mercredi 20 décembre 2017

Séance 13 B


HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy… et Marc !





Séance 13 bis


Skip James
1902-1969. Nehemiah James. Mississippi.
Skip, surnom donné à cause de ses talents de danseur.
1931, enregistrements pour Paramount. 
1932, se fait pasteur baptiste, fonde un quartette de gospel.
Exerce divers métiers, mineur, ouvrier agricole.
Retrouvé en 1964 par John Fahey. Festivals.
Enregistre pour Melodeon, Biograph, Herwin, Vanguard.  
1967, tournée de l’AFBF.


Tampa Red, The Guitar Wizard
1903-1981. Hudson Woodbridge. Il a pris le nom de famille de sa grand-mère qui l’a élevé, Whittaker. 
Tampa Red est d’abord musicien itinérant dans le sud avant de s’associer à Chicago en 1928 avec Georgia Tom Dorsey. Ensemble, ils remportent un énorme succès avec It’s Tight  Like That. Par la suite, Tampa Red enregistre 335 faces sur 78 tours, c’est le record absolu de l’histoire du blues ! Tampa Red tire de son bottleneck un son d’une pureté inégalée et son jeu a influencé, directement ou indirectement via des guitaristes comme Robert Nighthawk ou Earl Hooker, la plupart des guitaristes slide qui ont suivi.
Entre 1941 et 1945, Tampa Red se produit régulièrement à Chicago avec le pianiste Big Maceo, avec lequel il enregistre de nombreux titres pour Bluebird. Il est l’un des rares bluesmen à survivre à la disparition de Bluebird, sous-marque de la firme RCA rachetée par Victor. Tampa Red enregistrera pour Victor jusqu’en 1953. Par la suite, affecté par la mort de sa femme il sombre dans l’alcoolisme et il a fini sa vie en hôpital psychiatrique.


Elmore James
Elmore James, né en 1910 dans le Mississippi mort en 1963 d’une crise cardiaque, s’est fait un nom en reprenant les morceaux de Robert Johnson comme Ramblin’ On My Mind ou Crossroads. Il remporte un succès avec sa première version de Dust My Broom, gravée pour la marque Trumpet en 1951, qui obtient la neuvième place au Billboard. 
C’est en 1952 qu’Elmore James se rend à Chicago où Little Johnnie Jones devient son pianiste régulier. Il enregistre pour Meteor, Checker et Flair. Entre 1958 et 1962 il dirige son groupe qui comprend le guitariste Homesick James, qui n’a pas de lien de parenté avec lui (en revanche son nom est Homesick James Williamson et c’est un cousin de l’harmoniciste John Lee Sonny Boy Williamson). Il enregistre pour Fire et Chess
Sa carrière aura été relativement brève et Elmore James n’a pas eu véritablement le temps d’acquérir une notoriété nationale comme John Lee Hooker ou Muddy Waters. Mais il est bien l’égal des plus grand et il est devenu le chef de file d’un style de blues de Chicago. Hound Dog Taylor, Homesick James, ou plus récemment Lil’ Ed lui doivent beaucoup. Dans son dictionnaire du blues paru en 1977, Jean-Claude Arnaudon écrit qu’Elmore James fut peut-être le plus grand des artistes de blues moderne


Blind Willie McTell
William Samuel McTell est né en 1898, décédé en 1959. Il est originaire de Géorgie. Sa cécité ne l’a pas empêché de voyager énormément. C’était un chanteur de rue qu’on pouvait voir dans diverses régions du Sud et de la côte Est. Son jeu de guitare est exceptionnel : il pratique un finger picking irrégulier mais impeccable sur une guitare à douze cordes. D’une voix douce et claire, il chante des chansons puisées dans un répertoire très éclectique, blues, spirituals, country, airs populaires variés…
Blind Willie McTell a commencé à enregistrer à partir de 1927 de très nombreuses faces pour de multiples compagnies bien qu’il n’ait jamais rencontré un grand succès commercial. C’est une profonde injustice attestée par le fait que nombre de ses morceaux sont devenus de véritables mythes. Outre Love Changing Blues qu’on vient d’entendre, on peut citer Statesboro Blues dont on va parler à propos de l’artiste suivant, Broke Down Engine ou encore Stole Rider Blues. Pour échapper au problème de l’exclusivité des contrats avec les marques de disques, il prenait à chaque fois un pseudonyme : Blind Sammie, Georgia Bill, Pig ‘n’ Whistle Red (ce dernier, il l’a tiré du nom d’un restaurant d’Atlanta !)…
Il enregistre après la guerre jusqu’en 1956 ! Ce qui est plutôt rare pour les bluesmen d’avant-guerre, a fortiori pour un chanteur de rue itinérant comme Blind Willie McTell. Il est toutefois resté un chanteur de rue jusqu’à sa mort. Pendant longtemps on avait perdu sa trace dans les dernières années de sa vie avant que des chercheurs finissent par trouver le lieu et la date de son décès, qui s’est produit en 1959, soit juste avant le blues revival des années soixante qui lui aurait certainement réservé un triomphe, car c’était un bluesman tout à fait hors du commun.


Eddie Taylor
Eddie Taylor, né en 1923 mort en 1985, est un guitariste né dans le Mississippi. Il a appris à jouer auprès de Charlie Patton, Son House, Robert Johnson. Il est surtout connu pour avoir été l’accompagnateur de Jimmy Reed, ce qui est injuste. Mais comme toujours Radio Transparence veille au grain…
C’est en 1953 qu’Eddie Taylor forme un orchestre avec Jimmy Reed. Ensemble, ils mettent au point ce son particulier caractéristique de leurs morceaux mais c’est Jimmy Reed qui devient rapidement le leader. Toutefois la part d’Eddie Taylor est considérable, tant sur le plan musical que sur le plan humain.
Eddie Taylor reste dans l’ombre mais il réalise néanmoins pour  la marque Vee-Jay quelques titres sous son nom. Ces morceaux, dans la veine du blues de Chicago classique, sont de grande qualité. Seul l’un d’eux, Big Town Playboy, remporte un petit succès.
Eddie Taylor se sépare définitivement de Jimmy Reed en 1965 et dirige ensuite sa propre formation. Au fil du temps, il est devenu l’un des très grands guitaristes de Chicago, capable de développer un jeu de guitare sophistiqué très personnel et respecté de tous. Eddie Taylor a longtemps été connu surtout comme accompagnateur. En réalité il a joué un rôle clé dans le blues de Chicago de l’après-guerre et il a signé sous son nom des albums prestigieux. On peut le considérer aujourd’hui comme l’un des plus grands bluesmen de Chicago.


Arthur Big Boy Crudup
Arthur Big Boy Crudup, né en 1905 mort en 1974. Crudup est l’archétype du bluesman du Mississippi : une voix haute, un style vigoureux, un chant rude et une guitare redoutablement efficace. Arthur Big Boy Crudup a connu une vie de galère, occupant des emplois dans une fonderie, fermier, employé de chemin de fer, dans la voirie, bûcheron, livreur etc. Toujours sur les routes, il se produit dans les bals. Comme beaucoup d’autres, il émigre à Chicago, joue dans les rues, il est remarqué par Big Bill Broonzy et il peut enregistrer pour la marque Bluebird à partir de 1941.
On l’a dit dans cette émission, c’est cette chanson qui a permis à Elvis Presley d’obtenir huit ans après son premier succès, décisif. C’est un aspect bien connu. Deux autres points méritent d’être soulignés. D’abord, l’influence sur Presley ne s’est pas limitée à la reprise de That’s All Right. Presley a aussi repris My Baby Left Me et So Glad You’re Mine. Mais surtout, la formation et le style de Crudup appuyé sur le trio guitare, basse, batterie, constitue la matrice du rockabilly. Ajoutons à cela que Crudup n’a touché aucun droit d’auteur pour That’s All Right, comme pour beaucoup d’autres de ses compositions (je pense notamment à Rock Me Mama, repris par B.B. King et une foultitude d’autres artistes. Mieux ! C’est Presley qui a signé le titre pour That’s All Right et empoché les droits pour ce blues devenu un classique du rock ‘n’ roll !
Y a pas de justice ! Mais Radio Transparence veille au grain et est là pour rétablir la vérité. Arthur Big Boy Crudup est l’un des très grands noms du blues et sa contribution à la naissance du rock ‘n’ roll a été déterminante.


Lightnin’ Hopkins
Un autre géant du blues, Lightnin’ Hopkins. De son vrai nom Sam Hopkins, Lightnin’ Hopkins était un chanteur guitariste du Texas qui a passé des années avant guerre à mener une vie errante en jouant dans des soirées ou des campements d’ouvriers. Il a accompagné le légendaire Blind Lemon Jefferson, guitariste aveugle qui a exercé une grande influence sur les bluesmen texans. Il est baptisé Lightnin’, l’éclair, à la fin des années quarante alors que son compère, le pianiste Wilson Smith est surnommé Thunder, le tonnerre. Ensemble, ils gravent des faces pour Aladdin et le morceau Katie Mae remporte un grand succès en 1946. Il a connu plusieurs autres succès dans l’immédiat après-guerre grâce à sa voix chargée d’émotion et à un jeu de guitare suramplifiée très incisif. Jusqu’en 1954, il enregistre de manière prolifique pour de nombreuses marques. Des morceaux comme Short Haired Woman en 1947, Fast Life Woman en 1949 ou Coffee Blues en 1950 assoient sa notoriété.
Que dire sur la carrière de Lightnin’ Hopkins ? Après un trou entre 1954 et 1959, Lightnin’ Hopkins devient l’une des grandes figures du blues revival des années soixante. Dès lors il ne cessera plus de se produire et d’enregistrer. Lightnin’ Hopkins était quelqu’un de spontané et d’étonnant. Il était capable d’empocher un cachet de plusieurs milliers de dollars d’une maison de disques et en sortant d’aller jouer au coin de la rue avec sa guitare et recevoir quelques pièces données par les passants.
Il y a quelques années, un sondage parmi les lecteurs d’une revue spécialisée dans le blues en France avait montré que Lightnin’ Hopkins était le bluesman le plus populaire parmi les amateurs de blues. Lightnin’ Hopkins excelle aussi bien dans les morceaux lents qu’il charge d’un feeling incroyable que dans les boogies rapides où il dégage un swing exubérant inégalable. Il faut ajouter à cela une personnalité extraordinairement attachante pour son authenticité, sa poésie, son humour, sa philosophie de la vie. Lightnin’ Hopkins, c’est le blues. Que dire de plus ?
► Talkin’ Some Sense


John Lee Ziegler
Avec l’artiste que je vais vous présenter maintenant, vous allez avoir l’impression de changer d’univers. C’est toute la magie du vrai blues noir, dont l’incroyable force primitive s’est retrouvée plus ou moins diluée dans toute la musique moderne.
Ce bluesman s’appelle John Lee Ziegler. On le trouve partout orthographié « Ziegler », mais lui-même disait que son nom s’épelait « Zeiglar ». Il est né en 1929 à Houston et il est mort également à Houston en 2008. Il a pourtant dû vivre en Géorgie puisqu’on le trouve sur les compilations de George Mitchell consacrées à la musique de cet Etat du sud, et notamment sur celle intitulée Georgia Blues Today parue en 1981 dont est extrait le morceau qu’on va entendre, Used To Be Mine But Look Who Got Her Now.  
Personnellement, je trouve ce morceau extraordinaire. Il dégage un feeling extrême. La voix, le son, même les cris des enfants derrière (qu’on entend beaucoup moins d’ailleurs que sur les autres morceaux de John Lee Ziegler de la compilation Georgia Blues Today), tout cela contribue à donner cette touche d’authenticité spéciale qui fait qu’on a l’impression de se retrouver dans l’arrière cour d’une ferme en Géorgie face à gars qui vous exprime toute la misère que les Noirs ont pu ressentir depuis trois siècles.
On est loin, très loin, des clubs, des tavernes, des basses ambulantes, du swing et de la danse, on est plongé dans une atmosphère rurale pauvre et c’est énorme.
On réécoutera John Lee Ziegler car les autres morceaux qu’il a enregistrés sont du même niveau.


Guitar Slim
Nous filons à la Nouvelle Orléans pour retrouver un superbe guitariste, Guitar Slim. Guitar Slim, de son vrai nom Eddie Jones, né en 1926, est mort prématurément en 1959, à l’âge de 32 ans, pour cause d’abus d’alcool. Ce fut une grande perte pour le blues, car la carrière de Guitar Slim s’annonçait extrêmement prometteuse.
En 1949 il constitue un trio avec Huey Piano Smith et le batteur Willie Nettles. En 1951 il enregistre pour Imperial, la grande marque de la Nouvelle Orléans. En 1952, il obtient un premier succès chez Bullett avec le morceau Feelin’ Sad. En octobre 1953, il grave pour Specialty « une des plus belles séances d’enregistrement de l’histoire du blues » selon le critique Gérard Hertzhaft. Parmi les quatre morceaux gravés ce jour là, figure The Things That I Used To Do dont l’arrangement est dû à Ray Charles et qui décroche la première place au Billboard. On l’écoute.
The Things That I Used To Do a connu un énorme succès (un million d’exemplaires vendus) et ses reprises ne se comptent plus. Guitar Slim a beaucoup enregistré par la suite jusqu’à sa mort. Il est resté très populaire jusqu’au bout, fauché trop tôt par l’alcool en 1959.
Guitar Slim a été une des principales figures du blues de la Nouvelle Orléans de l’après-guerre.


Fats Domino
Un artiste incontournable à plus d’un titre : Antoine Fats Domino, né en 1929 , décédé le 24 octobre de cette année. Fats Domino se situe à la lisière de plusieurs styles : blues, rhythm and blues, rock ‘n’ roll. Il s’inscrit pleinement dans la tradition des chanteurs de blues de la Nouvelle-Orléans avec un style exubérant et un jeu de piano inspiré par Professor Longhair. C’est aussi un des vrais créateurs noirs du rock ‘n’ roll, à côté de figures telles que Louis Jordan ou Big Joe Turner. 
Fats Domino a commencé sa carrière au sein de l’orchestre du saxophoniste Dave Bartholomew. Il enregistre sous son nom en 1949 pour la marque locale Imperial qui démarrait à ce moment-là. Il remporte immédiatement un premier succès avec The Fat Man. On l’écoute. 
The Fat Man est un immense succès commercial. Le million d’exemplaires vendus est rapidement atteint. La marque Imperial décolle. Fats Domino a ouvert la voie à de nombreux chanteurs locaux, comme Archibald ou Smiley Lewis. Le style rhythm ans blues de la Nouvelle Orléans est né.
Fats Domino est l’un de ceux qui ont contribué à faire tomber la barrière entre les publics, noir et blanc, et les hit-parades. Jusqu’ici les succès des noirs étaient copiés par des artistes blancs – ce qu’on a appelé les « cover versions » – qui les capitalisaient au profit d’un public blanc plus large. Les nombreux succès de Fats Domino, notamment Ain’t That A Shame enregistré en 1955, vont être classés dans la même rubrique que les chansons des blancs dans le Billboard, le magazine américain qui publie les hit-parades, tandis que les cover versions de Pat Boone feront un flop retentissant.
Fats Domino est l’auteur d’une série incroyable de standards : Don’t You Lie To Me, Hey Là-bas, Going Home, Blueberry Hill, I’m Ready, I’m In A Love Again, Blue Monday, My Girl Josephine… Aucun autre chanteur de rhythm and blues n’a eu autant de succès que lui. Fats Domino est incontestablement le king du rhythm and blues, un king qui a réussi à percer pleinement dans le rock ‘n’ roll.
Si quelqu’un mérite d’être qualifié de légende vivante, c’est bien Fats Domino !



Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

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