HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !
Séance 62
1/ Dennis McMillon, 1909-1965 ?
Chanteur guitariste originaire de Caroline du sud. Sa date de décès n’est pas connue avec exactitude. En fait, on sait très peu de choses sur lui. Stefan Wirz, qui tient un blog très documenté, indique que Dennis McMillon serait venu en Pennsylvanie pour bosser dans des aciéries. Des années vingt aux années quarante, il y a deux grands courants parallèles de migration des Noirs qui vivaient dans les Etats agricoles du sud des Etats-Unis : du Mississippi et des Etats alentour vers Chicago d’une part, des Etats du sud est vers New York et les Etats industriels du nord est, comme la Pennsylvanie, d’autre part.
Dennis McMillon aurait réalisé deux sessions d’enregistrement en août 1949 à Linden, siège du label Regal. Regal Records était une filiale de DeLuxe Records qui n’a été active qu’en 1949 apparemment. On écoute un morceau issu de la première session, Goin’ Back Home.
Dennis McMillon, chant et guitare ; Fred Mendelsohn, percussions. Morceau tiré du CD « Alec Guitar Slim Seward & Louis Jelly Belly Hayes, The Back Porch Boys » édité par Delmark.
Fred Mendelsohn, aux percussions. Fred Mendelsohn, a priori c’était un producteur. Alors, qu’est-ce qu’il foutait là ? Etrangement, le livret du CD se contente d’indiquer à côté de son nom « suitcase », ce qui veut dire valise. Faut-il croire qu’il tapait sur une valise ? Le livret du CD fournit juste une anecdote à son sujet, à propos d’un écrit de Bruce Bastin, qui était un expert dans le blues de la côte est et le directeur d’une société contrôlant plusieurs labels, notamment Flyright. C’est Bruce Bastin qui parle : « Sachant que Mendelsohn avait enregistré des bluesmen à Atlanta un peu plus tôt dans l’année, sa femme de chambre lui a recommandé McMillon, en affirmant que ce dernier avait besoin de dix dollars pour rentrer chez lui en bus. McMillon a reçu de quoi payer son ticket de bus plus quarante dollars pour la session ». Si cela ne nous éclaire pas sur le rôle de Mendelsohn, ce propos en dit long sur la condition des Noirs dans les années quarante...
Les sessions réalisées par Dennis McMillon ont donné lieu à deux 45 tours édités par Regal à l’époque, c’est-à-dire en 1949/1950. Ces quatre morceaux ont fait chacun l’objet d’une prise alternative et les œuvres de McMillon sont aujourd’hui disponibles sur plusieurs compilations, dont celle de Delmark que j’ai citée.
2/ Gil Gilroy
Encore un artiste dont on ne sait pas grand chose, mais dans le genre du rockabilly cette fois, Gil Gilroy, dont le vrai nom est Gilbert Giroir. Ce n’est pas le seul exemple d’un louisianais au nom français qui prend pour nom d’artiste son propre nom américanisé. Gil Gilroy est originaire de Morgan City, une petite ville côtière de Louisiane.
Le fait de gloire de Gil Gilroy est d’avoir gravé une poignée de titres à la fin des années cinquante, début des années soixante, qu’il a publiée sur son propre label, Moon. Il a réussi à en louer au moins deux au label Demo qui a sorti un 45 tours avec. On écoute un morceau de ce 45 tours, Laura Lee.
Laura Lee figure sur le premier volume de la série « Boppin’ by the Bayou » publiée par le label Ace. Le livret du CD nous apprend que le 45 tours de Gil Gilroy n’a pas eu de succès et que les vinyls, aussi bien celui de Moon que celui de Demo, ont été longtemps introuvables. Aujourd’hui c’est redevenu faisable, j’ai vérifié, sans doute parce que les morceaux de Gil Gilroy, Laura Lee et Do You Take Me For A Fool, ont depuis été édités en CD sur plusieurs compilations.
Gil Gilroy serait encore en vie. Il jouerait du violon au sein d’un groupe cajun, La Touche, dans une boîte de La Nouvelle Orléans.
3/ LaVern Baker, 1929-1997
Nous avons maintenant rendez-vous avec LaVern Baker, une grande dame du rhythm and blues.
LaVern Baker est née Dolores Evans en 1929 à Chicago. Aucun rapport donc avec Josephine Baker, qui s’était rendue célèbre entre les deux guerres dans des revues à Broadway puis à Paris et qui symbolise ce qu’on a appelé « les années folles ». En revanche, LaVern Baker est la nièce d’une grande chanteuse de blues d’avant guerre, Merline Johnson, qu’on surnommait « The Yas Yas Girl ».
LaVern Baker a commencé à chanter dans des clubs à Chicago en 1946. Son premier enregistrement comme accompagnatrice date de 1949 et elle a adopté son nom d’artiste en 1952. Sa carrière solo démarre en 1953 : elle signe chez Atlantic et elle va enchaîner succès sur succès jusqu’en 1960.
Son premier succès, Tweedle Dee, sort en 1955. Il atteint la quatrième place au Billboard catégorie rhythm and blues, la quatorzième au classement pop. A noter qu’une cover blanche, reproduction note par note de la version originale, a atteint la première place.
Son plus grand succès est Jim Dandy paru à la fin de l’année 1956, numéro 1 au Billboard rhythm and blues, numéro 17 au classement pop. C’est l’histoire d’un homme, Jim Dandy, qui sauve les femmes d’affrontements improbables ou impossibles. Le nom a été inspiré d’une chanson du dix-neuvième siècle. On l’écoute.
LaVern Baker au chant, Sam Taylor au saxophone, Panama Francis à la batterie et le groupe vocal de soutien d’Atlantic du moment, les Gliders.
L’auteur Charlie Gillett nous dit que LaVern Baker a pris pour cette chanson une voix plus profonde et plus rude que pour ses titres précédents, plus difficile à imiter par les chanteuses blanches, et ce style a joué un rôle dans l’évolution du rhythm and blues vers le rock ‘n’ roll.
En cinq années, LaVern Baker récolte neuf titres au top 10 du Billboard, ce qui la classe en sixième position, derrière Fats Domino, Elvis Presley, Ray Charles, Little Richard et Chuck Berry. Autant dire qu’elle est une des reines de l’époque, avec Ruth Brown et Dinah Washington. Et Charlie Gillett nous dit encore qu’elle incarne la transition entre ces chanteuses de rhythm and blues et les premières chanteuses soul comme Dionne Warwick.
LaVern Baker quitte Atlantic en 1964. Par la suite, elle a séjourné pendant 22 ans aux Philippines. Son dernier album date de 1995. Elle est décédée en 1997.
4/ Jimmy Burns
Jimmy Burns est un chanteur guitariste né en 1943 dans le Mississippi. Il est moins connu que son frère aîné, Eddie, qui s’est fait un nom dans le blues sur la scène de Detroit, la ville de l’automobile et de John Lee Hooker.
Jimmy Burns est arrivé avec sa famille à Chicago en 1955. Il a commencé dans le doo wop. Son premier enregistrement sous son nom date de 1964 pour le label USA. Dans les années soixante, il sort une poignée de 45 tours pour de petits labels, Erica, Tip Top, Minit, mais le succès n’est pas au rendez-vous. Il sort encore un 45 tours en 1972, il y en aura encore d'autres en 1980, puis Jimmy Burns arrête un temps la musique.
Il réapparaît dans un club à Chicago au début des années quatre-vingt-dix. Le producteur du label Delmark, Bob Koester, est séduit et Jimmy Burns sort un premier album en 1996, « Leaving Here Walking ». on écoute un morceau de l’album intitulé Miss Annie Lou.
► Jimmy Burns - Miss Annie Lou
L’album « Leaving Here Walking » est bien accueilli par la critique : il lui est décerné le titre de meilleur album de blues de l’année. Dès lors, la carrière de Jimmy Burns décolle, à 53 ans. Il effectue des tournées internationales et il a sorti cinq autres albums depuis, tous chez Delmark, le dernier en date en 2015.
Jimmy Burns a aujourd’hui 76 ans. Bob Koester a vendu Delmark l’année dernière. On peut donc s’interroger : y aura-t-il d’autres disques de Jimmy Burns ? Réponse dans une prochaine émission de Hot Ariège.
5/ Johnny Acey, 1925-2009
Johnny Acey est un chanteur pianiste né en Caroline du sud en 1925. Son vrai nom est John Acey Goudelock. Il a commencé dans le gospel. Dans les années cinquante, il a été cuisinier à New York.
Il a enregistré des 45 tours entre 1958 et 1974 pour des labels divers : Fire, Fling, Falew, DJL, Arrow, Smog City, Stang. On écoute un morceau de 1962 figurant sur la face B d’un 45 tours de Fling, I Go Into Orbit.
Ce morceau est disponible sur la compilation intitulée « My Home The Complete Recordings » parue chez Turbo Records.
Johnny Acey ne doit pas être confondu avec le pianiste de jazz Johnny Acea. A noter aussi qu’on trouve des vinyls de notre Johnny Acey sous des noms divers. Le 45 tours de chez Fire par exemple est sous le nom de Johnny Chef, ce qui est une référence évidente à son boulot de cuistot.
Les vinyls sont difficiles à trouver. En revanche, on trouve des morceaux de Johnny Acey sur des compilations diverses en CD, Charly ou autres, notamment celles de la maison Fire/Fury/Robinson.
6/ Alexis Korner, 1928-1984
Avec Alexis Korner, chanteur multi-instrumentiste, joueur de guitare, de piano, de mandoline et de plein d’autres choses, grande figure du skiffle surnommé le père du « british blues », le blues britannique, on va ouvrir ici, une page que certains qualifieraient de polémique.
Autant le dire tout de suite, selon moi, ce que l’on désigne sous les appellations de « blues britannique », plus largement de « blues blanc », on parle aussi de « blues boom » à propos de ce courant qui s’est développé à la fin des années soixante, n’est pas du blues dans le sens traditionnel. N’importe qui peut attraper une guitare et jouer comme Muddy Waters comme dans les années cinquante, ce n’est pas pour autant que ce qu’il va produire sera du blues (encore une fois, au sens traditionnel). Pour prendre une image, un Scandinave peut jouer de la musique traditionnelle japonaise du Moyen Age, pour autant ce qu’il va produire ne sera pas de la musique japonaise traditionnelle. C’est pareil pour le blues.
Alexis Korner est parti d’une idée diamétralement opposée. Il a déclaré lors d’une interview en 1968 : « Une manière anglaise de jouer et de chanter le blues se développe en dehors des conditions sociales négro-américaines qui ont donné naissance à cette musique il y a cent ans. Il n’est plus vrai de dire que les Blancs ne peuvent chanter le blues. Ce n’est plus affaire de race ou de couleur, mais d’attitudes. » Cité par Philippe Bas-Rabérin dans « Le Blues Moderne 1945-14973 » chez Albin Michel.
Mettons entre parenthèses le fait que plus personne ne s’exprimerait avec les mêmes mots aujourd’hui (négro, race), attachons nous à l’idée. Alexis Korner oublie un élément essentiel : l’art est un reflet de la vie sociale. D’ailleurs lui-même a déclaré deux ans après, en 1970 : « Au bout d’un certain temps, on comprend que le fait de jouer implique un objectif social. Quand le thème n’en est pas directement l’amour, ce que je compose aujourd’hui relève d’une forte conscience sociale… » Cité également par Philippe Bas-Rabérin dans le même ouvrage.
Dans sa déclaration de 1968, Alexis Korner a juste oublié l’aspect social. Le blues est indéfectiblement lié à la condition sociale des Noirs américains après la guerre de sécession, c’est-à-dire après l’esclavage. Les bluesmen étaient les griots modernes du peuple noir américain. Toute leur expression était liée à ce qu’ils vivaient : le boulot, le chômage, les relations entre les hommes et les femmes, l’alcool, les plantations de coton… ; les mots même qu’ils employaient, le jive, ce langage codé hérité du temps de l’esclavage où il fallait pouvoir se dire les choses seulement comprises par les Noirs en présence des maîtres blancs ; les instruments bien sûr, créés de toutes pièces car ils n’hésitaient pas à recourir à des bassines, des planches à laver, des boîtes de cigare, des dés à coudre, des bouteilles, des capsules de bouteille, des goulots de bouteille pour le bottleneck etc. ; la façon de jouer aussi est bien spécifique : deux notes à peine suffisent pour reconnaître les grands guitaristes, T-Bone Walker, Lightnin’ Hopkins, B.B. King etc., ce qui n’est le cas pour aucun européen ; et enfin la voix, le timbre, les inflexions, des sons incroyablement gutturaux, des falsettos inimitables… Aucun européen ne peut imiter de façon crédible la voix de Muddy Waters, de Lightnin’ Hopkins ou même celle de Jackie Wilson. Il y a dans le vrai blues noir une spontanéité et une authenticité qui le distinguera pour toujours de ses copies blanches. Des européens peuvent aujourd’hui choisir de s’exprimer dans l’idiome du blues. Les Noirs à l’époque, eux, n’ont pas choisi. C’était leur façon naturelle de s’exprimer.
Il faut bien comprendre que le choix par Alexis Korner de la contestation sociale – qui peut le rendre sympathique aux yeux de certains, et c’est mon cas ! – place de facto ce courant aux antipodes du blues, musique traditionnelle d’une communauté cherchant à s’insérer dans la société. Alexis Korner cherchait plutôt à s’évader de la société de consommation dans une contestation à caractère radical. D’ailleurs, les Noirs ont beaucoup évolué dans les années soixante, années qui ont débouché sur les marches de protestation, Martin Luther King, les émeutes etc. Et parallèlement les Noirs ont commencé à se sont détacher du blues à la fin des années soixante pour se tourner vers un autre type de musique, qui n’hésitait pas à recourir à la protestation radicale, la soul. C’est James Brown qui va proclamer dans une chanson célèbre : Say It Loud : I’m Black and I’m Proud ; Dites-le haut et fort, je suis noir et je suis fier ! Mais justement, c’est une autre musique. Pour conclure ce long bavardage sur la nature du blues, je dirais qu’il est impossible de faire abstraction du contexte social quand on appréhende une musique quelconque.
Retour à Alexis Korner, né en 1928 à Paris, qui arrive à Londres en 1940 et entre dans l’orchestre de Chris Barber en 1949. En 1955, il forme un duo avec Cyril Davies, ils sortent leur premier disque en 1957.
On écoute un morceau de 1957 donc, Kid Man.
Morceau tiré d’un double CD intitulé « Great British Skiffle, The Original Skiffle Recordings 1952-1958 » de la série « Just About As Good As It Gets ! » publiée par le label Smith & Co Sound & Vision.
Alexis Korner a joué un rôle considérable, essentiel, pour la propagation du blues en Europe. Il n’a recueilli aucun succès commercial. Ce sont les jeunes qui venaient l’écouter jouer dans un club de Londres en 1960/1961, Mick Jagger, Keith Richards, Brian Jones, Jimmy Page, qui sont devenus des stars, pas lui. Et cela a tranché d’une certaine manière la controverse évoquée avant d’écouter Kid Man : c’est quand on apporte une touche personnelle, nouvelle, avec de la vraie créativité, qu’on fait avancer l’histoire, pas en recopiant les maîtres à l’infini. Oui, mais alors, on crée une autre musique, en l’occurrence, le rock, la pop music. Exactement comme Elvis Presley avait créé le rockabilly en 1954. En tout état de cause, le rayonnement du groupe d’Alexis Korner, les Blues Incorporated, aura été énorme.
Autre rôle capital joué par Alexis Korner pour le blues. Il a été parmi les premiers à faire venir en Europe de vrais bluesmen noirs, comme Muddy Waters en 1958. Et à partir de là, c’est une autre histoire qui s’est enclenchée.
Alexis Korner est décédé en 1984. On ne peut qu’exprimer son plus profond respect pour son œuvre. Et aujourd’hui le skiffle reste une musique sympathique, le produit d’une époque.
7/ Big Joe Turner, 1911-1985
Séquence rhythm and blues à présent avec l’une des plus importantes figures de la musique noire d’après-guerre, Big Joe Turner, né en 1911 à Kansas City, décédé en 1985.
Big Joe Turner a fait une carrière extraordinaire qui a commencé dans les années vingt avec son compère, le pianiste de boogie woogie Pete Johnson, et qui l’a propulsé en haut de l’affiche à partir des années quarante. On l’a surnommé The Boss of The Blues, le patron du blues. Il est l’un des rares chanteurs de blues à avoir fait carrière sans interruption des années vingt jusqu’à sa mort, sans baisse de popularité après la guerre.
On écoute un morceau intitulé Rebecca. Big Joe Turner en a interprété plusieurs versions. Celle-ci est celle qu’il a enregistrée le 30 octobre 1944 à Chicago avec Pete Johnson au piano, Ernest Ashley à la guitare et Dallas Bartley à la basse.
Morceau tiré du volume B du coffret de cinq CD « Big Joe Turner 1938-1952 » paru chez JSP sous le numéro 7709.
Le style de Big Joe Turner lui permet d’être à l’aise au sein de tous les orchestres, blues, jazz ou rhythm and blues, qu’il soit accompagné par un pianiste comme Count Basie ou par un guitariste comme Elmore James. Et le fait que ce chanteur d’avant-guerre ait pu devenir une vedette du rock ‘n’ roll dans les années cinquante constitue une performance unique et pour tout dire, incroyable ! Mais il ne faut pas oublier que dès les années quarante il était un pionnier du genre, un de ses créateurs en fait.
8/ Will Batts, 1904-1956
Dans son Dictionnaire du Blues, Jean-Claude Arnaudon écrit que Will Batts était « considéré comme le meilleur violoniste noir de Memphis » ; et ça, dans les années vingt, trente, c’était vraiment quelque chose ! Memphis était à ce moment-là une espèce de capitale du blues, surtout pour les instruments à cordes, les string bands et les jugs bands, pour lesquels le violon était un instrument essentiel.
Fils d’un métayer, Will Batts est né dans le Mississippi. Il a appris tôt la guitare et le violon et il a commencé à jouer dans le string band de son père. En 1919, il se fixe à Memphis, la capitale du Tennessee, et il se produit dans les rues. En 1925, il constitue un orchestre avec le chanteur guitariste Jack Kelly, le Beale Street Jug Band. Beale Street était la légendaire rue de Memphis où se produisaient les bluesmen à l’époque. Occasionnellement des guitaristes comme Dan Sain (ou Sane) ou Frank Stokes, le pionnier du blues local, se joignaient à eux. A noter cette particularité : leur orchestre a obtenu parfois des engagements pour jouer devant un public blanc, ce qui était tout à fait exceptionnel à l’époque.
Will Batts et Jack Kelly travaillaient ensemble donc, mais c’est Jack Kelly qui a décroché un contrat avec une compagnie pour aller enregistrer à New York en 1933. Le livret du coffret Frémeaux indique que la compagnie serait l’ARC, l’American Record Company, alors que les auteurs indiquent en général que les sessions réalisées l’ont été pour Vocalion, qui dépendait de l’autre trust, Columbia. Quoi qu’il en soit, c’est ce contrat qui explique que les 23 titres gravés lors des trois sessions des 1er, 2 et 3 août 1933, soient crédités au Jack Kelly’s South Memphis Jug Band. Will Batts est cependant le chanteur sur cinq morceaux. On écoute l’un d’eux, Highway n°61 Blues, gravé lors de la dernière session, le 3 août.
Morceau tiré du volume A du coffret JSP de cinq CD « Memphis Shakedown, More Jug bands Classics ».
En 1934, Jack Kelly a quitté la formation et Will Batts a formé un nouvel orchestre. Il semble cependant que Will Batts ait accompagné Jack Kelly lors d’un enregistrement réalisé à Memphis en 1939.
Will Batts a réalisé des enregistrements dans les années cinquante. Certains auteurs mentionnent une session avec Big Walter Horton en 1952. Arnaudon et Sheldon Harris, chacun d’eux auteur d’un dictionnaire du blues, font état d’un enregistrement à Cleveland pour Flyright en 1954. 1954, c’est l’année du décès de Will Batts.
9/ Wibby Lee
Wibby Lee est un chanteur guitariste country sur lequel je n’ai pêché aucune information. Tout ce que peux dire c’est qu’il a sorti au moins trois 45 tours : deux pour Jalyn, le premier en 1960 le second en 1965, et un pour Bonus en 1966.
On écoute un morceau tiré du premier single de 1960, I’m Lost Without Your Love.
Un morceau qui relève autant de la country que du rockabilly, ce qui était courant dans les années cinquante, et qu’on trouve sur le CD n°10 du coffret de 10 CD « Rock-a-Billy Cowboys » édité par The Intense Media.
L’écart entre les deux premiers 45 tours, 1960/1965, pour le même label Jalyn, laisse penser que Wibby Lee a d’abord tenté sa chance dans une veine rockabilly, mais c’était un peu tard en 1960 et qu’il a retenté plus tard dans un style country plus traditionnel et que ça n’a pas marché non plus. Voilà pourquoi on ne trouve aucune information sur lui.
On trouve cependant quelques morceaux de Wibby Lee sur des compilations diverses, dont celle que j’ai citée.
10/ Lil’ Ed
Edward Williams, surnommé Lil’ (abréviation de Little) en raison de sa petite taille, est né en 1955 à Chicago. C’est un neveu du guitariste J.B. Hutto. Comme son oncle, Lil’ Ed s’inscrit dans la lignée des guitaristes de slide émules d’Elmore James tels que Homesick James, J. B. Hutto et Hound Dog Taylor.
Lil’ Ed forme a réalisé son premier enregistrement pour Alligator en 1986. On écoute un morceau issu de son cinquième album « Heads Up ! » paru en 2002. Le morceau s’appelle I Love My Baby. Le groupe de Lil’ Ed, Les Blues Imperials, est composé de James Pokie Young à la basse, Mike Garrett à la guitare rythmique et Kelly Littletown à la batterie.
Morceau extrait de l’album, « Heads Up ! » paru chez Alligator. Lil’ Ed a sorti tous ses albums chez Alligator. Le dernier est paru en 2016, « The Big Sound Of… (Lil’ Ed) ».
On attend le prochain album avec impatience !
Bonus track
11/ Charlie Sangster, 1917-1983
Charlie Sangster est un chanteur guitariste né en 1917 à Brownsville dans le Tennessee. Son père a joué avec les gloires locales de la scène du blues, Sleepy John Estes et Hambone Willie Newbern. Il a appris tôt la mandoline et la guitare. Lui-même a joué et enregistré avec Hammie Nixon, l’harmoniciste qui accompagnait Sleepy John Estes.
Charlie Sangster a été découvert par un chercheur italien, Gianni Marcucci, à la fin des années soixante-dix, sur une indication de Hammie Nixon. Marcucci a pu enregistrer Charlie Sangster à Brownsville au cours de huit sessions réalisées entre 1976 et 1980.
Dans un premier temps, il en est sorti quelques morceaux sur le label L+R Records, L et R étant les initiales de Lippmann (Horst) et Rau (Fritz), les deux producteurs allemands qui ont fait connaître le blues en Europe au début des années soixante grâce aux tournées de l’American Folk Blues Festival.
Plus récemment, il est paru en 2013 un super album dans la série « Blues At Home » du label Mbirafon. Il s’agit du volume 9, exclusivement consacré à Charlie Sangster. C’est un album magnifique. On écoute un morceau intitulé Hesitation Blues.
Le CD « Blues At Home 9 » comporte 30 morceaux ; 25 titres en fait, car certains morceaux ont fait l’objet de plusieurs prises.
On va dire que Gianni Marcucci est arrivé à temps, puisque Charlie Sangster est décédé en 1983, soit trois ans seulement après la dernière session d’enregistrement. Encore une fois, les amateurs de blues ne peuvent qu’exprimer une grande reconnaissance à ces chercheurs qui ont réalisé un travail magnifique pour aller enregistrer sur place dans les années soixante, soixante-dix, des artistes véritablement extraordinaires qui, sans eux, seraient restés ignorés à jamais.
Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE
Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :
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Merci pour votre visite & Bon Blues !!
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