HOT ARIEGE
L’émission qui va vous faire taper du pied
avec un paquet de blue notes
et la rage du swing
Séance 7
1/ Fats Domino
La programmation musicale est un peu bousculée aujourd’hui. J’avais prévu de démarrer l’émission avec le pianiste Bill Doggett. Mais voilà, on a appris avec tristesse la mort du Fat Man, Antoine Fats Domino, la semaine dernière, le 24 octobre. C’est pourquoi on écoutera Bill Doggett une autre fois et on va réécouter Fats Domino en sa mémoire.
Terrible année que cette année 2017 pour le rock ‘n’ roll et la musique noire : après Chuck Berry en mars dernier, voilà que c’est au tour de Fats Domino ! On avait craint pour sa vie il y a quelques années au moment où l’ouragan Katrina avait submergé la ville de La Nouvelle Orléans. On était resté plusieurs jours sans nouvelles de lui et cela avait été un grand soulagement quand il avait refait surface.
Aujourd’hui, ça y est ! Le roi du rhythm and blues, pionnier du rock ‘n’ roll, s’en est allé.
Un pianiste de La Nouvelle Orléans, Ferdinand Joseph Lamothe (ou La Menthe, les sources divergent), surnommé Jelly Roll Morton avait fait écrire sur sa carte de visite « originator of jazz », créateur du jazz. C’était certainement extrêmement prétentieux et exagéré, même si bon nombre de critiques pensent que ce n’était pas dénué de tout fondement. Rien de tel pour Fats Domino, autre pianiste de La Nouvelle Orléans, qui aurait pu prétendre, sinon avoir créé, du moins avoir largement contribué à créer le rock ‘n’ roll. Des morceaux comme The Fat Man, Ain’t That A Shame, I’m Ready, My Girl Josephine et beaucoup d’autres le prouvent amplement.
En tout cas, on sera toujours prêt à écouter du Fats Domino. Aujourd’hui, ce sera Blueberry Hill.
2/ Tampa Red
A présent, nous allons parler d’un sorcier, un sorcier de la guitare. C’est ainsi en effet qu’on surnommait Tampa Red, the Guitar Wizard.
Nous avons déjà entendu Tampa Red dans Hot Ariège. Il accompagnait le pianiste Big Maceo dans un de leurs duos restés célèbres. Né en 1903 ou 1904 (les dates divergent selon les auteurs), décédé en 1981, son vrai nom était Hudson Woodbridge et il a pris le nom de famille de sa grand-mère qui l’a élevé, Whittaker.
Tampa Red est d’abord musicien itinérant dans le sud avant de s’associer à Chicago en 1928 avec Georgia Tom Dorsey. Ensemble, ils remportent un énorme succès avec It’s Tight Like That. Par la suite, Tampa Red enregistre 335 faces sur 78 tours, c’est le record absolu de l’histoire du blues ! Tampa Red tire de son bottleneck un son d’une pureté inégalée et son jeu a influencé, directement ou indirectement via des guitaristes comme Robert Nighthawk ou Earl Hooker, la plupart des guitaristes slide qui ont suivi.
On écoute Don’t You Lie To Me, enregistré à Chicago en 1940, avec Tampa Red au chant, à la guitare et au kazoo, Blind John Davis au piano Ransom Knowling à la contrebasse.
Don’t You Lie To Me est devenu un standard du blues et du rock repris par Fats Domino, Chuck Berry, les Rolling Stones et bien d’autres…
Entre 1941 et 1945, Tampa Red se produit régulièrement à Chicago avec le pianiste Big Maceo, avec lequel il enregistre de nombreux titres pour Bluebird. Il est l’un des rares bluesmen à survivre à la disparition de Bluebird, sous-marque de la firme RCA rachetée par Victor. Tampa Red enregistrera pour Victor jusqu’en 1953. Par la suite, affecté par la mort de sa femme il sombre dans l’alcoolisme et il a fini sa vie en hôpital psychiatrique.
Tampa Red utilisait une guitare métallique National et son bottleneck en fait l’un des artistes les plus importants de l’histoire du blues. Il était en fait bien plus qu’un sorcier de la guitare. Il est l’auteur de nombreux standards : Susie Q, It Hurts Me Too, Sweet Little Angel, Anna Lee, When Things Go Wrong With You, Let Me Play With Your Poodle etc. Son influence a été considérable et ses morceaux ont été repris par une foule d’artistes dans des genres divers.
3/ Arthur Big Boy Crudup
L’artiste suivant est Arthur Big Boy Crudup, né en 1905 mort en 1974. Crudup est l’archétype du bluesman du Mississippi : une voix haute, un style vigoureux, un chant rude et une guitare redoutablement efficace. Arthur Big Boy Crudup a connu une vie de galère, occupant des emplois dans une fonderie, fermier, employé de chemin de fer, dans la voirie, bûcheron, livreur etc. Toujours sur les routes, il se produit dans les bals. Comme beaucoup d’autres, il émigre à Chicago, joue dans les rues, il est remarqué par Big Bill Broonzy et il peut enregistrer pour la marque Bluebird à partir de 1941.
L’artiste suivant est Arthur Big Boy Crudup, né en 1905 mort en 1974. Crudup est l’archétype du bluesman du Mississippi : une voix haute, un style vigoureux, un chant rude et une guitare redoutablement efficace. Arthur Big Boy Crudup a connu une vie de galère, occupant des emplois dans une fonderie, fermier, employé de chemin de fer, dans la voirie, bûcheron, livreur etc. Toujours sur les routes, il se produit dans les bals. Comme beaucoup d’autres, il émigre à Chicago, joue dans les rues, il est remarqué par Big Bill Broonzy et il peut enregistrer pour la marque Bluebird à partir de 1941.
On écoute un de ses plus grands succès That’s All Right, enregistré à Chicago en septembre 1946, avec Arthur Crudup au chant et à la guitare, Ransom Knowling à la basse et Judge Riley à la batterie.
On l’a dit dans cette émission, c’est cette chanson qui a permis à Elvis Presley d’obtenir huit ans après son premier succès, décisif. C’est un aspect bien connu. Deux autres points méritent d’être soulignés. D’abord, l’influence sur Presley ne s’est pas limitée à la reprise de That’s All Right. Presley a aussi repris d’autres morceaux comme My Baby Left Me et So Glad You’re Mine. Mais surtout, la formation et le style de Crudup appuyé sur le trio guitare, basse, batterie, constitue la matrice du rockabilly. Ajoutons à cela que Crudup n’a touché aucun droit d’auteur pour That’s All Right, comme pour beaucoup d’autres de ses compositions (je pense notamment à Rock Me Mama, repris par B.B. King et une foultitude d’autres artistes. Mieux ! C’est Presley qui a signé le titre pour That’s All Right et empoché les droits pour ce blues devenu un classique du rock ‘n’ roll
Y a pas de justice ! Mais Radio Transparence veille au grain et est là pour rétablir la vérité. Arthur Big Boy Crudup est l’un des très grands noms du blues et sa contribution à la naissance du rock ‘n’ roll a été déterminante.
4/ Wanda Jackson
A propos de rock ‘n’ roll, on est en plein dedans avec l’artiste qui suit, Wanda Jackson. Là encore, il va falloir réparer une injustice. La place des femmes est totalement occultée dans l’histoire du rock ‘n’ roll. Pour preuve, le monumental ouvrage de Charlie Gillett sur l’histoire du rock ‘n’ roll, un des ouvrages les mieux documentés et pertinents sur le fond, ne cite pas une seule fois le nom de Wanda Jackson ! Il cite une fois Janis Martin, quatre fois Brenda Lee qui relève plutôt de la variété, jamais Jo Ann Campbell… Les chanteuses noires sont plus mises en avant, ce qui est somme toute logique vu leur rôle et leur influence, mais comme artistes de rhythm and blues plutôt que rock ‘n’ roll, ce qui est également logique compte tenu de l’histoire de cette musique et de la filiation qui existe entre les deux genres.
A propos de rock ‘n’ roll, on est en plein dedans avec l’artiste qui suit, Wanda Jackson. Là encore, il va falloir réparer une injustice. La place des femmes est totalement occultée dans l’histoire du rock ‘n’ roll. Pour preuve, le monumental ouvrage de Charlie Gillett sur l’histoire du rock ‘n’ roll, un des ouvrages les mieux documentés et pertinents sur le fond, ne cite pas une seule fois le nom de Wanda Jackson ! Il cite une fois Janis Martin, quatre fois Brenda Lee qui relève plutôt de la variété, jamais Jo Ann Campbell… Les chanteuses noires sont plus mises en avant, ce qui est somme toute logique vu leur rôle et leur influence, mais comme artistes de rhythm and blues plutôt que rock ‘n’ roll, ce qui est également logique compte tenu de l’histoire de cette musique et de la filiation qui existe entre les deux genres.
Bref, on ne parle pas beaucoup des chanteuses de rock ‘n’ roll alors que plusieurs d’entre elles ont produit des morceaux de grande qualité. Wanda Jackson, qui a commencé dans la country, en fait partie. Elle enregistre son premier morceau de rock ‘n’ roll pour Capitol en 1956, I Gotta Know, qui atteint la quinzième place au Billboard. Son premier vrai succès, obtenu en 1958, est une reprise de la chanteuse Annisteen Allen, Fujiyama Mama. Le succès suivant date de 1960. Il s’agit de Let's Have A Party, un morceau qui avait été écrit pour un film d’Elvis Presley. On l’écoute.
Wanda Jackson enregistre du rock ‘n’ roll jusqu’en 1961. Elle est connue pour des morceaux comme Tong Tied ou Riot In The Cell Block No 9. Le genre passe ensuite de mode et elle revient à la country. Par la suite elle se tourne vers la religion et chante du gospel. Plus récemment elle a accompagné des artistes comme Elvis Costello ou the Cramps.
5/ Sonny Terry & Brownie McGhee.
Les artistes suivants forment un couple mythique, celui de l’aveugle et du paralytique, Sonny Terry et Brownie McGhee.
Les artistes suivants forment un couple mythique, celui de l’aveugle et du paralytique, Sonny Terry et Brownie McGhee.
Sonny Terry, de son vrai nom Saunders Terrell, né en 1911 décédé en 1986, est originaire de la côte Est en Géorgie. Des accidents lui font perdre la vue en 1927. Il joue de l’harmonica et c’est auprès du grand harmoniciste DeFord Bailey qu’il perfectionne sa technique. Il devient un incroyable virtuose de son instrument dont il parvient à tirer des sons proches de la voix humaine ou des bruits de la nature. Il excelle dans des morceaux rapides où alternent des phrases chantées et des réponses d’harmonica. il a côtoyé le grand guitariste de la côte Est Blind Boy Fuller avec lequel il réalise ses premiers enregistrements en 1937. Après avoir participé au célèbre concert du Carnegie Hall de 1938, il prend une place importante dans le milieu folk new-yorkais.
Blind Boy Fuller est le trait d’union entre Sonny Terry et le guitariste Brownie McGhee, né en 1915 décédé en 1996, qui s’est fait appeler au début de sa carrière Blind Boy Fuller No. 2 ! Brownie McGhee a chopé la polio à l’âge de quatre ans et sa jambe droite est restée atrophiée. Sonny Terry et Brownie McGhee ont commencé à jouer ensemble en 1941. De manière épisodique d’abord. Ce n’est qu’à partir de 1957 qu’ils n’ont plus travaillé que conjointement.
Le duo a produit des pièces de toute beauté. En voici une, enregistrée à Los Angeles en 1960, Walk On.
Sonny Terry et Brownie McGhee ont été extrêmement populaires dans les années soixante, soixante dix, auprès du public européen de l’American Folk Blues Festival et du blues revival.
Leurs noms restent associés au milieu folk de New-York. Il est vrai qu’ils ont longuement fréquenté Leadbelly, Woody Guthrie etc. Mais il ne serait pas juste de les réduire à cette image. Ils ont aussi énormément travaillé avec les artistes de rhythm and blues et les bluesmen de New-York : Sticks McGhee, le frère de Brownie, Bob Gaddy, Champion Jack Dupree, Alec Seward, Mickey Baker et bien d’autres... Ainsi, les groupes formés par Brownie McGhee entre 1946 et 1956, comme les Mighty House Rockers ou les Jook Blockbusters n’avaient rien à voir avec le folk.
Quoi qu’il en soit, Sonny Terry et Brownie McGhee ont formé pendant plus de trente ans un duo exceptionnel dont le rayonnement a dépassé largement les cercles du blues.
6/ Guitar Slim
Après la côte Est et New-York, nous filons à la Nouvelle Orléans pour retrouver un superbe guitariste, Guitar Slim. Guitar Slim, de son vrai nom Eddie Jones, né en 1926, est mort prématurément en 1959, à l’âge de 32 ans, pour cause d’abus d’alcool. Ce fut une grande perte pour le blues, car la carrière de Guitar Slim s’annonçait extrêmement prometteuse.
Après la côte Est et New-York, nous filons à la Nouvelle Orléans pour retrouver un superbe guitariste, Guitar Slim. Guitar Slim, de son vrai nom Eddie Jones, né en 1926, est mort prématurément en 1959, à l’âge de 32 ans, pour cause d’abus d’alcool. Ce fut une grande perte pour le blues, car la carrière de Guitar Slim s’annonçait extrêmement prometteuse.
En 1949 il constitue un trio avec Huey Piano Smith et le batteur Willie Nettles. En 1951 il enregistre pour Imperial, la grande marque de la Nouvelle Orléans. En 1952, il obtient un premier succès chez Bullett avec le morceau Feelin’ Sad. En octobre 1953, il grave pour Specialty « une des plus belles séances d’enregistrement de l’histoire du blues » selon le critique Gérard Hertzhaft. Parmi les quatre morceaux gravés ce jour là, figure The Things That I Used To Do dont l’arrangement est dû à Ray Charles et qui décroche la première place au Billboard. On l’écoute.
The Things That I Used To Do a connu un énorme succès (un million d’exemplaires vendus) et ses reprises ne se comptent plus. Guitar Slim a beaucoup enregistré par la suite jusqu’à sa mort. Il est resté très populaire jusqu’au bout, fauché trop tôt par l’alcool en 1959.
Guitar Slim a été une des principales figures du blues de la Nouvelle Orléans de l’après-guerre.
7/ Jerry Irby
On change de genre avec Jerry Irby. Jerry Irby, né au Texas en 1917 mort en 1983, est un chanteur guitariste de western swing texan. Il forme un duo avec Ted Daffan en 1936, puis il se sépare en 1938, ouvre un bar, forme un groupe les Cowboys Bar X.
On change de genre avec Jerry Irby. Jerry Irby, né au Texas en 1917 mort en 1983, est un chanteur guitariste de western swing texan. Il forme un duo avec Ted Daffan en 1936, puis il se sépare en 1938, ouvre un bar, forme un groupe les Cowboys Bar X.
C’est toutefois en solo qu’il enregistre en 1945 Drivin’ Nails In My Coffin. On l’écoute.
Gros succès pour Drivin’ Nails In My Coffin. Jerry Irby a continué à enregistrer avec les Cowboys et en solo. Il quitte les Cowboys, forme les Texas Ranchers et enregistre pour Mercury, Imperial et 4 Star. Il signe avec MGM en 1948 et obtient un succès avec Roses Have Thorns. Il connaît ensuite de sérieux problèmes avec l’alcool, doit revendre son bar. Il parvient quand même en 1956 à enregistrer pour le label de son vieux pote Ted Daffan Tangled Mind qui obtient un succès. Il reforme un groupe et enregistre à nouveau. Il s’arrête entre 1960 et 1971. Puis, il ouvre un club, se tourne vers le gospel et devient évangéliste.
Jerry Irby faisait partie des figures marquantes du honky tonk des années quarante dont le style annonçait le rockabilly.
8/ Etta James
C’est d’une chanteuse dont nous allons parler à présent : Etta James, née en 1938 décédée en 2012.
C’est d’une chanteuse dont nous allons parler à présent : Etta James, née en 1938 décédée en 2012.
Etta James a commencé à chanter au sein d’un trio féminin à San Francisco en 1950, les Creolettes. Le chef d’orchestre Johnny Otis les repère en 1954 et les emmène en tournée. L’année suivante le trio enregistre sous le nom des Peeches pour la marque Modern. Il en sort The Wallflower, une reprise sous forme de réponse au titre de Hank Ballard, Work with me, Annie. Hank Ballard avait commis un chef d’œuvre de jive, avec des paroles à double sens, notamment le mot « work », travail. Ça donnait les paroles suivantes :
Travaille avec moi, Annie
Faisons-le pendant que c’est bon.
Il paraît que le travail c’est la santé, nous disait le bon vieux Henri Salvador. De toute évidence, il s’agissait ici d’un autre genre de travail. C’était tout simplement inadmissible pour l’Amérique puritaine des années cinquante. Le titre du morceau d’Etta James aurait dû s’appeler Roll with me, Henry mais même ça, le producteur n’a pas osé pour toucher un public plus large que le public noir et le morceau a été rebaptisé The Wallflower, la giroflée, ce qui est nettement moins suggestif. Quant aux parole, ça donnait la chose suivante :
Roule avec moi, Henry
T’as intérêt à rouler pendant que ça roule.
Tout un programme. On écoute Etta James dans The Wallflower.
En 1955 Etta James quitte les Peeches et obtient un nouveau succès avec Good Rockin’ Daddy. Elle enregistre ensuite des duos avec Harvey Fuqua, chanteur du groupe de doo-wop, les Moonglows. Nouveau succès avec If I Can Not Have You et avec une reprise de la chanson de Willie Dixon interprétée par Howlin’ Wolf, Spoonful.
A partir de 1961, Etta James est sous contrat avec Chess. Son répertoire se situe aux confins du blues, du jazz, du rhythm and blues et du doo-wop. Elle obtient quelques succès jusqu’en 1969, notamment All I Could Do Was Cry en 1960, At Last en 1961, Something’s A Hold On Me en 1962, I’d Rather Go Blind en 1968.. Ensuite, elle arrête quelques années et fera plusieurs retours jusque dans les années quatre vingt dix.
Etta James reste une grande figure de la musique populaire afro-américaine, à mi-chemin entre le rhythm and blues et le rock ‘n’ roll.
9/ Duke Ellington
Nous passons maintenant à un autre genre, le jazz. Et ici une mise au point s’impose. Beaucoup ont cru, jusque dans les années soixante dix environ, que le blues n’était qu’un constituant du jazz et non un genre musical à part entière : un style primitif, archaïque, qui s’était dissous dans le jazz, LA grande musique afro-américaine. Fin de l’histoire. C’était en tout cas ainsi que les critiques de jazz présentaient les choses. Et ces critiques tenaient le haut du pavé après guerre, à travers des publications et des émissions de radio. Cette conception erronée a volé en éclats avec la découverte du blues électrique, des « guitar heroes » du Chicago blues, de John Lee Hooker, de Lightnin’ Hopkins, de B.B. King, preuves vivantes que le blues menait une existence indépendante du jazz avec en prime une influence déterminante dans la création du rock ‘n’ roll, de la pop et de la soul.
Nous passons maintenant à un autre genre, le jazz. Et ici une mise au point s’impose. Beaucoup ont cru, jusque dans les années soixante dix environ, que le blues n’était qu’un constituant du jazz et non un genre musical à part entière : un style primitif, archaïque, qui s’était dissous dans le jazz, LA grande musique afro-américaine. Fin de l’histoire. C’était en tout cas ainsi que les critiques de jazz présentaient les choses. Et ces critiques tenaient le haut du pavé après guerre, à travers des publications et des émissions de radio. Cette conception erronée a volé en éclats avec la découverte du blues électrique, des « guitar heroes » du Chicago blues, de John Lee Hooker, de Lightnin’ Hopkins, de B.B. King, preuves vivantes que le blues menait une existence indépendante du jazz avec en prime une influence déterminante dans la création du rock ‘n’ roll, de la pop et de la soul.
Il n’en reste pas moins que le blues a constitué l’une des sources du jazz. C’est même la source qui a permis aux Noirs de dominer le genre au début du vingtième siècle. J’ai choisi une figure majeure de l’histoire du jazz pour aborder ce chapitre, Duke Ellington. Edward Kennedy Ellington, né en 1899 décédé en 1974, était un pianiste compositeur et arrangeur de jazz, une des personnalités noires américaines les plus célèbres du XXe siècle. Sa famille était de Washington. Son père, maître d’hôtel, a servi à la Maison Blanche et lui-même a fait des études à l’université. C’est l’attitude aristocratique qu’il tient de ses parents qui lui vaudra le surnom de Duke. C’est dire la distance qui sépare ce genre de musicien de grande ville des bluesmen ruraux dont les familles trimaient dans les champs de coton et qui ne parvenaient à survivre qu’en enchaînant des petits boulots et en récoltant trois sous dans les bals du samedi soir. Le jazz, c’était la musique « classe » tandis que le blues n’était qu’une musique de péquenots.
On ne peut pas détailler ici la vie et l’œuvre de Duke Ellington, cela nous emmènerait trop loin. Disons simplement qu’au début des années vingt, sous l’influence du trompettiste Bubber Miley qui a eu l’idée d’enfoncer dans le pavillon de sa trompette une ventouse de caoutchouc dont se servent les plombiers pour déboucher les lavabos pour produire un son proche de la voix humaine, ce qu’on a appelé l’effet « wah-wah », Duke Ellington a développé un style original, le style jungle. On écoute un morceau dans cette veine, Doin’ The Voom Voom, enregistré à New-York en 1929, avec Duke Ellington au piano, Bubber Miley, Freddy Jenkins et Arthur Whetsol à la trompette, Joe Nanton au tuba, Barney Bigard à la clarinette, Johnny Hodges au saxo alto, Harry Carney au saxo soprano, Fred Guy au banjo, Wellman Braud à la contrebasse et Sonny Greer à la batterie.
Le blues est incontestablement présent dans ce genre de morceau, dans l’esprit et les sonorités. Tout le génie de Duke Ellington est de marier le swing, l’élégance, l’arrangement impeccable et le côté sauvage, ravageur, issu du blues. Quant à ses musiciens, que dire ? Ils sont tous célèbres, ils ont tous compté dans l’histoire du jazz. De ce point de vue, l’orchestre de Duke Ellington avec Miley, Bigard, Hodges et les autres joue un rôle similaire à celui de Muddy Waters avec Little Walter, Jimmy Rogers, James Cotton, Otis Spann et tous ceux qui ont suivi…
Je laisse le mot de la fin, en ce qui concerne le Duke, à Michel Perrin qui a écrit dans son histoire du jazz parue chez Larousse en 1967 : « La vérité, c’est que tout ce que font les autres orchestres, celui d’Ellington peut le faire. Mais qu’aucun autre n’est capable de faire ce qu’il fait ».
10/ Eddie Taylor
On revient au blues pur et dur avec un guitariste de Chicago, Eddie Taylor. Eddie Taylor, né en 1923 mort en 1985, est un guitariste né dans le Mississippi. Il a appris à jouer auprès de Charlie Patton, Son House, Robert Johnson. Il est surtout connu pour avoir été l’accompagnateur de Jimmy Reed, ce qui est injuste. Mais comme toujours Radio Transparence veille au grain…
On revient au blues pur et dur avec un guitariste de Chicago, Eddie Taylor. Eddie Taylor, né en 1923 mort en 1985, est un guitariste né dans le Mississippi. Il a appris à jouer auprès de Charlie Patton, Son House, Robert Johnson. Il est surtout connu pour avoir été l’accompagnateur de Jimmy Reed, ce qui est injuste. Mais comme toujours Radio Transparence veille au grain…
C’est en 1953 qu’Eddie Taylor forme un orchestre avec Jimmy Reed. Ensemble, ils mettent au point ce son particulier caractéristique de leurs morceaux mais c’est Jimmy Reed qui devient rapidement le leader. Toutefois la part d’Eddie Taylor est considérable, tant sur le plan musical que sur le plan humain.
Eddie Taylor reste dans l’ombre mais il réalise néanmoins pour la marque Vee-Jay quelques titres sous son nom. Ces morceaux, dans la veine du blues de Chicago classique, sont de grande qualité. Seul l’un d’eux, Big Town Playboy, remporte un petit succès. On écoute Big Town Playboy, enregistré en 1955, avec Eddie Taylor au chant et à la guitare, Jimmy Reed à l’harmonica et à la guitare et Vernell Fournier à la batterie.
Eddie Taylor se sépare définitivement de Jimmy Reed en 1965 et dirige ensuite sa propre formation. Au fil du temps, il est devenu l’un des très grands guitaristes de Chicago, capable de développer un jeu de guitare sophistiqué très personnel et respecté de tous. Eddie Taylor a longtemps été connu surtout comme accompagnateur. En réalité il a joué un rôle clé dans le blues de Chicago de l’après-guerre et il a signé sous son nom des albums prestigieux. Il peut être considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands bluesmen de Chicago.
Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE
Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :
https://www.radio-transparence.org/
Merci pour votre visite & Bon Blues !!
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