mercredi 13 décembre 2017

Séance 13 A


HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !





Séance 13



1/ Champion Jack Dupree 
Un pianiste pour démarrer l’émission : Champion Jack Dupree. William Thomas Dupree, connu sous le nom de Champion Jack Dupree, est né à la Nouvelle Orléans le 4 juillet 1910 (4 juillet, c’est le jour de la fête nationale des Etats-Unis) et il est mort à Hanovre, en Allemagne, en 1992.
Ses parents ont péri dans un incendie et il a été élevé dans le même orphelinat de la Nouvelle Orléans que Louis Armstrong. Il apprend très tôt le piano mais il se retrouve à la rue à quatorze ans et il se lance dans la boxe pour gagne sa vie. Il se construit une petite réputation, c’est de là qu’il tire son surnom de « Champion ». Mais un combat tourne mal et il revient alors au piano. Il côtoie le grand pianiste Leroy Carr, qui va beaucoup influencer son jeu, et son associé le guitariste Scrapper Blackwell. Il fera même équipe un temps avec Blackwell après la mort de Leroy Carr.
En 1938, Champion Jack Dupree s’installe à Chicago et en 1940 / 1941 il enregistre plus d’une vingtaine de titres pour la marque Okeh. En 1944, après la mort de sa femme, il déménage à New York et là il devient une figure importante de la scène locale du blues. Il enregistre alors de manière prolifique pour de multiples marques avec des artistes comme Sonny Terry, Brownie McGhee, Larry Dale, Mickey Baker
Parmi ces enregistrements figure Bus Station Blues, enregistré à New York donc, en 1945. On écoute Bus Station Blues. Champion Jack Dupree au chant et au piano est entouré de Brownie McGhee à la guitare et de Count Edmonson à la basse.
En 1953, Champion Jack Dupree signe avec King et il grave de nombreux morceaux superbes. Idem avec Atlantic qui l’engage en 1958. En 1960 il s’installe en Europe. Il lui faut un peu de temps pour se fixer puisqu’il réside successivement en Suisse, au Danemark, en Angleterre et enfin en Allemagne où il choisit de rester. Il participe à des festivals et Il grave de nombreux albums. Ses productions sont toujours d’un très bon niveau. 
Champion Jack Dupree balance des blues solides dans le style barrelhouse. On trouve dans son jeu quelques pointes venues de la Nouvelle Orléans et peut-être de son ami d’enfance Professor Longhair, ce qui contribue à donner un caractère original à ses morceaux. Il a souvent été accompagné par des musiciens remarquables, ce qui a donné des productions de très grande qualité.


2/ A.C. Reed
On reste dans le blues avec un joueur de saxophone,  A.C. Reed. Aaron Corthen, initiales AC, est né en 1926 et il est décédé en 2004. Il a pris le surnom de Reed en hommage à son ami Jimmy Reed et il est donc connu sous le nom de AC Reed. 
Il arrive à Chicago durant la deuxième guerre mondiale. Dans les années quarante il joue avec le guitariste Earl Hooker et le pianiste Willie Mabon. En 1956 il tourne avec Dennis Binder. Dans les années soixante, c’est un musicien de studio pour les marques de Mel London, Chief, Profile, Age. 
En 1961 il sort un single qui obtient un succès régional, This Little Voice. On écoute This Little Voice. AC Reed au chant est accompagné notamment par Douglas Watson à la guitare et Julian Vaughan à la batterie.
Dans les années soixante, jusqu’en 1977, AC Reed travaille avec Buddy Guy et Junior Wells. Ensuite il joue avec Son Seals, Albert Collins. Dans les années quatre vingt il enregistre pour Alligator. Par la suite il a tourné avec son groupe, les Spark Plugs. 
AC Reed n’est pas très connu, ce n’est pas un musicien de premier plan. Il fait partie de ces accompagnateurs éternellement relégués pour jouer les seconds rôles à l’arrière plan des grandes vedettes. C’est le cas de beaucoup de joueurs de saxo. Le morceau qu’on a entendu démontre pourtant qu’ AC Reed possédait des qualités qui allaient au-delà de celles qui sont habituellement dévolues aux seconds couteaux.


3/ Everly Brothers
On change de style avec les Everly Brothers, un duo de frangins qui avait fait ses premiers pas dans la country music, avant de devenir des idoles pour les teenagers des années cinquante dans le style du rock ‘n’ roll. 
Don Everly, l’aîné, est né en 1937 et vit toujours, tandis que Phil Everly, né en 1939 est mort en 2014. Ils ont commencé par animer une émission dans une station de radio de l’Iowa. C’est en 1955 qu’ils forment leur duo de chanteurs professionnels. Ce genre de duo était assez répandu dans la country music. Je pense aux Delmore Brothers, aux Blue Sky Boys, aux Monroe Brothers ou encore aux Louvin Brothers. Remarqués par Chet Atkins, guitariste et producteur, les frères Everly signent chez Columbia en 1956. Il en sortira un 45 tours qui n’aura guère de succès. 
La suite de leur histoire est bien significative de ce qui s’est passé à l’époque pour le rock ‘n’ roll. Parmi les maisons de disques, le grandes, celles qu’on appelait les « majors », ne s’intéressaient guère à des genres comme le blues et le rock ‘n’ roll car elles trouvaient que le public était trop restreint. Elles préféraient la variété, bien plus lucrative. Dans ces conditions, sans vrai soutien, sans promotion pour lacer un chanteur, il était quasiment impossible de percer directement chez elles dans un style considéré comme marginal. Mais au sein de ces grandes marques travaillaient des gens bien décidés à montrer qu’on pouvait produire des jeunes artistes comme les Everly Brothers. Et c’est ainsi que le directeur du département country de Columbia a déniché une marque indépendante, Cadence, et a fait travailler son équipe en sous-main pour produire les Everly Brothers.
Le résultat est immédiat. Sur les dix premiers 45 tours des Everly Brothers chez Cadence, huit ont été classés au Top 10 national ! Sur le premier, Bye Bye Love en 1957 atteint la deuxième place. On l’écoute
En 1957 encore, Wake Up Little Suzy atteint le n°1. En 1958 All I Have To Do Is Dream et Claudette sont également n°1. En 1958 encore, Bird Dog et Problems sont n°2. En 1959, trois autres morceaux ont été classés. Les textes des chansons sont conçus pour coller aux préoccupations adolescentes. 
En 1960, les deux frères signent chez Warner, une major. La politique des grandes firmes est la même dans l’industrie du disque que dans le reste de l’industrie. Elles laissent prendre tous les risques aux start up, dans la musique on dit les indépendants, et elles rachètent les contrats et les vedettes dès que ces dernières ont atteint la consécration. C’est ce qui était arrivé à Elvis Presley, racheté à Sun Records par RCA/Victor pour 30 000 dollars plus une Cadillac pour Elvis. Et comme le fit RCA pour Presley, la Warner orienta les frères Everly vers le marché de la variété beaucoup plus juteux que celui du rock ‘n’ roll. Les grandes firmes ont tué le rock ‘n’ roll.
Les Everly Brothers ont sorti quelques 45 tours à succès chez Warner, dont Cathy’s Clown, n°1 en Grande-Bretagne. Comme pour tous les chanteurs de rock ‘n’ roll, la popularité des frères Everly décline à l’arrivée des Beatles et des Rolling Stones. En 1973 les frères se séparent pour faire carrière en solo.  Ils se retrouvent en 1983 pour sortir un double album. Un autre album est paru en 1986. 


4/ Jerry McCain
On revient au blues avec un chanteur harmoniciste, Jerry Boogie McCain. Jerry McCain est né dans l’Alabama en 1930 et il est décédé en 2012. Lui aussi a été accompagné par son frère, Walter, qui jouait de la batterie.
Jerry McCain a commencé par jouer dans les rues et les cafés. Il a participé à des émissions de radio. C’est en 1951/1952 qu’il constitue son premier orchestre. Ses premier enregistrements, pour la marque Trumpet, datent de 1954. Le décollage se produit avec la firme Excello pour laquelle il réalise des sessions entre 1955 et 1957. A retenir de cette période des titres comme The Jig’s Up ou My Next Door Neighbor qui remportent des succès locaux. 
Jerry McCain effectue ensuite des enregistrements pour Rex Records en 1960. C’est à cette occasion qu’il réalise She’s Tough, son plus grand succès. On l’écoute. Jerry McCain est au chant et à l’harmonica, Fred Bush au piano, Christopher Collins à la guitare, L.M. Jackson autre guitare et Walter McCain, le frère, à la batterie.
Après avoir officié chez Rex Records, Jerry McCain signe chez Okeh, la filiale de Columbia. Il en sort en 1962 Red Top, un quasi instrumental (quasi, parce qu’on entend sur la fin un chœur de voix féminines en fond), qui est encore un succès.
Dans les années soixante, Jerry McCain enregistre abondamment pour Ric, Continental, Jewel. En 1969,  il se fait détective privé et mène de front les deux carrières, ce qui est quand même assez dingue ! Au début des années soixante dix il enregistre encore pour Jewel, Royal American Romulus et le morceau Welfare Cadillac Blues est un succès dans le Sud. Jerry Boogie McCain a sorti plusieurs albums à la fin des années quatre vingt.
Jerry McCain s’est forgé un style d’harmonica sous l’influence de Little Walter, l’un des grands maîtres de cet instrument dans l’après-guerre. Son style est souvent exubérant et la plupart de ses chansons sont d’un niveau extrêmement élevé.


5/ Lowell Fulson
Nous allons parler d’un autre bluesman à présent, un guitariste cette fois, Lowell Fulson. On trouve parfois son nom sous l’orthographe de Fulsom, avec un m et non un n, pas d’inquiétude, c’est le même. Pourquoi ces différences de noms ? Pour des raisons de gros sous et de contrats : quand un artiste avait signé pour une firme en exclusivité, il n’était pas rare après guerre de le trouver sous un autre nom à peine différent chez une autre marque. Les apparences étaient sauves, le contrat respecté dans la forme sinon dans le fond.
Lowell Fulson est né dans une réserve indienne de l’Oklahoma en 1921 et il est mort en 1999. Il se revendiquait d’ascendance tantôt Cherokee, tantôt Choctaw. Les Indiens ont joué un rôle non négligeable dans le blues. Au-delà de quelques grands noms du blues, tels que Tampa Red, Charley Patton ou Lowell Fulson, l’influence amérindienne dans les origines du blues est mise en avant depuis quelques années par certains chercheurs. On trouverait des traces de cette influence dans l’utilisation de la gamme pentatonique venue d’Asie et dans une certaine façon de jouer le blues du Delta.
Lowell Fulson a accompagné en 1939/1940 le légendaire chanteur aveugle texan Texas Alexander. Il s’établit ensuite en Californie. Accompagné de son frère Martin (on est dans les fratries aujourd’hui), il grave ses premiers disques pour de petites marques californiennes, Big Town, Swing Time, à partir de 1946. Il entame une collaboration avec le pianiste Lloyd Glenn en 1947. Il se met alors à collectionner les succès nationaux : Everyday I Have The Blues (reprise d’un morceau de Memphis Slim), Blue Shadows, Low Society Blues, I’m A Night Owl. 
En 1954, Lowell Fulson engage pour l’accompagner les musiciens du jazzman Hot Lips Page et signe pour Checker, filiale de Chess. C’est pour cette marque qu’il enregistre en 1955 son plus grand succès, Reconsider Baby. On l’écoute.
Reconsider Baby est aujourd’hui un standard du blues, qui a fait l’objet de reprises bien au-delà du blues. Dans la même période, Lowell Fulson a gravé une série de morceaux que le critique Gérard Hertzhaft considère comme faisant partie des meilleurs de l’après-guerre : Tollin’ Bells, That’s All Right, I Want To Know
En 1964 Lowell Fulson passe chez Kent. Il obtient deux grands succès nationaux : Tramp et Black Nights. A partir de 1970 son succès s’émousse. il continue à enregistrer mais il ne décroche plus de hits. On peut dire de Lowell Fulson qu’il a été, avec T-Bone Walker, le grand créateur du blues moderne de la Côte Ouest.


6/ Donnie Elbert
Place à présent à un chanteur de rhythm and blues, Donnie Elbert. Donnie Elbert, né à la Nouvelle Orléans en 1936, décédé en 1989, possède une incroyable voix de falsetto qui rend difficile de distinguer de prime abord si c’est une voix masculine ou féminine quand il chante dans les aigus.
Donnie Elbert a formé en 1955 un groupe de doo-wop qu’il quitte en 1957 pour faire une carrière solo. Il signe un contrat avec DeLuxe, filiale de la marque King. Il décroche alors une douzième place au Billboard R & B avec What Can I Do ? Il obtient des succès régionaux avec des morceaux comme Believe It Or Not et Have I Sinned ? C’est en 1958 que paraît Let’s Do The Stroll qu’on écoute à présent. 
C’est du doo wop ! Curieusement, Donnie Elbert n’est pas très connu alors qu’il possédait une voix exceptionnelle et qu’il a remporté un certain nombre de succès non négligeables. On peut citer Someday, chez Red Top en 1959, Will You Ever Be Mine ? chez Vee-Jay en 1960, ou bien plus tard en 1969 Can Not Get Over Perder et surtout une reprise des Supremes en 1972 Where Did Our Love Go avec laquelle il atteint la sixième place au Billboard R & B et la quinzième au classement de la pop music.
Et Donnie Elbert a obtenu par la suite plusieurs succès mineurs. C’est donc un chanteur qui a compté pendant une vingtaine d’années, au-delà des années soixante, ce qui n’est pas si fréquent chez les chanteurs de rhythm and blues, notamment dans le doo wop.


7/ Little Al Thomas
On revient au blues pur et dur avec le chanteur guitariste Little Al Thomas. Little Al Thomas a créé la surprise en 1999 en réalisant un album intitulé « South Side Story » dans un pur style Chicago d’un niveau tout à fait excellent. Comment un artiste inconnu de 69 ans pouvait-il réaliser une prestation qui éclipsait quasiment celles des meilleurs bluesmen encore en activité ? La réponse est simple. Little Al Thomas fait partie de cette cohorte de bluesmen authentiques et de grand talent qui ont hanté pendant longtemps la rue légendaire de Chicago, la fameuse Maxwell Street où l’on pouvait écouter les meilleurs bluesmen de Chicago, très souvent dépourvus du moindre contrat avec une maison de disques.
Little Al Thomas est né en 1930. Pendant des années, comme tant d’autres, il bossait dans une aciérie le jour et il jouait dans des clubs la nuit. Il a eu l’occasion de faire les premières parties de Bobby Blue Bland dans les années soixante. Il a aussi travaillé avec le guitariste Lacy Gibson. Mais il lui aura fallu attendre des décennies avant de pouvoir enregistrer. Et manque de chance, la maison qui a produit son album, Cannonball Records, a fait faillite peu après. 
Little Al Thomas a pu néanmoins participer au festival de blues de Lucerne, en Suisse, en 2000. Il en est issu un CD intitulé « In the house ». La prestation de Little Al Thomas, accompagné par le Crazy House Band, est du même niveau que l’album sorti l’année précédente.
On écoute un titre de ce CD. Il s’agit d’une reprise d’un vieux standard de Big Bill Broonzy, Feel So Good.      
Little Al Thomas, enregistré en live au Lucerne Blues Festival, en 2000. Super CD que ce « In The House », par Little Al Thomas et le Crazy House Band paru chez Crosscut.
Il n’est plus paru d’enregistrement de Little Al Thomas depuis. Dommage !


8Arthur Smith
L’artiste suivant est un très grand guitariste de la country music, qui est curieusement bien moins connu que son titre le plus célèbre, Guitar Boogie, qui lui a valu son surnom. Il s’agit d’Arthur Smith, né en 1921, décédé en 2014, qu’on appelait Arthur Guitar Boogie Smith pour le distinguer d’un violoniste de country, Fiddlin’ Arthur Smith.    
Je me souviens que Guitar Boogie faisait fureur en France dans les années soixante. Le morceau a même servi d’indicatif à une émission de radio nationale. Mais on ne savait absolument rien d’Arthur Smith. En fait, Guitar Boogie est une des meilleures productions d’un style dérivé du western swing, le country boogie. Historiquement, le country boogie apparaît officiellement en 1939 avec le morceau de Johnny Barfield intitulé Boogie Woogie. Les grands noms du country boogie sont Arthur Smith, les Delmore Brothers, Moon Mullican, Merle Travis, T-Texas Tyler…  
Guitar Boogie a été enregistré en 1945 pour une petite marque de disques, Superdisc. Par la suite la MGM rachètera Superdisc et les droits afférents et rééditera Guitar Boogie qui obtiendra un grand succès en 1949 : numéro 8 pendant sept semaines au hit-parade country.
On écoute Guitar Boogie avec, outre la guitare d’Arthur Smith, Don Reno à la guitare rythmique et Roy Lear à la basse.
Un boogie impeccable, parfait. Ce morceau a beaucoup fait pour l’essor du country boogie et du boogie tout court. On trouve les premières esquisses de boogie à la guitare chez Blind Lemon Jefferson, dans Matchbox, enregistré en 1927 et il faut attendre 1947 pour trouver un véritable morceau de boogie à la guitare par un bluesman, Big Mama Jump de Lightnin’ Hopkins. Le Boogie Chillen de John Lee Hooker date quant à lui de 1948.
Arthur Smith a enregistré de nombreux morceaux de country boogie de grande qualité. Il faut signaler tout particulièrement Feulin’ Banjos enregistré en 1955 repris dans le film Délivrance sous le titre Dueling Banjos. La scène du film en question est assez hallucinante. Cela se passe en pleine nature sauvage, dans une atmosphère lourde avec des villageois qui vivent à l’écart du monde civilisé et un jeune trisomique prend de vitesse au banjo le guitariste citadin qui lui apprenait le morceau. C’est un film très dur, éprouvant, mais à recommander pour la bande son évidemment ! Pour être complet, j’ajoute qu’Arthur Smith a dû batailler ferme au tribunal contre la Warner pour obtenir ses droits d’auteur. Selon le commentaire de Gérard Hertzhaft dans le livret du coffret de la collection Frémeaux consacré au country boogie, le directeur commercial de la Warner aurait déclaré cyniquement à Smith : « Un hillbilly de votre espèce n’a aucune chance de gagner contre nous. Alors pourquoi vous payer des royalties ? » Quand on vous dit que le capitalisme est la meilleure forme de société, ayez confiance… ! L’histoire finit bien car Arthur Smith a gagné son procès et empoché un pactole qu’il a investi dans un label indépendant.
Enfin, pour les amateurs de banjo, je signale que la face B du 45 tours de Guitar Boogie est un superbe morceau de banjo intitulé Banjo Rag. A ne manquer sous aucun prétexte… 


9/ Larry Williams
Nous allons parler à présent d’un chanteur pianiste de rhythm and blues et de rock ‘n’ roll qui a remporté de très grand succès sans pour autant parvenir à la notoriété d’un Little Richard ou d’un Bo Diddley. Il s’agit de Larry Williams, né en 1935, décédé en 1980. 
Son nom officiel était Lawrence Eugene Williams. Il fait partie de cette génération de brillants pianistes de la Nouvelle Orléans qui ont suivi les traces de Professor Longhair et Fats Domino. C’est un cousin de Lloyd Price et il commence par travailler pour lui en 1954. Il bosse également avec Roy Brown et Percy Mayfield. C’est en 1955 que se produit le déclic. Il devient pote avec Little Richard et signe chez Specialty, une marque locale qui vise le public du rock ‘n’ roll.
Le succès ne se fait pas attendre. En 1957, Short Fat Fannie atteint le numéro cinq au classement de la pop music. Le concept novateur de cette chanson signée Williams sera par la suite reproduit un nombre incalculable de fois : la chanson est entièrement composée de mots et de noms tirés de succès de rock ‘n’ roll, genre « elle passe par le Heartbreak Hotel (Elvis), elle marche sur mes blues suede shoes (Carl Perkins), mais c’est mon tutti frutti (Little Richard) ». Deux autres morceaux sont classés en 1957, Bony Moronie et You Bug Me Baby, et une autre en 1958, Dizzy Miss Lizzy, dont le titre joue sur les consonances à la manière de Lawdy Miss Clawdy de Lloyd Price ou encore de Good Golly Miss Molly de Little Richard.
C’est un autre morceau que nous allons entendre. Specialty ne l’avait pas édité à l’époque. il figure sur un double CD, « Larry Williams At His Finest »,  paru chez Ace en 2004. La quinzaine de faces inédites qui figurent sur ce CD de 2004 avait éberlué le disquaire qui tenait la dernière boutique parisienne spécialisée dans le blues avant que les ventes sur le web ne fassent tout disparaître, Black Cherry Blues. Et pour cause ! On découvrait là un Larry Williams au niveau de ce qu’il s’est fait de mieux dans le rock ‘n’ roll noir. Qu’on en juge ! On écoute Baby’s Crazy.
Pourquoi un tel morceau n’est-il pas sorti en 57 ou 58 ? Mystère.
Dans les années soixante, Larry Williams s’est tourné vers le style funky. Il collabore avec Johnny Guitar Watson. Il a connu par la suite de sérieux ennuis liés à la drogue. A noter que Paul McCartney a revendiqué Larry Williams comme sa principale influence et les Beatles ont repris trois morceaux de Larry Williams.


10/ Luther Allison
On termine l’émission avec Luther Allison, chanteur guitariste né en 1939 dans l’Arkansas, mort en 1997 à Paris. 
Il a commencé en 1955 dans l’orchestre de son frère. Il a formé son groupe en 1957 avec Bobby Rush. Puis il a travaillé avec Freddie King puis Big Mojo Elem. Il grave son premier album en 1967, « Love Me Mama », pour Delmark. Il se place alors clairement dans la lignée de la jeune génération du West Side de Chicago. Il a gravé par la suite de nombreux albums.
On écoute un morceau extrait d’un album enregistré en France en 1977 pour Black and Blue, Love Me Papa. Luther Allison au chant et à la guitare est entouré de Sig Winfield au piano, Dan Hoeflinger à la guitare, Jim Campbell à la basse et Donald Robertson à la batterie. 
Le CD a été gravé pendant la tournée du Chicago Blues Festival de 1977. Il s’appelle « Standing at the crossroad », chez Black and Blue.  
Si Luther Allison choisit de se fixer à Paris à la fin des années soixante dix, c’est bien parce que le blues n’a plus vraiment les faveurs du public de Chicago. Luther Allison a produit des albums d’un bon niveau. Il s’est éteint en France. Tout un symbole.


Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire