HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !
Séance 63
1/ The Platters
Les Platters n’étaient au départ qu’un des nombreux groupes vocaux de rhythm and blues parmi des dizaines et des dizaines d’autres. La plupart de ces groupes d’ailleurs décrochaient un seul hit avant de replonger dans l’obscurité, comme les Crows, les Chords, les Charms, les El-Dorados, les Cadillacs, les Cleftones etc. Quant aux Platters qui se sont formés en 1952 à Los Angeles, ils avaient enregistré quatre titres pour Federal en 1953 sans aucun succès.
La carrière de Tony Williams le ténor soliste, David Lynch ténor, Herb Reed basse, Paul Robi baryton et Zola Taylor, chanteuse contralto, aurait pu suivre le chemin des autres groupes, souvent très bons, quelques uns aussi bons qu’eux (comme les Coasters ou les Isley Brothers par exemple). Leur chance a été de décrocher en 1954 un contrat avec Mercury, une firme faisant partie des majors, les maisons de disques dominant le marché. Une vraie chance, en fait : c’est Buck Ram, le manager d’un autre groupe de Los Angeles qui avait décroché un tube, les Penguins, et qui avait aussi écrit des chansons pour les Platters, qui a obtenu de Mercury un contrat pour les Penguins et qui a imposé à Mercury un autre contrat pour les Platters dans le même lot. Les Penguins n’ont ensuite plus placé une seule chanson au hit-parade alors que les Platters, eux, ont décollé. Il est clair que Buck Ram a eu le nez creux et les Platters beaucoup de bol !
Il faut dire aussi que Mercury a bien joué. La question était de savoir si un groupe jouant de la musique lente, susceptible de répondre aux besoins des cabarets et des clubs, pouvait atteindre en même temps les publics du rhythm and blues et du rock ‘n’ roll, c’est-à-dire en fait tout le monde : les Blancs et les Noirs, les ados et les adultes. La firme a misé sur les qualités vocales de Tony Williams, le ténor soliste du groupe, et a produit des chansons qui le mettaient spécialement en valeur. C’est toujours la même histoire : la vedette, plutôt que le groupe. Only You, bien sûr, en est l’illustration parfaite. A noter cependant : on pense souvent que Only You, qu’on a écouté lors de la toute première émission de Hot Ariège, a été le plus grand tube des Platters. Ce n’est pas le cas. Only You a seulement été leur premier succès en 1955 : Only You est d’abord resté inaperçu pendant trois mois avant de trôner pendant sept semaines en tête du Billboard catégorie rhythm and blues et en cinquième place pour la pop, c’est-à-dire toutes catégories. Ce n’est que par la suite qu’Only You a acquis une dimension internationale exceptionnelle, permettant ainsi de révéler la musique noire au monde entier.
Le plus grand succès des Platters, c’est le disque qui a suivi Only You, The Great Pretender, enregistré pour la firme Mercury en 1955. Et c’est le morceau qu’on écoute.
The Great Pretender a été classé numéro 1 non seulement au classement rhythm and blues du Billboard, mais aussi au classement pop, ce qui est tout à fait exceptionnel. Les Platters ont enchaîné les hits jusqu’en 1960. Après 1960, leur succès décline et la soul music prend le pas sur toute la musique noire.
La fin des Platters est lamentable. Tony Williams et Zola Taylor ont quitté le groupe, puis chacun s’est mis à tourner de son côté. Pendant ce temps-là, un groupe s’appelant les Platters continuait à se produire. A la fin, ils se sont tous mis en procès. Le dernier des Platters « historique », Herb Reed, est décédé en 2012.
2/ Eddie Shaw, 1937-2018
Quand on pense au blues de Chicago, on pense guitare et harmonica. Ce sont effectivement ces instruments qui dominent la scène. Mais il ne faudrait pas oublier les autres ! Eddie Shaw est un saxophoniste de blues (eh oui, ça existe !) né en 1937 à Stringtown dans le Mississippi qui s’est fait un nom dans le blues de Chicago. Adolescent, il a commencé à jouer avec des musiciens locaux ou de passage dans son coin et c’est Muddy Waters qui l’a invité en 1957 à rejoindre son orchestre à Chicago.
Il y reste quinze ans, jusqu’en 1972. A ce titre, il a participé à d’innombrables sessions avec Muddy Waters. Ensuite, il rejoint le groupe de Howlin’ Wolf jusqu’à la mort de ce dernier en 1976. Il a alors repris le groupe de Howlin’ Wolf, le Wolf Gang, (on reste donc dans le blues de Chicago) et il a entamé une carrière personnelle à quarante ans.
Ses premiers enregistrements ont été pour Alligator, le label de Bruce Iglauer. Le label sort en 1978 cinq morceaux d’Eddie Shaw sur le premier volume d’une série devenue culte, « Living Chicago Blues ». On écoute un morceau de cet album, Stoop Down Baby.
Living Chicago Blues, volume 1. Album partagé par Eddie Shaw avec Jimmy Johnson, Left Hand Frank et Carey Bell.
Eddie Shaw et le Wolf Gang : Eddie Shaw au chant et au saxo, Lafayette Shorty Gilbert à la basse, Hubert Sumlin à la guitare, Johnny Big Moose Walker au clavier et Chico Chism à la batterie.
Après cet album de 1978, Eddie Shaw a sorti de nombreux albums pour des marques diverses : Evidence, Isabel, Rooster, Wolf, Delmark. Ces albums sont réussis, on peut les recommander : c’est du bon blues de Chicago et le saxo donne cette pointe de rhythm and blues très agréable à écouter.
Eddie Shaw s’est éteint l’an dernier à quatre-vingts ans.
3/ Darby & Tarlton
Le « Hillbilly Blues », tel est le nom d’un coffret Frémeaux consacré au folksong blanc et à la country joués dans une veine blues des années vingt aux années quarante. Dans Hot Ariège où on s’intéresse au lien entre toutes ces musiques, on ne pouvait pas passer à côté d’un tel phénomène.
On peut remarquer d’abord qu’il serait plus juste de parler de « Blue Hillbilly » plutôt que de « Hillbilly Blues », car la musique en question est bien du hillbilly, une musique populaire blanche qui vient des Appalaches, une région montagneuse du sud où la vie était plutôt rude. Le livret du coffret explique que le terme de « hillbilly », qui peut se traduire par quelque chose comme « péquenot », est attribué à un violoniste des années vingt à qui un producteur avait demandé le nom de la musique qu’il jouait. Ce violoniste avait alors répondu : nous ne sommes que des hillbillies, des péquenots, de Caroline du nord et de Virginie, appelez-la comme vous voulez !
Aujourd’hui, la country se dissocie totalement du blues et n’a plus rien à y voir. On a tous en tête le film des Blues Brothers qui s’amuse de cette opposition, voire même qui souligne le côté quelque peu raciste de certains amateurs de country. Cette dissociation fait oublier le fait que les musiciens blancs de la country dite « old style », celle des années vingt, ont été profondément influencés par la musique noire et par le blues en particulier ; pas seulement d’ailleurs, le gospel a aussi joué un rôle dans la country.
Darby et Tarlton font partie des plus éminents représentants de ce style de blue hillbilly. Tom Darby, chanteur guitariste, serait né en 1884 (certains disent 1891) en Géorgie tandis que Jimmie Tarlton, chanteur et steel-guitariste, est né en 1892 en Caroline du sud. A noter que Jimmie Tarlton a été l’élève d’un guitariste hawaïen. On évoquera dans une autre émission le rôle capital des guitaristes hawaïens dans la musique populaire américaine.
Darby et Tarlton ont formé un duo qui a commencé à enregistrer en 1927 pour Columbia. Leurs disques se sont bien vendus : un de leurs disques de 1927 s’est vendu à plus de deux cent mille exemplaires. Ça leur a permis d’enregistrer 63 titres entre 1927 et 1933.
On écoute un morceau de 1929, Freight Train Ramble.
On entend distinctement dans la chanson Tom Darby lancer « Sing the blues, Jimmie ! ». Et voilà comment des Blancs ont contribué à forger la country music en jouant du blues dans les années vingt. Ce morceau de blue yodel est évidemment influencé par le légendaire pionnier fondateur du style, Jimmie Rodgers. On le trouve dans coffret « Hillbilly Blues 1928-1946 » paru chez Frémeaux.
Le duo entre Darby et Tarlton s’est défait en 1933. Aucun des deux n’a poursuivi de carrière en solo après 1935. Ils se sont brièvement retrouvés pour jouer ensemble dans les années soixante lors du folk revival. Tom Darby est décédé en 1971 et Jimmie Tarlton en 1979.
4/ Wynona Carr, 1923-1976
Wynona Carr est une chanteuse née dans l’Ohio en 1923 et elles est décédée en 1976.
Elle a démarré sa carrière dans le gospel. Ses premiers enregistrements, pour la marque Specialty, ont été réalisés à partir de 1949 sous le nom de Sister Wynona Carr. Elle était alors très influencée par Sister Rosetta Tharpe.
Elle obtient un succès en 1952 avec The Ball Game. Mais assez vite elle veut sortir du gospel et elle parvient au bout de quatre ans à convaincre Art Rupe, le directeur de Specialty, de la laisser faire du rhythm and blues. Celui-ci finit par accepter et entre 1955 et 1959 elle enregistre de nombreuses faces dans une veine rhythm and blues, parfois même très rock ‘n’ roll.
On écoute un de ses premiers morceaux profanes enregistré le 10 juin 1955, It’s Raining Outside.
Wynona Carr n’a obtenu qu’un seul succès en 1957, Should I Ever Love Again ?. En 1961 elle signe pour Reprise, la firme de Frank Sinatra. Elle réalise un album pop qui ne marche pas vraiment. Elle est alors retombée dans l’obscurité.
A mon sens Wynona Carr n’a pas eu la carrière qu’elle méritait. Gospel, rhythm and blues, rock ‘n’ roll, pop, elle aura pourtant tout essayé. Elle avait pourtant les qualités nécessaires pour suivre le même chemin que LaVern Baker ou Ruth Brown.
5/ Big Lucky Carter, 1920-2002
Est-ce que Levester Carter, chanteur guitariste né dans le Mississippi en 1920, décédé à Memphis en 2002, a eu beaucoup de chance dans sa vie ? Je ne sais pas. Toujours est-il que son surnom était « Big Lucky », le grand chanceux.
Big Lucky Carter commence sa carrière professionnelle en 1949 en rejoignant un groupe qui comprenait le pianiste Ford Nelson. L’année suivante, en 1950, il entre dans un autre groupe à Memphis, les Rhythmaires de son cousin le saxophoniste Ed Kirby, qui changeront leur nom en Millionnaires. Il y reste huit ans.
Kirby enregistre une session sous son nom pour Sun Records en 1957, Big Lucky est présent. Les morceaux ne seront toutefois publiés que dans les années soixante-dix. Ensemble, Ed Kirby et Big Lucky Carter enregistrent pour Savoy, Westside, Bandstand USA. Pendant ce temps-là, Big Lucky anime par ailleurs son propre groupe.
C’est seulement en 1969 qu’il sort deux singles sous son nom pour le label MOC de Willie Mitchell. L’un de ces morceaux est Goofer Dust, qu’on écoute.
Ce morceau enregistré en 1969 n’est en fait sorti que deux ans plus tard sur le label River Town Blues.
On ne sait pas trop ce qu’a fait Big Lucky Carter durant la vingtaine d’années qui a suivi cette publication. Il a probablement continué à jouer dans des clubs dans la région de Memphis.
On le retrouve en 1993 lors du festival de Burnley Blues. Burnley est une ville du Lancashire, au Royaume Uni, qui anime un festival de rock et de blues depuis 1989, dont la cote n’a cessé de grimper.
Big Lucky Carter, à ma connaissance, n’a sorti qu’un seul album. Il s’agit de « Lucky 13 » paru chez Blueside en 1998. A noter que l’album CD s’ouvre sur une version nouvelle de Goofer Dust, assurément le titre fétiche de Big Lucky. Ce dernier est décédé quelques années après, en 2002.
6/ Al Puddler Harris
Séquence rock ‘n’ roll avec un chanteur pianiste de Louisiane né en 1936 Allen W. Harris, surnommé Al « Puddler » Harris. Je ne sais pas d’où lui vient ce surnom étrange : « puddle » en anglais, ça veut dire flaque. Est-ce qu’il liquéfiait ses auditeurs ? Mystère.
Al Puddler Harris a commencé à jouer dans un programme radio de Shreveport. Il a enregistré avec Johnny Horton. Il a formé un trio avec le guitariste James Burton et le bassiste Joe Osborn et ce trio a servi de groupe de soutien à Ricky Nelson dont on a parlé lors d’une précédente émission.
Al Puddler Harris a enregistré sous son nom quelques titres à la fin des années cinquante. On écoute un morceau resté longtemps inédit, Saw My baby Walkin’. Ce morceau n’a été publié qu’en 1978 sur un album vinyl du label Flyright, « Rockin’ Fever », sous le numéro LP 540 pour être précis.
Ce morceau des années cinquante a été réédité dans la série « Boppin’ By The Bayou » du label Ace : il figure au volume 11 de la série, sous-titré « Rock Me Mama ».
Al Puddler Harris a fait partie du groupe de soutien de Conway Twitty, célèbre chanteur de country dont on a déjà parlé dans Hot Ariège, et il a également appartenu au dernier groupe de Jimmie Davis, ex chanteur de old country dans les années trente et ex gouverneur de la Louisiane.
Aux dernières nouvelles, Al Puddler Harris était toujours vivant.
7/ Johnie Lewis, 1908-1992
Johnie Lewis (Johnie, n-i-e) est un chanteur guitariste né en Alabama en 1908, qui jouait aussi de l’harmonica et du kazoo. Son cas est un peu à part puisqu’il a été révélé par le cinéma !
Johnie Lewis a quitté sa famille à quatorze ans ; il est allé en Géorgie où il a appris à jouer de la guitare puis il s’est installé à Chicago à la fin des années trente. Là il a exercé le métier de peintre et il fréquentait les musiciens locaux, notamment Tampa Red.
En 1969, il est remarqué par un cinéaste, Harley Cokliss, qui le fait participer à un documentaire sur le blues de Chicago intitulé tout simplement « Chicago Blues » sorti en 1970 aux Etats-Unis. Ce documentaire est aussi passé à la télé anglaise en janvier 1971. C’est grâce au film que Johnie Lewis a pu enregistrer pour Arhoolie. Il réalise deux sessions à Chicago : la première, le 13 août 1970 ; la seconde, le 9 janvier 1971. Arhoolie a publié l’essentiel des morceaux enregistrés dans un album vinyl sorti dès 1971 sous le titre « Johnie Lewis, Alabama Slide Guitar ». Arhoolie a publié en 1997 un CD sous le même titre avec six morceaux supplémentaires.
On écoute un morceau issu de la première session d’enregistrement, celle du mois d’août 1970, I’m Gonna Quit My Baby.
La parution du disque n’a pas conduit Johnie Lewis à entamer une carrière musicale. Il faut dire qu’il avait plus de soixante ans. Il a tout de même participé au festival de l’Université de Chicago en 1972.
Sur le site d’Allmusic, on peut lire que Johnie Lewis n’était pas un guitariste exceptionnel. Je préfère pour ma part l’appréciation de Jean-Claude Arnaudon dans son Dictionnaire du Blues : « Son jeu de guitare, avec emploi du « slide », est caractérisé par une sonorité très pure et un phrasé mobile. »
Johnie Lewis s’est éteint en 1992.
8/ Billy Hoke
Je ne sais pas grand chose de Billy Hoke, sinon qu’il a sorti sous son nom deux 45 tours de rhythm and blues en 1965 chez D.W. Records, un label étatsunien. Deux de ces quatre morceaux, la face A d’un des 45 tours et la face B de l’autre, ont été réédités d’abord en 1974 sur un album de compilation chez Flyright intitulé « New York Rhythm & Blues », puis en 1979 sur la même compilation chez le label anglais Magpie.
Je vous propose d’écouter I Don’t Want No Other Woman, la face A du premier 45 tours.
Ce morceau est tiré d’un album vinyl de 1979 paru chez Magpie. Je vous ai signalé que le même album était paru en 1974 chez Flyright. Je n’ai pas trouvé trace d’une réédition en CD.
Et comme les albums de compilation en question ne livrent aucune information sur les musiciens, je n’en sais pas plus sur Billy Hoke.
9/ Julius Daniels, 1901-1947
Julius Daniels est un chanteur de blues originaire de Caroline du sud. Il s’est établi très jeune en Caroline du Nord. Il a commencé à se produire à partir de 1925 en compagnie du guitariste Bubba Lee Torrence. Ensemble, sous le nom de Daniels and Torrence, ils réalisent une première session d’enregistrement le 19 février 1927 à Atlanta pour le label Victor.
Julius Daniels a réalisé une seconde session pour Victor sous son nom, toujours à Atlanta, le 24 octobre 1927, probablement avec le guitariste Wilbert Andrews. Au total, Julius Daniels a gravé huit titres ; pour certains morceaux, plusieurs prises ont été réalisées. Victor en a sorti quatre 78 tours.
On écoute un morceau issu de la seconde session, Can’t Put The Bridle On That Mule This Morning.
Les morceaux de Julius Daniels ont été réédités en CD : en 1993, par le label Document dans un album intitulé « Georgia Blues & Gospel 1927-1931 » DOCD 5160 ; et en 2005 par le label JSP dans un coffret de quatre CD dont le titre est « Atlanta Blues, Big City Blues from the Heartland », JSPCD 7754.
On sait que Julius Daniels a exercé divers métiers jusqu’à sa mort en 1947 : manœuvre, jardinier, concierge et pompier. On ne sait pas en revanche s’il a continué à se produire après ses enregistrements.
Hot Tuna, le groupe pop de Jorma Kaukonen et Jack Cassady tous les deux membres de Jefferson Airplane, qui s’est fait accompagner à plusieurs reprises par le violoniste de blues Papa John Creach, a repris dans un album de 1972 une chanson de Julius Daniels, 99 Year Blues.
10/ Eddie Bo, 1930-2009
Qui c’est le plus beau ? C’est Eddie Bo. Bo, b-o, c’est une abréviation. Il s’agit d’un chanteur pianiste de La Nouvelle Orléans dont le véritable nom est Edwin Joseph Bocage, né en 1930. Sa mère était copine avec le grand pionnier du piano blues de La Nouvelle Orléans, Professor Longhair. Mais lui, Eddie, il a appris le piano à l’école, La Grunewald School Of Music, pour être précis.
Ceci explique peut-être qu’il s’oriente d’abord vers le jazz. Il forme un orchestre, le Spider Bocage Orchestra, qui va servir de soutien à des artistes de renom comme les Platters dont on a parlé en début d’émission, mais aussi Big Joe Turner, Guitar Slim, Lloyd Price, ou encore Ruth Brown…
Dans les années cinquante, Eddie Bo se tourne vers le rhythm and blues, question de fric apparemment. Ça rapportait plus que le jazz. Le premier enregistrement sous son nom est pour Ace en 1955. Il passe chez Chess en 1957, où il grave notamment My Dearest Darling dont Etta James fera un hit en 1960. A partir de 1959, c’est chez Ric Records qu’il obtient plusieurs succès régionaux.
On écoute un morceau de 1960 paru chez Ric, Tell It Like It Is.
Morceau disponible sur le CD « Baby, I’m Wise, The Complete Ric Singles 1959-1962 » paru chez Ace sous le n°1429.
Eddie Bo a enregistré pour plus de 40 labels différents. Dans les années soixante, son style se fait plus soul et funky. Eddie Bo sait s’adapter à son temps. Il obtient même un hit dans le genre en 1969, treizième au Billboard, Hook And Sling.
Eddie Bo a créé son propre label, Bo-Sound, mais il a continué à graver des titres pour quantité de marques. Dans les années soixante-dix, sa production devient plus épisodique. Il est plus présent dans les années quatre-vingt, quatre-vingt-dix ; il fait des tournées, il vient en Europe, il sort des albums : le dernier est paru à ma connaissance en 1998.
Eddie Bo est décédé en 2009.
Bonus track
11/ Charioteers
Les Charioteers sont un groupe de gospel masculin formé en 1930 dans une université de l’Ohio. Ils tirent leur nom d’un spiritual célèbre : Swing Low, Swing Chariot.
Ils animent une émission de radio pendant deux ans puis ils se rendent à New York. Ils enregistrent pour des marques diverses : Vocalion, Brunswick, Decca. Ils signent chez Decca en 1935, puis en 1938 chez Columbia où ils vont rester plus de dix ans.
On écoute un morceau de 1939, All God’s Chillun Got Shoes.
Morceau disponible sur un coffret de 2 CD édité par Sony Music « Les Stars du Gospel ».
Le parcours des Charioteers est on ne peut plus classique. On peut citer à ce propos Noël Balen, auteur d’une « Histoire du negro spiritual et du gospel » chez Fayard, qui écrit :
« Au tout début, les male quartets – les quartet masculins – ne sont autres que la réduction des chœurs universitaires dont l’attitude est souvent conventionnelle. Mais cette rigueur et cette affectation vont peu à peu glisser vers les nouvelles tendances des pratiques sanctifiées. La spontanéité, la prise de risque et le sentiment de liberté irriguent le formalisme du chant. Les attaques se font plus percussives, les falsettos se débrident, les ondulations et les carences s’assouplissent, les accords s’enrichissent selon certaines innovations profanes ». Pour le dire en bref, le blues et le rhythm and blues ont considérablement enrichi le gospel dans les années trente quarante.
Les Charioteers vont même aller jusqu’à inclure des chansons populaires dans leur répertoire, ce qui était sacrilège à l'époque.
Wilfred Billy Williams, le chef du groupe, a quitté les Charioteers au début des années cinquante. Les autres ont suivi au cours de la décennie. Le dernier enregistrement des Charioteers date de 1957, c’était pour MGM.
Les Charioteers ont été un grand groupe de gospel. Ils ont eu neuf hits classés au Billboard dans la catégorie pop music, c’est-à-dire tous registres confondus, dont trois dans le Top 10.
Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE
Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :
https://www.radio-transparence.org/
Merci pour votre visite & Bon Blues !!
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