mercredi 25 octobre 2017

Séance 6


HOT ARIEGE
L’émission qui va vous faire taper du pied 
avec un paquet de blue notes 
et la rage du swing


Séance 6



1/ Robert Johnson
Nous allons parler d’un bluesman de légende : Robert Johnson. Robert Leroy Johnson est né dans le Mississippi en 1911. Il est mort en 1938. Adolescent, il a passé du temps à écouter des bluesmen comme Willie Brown, Charlie Patton et bien d’autres. A l’époque il jouait de l’harmonica. Mais il fait une rencontre déterminante en 1930 : celle du  grand – que dis-je ? de l’immense ! - Son House, fraîchement libéré de prison. Le jeu de guitare de Son House le fascine littéralement. C’est Son House qui va lui enseigner la technique du slide. Robert Johnson commence à bourlinguer à gauche et à droite et il se met au travail. Il perfectionne sa technique. Quand il retrouve Willie Brown et Son House un an ou deux plus tard, ceux-ci n’en reviennent pas. Comment le petit Johnson a-t-il pu progresser à ce point en si peu de temps ?
C’est le mystère Robert Johnson, être tourmenté, instable et belliqueux, dont on dit qu’il aurait vendu son âme au diable en se rendant de nuit à un certain carrefour ! Toujours est-il qu’il a fait du chemin, au sens propre et au sens figuré : en 1932-1933, il est dans le Mississippi ; en 1934-1935, dans l’Arkansas, à Saint Louis avec Henry Townsend ; en 1935, dans le Missouri, le Tennessee, le Texas, le Kentucky et l’Illinois avec Johnny Shines ; en 1936, dans la région du Delta avec Sonny Boy Williamson et Howlin’ Wolf. Enfin il est repéré en 1936 par un agent recruteur qui le fait enregistrer pour ARC Vocalion. C’est dans un hôtel de San Antonio au Texas que Robert Johnson grave 16 faces de légende. Le premier 78 tours de Johnson se vend à environ cinq mille exemplaires. C’est un petit succès local. Une deuxième séance d’enregistrement a lieu à Dallas en 1937.
On écoute un morceau issu de cette seconde séance d’enregistrement, Rambling On My Mind. 
Les séances d’enregistrement pour Vocalion seront les seules, il n’y en aura pas d’autres : 29 morceaux, voilà ce que nous a laissé Robert Johnson, mort à 27 ans en 1938, empoisonné par un mari jaloux dit-on. Mais ces 29 morceaux sont exceptionnels. Un chant farouche, une intensité émotionnelle incroyable, des basses ambulantes vigoureuses et un jeu de bottleneck impressionnant, tels sont les caractéristiques de Robert Johnson. Ajoutez-y une touche de poésie sublime et vous comprendrez qu’il s’agit là d’une figure de légende du blues qui a profondément influencé les grands noms du blues de Chicago de l’après-guerre, Muddy Waters, Elmore James et tous les autres.
Robert Johnson est à l’origine du blues moderne de Chicago. C’est un artiste qui mériterait de figurer au panthéon des plus grands musiciens de tous les temps. La sensibilité, l’émotion, le swing, le rythme, le génie, il avait tout. Robert Johnson, c’est un grand artiste, un très grand, à connaître et à faire connaître.


2/ Magic Slim
On effectue à présent un saut dans le temps puisque l’artiste suivant, MAGIC SLIM, est né en 1937, l’année où a été enregistré le morceau qu’on vient d’écouter.
De son vrai nom Morris Holt, Magic Slim doit son surnom à son copain d’enfance, Samuel Maghett qui est connu pour sa part sous le nom de Magic Sam. Attention, ne pas confondre les deux ! Ces deux guitaristes, extrêmement brillants, ont fait partie de ce qu’on a appelé dans les années soixante la jeune génération, par opposition aux anciens qui avaient fait la renommée du blues de Chicago, Muddy Waters, Robert Nighthawk, Elmore James etc. 
Magic Slim a été influencé par son copain Magic Sam et par Freddie King, un grand guitariste du Texas. Nous parlerons évidemment de ces deux grandes figures dans d’autres émissions.
On écoute un morceau enregistré à Paris, le 19 novembre 1978 exactement, Highway Is My Home. Magic Slim, au chant et à la guitare, est entouré de Fred Below à la batterie, de Nick Holt son frère à la basse et de Alabama Pettis Jr, seconde guitare. 
Voilà un son de guitare qui colle le frisson ! Les premiers enregistrements de Magic Slim à Chicago datent de 1965. Ils n’ont connu aucun succès. Il a fallu attendre 1976 pour qu’il soit révélé par un album pour un label français. Par la suite Magic Slim est devenu l’un des musiciens les plus en vue sur la scène du blues et il a enregistré abondamment. Il fait partie des très rares guitaristes de sa génération à avoir su créer un son qui le rend immédiatement identifiable. 
Magic Slim possédait un répertoire extrêmement vaste et il a réalisé de très nombreux CD. Pour les amateurs, on peut recommander celui qui est intitulé « Highway Is My Home », comme la chanson que nous venons d’entendre, paru en 1978 chez Blues Référence. 
Magic Slim nous a quittés il y a quatre ans en 2013. Enorme perte pour le blues actuel. Les rescapés du blues authentique, le vrai blues noir, se comptent à présent sur les doigts de la main.


3/ Cleo Brown
L’artiste suivant est une femme, une pianiste chanteuse de blues et de jazz. Il s’agit de Cleo Brown. Cleopatra Brown est née en 1909 dans le Mississippi et elle est décédée en 1995.
Le boogie-woogie, style de blues au piano caractérisé par les fameuses « walking basses », les basses ambulantes, reste définitivement attaché à celui qui passe pour son créateur et qui ne fut sans doute que le premier à avoir enregistré un morceau du genre, Pinetop Smith, et à quelques grandes figures des années trente quarante, Albert Ammons, Pete Johnson, Meade Lux Lewis entre autres.
Et quand on pense à la folie du boogie-woogie qui s’est emparée de la scène du jazz à la fin des années trente, on fait en général référence à son initiateur Tommy Dorsey auteur en 1938 d’un morceau intitulé tout simplement Boogie Woogie.
En fait, il y a beaucoup d’injustice là-dedans. L’injustice commence avec le décès de Pinetop Smith peu après avoir enregistré son fameux Pinetop’s Boogie Woogie et se prolonge avec la crise de 1929 qui réduit quasiment au chômage tous les artistes de blues au début des années trente. Celle qui va raviver la flamme et faire renouer le style du boogie-woogie avec le succès c’est Cleo Brown, qui grave sa version de Pinetop’s Boogie Woogie en 1935, trois ans avant Tommy Dorsey.
On écoute cette version.
Basses ambulantes impeccables, voix coquine à souhait, rythme irrésistible, la version de Cléo Brown avait tout pour plaire. On sent bien à l’écoute que Cleo Brown ne fréquentait pas les barrelhouses, ces tripots enfumés où la vie ne valait pas cher, où les pianistes de blues œuvraient dans ces années-là. Elle donnait des concerts dans des clubs et se produisait à la radio.. Elle enregistrera pour Decca et Capitol puis se tournera de plus en plus vers la religion. Le plus incroyable dans l’histoire de Cleo Brown, c’est que cette artiste au talent énorme, complètement oubliée dans les années cinquante, devra finir sa vie en bossant comme infirmière !
Heureusement, Hot Ariège et Radio transparence sont là pour réparer ce genre d’injustice. Cleo Brown, c’est un nom incontournable dans l’histoire du boogie-woogie, et donc du blues et du rhythm and blues.


4/Jerry Lee Lewis
L’artiste suivant n’a pas été oublié, loin de là, et un film consacré à sa vie intitulé Great Balls Of Fire sorti en 1989 le donnait encore comme jouant dans les clubs. Les amateurs auront reconnu Jerry Lee Lewis, pianiste de rock ‘n’ roll surnommé le Killer, le tueur.
Jerry Lee Lewis est LE pianiste rock ‘n’ roll vedette de la maison Sun, la marque de Sam Phillips à Memphis qui a lancé Elvis Presley. Evidemment le jeu de Jerry Lee Lewis doit tout au boogie-woogie, aux Noirs, à Fats Domino et Little Richard. Sa marque de fabrique, c’est son accent hillbilly, c’est sa façon de jouer du piano debout en martelant les touches à coups de poing. Il existe un clip assez hallucinant où on le voit en train de jouer debout comme un possédé avec des chaises qui volent à travers la pièce de tous les côtés.
Jerry Lee Lewis s’est fait connaître en interprétant Whole Lotta Shakin’ Goin’ On dont on a déjà entendu la version originale de Roy Hall. On écoute un de ses plus grands succès sorti en 1957, High School Confidential       
Jerry Lee Lewis, c’est l’homme qui a foutu le feu au piano un soir de concert. Il  incarne le rock ‘n’ roll sauvage. Des morceaux comme celui qu’on vient d’entendre, ou bien Great Balls Of Fire (qui a donné le nom au film sur sa vie), ou encore Breathless, sont devenus des classiques du rock ‘n’ roll. 
Le rock ‘n’ roll disparaît aux Etats-Unis au début des années soixante. De retour du service militaire Elvis joue de la guimauve pour midinettes, Little Richard s’est fait pasteur, Chuck Berry est foutu en taule pour une histoire de mœurs, Buddy Holly s’est scratché en avion, Eddie Cochran s’est tué dans un accident de voiture. La mode est au twist et bientôt une nouvelle vague venue d’Angleterre va complètement refaire le paysage.
Jerry Lee Lewis s’en sort en revenant aux racines, c’est-à-dire pour un musicien du sud, la country. Les ballades honky tonk qu’il interprète dans les années soixante ont connu quelques succès. Il a aujourd’hui 82 ans et je ne sais pas s’il peut encore jouer dans un club au fond de la Louisiane. 
Bruce Springsteen a pu déclarer à son sujet « Cet homme ne joue pas du rock 'n' roll. Il est le rock 'n' roll ! ». C’est sans doute un peu exagéré. C’est  le genre de phrase qu’on pourrait plutôt sortir pour Elvis Presley ou Chuck Berry. Mais c’est vrai qu’avec Elvis Presley et Eddie Cochran, Carl Perkins est le nom qui vient immédiatement à l’esprit quand on pense au rock ‘n’ roll dans sa version authentique, le rockabilly. 


5/ Big Joe Williams
Après cet intermède rock ‘n’ roll, revenons à la musique noire, au blues. Allez, on va faire du deux en un : pour un seul morceau, je vais vous parler de deux bluesmen de légende, Williams et Williamson, Big Joe Williams et Sonny Boy Williamson le vrai, John Lee Sonny Boy Williamson.   
Big Joe Williams, né en 1903 décédé en 1982, est l’un des rares musiciens qui ait pu vivre de sa musique dès les années vingt jusqu’à sa mort. Son parcours est classique (le personnage lui ne l’est pas !) : Il est né dans le Mississippi et il galère dans le sud pendant des années avec sa curieuse guitare à neuf cordes toute rafistolée avant de pouvoir enregistrer pour la marque Bluebird à Chicago en 1935. Il grave 6 titres, dont l’un d’eux, Baby Please Don’t Go, est devenu un standard du blues. C’est l’année suivante qu’il rencontre l’harmoniciste John Lee Sonny Boy Williamson, avec lequel il s’associe jusqu’en 1947.
John Lee Sonny Boy Williamson est né en 1914 et décédé en 1948. Le pape du blues en France, l’ethnomusicologue Gérard Hertzhaft auteur du « Que sais-je ? » sur le blues, écrit dans son Encyclopédie que c’est lui qui a vraiment  « fait de l’harmonica un instrument essentiel du blues » ce qui a conduit à donner aux orchestres de blues la formule encore en vigueur aujourd’hui et reprise par les groupes de rock comme les Rolling Stones. Il a commencé à enregistrer  en 1937 avec Robert Nighthawk avec lequel il grave le morceau Good Morning Little Schoolgirl qui sera repris par des dizaines de musiciens de blues, de rock et de pop.  
Les morceaux que John Lee et Big Joe enregistrent ensemble dans les années quarante font partie des sommets de l’histoire du blues. On écoute l’un d’eux, qui doit son titre à une marque de biscuit qui sponsorisait des émissions de radio, King Biscuit Stomp. Le morceau a été enregistré le 18 décembre 1947 à Chicago avec Big Joe Williams au chant et à la guitare, John Lee Sonny Boy Williamson à l’harmonica, Ransom Knowling à la basse et Judge Lawrence Riley à la batterie.
Non seulement John Lee Sonny Boy Williamson est un joueur d’harmonica d’exception, mais il a en outre produit une collection de standards du blues de Chicago : Dealing With The Devil, Early In The Morning, Check Upon My Baby, Stop Breaking Down etc.
John Lee Sonny Boy Williamson ne doit pas être confondu avec un autre harmoniciste, Rive Miller, qui avait usurpé le nom de Sonny Boy Williamson. Quand John Lee a été mis au courant qu’un gars dans le sud se faisait passer pour lui, il a voulu aller lui faire la peau. Trop tard ! John Lee Sonny Boy Williamson est mort assassiné six mois après l’enregistrement qu’on vient d’entendre, le 1er juin 1948. 
De son côté, Big Joe Williams a continué sa carrière et a fait de nombreux enregistrements. Il est devenu une figure marquante du blues revival des années soixante. Il était encore en activité à son décès en 1982.


6/ Slim Harpo
Pour parler de l’artiste suivant, Slim Harpo, il nous faut parler de la Louisiane et du swamp blues, le blues des marais. Ce style est associé à un son particulier qui peut faire penser aux marécages de la Louisiane, à sa chaleur moite et au cri des crapauds-buffles, avec la voix traînante et parfois rocailleuse des chanteurs, sur fond de guitares électriques lourdes et de percussions un peu étranges. 
Les deux créateurs de ce son sont Lightnin’ Slim, dont on parlera dans une autre émission, et Slim Harpo. Ce style s’est développé dans les studios de Crowley, non loin de Baton Rouge, du producteur J.D. Miller. Miller a enregistré de la country, du rock ‘n’ roll, du zydeco bien sûr, le style spécifique de la Louisiane, et du blues, du swamp blues. Il faisait ensuite éditer les disques par la marque Excello, basée à Nashville.
Slim Harpo, de son vrai nom James Moore, est né en 1924 et décédé en 1970. C’est en 1957 qu’il enregistre I’m A King Bee, qui devient un succès régional classé au hit-parade national. On écoute I’m A King Bee, avec Guitar Gable à la guitare, Fats Perrodin à la basse et Clarence Etienne à la batterie.
I’m A King Bee a été repris par les Rolling Stones qui l’ont inclus sur leur premier album paru en 1964 et ce fut l’un de leurs premiers succès.
Après I’m A King Bee, Slim Harpo devient un bluesman populaire et il le restera. Alors que la plupart des artistes du swamp blues se sont cantonnés dans un style caractéristique, souvent calqué sur celui de Jimmy Reed, Slim Harpo a enregistré des morceaux dans des veines relativement variées, jusqu’à la country ou la ballade. Il a remporté de nombreux succès comme Rainin’ In My Heart, Baby Scratch My Back, Tip On In. Une crise cardiaque l’a emporté à l’âge de 46 ans alors qu’il se préparait à effectuer une tournée européenne.


7/ Otis Redding
L’artiste dont on va parler à présent, Otis Redding, grande vedette de la soul, a repris un morceau de Slim Harpo, Scratch My Back. Qui osera dire après ça que je ne suis pas doué pour les transitions ?
A ses débuts, Otis Redding né en 1941 et décédé en 1967, est fortement influencé par Little Richard (vous savez : « wop bamalama be lop bam boum ! ») comme le montre son premier morceau, enregistré en 1960, Shout Bamalama. Il se dégage rapidement de ce style et décolle en 1964 avec Mr. Pitiful, suivi de I’ve Been Loving You Too Long et de Respect. Les paroles de Respect sont assez significatives du message clair adressé par les musiciens de la génération soul :
Tout ce que je veux
C’est un peu de respect
Quand je rentre chez moi.
Oui, oui, oui, du respect pour Mr Redding, s’il vous plaît ! Nous verrons d’ailleurs dans une prochaine émission la dimension nouvelle qu’Aretha Franklin donnera à ce morceau, Respect. 
On écoute sa dernière chanson, peut-être la plus connue, qu’Otis Redding n’avait pas eu le temps d’achever – un sifflotement remplace le couplet final qu’il n’avait pas encore écrit – (Sittin’ On) The Dock On The Bay. 
(Sittin’ On) The Dock On The Bay, Otis Redding, 1967. J’espère que vous n’avez pas manqué le bruit des vagues et le cri de la mouette. Cette chanson était peut-être l’amorce d’un virage pop chez Otis Redding. On ne le saura jamais puisqu’il s’est crashé en avion peu après. Quoi qu’il en soit, Otis Redding est évidemment une icône de la musique soul. 
Comme tous ceux de sa génération, Joe Tex, Wilson Pickett, Sam & Dave, Percy Sledge, Otis Redding a produit le meilleur entre 1964 et 1966. Otis Redding incarne une soul triste et mélancolique à côté de celle de James Brown, pétillante et survoltée. Il a su créer son style et dans ce genre il était le meilleur.


8/ Maddox Brothers & Rose
Et, sans transition cette fois, nous effectuons un changement complet de style avec les artistes suivants, les Maddox Brothers & Rose. Nous voici maintenant au pays de la country ! Il s’agit d’un groupe familial, c’était chose courante  dans la country classique des années trente quarante. On pense en particulier à la Carter Family, la famille Carter, mais il y en a eu bien d’autres. C’est la Grande Dépression qui a poussé la famille à quitter l’Alabama en 1933 pour rejoindre la Californie en voyageant en fraude dans des trains de marchandise. Ils ont vécu de la cueillette de fruits dans des camps itinérants, comme le légendaire Woody Guthrie qu’ils ont d’ailleurs côtoyé. 
Le leader du groupe était Fred Maddox, chanteur et contrebassiste, entouré de Cliff à la mandoline jusqu’en 1949  - date à laquelle il sera remplacé par le petit dernier Henry -  Don, chanteur guitariste et Cal, chanteur, harmoniciste, guitariste. La petite sœur, Rose, est chanteuse. C’est elle qui assure les solos. Le groupe s’adjoindra également des lead-guitaristes de talent. 
Entre 1946 et 1951, ils enregistrent pour le label « 4 Star ». Le répertoire du groupe est varié : old time, folk, gospel, boogie-woogie, honky tonk. On écoute un morceau enregistré en 1950 : Gosh, I Miss You All The Time. 
Entre 1951 et 1957, les Maddox Brothers & Rose enregistrent pour la firme Columbia. Ensuite Rose a poursuivi une carrière en solo. Elle décède en 1998 et reste une des grandes figures de la country music.


9/ Otis Rush
Retour au blues à présent. Nous allons parler d’Otis Rush. Otis Rush, né en 1934 dans le Mississippi, est venu à Chicago en 1949. Il devient rapidement le chef de file des jeunes guitaristes de Chicago, avec Buddy Guy et Magic Sam. Son style flamboyant s’inspire naturellement de B. B. King qui a profondément marqué cette génération, mais il a su y injecter les caractéristiques tendues et rythmées du blues de Chicago.
Il enregistre ses premiers morceaux pour la petite marque Cobra et décroche un hit en 1956 avec I Can’t Quit You Baby. La vingtaine de morceaux qu’il enregistre pour Cobra sont tous très réussis. On écoute l’un d’eux, My Baby Is A Good’Un,  
Malgré la qualité de ses morceaux, le succès ne vient pas. La marque Cobra créée en 1956 par Eli Toscano et Howard Bedno n’aura eu qu’une durée de vie éphémère malgré l’appui de Willie Dixon. Cobra fait faillite en 1959 et Otis Rush réalise alors des sessions pour Chess. Il participe à l’American Folk Blues Festival de 1966 et traverse ensuite une période sombre. Il remonte la pente par la suite sans jamais parvenir au stade de grande vedette qu’il méritait pleinement. Les années soixante, soixante dix, ont été mortelles pour cette génération de bluesmen et pour le blues en général, noyé dans la soul et la pop. Otis Rush est considéré par des guitaristes pop comme Mike Bloomfield, qui a accompagné Bob Dylan, ou Eric Clapton comme une de leurs principales sources d’influence.
On peut recommander tous les enregistrements réalisés pour la marque Cobra qui ont été réédités sous différents labels. Par exemple la marque West Side a fait paraître en 2000 un CD intitulé « The Classic Cobra Recordings 1956-1958 ». Vous pouvez y aller, c’est du meilleur Otis Rush !


10/ The Coasters
On termine l’émission avec un groupe de doo-wop, un style de rock ‘n’ roll mêlant des groupes vocaux au rhythm and blues, voire au jump blues. Il s’agit en l’occurrence d’un des groupes les plus connus dans le genre, les Coasters.  
Les Coasters, groupe de Los Angeles formé en 1956, comprenaient au départ un chanteur soliste Carl Gardner, un baryton basse Bobby Nunn et un ténor Obie Young Jessie, en association avec le fameux duo d’auteurs paroliers Leiber et Stoller, Jerry Leiber et Mike Stoller, ceux qui ont fait Hard Times pour Charles Brown, Hound Dog pour Big Mama Thornton ou encore Jailhouse Rock pour Elvis Presley. Eh oui, les paroliers compositeurs avaient été mis dans le même contrat que les chanteurs ! Subtilité de l’industrie du disque… Dans le film « Hail ! Hail ! Rock ‘n’ roll ! » sur la vie de Chuck Berry, sorti en 1987, une scène présente Chuck Berry et Little Richard qui expliquent qu’il fallait que les artistes soient rudement costauds et rusés pour ne pas se faire entuber par les maisons de disques. Beaucoup d’entre eux ont sans doute découvert cette vérité longtemps après leurs années de succès…
En tout cas, c’est chez Atlantic que les Coasters enregistrent en 1957 leur premier tube, Searchin’. On l’écoute. 
Attention, il existe plusieurs versions de Searchin’ par les Coasters, de qualité très inégale. Cette version est de loin la meilleure. Si vous voulez acheter, conseil d’ami, vérifiez d’abord…
Les titres des Coasters avaient été classés au Billboard rhythm and blues en 1956 mais Searchin’, classé numéro 1 pendant treize semaines, a constitué le déclic qui a fait décoller la carrière des Coasters.
Les Coasters ont enchaîné les succès jusqu’en 1964 avec un grand turn over parmi ses membres. Parmi les hits, citons Yakety Yak et Charlie Brown. Ils ont connu une fin tragique. Trois de ses membres ont été assassinés. Les Coasters restent comme une référence essentielle pour le style doo-wop.


Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

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