mercredi 4 octobre 2017

Séance 3


HOT ARIEGE
L’émission qui va vous faire taper du pied 
avec un paquet de blue notes 
et la rage du swing





Séance 3





1/Muddy waters
Nous allons commencer cette émission avec un artiste majeur du blues de Chicago, Muddy Waters.
De son vrai nom Mac Kinley Morganfield – Muddy waters, cela veut dire « eaux boueuses » - ce chanteur guitariste né en 1915 mort en 1983 a exercé une influence considérable sur le blues de Chicago d’après-guerre, et on pourrait même dire sur tout le blues ultérieur.
Le parcours de Muddy Waters est exemplaire et caractéristique. Il est né dans le Mississippi et il a joué dans un groupe rural du Sud des Etats-Unis dans les années trente. A l’origine Muddy Waters joue dans la veine du style local, le blues du Delta, qui fait partie des origines du blues. Son jeu à la guitare, le bottleneck, dérive directement de celui de Son House l’un des grands noms du genre.
Quand il arrive à Chicago en mai 1943, son style apparaît rural, rugueux, presque primitif, à côté de celui des musiciens qui dominent la scène, tels que Big Bill Broonzy ou Washboard Sam. Mais sa guitare amplifiée, son chant puissant et fortement émotionnel, emballent le public de Chicago et il se fait vite un nom. Il forme assez vite un orchestre dans lequel il s’adjoint des talents extraordinaires, tels que l’harmoniciste Little Walter et le guitariste Jimmy Rogers qui feront par la suite une brillante carrière à leur tour sous leur propre nom, comme d’ailleurs la plupart des musiciens qui sont passés par l’orchestre de Muddy Waters. Ensemble, ils produisent des morceaux qui font partie des plus magnifiques de toute l’histoire du blues. Le succès est total.On écoute Hoochie Coochie Man, enregistré à Chicago le 7 janvier 1954, avec Little Walter à l’harmonica, Jimmy Rogers à la guitare, Otis Spann au piano, Willie Dixon à la basse et Fred Below à la batterie.
Muddy Waters fut l’artiste le plus important enregistré par la firme Chess, fondée en 1952 par les frères Leonard et Phil Chess, avant le grand décollage dû au succès de Bo Diddley et surtout de Chuck Berry à partir de 1954-1955. Hormis Jimmy Reed, qui enregistrait pour la marque Vee-Jay, tous les grands artistes de Chicago, Sonny Boy Williamson, Elmore James etc. étaient chez Chess. Cette firme a joué un rôle important pour le blues de Chicago, qui s’est imposé après la guerre comme le courant principal du blues.
Signalons enfin que Muddy Waters est l’un des premier musiciens de bues à avoir effectué sur les conseils de Big Bill Broonzy une tournée en Europe en 1958, 4 ans avant celles de l’AFBF.


2/ Lonnie Johnson
Je vais vous présenter à présent un autre musicien de blues qui a joué un rôle majeur dans un registre très différent et cela dès avant la deuxième guerre mondiale. Il s’agit de Lonnie Johnson, chanteur guitariste né en 1894, mort en 1970.
Tout le monde connaît les noms de Louis Armstrong et de Duke Ellington. Mais qui connaît Lonnie Johnson ? C’est tout le paradoxe du blues. D’ailleurs Lonnie Johnson  ne souhaitait pas qu’on parle de lui comme d’un musicien de blues ! Né dans une grande ville, la Nouvelle Orléans, où il a reçu une « bonne éducation » et où il a baigné dans le jazz, Lonnie Johnson considérait le blues comme une musique primitive de péquenots incultes. Et c’est ainsi que le blues a vécu une vie souterraine, « underground » en comparaison des orchestres de jazz qui faisaient le tour du monde, jusqu’à la guerre. Les choses ne changeront qu’après les succès d’un John Lee Hooker, comme Boogie Chillen enregistré en 1948 – plus d’un million d’exemplaires vendus- ou encore ceux d’un T-Bone Walker dont on parlera peu après.
Lonnie Johnson est né Alonzo Johnson peut-être le 8 février 1899 – je dis « peut-être » car les auteurs divergent ; Gérard Hertzhaft souvent cité dans cette émission car c’est le pape du blues en France (il est l’auteur du « Que sais-je ? » sur le blues), note pour sa part 1894 dans son Encyclopédie et dans le livret qui accompagne le coffret Frémeaux consacré à Lonnie Johnson, conformément à la date qui figurait sur son passeport -. Lonnie Johnson a  accompagné Louis Armstrong et Duke Ellington. Il est tout simplement l’inventeur de la guitare solo blues jouée au médiator note par note. Gérard Hertzhaft indique que Django Reinhardt et Charlie Christian se sont inspirés de lui pour créer la guitare jazz. Son jeu de guitare est tout simplement sublime : comment traduire en mots la clarté du son et les blue notes qu’il enchaîne avec un brio incroyable ?
Voici Falling Rain Blues, enregistré à Cincinnati le 20 décembre 1947, avec Allen Smith au piano et Monte Morrison à la basse.
Lonnie Johnson est un pionnier extraordinaire du blues. Il a gravé 130 faces entre 1925 et 1932. Entre 1937 et 1944 il enregistre aussi abondamment. Il a même réussi à revenir au premier plan après la guerre grâce à l’utilisation de la guitare électrique. Il remporte ainsi des succès jusqu’en 1953. Citons Mr. Jelly Roll Baker et surtout Tomorrow Night paru en 1948 qui s’est vendu à plus de trois millions d’exemplaires. Il saura aussi profiter du blues revival des années soixante. 
Lonnie Johnson était un artiste unique qui dispensait un blues élégant et sophistiqué avec une aisance stupéfiante. Avec le pianiste Roosevelt Sykes, c’est l’artiste d’avant-guerre qui aura connu la plus longue carrière dans le blues.
  

3/ T-Bone Walker
Lonnie Johnson est un pionnier, pas dans le sens des origines du blues, mais dans le sens où il est en fait un chef de file, le premier des « guitar heroes » selon l’expression de Gérard Hertzhaft, qui a intitulé de cette manière le coffret Frémeaux que j’ai évoqué tout à l’heure.
Dans le livret de ce coffret il rapporte quelques propos qui éclairent l’influence majeure de Lonnie Johnson sur tout un style de blues. A commencer par T-Bone Walker qui a déclaré  « C’est Lonnie Johnson qui m’a donné l’idée de jouer comme je le fais ». On ne peut pas être plus explicite. Il en est de même pour B. B. King qui a déclaré dans une interview : « J’étais dingue de Lonnie Johnson ! C’était mon idole, mon maître ». 
Bien d’autres artistes ont fait référence à Lonnie Johnson, mais ces deux-là, T-Bone Walker et B. B. King ont leur importance car eux-mêmes sont devenus à leur tour des chefs de file dans un genre bien spécifique.
T-Bone Walker, né Aaron Walker en 1910, décédé en 1975, peut être considéré comme l’un des créateurs du blues moderne. On désigne par ce terme le blues d’après-guerre. Il grave son premier disque en 1929 mais c’est en 1935 qu’il adopte la guitare électrique, ce qui fait de lui l’un des tout premiers utilisateurs, à peu près en même temps que le jazzman Eddie Durham, soit peu de temps après le steel-guitariste country Bob Dunn et le premier utilisateur connu, le hawaïen Sol Hopii en 1934 (en mettant de côté le cas de Georges Barnes, qui l’aurait utilisée dès 1933 mais qui ne sera enregistré qu’à partir de 1938).
T-Bone Walker a construit un style, le style de la Côte Ouest, le West Coast Blues, en s’appuyant sur une petite formation avec cuivres, piano, basse et batterie. La guitare électrique et les cuivres campent une atmosphère ouatée, vaporeuse, au sein de laquelle la voix de T-Bone émerge d’une façon suave et charmeuse.
Après une session pour Capitol en 1942, T-Bone Walker entreprend de longues tournées et se produit dans tous les Etats-Unis : New York, Chicago, Detroit, Los Angeles. Entre 1946 et 1955, il grave de nombreux disques pour plusieurs marques. C’est en 1947 qu’il enregistre son plus grand succès, Call It Stormy Monday qui sera classé numéro cinq au hit-parade du Billboard dans la catégorie rhythm and blues.
On écoute Call It Stormy Monday, enregistré en 1947 à Los Angeles, avec Lloyd Glenn au piano, Teddy Buckner à la trompette, Bumps Myers au saxo ténor, Arthur Edwards à la basse et Oscar Lee Bradley à la batterie.
Stormy Monday peut-être, but tuesday is just as bad ; autrement dit si lundi ce n’est pas terrible, mardi ce n’est pas mieux. Une vision pessimiste, à peine tempérée par le fait qu’on peut se rassurer, le week-end reviendra… 
La carrière de T-Bone Walker connaît une interruption en 1955 pour raisons de santé. Il réapparaît sur scène en 1960 sur la Côte Ouest et il monte ensuite dans le train du blues revival. Il participe à deux séances de l’American Folk Blues Festival. Il se produit et enregistre jusqu’en 1974 où une pneumonie mettra fin à ses jours.
T-Bone Walker a été une grande figure d’un style de blues qu’on appelle le jump blues, qui a été à l’honneur dans les années quarante et cinquante. Il a été l’un des grands innovateurs du blues. Il incarne la transition entre le jeu de Lonnie Johnson et celui de B.B. King.


4/ Johnny Cash.
Changement de style et d’époque avec l’artiste suivant, Johnny Cash. Johnny Cash, né en 1932 mort en 2003, est l’une des quatre grandes découvertes de la maison Sun, la firme de disques de Memphis appartenant au légendaire Sam Phillips. Nous avons déjà raconté comment s’effectua la percée d’Elvis Presley en 1954 qui accompagna la création du rockabilly. Elle fut suivie de beaucoup d’autres, notamment de Carl Perkins, créateur du fameux Blue Suede Shoes, et du pianiste Jerry Lee Lewis.
Johnny Cash représente un cas à part car ce chanteur guitariste se situe à la lisière de deux styles, le rockabilly et la country music. Ces deux genres sont très proches et de nombreux artistes se sont essayé aux deux, soit alternativement soit en même temps. Le cas de Johnny Cash est particulier, en ce sens qu’il se situe délibérément, dès l’origine, sur la frontière.
Son évolution personnelle ultérieure, ajoutée à la quasi disparition du rockabilly au début des années soixante, fera pencher clairement la balance du côté country. Johnny Cash a d’ailleurs fréquenté la famille Carter, icône de la musique country, et plus spécialement June Carter. La marque personnelle de Johnny Cash réside dans sa voix de baryton et ses basses profondes que le chanteur utilise dans un  registre sombre, voire dramatique.
Il décroche son premier hit en 1956 avec I Walk The Line. Ses morceaux les plus connus sont Ring Of Fire paru en 1963 et Folsom Prison Blues paru en 1968.
C’est en 1965 que sort l’album intitulé Orange Blossom Special, le titre portant le nom de l’album étant paru en single un peu avant. Il s’agit d’une reprise d’un succès country de 1939 dans le genre bluegrass des frères Rouse, Erwin et Jack. Le titre évoque un train qui circule le long des côtes de la Floride.
Voici la version de Johnny Cash, Orange Blossom Special, avec notamment Charlie McCoy à l’harmonica et Boots Randolph au saxo ténor.
Johnny Cash a quitté assez rapidement la maison Sun pour signer avec d’autres maisons. De 1963 à 1971 il anime sa propre émission de télé et il fait venir des artistes qui débordent largement du style country. Sa popularité décline dans les années soixante dix. Il se tourne vers le folk et obtient quelques succès. Vers la fin son style évolue vers des horizons très divers.
Johnny Cash possède la particularité d’être une grande figure pour le rock ‘n’ roll et pour la country. A ce titre il compte parmi les grandes personnalités de la musique populaire américaine.


5/ Woody Guthrie
Johnny Cash était un artiste « frontière » à la limite du rockabilly et de la country music. Comme Elvis Presley il était passé de chez Sun à Memphis chez une grande marque nationale, Columbia Records en l’occurrence. C’est là qu’il a collaboré avec un autre artiste frontière qui se situe pour sa part entre le folk, la country et la pop music, Bob Dylan.
A ce stade, il est nécessaire de décrypter ce que recouvre le terme de « folk » qu’on retrouve dans les expressions folk song, folk music, folk blues. La musique folk n’est pas réellement un style musical à part entière. C’est plutôt un courant de puristes gardiens d’une certaine tradition musicale qui puise ses origines aussi bien dans la musique blanche que dans la musique noire.
Côté musique blanche, les racines plongent dans la country music dite « old style », vieille manière dont le creuset se trouve au sud-est des Etats Unis dans le massif des Appalaches. Dans ces montagnes isolées, les descendants des colons originaires d’Ecosse et d’Irlande, qui vivaient avec la forêt et les Indiens, perpétuaient les traditions de la ballade celtique, avec force violons, fiddle et autres crins-crins. Le banjo, instrument venu d’Afrique, qui s’est imposé peu à peu à côté du violon, donne un son caractéristique à ce genre musical en vogue au début du XXème siècle.
Côté musique noire, il y a une référence qui s’impose, celle du chanteur guitariste Leadbelly, de son vrai nom Walter Boyd dit Huddie Ledbetter, né en 1885, mort en 1949. Leadbelly, qui jouait toutes sortes de morceaux, du blues à la chanson de cow-boy en passant par la ballade, est l’icône du mouvement folk. Sa particularité était d’utiliser une guitare à douze cordes dont il jouait dans un style inspiré du flamenco, un style populaire dans les régions proches de la frontière mexicaine qu'il sillonnait comme chanteur itinérant dans les années vingt. Plusieurs de ses morceaux, comme Rock Island Line ou Midnight Special font partie du répertoire folk traditionnel.
A l’époque moderne, le courant folk se caractérise par le rejet de la batterie et de la guitare électrique. Ce courant, toujours vivant, traduit l’aspiration à retrouver les accents d’une musique qui serait « authentique », par opposition à la musique à la mode diffusée par les grandes firmes et les médias, le « système » comme on dit aujourd’hui. Cette musique comporte d’ailleurs une coloration politique de gauche. Ses grandes figures des années soixante, Joan Baez, Bob Dylan, se sont engagées dans le mouvement contre la guerre du Vietnam.
Le plus important représentant de la musique folk des années trente, côté blanc, Woody Guthrie, était également très engagé. Woodrow Wilson Guthrie, ainsi l’avait appelé son père en l’honneur du président Wilson, connu sous le nom de Woody Guthrie, né en 1912 mort en 1967, s’est illustré notamment dans la lutte contre les compagnies fruitières qui sous-payaient et maltraitaient leurs employés comme le romancier John Steinbeck l’a décrit dans son ouvrage Les raisins de la colère, ou contre les exactions de la police californienne. On rapporte que ses guitares portaient l’inscription « cette machine tue les fascistes ». 
On écoute This Land Is Your Land, la plus célèbre chanson de Woody Guthrie écrite en 1940 d’après une mélodie qui aurait été empruntée à la Carter Family, la famille Carter, Alvin, Sara et Maybelle Carter, célèbre groupe country de l’époque.
Après avoir tourné en Californie, Woody Guthrie refuse un contrat exclusif proposé par la compagnie Capitol et gagne New-York au début des années quarante. Il devient une des principales figures de Greenwich Village, le quartier des bobos contestataires. 
Woody Guthrie est connu pour son interprétation du thème traditionnel de The House Of The Rising Sun et ses ballades sur Sacco et Vanzetti, deux anarchistes injustement condamnés à mort. Il a exercé une influence majeure sur tout le courant des « protest songsters », de Pete Seeger à Bob Dylan, en passant par Joan Baez.  
Si vous avez l’occasion allez voir le film qui lui est consacré : « En route pour la gloire », film de Hal Ashby avec David Carradine dans le rôle de Woody Guthrie.


6/ Little Richard
Voici maintenant un artiste très différent, celui qui se surnommait lui-même le king du rock ‘n’ roll et qui en est bien l’un des maîtres du genre, Little Richard. 
De son vrai nom Richard Penniman, Little Richard est né en Géorgie en 1935. C’est un pianiste au style survolté qui s’inscrit dans la lignée des pianistes de la Nouvelle-Orléans Professor Longhair, Fats Domino. La force du style de Little Richard, ce sont ses racines clairement blues et negro spiritual. 
Little Richard est l’auteur d’une dizaine de standards du rock ‘n’ roll comme Tutti Frutti, Long Tall Sally, Lucille, Good Golly Miss Molly… L’appui des meilleurs musiciens de la Nouvelle-Orléans n’est pas pour rien dans la facture impeccable de tous ces standards. 
On écoute Rip It Up, paru en juin 1956 chez Specialty, avec Lee Allen au saxo ténor, Alvin Tyler au saxo baryton, Edgar Blanchard à la guitare, Frank Fields à la contrebasse et Earl Palmer à la batterie.
Little Richard se maintient au sommet des charts jusqu’en 1957. Il quitte ensuite la scène musicale plusieurs années et devient prédicateur. Quand il fait son retour en 1963, le rock ‘n’ roll a laissé la place à d’autres genres. Ce sera l’heure des Beatles et des Rolling Stones. Little Richard ne parviendra pas à renouer avec le succès.
Chuck Berry étant décédé cette années, il reste la seule légende vivante du rock ‘n’ roll avec Fats Domino et Jerry Lee Lewis 
Pour les auditeurs qui souhaiteraient se procurer les standards de Little Richard, soulignons que ce dernier a réalisé de nombreuses versions de ces morceaux historiques et celles-ci sont de valeur très inégale. Il faut donc veiller à privilégier les versions originales. A titre d’exemple, on peut recommander le CD paru chez Specialty sous le numéro SPCD-2154-2 sous le titre « The Essential Little Richard ».


7/ Howlin’ Wolf
On retourne à présent au blues pur et dur avec un maître de Chicago, Howlin’ Wolf, le Loup Hurlant, chanteur et harmoniciste. 
De son vrai nom Chester Burnett, né en 1910 mort en 1976, Howlin’ Wolf a accompli le parcours classique : il est né dans le Mississippi où il puise son influence principale, il est ensuite disc-jockey à Memphis comme son beau-frère Sonny Boy Williamson deuxième du nom jusqu’en 1952. Il dirige alors une formation qui comprend Ike Turner et le guitariste Willie Johnson. En 1952, il se fixe à Chicago où il devient l’un des géants du blues local.
Howlin’ Wolf est l’auteur d’un grand nombre de standards du blues de Chicago comme Spoonful, Wang Dang Doodle, The Red Rooster qui sera repris notamment par les Rolling Stones et bien d’autres… Howlin’ Wolf délivre une musique rude, sauvage et agressive, très efficace surtout lorsqu’il est appuyé par un orchestre au top comme il en existait à Chicago dans les années cinquante soixante.
On écoute Shake For Me, enregistré pour Chess à Chicago en 1961, avec Johnny Jones au piano, Hubert Sumlin à la guitare, Willie Dixon à la basse et Sammy Lay à la batterie.
A souligner le fantastique jeu de guitare de Hubert Sumlin, dont Jimmy Hendrix disait qu’il était le meilleur guitariste de son temps. En fait, grâce à des accompagnateurs renouvelés,  dont Hubert Sumlin mais pas que, grâce aussi aux compositions de Willie Dixon, Howlin’ Wolf a su élaborer un Chicago un style profondément renouvelé, ce qui lui a permis de produire une série de chefs d’œuvre.
Howlin’ Wolf s’est produit jusqu’à sa mort dans les boîtes de Chicago. Il a été l’une des personnalités les plus marquantes et les plus populaires de Chicago dans les années cinquante soixante.  


8/ Eddie Cochran
Changement de style encore : on retourne au rock ‘n’ roll avec le chanteur guitariste Eddie Cochran. Cochran avait un look et des manières qui reflétaient l’esprit de révolte adolescente incarné par James Dean dans le film La Fureur de Vivre. 
Né en 1938, il décède dans un accident de voiture au cours d’une tournée en Angleterre à l’âge de 22 ans en 1960. Eddie Cochran a représenté une espèce de deuxième souffle pour le rockabilly. La première vague est portée par les artistes de la maison Sun à Memphis : Elvis Presley, Carl Perkins, Jerry Lee Lewis, Warren Smith etc. Cochran, installé à Los Angeles, invente un nouveau style avec une guitare rythmique agressive, lourde.
Les artistes français de rock ‘n’ roll des années soixante ont beaucoup puisé dans les standards d’Eddie Cochran. A commencer par Johnny, avec des morceaux comme Elle est terrible ou Cours plus vite Charlie.
Voici justement la version originale de Cours plus vite Charlie, Cut Across Shorty, enregistrée en 1959 chez Liberty.- le disque est paru en mars 1960- avec Sonny Curtis seconde guitare, Conrad Smith à la basse et Jerry Allison à la batterie.
La carrière d’Eddie Cochran a été courte puisqu’elle n’a duré que cinq ans. Il doit son premier succès à un film sorti en 1957, « The Girl Can’t Help It » (La Blonde et moi), dans lequel il interprète Twenty Flight Rock, qui deviendra un standard. C’est chez Liberty Records qu’il obtient tous ses hits : les plus connus sont Jeanie, Jeanie, Jeanie, Summertime Blues et C’mon Everybody en 1958, Teenage Heaven et Something Else en 1959. 
Eddie Cochran, c’est un peu comme une étoile filante. Il est arrivé dans un deuxième temps, après Elvis, Perkins, Jerry Lee Lewis etc. et il est mort en 1960. Mais plus que tous les autres, il a su incarner la rébellion adolescente de l’après-guerre et incontestablement le son de groupes comme les Kinks ou les Who doit quelque chose à son style de guitare rythmique lourd et agressif.


9/ Big Joe Turner
Et on continue à bourlinguer à travers les musiques populaires américaines qui poussent à taper du pied en abordant un autre genre, le boogie-woogie.
Le terme de boogie-woogie désigne à l’origine une danse. En 1928, le pianiste de Chicago Clarence Pinetop Smith, né en 1904 mort en 1929, enregistre une sorte de blues au piano qui explique au public comment danser le boogie-woogie. Cette forme de blues repose sur un jeu de piano obtenu par le martèlement inlassable de la main gauche des fameuses basses ambulantes – les walking basses- constituées de huit basses par mesure sur un rythme à quatre temps tandis que la main droite exécute soit une mélodie à contretemps soit des riffs, de courtes phrases répétitives. Lorsque c’est bien exécuté, l’ensemble produit un effet de forte tension croissante avec un swing intense. Pinetop Smith a appelé son morceau Pinetop’s Boogie-woogie. Le terme est resté pour désigner cette figure pianistique.
Pinetop’s Smith n’était sans doute pas le créateur du boogie-woogie mais il a été le premier à en enregistrer et nous a laissé son nom. Pas de chance pour lui, il est mort dans une rixe peu après. Le boogie-woogie, très populaire dans les cabarets noirs de l’époque, fait l’objet d’une véritable explosion au cours de l’année 1929 et connaît par la suite une éclipse entraînée par la Dépression qui a suivi le jeudi noir du 24 octobre 1929.
Le boogie-woogie renaît de ses cendres grâce à la reprise de Pinetop’s Boogie-woogie par Cléo Brown en 1935 qui remporte un incroyable succès. Quand le jazzman Tommy Dorsey sort un morceau intitulé Boogie-woogie en 1938 commence ce qu’on a appelé la folie du boogie-woogie, devenu le style à la mode de l’époque.
Pete Johnson, pianiste de boogie-woogie de Kansas City, est l’un des meilleurs du genre avec son compère Albert Ammons avec lequel il a gravé des duos exceptionnels. Pete Johnson a connu le chanteur  Big Joe Turner à Kansas City. Ensemble, ils gravent en 1938 un morceau qui rentre dans l’histoire, Roll’em Pete. On l’écoute.
Le boogie-woogie est la base du rock ‘n’ roll. Ainsi, ce morceau de boogie-woogie rapide sur lequel Big Joe Turner place de sa voix forte de shouter – ainsi appelait-on ces chanteurs de bar qui devaient quasiment hurler pour se faire entendre dans des salles extrêmement bruyantes- un chant appuyé, peut-être considéré comme un prototype de rock ‘n’ roll, quinze ans avant Bill Haley et Elvis Presley. D’ailleurs, Big Joe Turner fera une carrière exceptionnelle dans le rhythm and blues façon rock ‘n’ roll. Il est notamment l’auteur du célèbre morceau Shake, rattle and roll.
Le boogie-woogie a bien sûr été joué à la guitare. Mais c’est une autre histoire que nous conterons dans une autre émission.


10/ Memphis Minnie
Nous allons terminer celle-ci avec une chanteuse. Il s’agit de Memphis Minnie, de son vrai nom Lizzie Douglas, née en 1896 morte en 1973.
Memphis Minnie a été une grande vedette de blues à partir des années trente et elle a joué un grand rôle sur la scène de Chicago. C’était aussi une guitariste brillante et inspirée.
On écoute Me And My Chauffeur Blues, gravé à Chicago en 1941, avec Ernest Little Son Lawlar, son troisième mari, à la guitare et Alfred Elkins à la contrebasse. 
Memphis Minnie a aidé les grands noms du blues de Chicago de l’après-guerre, comme Muddy Waters, Little Walter ou Jimmy Rogers, aussi bien moralement que matériellement. Ceux-là sont devenus de grandes vedettes connues dans le monde entier. Elle, elle a fini dans un hospice de vieillards, tristement oubliée de tous...
Mais Radio transparence est là ! Et pour nous, Memphis Minnie est toujours vivante !


Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

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