range délibérément dans un style hérité de T-Bone Walker et de la Californie.
Pete Mayes a sorti un troisième album, « Pete’s Sake », chez Antone Records. Ce fut son dernier. 


10/ Smokey Wilson, 1936-2015
Robert Lee Wilson est un chanteur guitariste né dans le Mississippi, il a grandi dans l’Arkansas et a passé sa vie sur la côte ouest. Son jeu est celui d’un musicien originaire du Delta.
Smokey Wilson arrive à Los Angeles en 1970. Il ouvre un club où il joue comme leader. Il réalise ses premiers enregistrements en 1977, 1978, pour le label Big Town. Il sort des 45 tours et deux albums. 
En 1983 il sort chez Murray Brothers un album intitulé « 88th St. Louis Blues ». On écoute un morceau de cet album, qui s’appelle I Got Something On You Baby. 
Dans les années quatre-vingt, Smokey Wilson joue en club et dans des festivals. Dans les années quatre-vingt-dix, il sort un album environ tous les deux ans pour divers labels : Bullseye Blues, Rounder, P-Vine. 
Il a obtenu tardivement une reconnaissance nationale, à la fin des années quatre-vingt-dix, sans décrocher de hit au Billboard, mais grâce à des passages à la télévision.
Il est décédé en 2015.


Bonus track :

11/ Billie Holiday, 1915-1959
Une chanteuse de jazz, Billie Holiday, qui aura drôlement galéré dans sa vie dès le départ. Née en 1915, plus ou moins abandonnée par ses parents, elle est envoyée en maison de redressement, un monde de violence et de viol, elle connaît la prostitution, la prison et les drogues dures. Elle était sans arrêt sous la coupe d’escrocs qui la terrorisaient. Sans parler du racisme bien sûr, qui faisait qu’une femme noire ne pouvait pas chanteur au milieu d’un orchestre blanc dans les années trente, quarante. Elle devra écourter une tournée avec l’orchestre d’Artie Shaw parce qu’elle n’était pas acceptée dans les hôtels avec les Blancs.
C’est dans ce contexte extrêmement dur qu’elle a produit des morceaux splendides. Grâce au critique producteur  John Hammond elle a pu enregistrer à partir de 1933 pour Columbia. Son véritable succès démarre à partir de 1935, elle devient une vedette du jazz new-yorkais. 
On écoute un morceau enregistré en 1940 qui est un grand classique du jazz, St. Louis Blues. Billie Holiday est accompagnée par l’orchestre de Benny Carter avec Bill Coleman à la trompette, Benny Morton au trombone, Benny Carter à la clarinette, George Auld au saxo ténor, Sonny White au piano, Ulysses Livingston à la guitare, Wilson Myers à la basse et Yank Porter à la batterie.
Billie Holiday a connu bien des hauts et des bas aussi. Elle a chanté avec les plus grands orchestres de jazz, avec Louis Armstrong, Duke Ellington, Count Basie etc. Sa tournée européenne de 1954 lui a fait un bien fou. Malgré les coups durs, l’alcool et la drogue, elle a chanté jusqu’à la fin de sa vie.
Le saxophoniste Lester Young l’avait surnommée Lady Day. C’était en effet une Lady, une grande dame du jazz, dotée d’une voix et d’un sens du feeling et du swing exceptionnel.


Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

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