mercredi 11 octobre 2017

Séance 4


HOT ARIEGE
L’émission qui va vous faire taper du pied 
avec un paquet de blue notes 
et la rage du swing


Séance 4




1/ Elmore James
Nous allons commencer cette émission par un morceau mythique écrite par un auteur lui-même légendaire. Il s’agit de Dust My Broom de Robert Johnson. Robert Johnson est mort à 24 ans en 1938 empoisonné par un mari jaloux. Pas à dire, dur, la vie de bluesman !
Robert Johnson est un musicien emblématique de la musique du Delta. Le Delta est la région de l’embouchure du Mississippi qui se jette dans les eaux du golfe du Mexique. Cette région regroupe une partie des Etats du Mississippi, de la Louisiane, de l’Arkansas et de l’Alabama. Certains auteurs disent que c’est là qu’est né le blues. En tout cas, c’est là qu’est né le delta blues, une forme de blues caractérisée par des basses puissantes, un rythme lancinant et utilisation souvent rageuse du bottleneck, ce goulot de bouteille qu’on fait glisser sur les cordes pour obtenir un effet spécial. On utilise maintenant un tube en métal.
Entre 1936 et 1938, Robert Johnson enregistre 25 morceaux qui sont de purs chefs d’œuvre du delta blues. La plupart d’entre eux sont devenus des standards du blues de Chicago, qui est en fait un prolongement du delta blues avec l’apport de la guitare amplifiée et d’un orchestre.
On écoute l’une des multiples versions de Dust My Broom enregistrée à Chicago en novembre 1959 avec Elmore James au chant et à la guitare, J.T. Brown au saxo ténor, Homesick James à la guitare, Johnny Jones au piano et Sam Myers à la batterie.
Un monument du blues !
Elmore James, né en 1910 dans le Mississippi mort en 1963 d’une crise cardiaque, s’est fait un nom en reprenant les morceaux de Robert Johnson comme Ramblin’ On My Mind ou Crossroads. Il remporte un succès avec sa première version de Dust My Broom, gravée pour la marque Trumpet en 1951, qui obtient la neuvième place au Billboard. 
C’est en 1952 qu’Elmore James se rend à Chicago où Little Johnnie Jones devient son pianiste régulier. Il enregistre pour Meteor, Checker et Flair. Entre 1958 et 1962 il dirige son groupe qui comprend le guitariste Homesick James, qui n’a pas de lien de parenté avec lui (en revanche son nom est Homesick James Williamson et c’est un cousin de l’harmoniciste John Lee Sonny Boy Williamson). Il enregistre pour Fire et Chess.
Sa carrière aura été relativement brève et Elmore James n’a pas eu véritablement le temps d’acquérir une notoriété nationale comme John Lee Hooker ou Muddy Waters. Mais il est bien l’égal des plus grand et il est devenu le chef de file d’un style de blues de Chicago. Hound Dog Taylor, Homesick James, ou plus récemment Lil’ Ed lui doivent beaucoup. Dans son dictionnaire du blues paru en 1977, Jean-Claude Arnaudon écrit qu’Elmore James fut peut-être le plus grand des artistes de blues moderne.



2/ Clifton Chenier
Voici maintenant un genre très différent. Il s’agit du zydeco, qui tire peut-être son nom de l’air le plus populaire de la région, le pays acadien ou cajun de la Louisiane autour de la ville de Lafayette où un patois francophone s’est développé : « les haricots sont pas salés », « zadico é pas salé ». Pas sûr, les auteurs divergent.
Après un long périple, les Acadiens sont venus du Canada en 1756 en cette terre alors française vendue par la suite par Bonaparte aux Américains en 1803. Ils parlent un vieux français rural du XVIIème siècle qui s’estompe en raison de l’obligation de parler anglais imposée dès l’école. Aujourd’hui les artistes de zydeco s’expriment majoritairement en anglais.
La musique cajun, le zydeco, est un mélange incroyable de vieille tradition française (les airs, les paroles, le violon), d’apports de réfugiés divers comme l’accordéon, d’influences irlandaises, texanes, créoles, et bien sûr de la musique populaire noire, le blues. Encore un exemple de ce mélange incroyable entre plusieurs genres musicaux qui fait le charme de cette musique populaire afro-américaine !
Voici Tu Le Ton Son Ton, enregistré par le chanteur accordéoniste Clifton Chenier en 1970 à Houston avec son frère Cleveland au rubboard, Robert Peter à la batterie, Joe Morris à la basse et Antoine Victor à la guitare.
Clifton Chenier, né en 1925 mort en 1987, est le roi incontesté du zydeco. Il a connu les champs de coton et les rizières dans son enfance. Il a ensuite été employé dans une raffinerie de pétrole au Texas jusqu’en 1954 tout en se produisant dans les clubs de la ville de Port Arthur. Il enregistre ses premiers disques pour de petites marques en 1954. La même année, il se rend en Californie et enregistre pour Specialty. Il obtient un succès avec Hey ‘Tite Fille. 
Il fait ensuite des tournées dans le Sud avec des artistes comme Etta James, Jimmy Reed. Sa popularité devient immense. Il enregistre abondamment. Dans les années soixante dix, il acquiert une stature nationale et enregistre avec de grandes marques, Arhoolie, Chess…
Il a participé à la tournée de l’American Folk Blues Festival en 1969 et c’est essentiellement lui qui a permis au zydeco d’être connu dans le monde entier.
A signaler pour les amateurs : le festival annuel de zydeco à Saulieu en Bourgogne.


3/ Little Walter
Retour au blues, et même au Chicago blues, avec un harmoniciste, Little Walter. Marion Walter Jacobs, surnommé le petit Walter, est né en 1931, mort en 1968.
L’importance de Little Walter est considérable. Avec l’orchestre de Muddy Waters, il est l’un des fondateurs du blues moderne de Chicago qui a composé de nombreux standards comme Juke ou Mean Old World. Dans la lignée des deux Sonny Boy Williamson, le vrai John Lee et le second Rice Miller, il a forgé une approche personnelle du jeu d’harmonica qui a exercé une influence profonde sur tous les harmonicistes d’après-guerre. 
On écoute My Babe, un standard de Chicago composé par Willie Dixon, arrangeur compositeur producteur de la maison Chess, la maison phare de Chicago, enregistré en 1955. Little Walter est entouré de Robert Lockwood Jr et Leonard Caston aux guitares, Willie Dixon à la contrebasse et Fred Below à la batterie. 
My Babe illustre à merveille d’une part le génie de Willie Dixon qui a su arranger la musique et les paroles d’un gospel traditionnel, This Train, pour en faire un blues typique et d’autre part le fantastique jeu de Little Walter à l’harmonica.
Little Walter n’est pas né dans le Mississippi mais en Louisiane. En revanche, il a joué de l’harmonica dès l’âge de huit ans, il débute dans des clubs de la Nouvelle Orléans à 12 ans et il arrive à Chicago en 1947. Il est engagé par Muddy Waters l’année suivante, en 1948. Son disque Juke obtient la première place au Billboard en 1952. C’est le départ pour sa carrière en solo. Il enregistre abondamment et pendant quatre ans il accumule les succès : Sad Hours, Mean Old World, Blues With A Feeling, You’re So Fine et My Babe qu’on vient d’entendre. 
Après 1956, sa popularité commence à décroître. A partir de 1964, il se produit essentiellement en tournée. Il meurt dans une bagarre de rue à Chicago en 1968.
Little Walter est un bluesman de tout premier plan pour trois raisons. Un, avec l’équipe de Muddy Waters, il fait parti de ceux qui ont bâti le blues de Chicago d’après-guerre qui est devenu le genre dominant au sein du blues ; deux, c’est un compositeur qui a produit des standards repris par d’innombrables musiciens ; et trois, c’est un véritable maître de l’harmonica qui a utilisé à fond les possibilités de l’amplification. Le Petit Walter est un grand nom du blues !


4/ Amos Milburn
De Chicago, nous allons faire une petite descente dans le sud des Etats-Unis dans les clubs noirs de Los Angeles et de San Francisco. C’est là en effet que le jeune Amos Milburn, qui s’était initié au piano le dimanche à l’église, rencontre le blues urbain et sophistiqué de la Côte Ouest. Amos Milburn sera influencé par Charlie Brown, Nat King Cole et Roy Milton.
Né en 1926, mort en 1980, Amos Milburn a connu son premier grand succès avec Chicken Shack Boogie, un morceau qui atteint la première place au Billboard en 1948. Mais il est surtout connu pour sa trilogie sur l’alcool : Bad, Bad Whiskey, Let Me Go Home Whiskey et surtout One scotch, One Bourbon, One Beer, qui sont des chefs d’œuvre.
Amos Milburn a commencé à enregistrer en 1945. C’est toutefois avec le morceau Down The Road Apiece, enregistré en 1946 pour la marque Aladdin et paru en 1947, qu’Amos Milburn a fait sa première percée. On écoute Down The Road Apiece, où Milburn chante et s’accompagne au piano, entouré de Maxwell Davis au saxo ténor. On ne sait pas qui tenait la basse et la batterie pour cette session du 12 septembre 1946.
Down The Road Apiece a été repris entre autres par Chuck Berry, Jerry Lee Lewis et les Rolling Stones. Fats Domino et Little Richard ont reconnu que le jeu de piano de Milburn avait exercé une influence sur eux.
Outre Down The Road Apiece, Amos Milburn obtient des succès importants à la fin des années quarante avec Chicken Shack Boogie, Hold Me Baby, In The Middle Of The Night, et bien sûr la trilogie alcoolique que j’ai mentionnée tout à l’heure.
Sa popularité décline dans les années cinquante. Il enregistre encore un album pour Motown en 1962. Il continue à graver quelques disques jusqu’en 1972. 
Amos Milburn n’a pas réussi à monter dans le fructueux wagon du rock ‘n’ roll, pour reprendre les mots de Gérard Hertzhaft. Peut-être était-il trop en avance, peut-être n’a-t-il pas eu de chance. En tout cas le swing intense de son jeu de piano et le rythme qu’il donne à ses morceaux en font un des plus brillants précurseurs du rock ‘n’ roll et un des plus grands pianistes de blues de l’après-guerre.


5/ Bob Wills
On change de style avec Bob Wills, né en 1905, mort en 1975. Bob Wills a été surnommé le king du western swing, une branche spécifique de country music. L’ethnomusicologue Gérard Hertzhaft raconte que le western swing est né de la rencontre en 1931 dans une salle de bal de Fort Worth, au Texas, de trois grandes figures de la country : le chanteur Milton Brown, le guitariste Herman Arnspiger et le violoniste Bob Wills. Ensemble, ils décident de créer un nouveau style mariant le jazz et la country music : c’est le western swing.
Ils se séparent assez rapidement et Milton Brown sera le premier à être enregistré en 1934. Bob Wills forme son groupe, les Texas Playboys, en 1932 / 1933. Le groupe doit son nom à une marque de farine, la Playboy Flour, qui sponsorise le groupe ! Le groupe augmente peu à peu et en 1934, il compte outre Bob Wills au violon, un chanteur pianiste, un guitariste rythmique, un banjo, deux steel guitars – l’instrument en acier à la sonorité si particulière qui fait le charme des morceaux country de l’époque -, une batterie, une trompette et un saxo.
Le morceau que nous allons entendre, Steel Guitar Rag, a été composé par le joueur de steel guitar Leon McAuliffe et a été enregistré en 1936.
Amalgame de jazz, de blues et de country, le western swing n’est pas resté confiné aux salles de bal du Texas où l’alcool coulait à flot. A l’aube de la seconde guerre mondiale il est devenu le genre dominant de la country music et les formes qui en sont issues, comme le country boogie et le honky tonk, joueront un grand rôle dans l’émergence du rockabilly, le courant sudiste qui a formé le noyau dur du rock ‘n’ roll.



6/ B.B.King
Mais place à présent à un géant parmi les géants qui porte un nom de roi, B. B. King !     B. B. comme « blues boy ». Riley Ben King, né en 1925, nous a quitté en 2015. Né dans le Mississippi, cousin d’un bluesman célèbre, Bukka White, qui lui a offert sa première guitare à l’âge de 9 ans, B.B. King a élaboré à Memphis un style de guitare extrêmement personnel qui va devenir la matrice de toute la guitare électrique d’après-guerre.
En fait B.B.King représente l’aboutissement d’une lignée qui commence dans les années vingt avec Lonnie Johnson, l’inventeur du solo de guitare blues, et se poursuit avec T-Bone Walker, pionnier de la guitare électrique. 
B.B.King utilise les trucs du gospel, aussi bien dans son chant empreint d’une ferveur incandescente que dans son jeu de guitare. Il sait faire monter la tension et coller le frisson en usant et en abusant de notes prolongées.
Voici Got’em Bad enregistré en 1962 pour Crown, une filiale de la marque Modern.
Après avoir joué du gospel, B. B. King s’est établi à Memphis en 1947 et là son cousin Bukka White l’a orienté vers le blues. En 1949, B.B. King devient animateur de radio. Il se produit localement, parfois avec Willie Nix ou Bobby Blue Bland. Il enregistre ses premiers disques pour la marque Bullet fin 1949. En 1950 il est engagé par les frères Bihari pour RPM, une filiale de la marque Modern. B. B. King grave alors de nombreux titres. Il obtient son premier succès en 1952 avec Three O’Clock Blues. A partir de 1954, les succès se suivent sans discontinuer : When My Heart Beats Like A Hammer, You Upset Me Baby, Everyday I Have The Blues, Ten Long Years, Sweet Little Angel. Entre 1957 et 1961, il grave plus de cent cinquante titres pour RPM et les compagnies sœurs Crown et Kent ! Dès lors, il ne cessera plus ni les tournées ni les enregistrements.
B.B.King est l’un des rares bluesmen noirs authentiques à être connu du grand public, avec John Lee Hooker. Il a joué un rôle majeur dans l’histoire du blues. Dans son Encyclopédie, Gérard Hertzhaft pouvait écrire en 1979 que neuf guitaristes de blues sur dix jouaient comme lui ! Il a fait une très longue carrière, toujours au top. Il a même réussi à s’approprier certains morceaux écrits par d’autres, comme par exemple Everyday I Have The Blues de Memphis Slim, tant ses interprétations sont saisissantes et marquantes.



7/ Mississippi John Hurt 
Voici maintenant un autre géant de la guitare dans un style bien différent, le picking. Le finger picking est une technique de jeu de guitare utilisée dans le blues, la country et le folk, basée sur un jeu précis des doigts de la main droite.
John Hurt, souvent appelé Mississippi John Hurt, est né en 1892 à Teoc dans le Mississippi. Il est très jeune quand sa famille se fixe dans la petite ville d’Avalon. Il enregistre six 78 tours en 1928 pour la marque Okeh. Mississippi John Hurt possède un jeu de guitare vraiment superbe, avec un finger picking impeccable, des basses régulières et appuyées, et une voix douce expressive, qui ont fait de lui un monstre sacré du genre.
On écoute Stack O’Lee Blues, l’un de ses morceaux de 1928, qui raconte l’histoire mythique d’un bad boy que la police ne parvient pas à arrêter.
L’histoire de Mississippi John Hurt est assez fabuleuse. Après avoir enregistré ses six 78 tours en 1928 où chaque titre lui avait rapporté environ 20 dollars, il était retourné dans sa ferme vivre tranquillement au milieu de ses 14 enfants. Et voilà qu’en 1963 un folkloriste, guidé par le seul fait qu’une des chansons de Mississippi John Hurt parlait d’Avalon comme de la ville où il habitait, se pointe trente-cinq ans après dans ladite bourgade pour retrouver le chanteur guitariste devenu mythique auprès des amateurs. Et sur place Il l’a trouvé sans problème ! Mais imaginez un peu la tête de Mississippi John Hurt quand on lui a appris qu’un grand nombre d’amateurs s’intéressaient aux quelques morceaux qu’il avait gravés trente cinq ans auparavant et qui lui avaient rapporté des clopinettes ! Il est tout simplement tombé de l’armoire… C’est ça l’histoire du blues : beaucoup d’oubli… et des redécouvertes !
Toujours est-il que Mississippi John Hurt est devenu une des grandes figures du revival des années soixante. Il s’est fait ovationner au festival de Newport et a réalisé des albums excellents. Pas de chance tout de même, il est mort en 1966, c’est-à-dire trois ans seulement après sa redécouverte et sa nouvelle vie.


8/ Roy Hall
On passe de la guitare au piano et du blues au rockabilly avec un musicien peu connu, Roy Hall. Roy Hall, né en 1922, décédé en 1984, est l’exemple type de musicien qui représente un pont entre les styles et au-delà entre les musiques noire et blanche. D’abord parce que c’est un bluesman nommé Smith Carson qui lui apprend le piano. Roy Hall commence sa carrière en accompagnant au piano des chanteurs de country. Il se produit régulièrement au Grand Ole Opry, le temple de la country, et il ouvre une boîte de nuit au début des années cinquante.
Mais le nom de Roy Hall reste attaché à un tube de rockabilly, Whole Lotta Shakin’ Goin’ On. Ce morceau est celui qui a lancé Jerry Lee Lewis en 1957. Mais c’est Roy Hall qui l’a composé en 1954 avec Dave Curly Williams. Et c’est une chanteuse de blues, Big Maybelle, qui l’a interprété la première en 1955.
Voici la version originale de Whole Lotta Shakin’ Goin’ On Interprétée par Roy Hall.
Jusqu'en 1956, Ro Hall grave quelques disques chez Decca, notamment See You Alligator, Blue Suede Shoes et Diggin' The Boogie. Il travaille ensuite pour Sun Records, la marque de Memphis, en 1958. Il rachète les disques Judd, chante du gospel où il remercie Dieu de l'avoir éloigné de la bouteille ! Il enregistre un album  en 1980.
Roy Hall est un excellent pianiste et compositeur, au carrefour du blues, de la country et du de rockabilly, injustement méconnu. Parmi ses titres marquants, on peut citer Dirty Boogie, son premier morceau, ou encore Three Alley Cats. 


9/ Sister Rosetta Tharpe
On change de style avec Sister Rosetta Tharpe, une guitariste exceptionnelle, grande vedette du gospel qui n’a pas dédaigné interpréter des blues.
Elle est née Rosetta Nubin en 1915. Sa famille effectue le parcours traditionnel, des champs de coton de l’Arkansas à Chicago où elle se fixe dans les années vingt. Elle épouse en 1934 un pasteur du nom de Tharpe dont elle garde le nom pour la scène même si l’union n’a pas duré.
Elle grave ses premiers titres chez Decca en 1938. Ses premières chansons Rock Me, That's All, My Man and I et The Lonesome Road ont été des succès instantanés. Sister Rosetta Tharpe se retrouve bientôt à jouer sur des scènes de New-York. Ainsi elle côtoie Cab Calloway au célèbre Cotton Club. Inutile de dire que l’Eglise voit d’un mauvais œil une chanteuse qui enflamme les foules dans des night-clubs. En plus, c’est une femme et elle joue de la guitare ! Shame on you ! Elle s’attire des critiques acerbes de la part des bigots conservateurs. Ca ne l’arrête pas, heureusement.
J’ai choisi de vous faire écouter un classique du gospel intitulé Strange Things Happen Every Day, enregistré en 1944 et paru en 1945, qui permet d’entendre le fantastique jeu de guitare de Sister Rosetta Tharpe.
Sister Rosetta Tharpe a collectionné les succès : This Train en 1939, Down By The Riverside en 1944, Strange Things Happen Every Day en 1945 puis en duo avec la chanteuse Marie Knight Up Above My Head, Gospel Train. A la fin des années quarante, la popularité de Mahalia Jackson a commencé à éclipser celle de Sister Rosetta Tharpe. En 1957, elle effectue une tournée au Royaume Uni à la demande de Chris Barber, à l’origine du mouvement « trad » qui reprend des classiques du jazz, du blues, du folk et du gospel. 
Sister Rosetta Tharpe n’a pas chanté que du gospel. Elle a joué du blues, notamment avec le pianiste de jazz boogie-woogie Sammy Price dès les années quarante, mais aussi avec Muddy Waters, Otis Spann et d’autres. Elle a aussi indiscutablement joué un rôle dans le rock ’n’ roll en influençant de nombreux guitaristes. Ses breaks à la guitare électrique dans des morceaux comme Up Above My Head par exemple sont réellement impressionnants.


10/Ben E. King
Le chanteur suivant a également fait ses débuts en chantant des gospels dans le groupe local de sa ville natale de Caroline du Nord. Il s’agit de Benjamin Earl Nelson, connu sous le nom de Ben E. King.
Ben E. King est né en 1938. Sa famille déménage à New-York en 1947. Ben E. King rejoint un groupe de doo-wop. En 1958, il fait partie d’un groupe, les Five Crowns, qui se fait remarquer par le manager des Drifters, en perte de vitesse après le départ du chanteur vedette Clyde McPhatter. Ce dernier les engage et le succès commence.
Ben E. King enregistre treize chansons avec les Drifters chez Atlantic. There Goes My Baby est un succès en 1959. Puis Ben E. King fait une série avec Doc Pomus et Mort Shuman. Il en sortira en 1960 le fameux tube Save The Last Dance For Me devenu un classique parmi les classiques.
Toutefois le nom de Ben E. King reste définitivement associé à un autre tube majeur de 1962 qu’on écoute à présent, Stand By Me.
Stand By Me est un immense tube. C’est la gloire ! Il n’y a pas d’autre mot. Ben E. King quitte les Drifters en 1960. Il continue toutefois à placer des hits au Billboard jusqu’en 1965. Sa popularité décroît ensuite mais il a réussi à obtenir quelques succès par la suite. Il décède en 2015.
Ben E. King fait partie de ces chanteurs de groupes vocaux précurseurs de la soul music. Il est indiscutablement un grand nom parmi ces précurseurs.



Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

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