mercredi 14 mars 2018

Séance 21 A


HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !



Séance 21



1/ Billie Holiday
On commence l’émission avec une chanteuse de jazz, Billie Holiday. Eh oui, son autobiographie, pas mal enjolivée il faut le dire, dont on a tiré un film avec la chanteuse Diana Ross dans le rôle de Billie Holiday, a pour titre « Lady Sings The Blues », mais c’était bien une chanteuse de jazz. Une chanteuse qui aura drôlement galéré dans sa vie dès le départ. Née en 1915, plus ou moins abandonnée par ses parents, elle est envoyée en maison de redressement, un monde de violence et de viol, elle connaît la prostitution, la prison et les drogues dures. Elle était sans arrêt sous la coupe d’escrocs qui la terrorisaient. Sans parler du racisme bien sûr, qui faisait qu’une femme noire ne pouvait pas chanteur au milieu d’un orchestre blanc dans les années trente, quarante. Elle devra écourter une tournée avec l’orchestre d’Artie Shaw parce qu’elle n’était pas acceptée dans les hôtels avec les Blancs.
C’est dans ce contexte extrêmement dur qu’elle a produit des morceaux splendides. Grâce au critique producteur  John Hammond elle a pu enregistrer à partir de 1933 pour Columbia. Son véritable succès démarre à partir de 1935, elle devient une vedette du jazz new-yorkais. 
On écoute un morceau enregistré en 1940 qui est un grand classique du jazz, St. Louis Blues. Billie Holiday est accompagnée par l’orchestre de Benny Carter avec Bill Coleman à la trompette, Benny Morton au trombone, Benny Carter à la clarinette, George Auld au saxo ténor, Sonny White au piano, Ulysses Livingston à la guitare, Wilson Myers à la basse et Yank Porter à la batterie.
Billie Holiday a connu bien des hauts et des bas aussi. Elle a chanté avec les plus grands orchestres de jazz, avec Louis Armstrong, Duke Ellington, Count Basie etc. Sa tournée européenne de 1954 lui a fait un bien fou. Malgré les coups durs, l’alcool et la drogue, elle a chanté jusqu’à la fin de sa vie.
Le saxophoniste Lester Young l’avait surnommée Lady Day. C’était en effet une Lady, une grande dame du jazz, dotée d’une voix et d’un sens du feeling et du swing exceptionnel.


2/ Mercy Dee Walton
On continue avec un chanteur et pianiste texan, Mercy Dee Walton. Mercy Dee est surtout connu pour être l’auteur d’un morceau, One Room Country Shack, qu’il a enregistré en 1953 et qui est devenu un standard du blues et même du rock. 
Mercy Dee est né en 1915 au Texas. Il a tourné essentiellement sur la Côte Ouest. Il faut dire que bien souvent les musiciens du Texas font aussi carrière à San Francisco, Los Angeles, sur la Côte Ouest terriblement attractive, avec plein de pognon, de bars et de clubs.
Mercy Dee a commencé à enregistrer en 1949 pour une petite marque. Par la suite, il a gravé de nombreuses faces pour Imperial, Specialty et d’autres marques.
En 1961 il a sorti deux albums, un pour Arhoolie, un autre pour Prestige/Bluesville. On écoute un morceau tiré de l’album Arhoolie, Red Light. 
Red Light, un morceau qui prouve que Mercy Dee n’est pas que l’homme d’un seul morceau, One Room Country Shack, qu’on aura évidemment l’occasion d’entendre dans une prochaine émission. Mercy Dee est en fait l’auteur de pas mal d’excellents morceaux : je pense à G.I. Fever ou encore à Dark Muddy Bottom qui a été repris par le chanteur de rock ‘n’ roll Billy Lee Riley.
Mercy Dee est décédé en 1962. La Côte Ouest a produit de nombreux pianistes. Mercy Dee était l’un des plus efficaces et les plus originaux.


3/ Cookie and His Cupcakes
Nous allons maintenant faire connaissance avec un nouveau style, la swamp pop ! On ne dira jamais assez combien la Louisiane est riche de traditions musicales diverses et surprenantes. Nous connaissions déjà le swamp blues, dont les héros sont Lightnin’ Slim et Slim Harpo, le cajun et le zydeco de Clifton Chenier ; voici maintenant le swamp pop qui en est proche puisqu’il s’agit d’un mélange de blues, de rhythm and blues, de country, de zydeco et de musique créole.
Le groupe le plus représentatif du genre est incontestablement celui de Cookie and His Cupcakes. Cookie est le surnom du chanteur saxophoniste Huey Thierry né en 1936. Cookie était fan de Hank Williams et surtout de Fats Domino. Il se joint à un groupe d’adolescents comme lui en 1952, les Boogie Ramblers, qui comptent un trompettiste, Ernest Jacobs (qui jouera ultérieurement du piano), Shelton Dunaway chanteur saxophoniste, Marshall LeDee guitariste et Simon Lubin à la batterie (remplacé plus tard par Ivory Jackson).      
Le groupe a passé un contrat avec une marque locale Goldband. Le premier disque sort en 1955. Le groupe prend le nom de Cookie and His Cupcakes en 1956. Leur premier hit date de 1958. Il s’agit d’un morceau appelé Mathilda, on l’écoute. 
Le groupe jouait déjà Mathilda dans les clubs et c’était devenu le morceau fétiche de la swamp pop avant d’être classé au hit-parade national. Le groupe enregistrera de nombreux titres jusqu’en 1965. Ils ont décroché un autre succès national en 1963 avec Got You On My Mind. Les causes de la fin du groupe en 1965 ne sont pas claires. Il semble que le racisme ne soit pas étranger à l’affaire : le groupe a dû jouer des poings sur la fin parce que certains voulaient l’empêcher de jouer. Toujours est-il que Cookie a préféré quitter le groupe et partir sur la Côte Ouest.
Bien des années après, en 1995, plusieurs membres du groupe, dont Cookie, se remis à jouer ensemble. Voilà ce qu’on pouvait dire sur Cookie and His Cupcakes, le groupe phare de la swamp pop !


4/ Place au blues à présent ! On va s’écouter un grand succès d’un géant de l’harmonica dont on a déjà parlé, Sonny Boy Williamson, Rice Miller de son vrai nom. 
Sonny Boy Williamson n°2 a connu deux périodes dans sa vie : la première dans le sud où dans les années trente, quarante, il a joué avec Robert Johnson, Howlin’ Wolf, Robert Nighthawk et d’autres. Il animait aussi une émission de radio ; la seconde à Chicago à partir des années cinquante. Le contrat qu’il signe alors avec Chess lui permet d’être entouré des meilleurs musiciens, Muddy Waters, Jimmy Rogers, le batteur Fred Below etc. Et là il a produit de véritables chefs d’œuvre.
C’est l’un de ces chefs d’œuvre qu’on va écouter. Il s’agit de Bring It On Home. Sonny Boy Williamson Rice Miller au chant et à l’harmonica est accompagné par Lafayette Leake ou Billy Emerson à l’orgue, Matt Murphy à la guitare, Milton Rector à la basse et Al Duncan à la batterie.
Le critique Gérard Hertzhaft parle de perfection à propos d’un morceau comme Bring It On Home, comme pour les chefs d’œuvre que Sonny Boy Williamson a enregistrés à la même époque tels que Help Me qu’on a déjà entendu dans l’émission, ou bien Don’t Start Me To Talking, Checkin’ Upon My Baby. Je partage cette appréciation, comme j’imagine la plupart des amateurs de blues.  
Arnaudon, pour sa part, parle de lui dans son Dictionnaire du Blues, comme le plus grand de tous les harmonicistes de blues. Compte tenu de la place importante qu’occupe l’harmonica dans le blues moderne, c’est dire la stature de Sonny Boy Williamson n°2, Rice Miller !
Nous aurons l’occasion d’en reparler en écoutant les autres chefs d’œuvre de cet artiste de génie.


5/ Warren Storm
Nous allons revenir à la swamp pop à présent, dans sa version blanche cette fois-ci, avec le chanteur, guitariste et batteur Warren Storm, qui a été surnommé « The godfather of the swamp pop », le parrain de la swamp pop. 
Le cas de Warren Storm me paraît tout à fait emblématique du sort réservé à certains musiciens et plus spécialement dans la swamp pop. Les qualités de Warren Storm lui permettaient de toute évidence de faire une brillante carrière dans le rock ‘n’ roll. S’il n’en a rien été, c’est juste une question de contrat, de label, de manque de promotion, de domination de certaines firmes, de choix de l’industrie du disque. On est ici dans une injustice qui va au-delà du clivage entre les Blancs et les Noirs, très fort à l’époque. Ainsi le meilleur copain de Warren Storm, Bobby Charles, un Noir qui est l’auteur de tubes majeurs du rock ‘n’ roll, comme le fameux See You Later Alligator dont Bill Haley a fait un hit important, est resté complètement inconnu. Beaucoup de musiciens de Louisiane, blancs et noirs, ont été confrontés à ce problème.
On écoute un morceau de la fin des années cinquante, la date précise n’est pas connue, If You Don’t Want Me.  
Le vrai nom de Warren Storm est Warren Schexnider. Il est né en 1937, en Louisiane évidemment. Son père était un musicien cajun qui a joué avec des groupes importants comme les Rayne-Bo Ramblers et les Happy Fats, et c’est lui qui lui a appris la guitare et la batterie.  
Warren Storm a formé son premier groupe de rock ‘n’ roll en 1956. Il a commencé à enregistrer pour le producteur J. D. Miller en 1958 et il décroche un hit classé au Top 100, Mama Mama Mama. Par la suite Warren Storm enregistre pour de nombreux labels. Au début des années soixante il forme un groupe, les Shondells, avec lequel il va se produire et enregistrer jusqu’en 1970 environ. Les Shondells auront deux hits régionaux. Warren Storm retrouvera une certaine popularité vers 2000 avec un autre groupe.
Certains estiment que son surnom de « parrain de la swamp pop » n’est pas vraiment fondé car d’autres artistes du genre ont commencé à jouer en même temps que lui. En tout état de cause une chose est sûre à mon sens : c’est bien Warren Storm qui était le meilleur du genre à l’époque. A noter par ailleurs que ses talents de batteur ont été très appréciés lorsqu’il accompagnait d’autres musiciens, dans tous les genres, pour les enregistrements de J. D. Miller.


6/ Left Hand Frank
On revient au blues avec le chanteur guitariste Left Hand Frank. De son vrai nom Frank Craig, Left Hand Frank, Frank « le gaucher », fait partie de ces très nombreux musiciens de grand talent qui tournaient à Chicago dans les années cinquante, soixante, en tirant le diable par la queue. Comme ils étaient nombreux, les places étaient chères. Tout le monde n’avait pas accès aux studios, aux enregistrements, aux équipes des marques comme Chess ou Vee-Jay. Des dizaines et des dizaines de musiciens jouaient dans la rue, devant les bars et les clubs car ils n’avaient pas forcément le droit d’entrer, bref c’était la débrouille totale.
Left Hand Frank a suivi le parcours classique. Il est né dans le Delta du Mississippi en 1935 et il a rejoint Chicago à l’adolescence. Chicago, « Sweet Home Chicago » comme disait Robert Johnson, rêvé comme une espèce d’eldorado par des millions de Noirs du sud sans emploi, pauvres et en proie à la ségrégation. 
Left Hand Frank est connu essentiellement comme accompagnateur, c’est un sideman comme beaucoup d’autres qui n’ont jamais réussi à enregistrer sous leur propre nom. Il tourne à Chicago à partir du milieu des années cinquante jusqu’à la fin des années soixante dix. Il a participé à des concerts avec Jimmy Rogers, Junior Wells, Jimmy Dawkins, Hound Dog Taylor... Ce qui l’a vraiment révélé, c’est d’avoir finalement pu enregistrer en 1978 quatre morceaux sous son nom pour la série « Living Chicago Blues » de la marque Alligator.
C’est là qu’on a pu voir qu’il était un bluesman de valeur. On écoute l’un des morceaux de la série « Living Chicago Blues » : le morceau s’appelle Blues Won’t Let Me Be.  
Ce morceau est extrait du premier volume de la série Living Chicago Blues parue chez Alligator ; une série de six CD que je recommande aux amateurs. Il ne s’agit pas d’une compilation artificielle : de nombreux morceaux, comme ceux de Left Hand Frank, ont été enregistrés spécialement pour la série.
A la fin des années soixante dix, Left Hand Frank déménage sur la Côte Ouest. Par la suite il raccroche en raison de problèmes de santé. Il est décédé en 1992.


7/ Furry Lewis
Voici maintenant un autre guitariste de blues, nettement plus des amateurs au moins, Furry Lewis. De son vrai nom Walter Lewis, Furry Lewis est né dans le Mississippi, peut-être en 1893, la date est incertaine, il est mort en 1981. Sa famille s’est établie à Memphis alors qu’il était très jeune.
Il a beaucoup voyagé dans le Mississippi, le Tennessee, à Chicago et il a ainsi fréquenté des artistes comme Blind Lemon Jefferson, Bessie Smith, Gus Cannon. Il commence à enregistrer pour Vocalion en 1927 et récidive l’année suivante pour Victor.
On écoute un morceau enregistré en 1928, Kassie Jones, première partie. Il existe un deuxième morceau, Kassie Jones, seconde partie qu’on aura l’occasion d’écouter dans une autre émission.
Pour gagner sa croûte, Furry Lewis travaillait comme ouvrier dans un garage. Pas évident car il avait été amputé d’une jambe après un accident de chemin de fer. Après 1930 il se fait balayeur pour la ville de Memphis et il le restera jusqu’à se retraite en 1966. Il ne se produisait plus qu’occasionnellement dans les rues ou lors de soirées.
Après une éclipse de trente ans, il est redécouvert par Sam Charters en 1959 à l’occasion du blues revival. Il réalise alors quelques sessions pour les marques Folkways et Prestige/Bluesville. Il participe ensuite à de nombreux festivals et enregistre abondamment.
Furry Lewis est un artiste important de la scène de Memphis des années vingt, trente. Il a incorporé en fait plusieurs apports : il pratique le bottleneck comme dans le Mississippi, les basses continues comme Frank Stokes, la figure tutélaire de Memphis et il pouvait chanter comme Jim Jackson, très populaire à Memphis dans ces années-là. Furry Lewis était sans doute une figure pittoresque, c’était aussi un magnifique guitariste de blues.


8/ Johnnie Lee Wills
On change de genre à présent avec le violoniste texan Johnnie Lee Wills. On a déjà entendu un Wills dans cette émission : Bob Wills, dans un des plus grands chefs d’œuvre de la country music, Steel Guitar Rag. Aujourd’hui nous parlons de son frère cadet, Johnnie Lee né en 1912, mort en 1984.
Johnnie Lee a fait partie de l’orchestre de son frère Bob, les Texas Playboys, pendant six ans, de 1934 à 1939. Ensuite il fonde son propre groupe puis revient s’associer avec son frère qui décide finalement de scinder son orchestre en deux. Johnnie Lee dirige l’un d’eux, Johnnie Lee and His Boys.
Johnnie Lee Wills commence à enregistrer pour Decca en 1941. Mais sa grande année, c’est 1949. Il obtient deux succès avec Rag Mop et Peter Cotton Tail On écoute le premier, Rag Mop, gros succès commercial. Johnnie Lee Wills est au chant, Julian Curly Lewis est au violon et au chant, Henry Boatman également, Don Harlan à la clarinette et au chant, Buster Magness à la steel guitar, Eb Gray à la guitare, Clarence Cagle au piano, Chuck Adams à la basse et Howard Davis à la batterie.
Il est vrai que l’auteur ne s’est pas foulé pour le contenu des paroles puisqu’il se contente d’épeler le titre de la chanson « r-a-g m-o-p » puis de réciter l’alphabet, mais c’est sans doute ce qui a amusé le public de l’époque. La technique avait déjà été utilisée sept ans auparavant en 1942 par Glenn Miller, l’auteur du célèbre tube In The Mood, dans un morceau intitulé I’ve Got A Gal In Kalamazoo. 
Johnnie Lee Wills continue à enregistrer au début des années soixante. Son groupe se dissout en 1964. Johnnie Lee Wills a alors ouvert un magasin de vêtements.
Johnnie Lee Wills avait en fin de compte un orchestre assez bluesy et au fil des ans son style s’est fait de plus en plus annonciateur du rock ‘n’ roll. Si son frère Bob a été bien plus connu que lui, son œuvre n’est pas à négliger. Elle a aussi compté dans l’histoire de la country. 


9/ Huey Piano Smith
Voici maintenant du rhythm and blues avec le pianiste Huey Piano Smith. Huey Pierce Smith, surnommé Piano Smith, est né en 1934 à La Nouvelle Orléans. Eh oui, on ajoute un pianiste de plus à la liste des pianistes de La Nouvelle Orléans, et ce n’est pas fini !
Huey Piano Smith a commencé par faire des accompagnements. Il tient le piano dans des sessions de Lloyd Price, d’Earl King, Smiley Lewis… C’est en 1957 qu’il forme son groupe Huey Piano Smith and The Clowns, avec Bobby Marchan qui fera une carrière solo par la suite. The Clowns : tout est dit dans le titre du groupe qui se spécialise dans des morceaux alliant des roulements de piano style Nouvelle Orléans, un rythme très accentué façon rock ‘n’ roll et des paroles gadget, de clowns quoi !
Huey Piano Smith signe chez Ace et frappe fort très vite avec le morceau Rockin’ Pneumonia And The Boogie Woogie Flu qui se vend à plus d’un million d’exemplaires et devient un standard du rhythm and blues et du rock ‘n’ roll. Il récidive l’année suivante avec Don’t You Just Know It qui atteint la quatrième place au hit-parade rhythm and blues et est également un gros succès commercial.
C’est alors que Ace lui fait une crasse pas possible ! Ils effacent la partie vocale chantée par Huey Piano Smith de plusieurs morceaux non édités et sortent les titres avec des chanteurs blancs ! L’industrie du disque s’est souvent comportée comme des requins vis-à-vis des artistes, surtout s’ils étaient noirs, mais là c’est quand même très fort ! Le taux de duplicité que les magnats de l’industrie et du capitalisme peuvent déployer pour augmenter leurs profits m’étonnera toujours…
Du coup Huey Piano Smith quitte Ace et passe chez Imperial. Il joue avec Fats Domino et Dave Bartholomew. Mais le succès ne suivra pas. Pourtant, les faces qu’il grave en 1960, 1961 pour Imperial sont des petits chefs d’œuvre de rhythm and blues et de rock ‘n’ roll.
On écoute le premier morceau gravé pour Imperial en 1960, The Little Moron. Dans la bande des clowns se trouvent James Rivers, Robert Parker et Walter Kimble aux saxos ténor, Justin Adams et George Davis aux guitares, George French à la basse et Robert French à la batterie. Et bien sûr Huey Smith au piano !
Huey Piano Smith n’a pas trouvé le succès chez Imperial. Le pire, c’est que Huey Piano Smith a été contraint de revenir chez Ace parce qu’il avait signé un contrat longue durée. Il reprend un morceau qu’il avait enregistré précédemment, Popeye,  et que Ace avait sorti avec un autre chanteur. Cette fois ça marche, le morceau sera classé au niveau national.
Huey Piano Smith n’a pas eu d’autres succès et le genre décline dans les années soixante. Il tentera plusieurs retours par la suite, sans succès.
Huey Piano Smith, qui je pense vit toujours, reste comme un pianiste important de La Nouvelle Orléans, pionnier du rock ‘n’ roll. Pour moi, c’est un des grands noms du rhythm and blues. Ce n’est que mon avis, mais je le partage !


10/ Wilbert Harrison
On termine l’émission avec Wilbert Harrison, né en 1929, mort en 1994, chanteur, guitariste, pianiste, harmoniciste, homme orchestre en fait !
Wilbert Harrison  est avant tout connu pour son grand succès de 1959, Kansas City, une reprise d’un morceau de Little Willie Littlefield intitulé K.C. Lovin’  (K.C., les initiales de Kansas City) sorti en 1952 et que nous avons eu l’occasion d’entendre lors d’une émission précédente. Si vous allez sur internet, vous trouverez que les auteurs de la chanson sont les inévitables Jerry Leiber et Mike Stoller. Une fois de plus, il s’agit là d’un détournement qu’il faut dénoncer. 
A l’origine se trouve une chanson de 1927 du bluesman Jim Jackson intitulée Jim Jackson’s Kansas City Blues. La structure de la mélodie et l’essentiel des paroles, tout y est déjà ! Ce morceau a eu un grand retentissement à l’époque. Deux ans plus tard, en 1929, le père du blues du Delta, Charley Patton, reprend la structure mélodique de la chanson dans un morceau intitulé Going To Move To Alabama et bien des années plus tard le chanteur de country Hank Williams s’en servira pour son fameux Move It On Over qu’on a entendu lors de la toute première émission de Hot Ariège.
Il est donc clair que Leiber et Stoller n’ont rien inventé. Ils ont simplement adapté le morceau pour être joué par un orchestre, fait l’arrangement et changé un peu les paroles. Ce n’est pas rien, certes. De là à les créditer d’être les auteurs de la chanson, c’est tout de même effacer un peu vite les bluesmen qui ont réellement créé la structure du morceau et notamment Jim Jackson.
Mais la version de Kansas City de Wilbert Harrison est une magnifique réussite qui doit beaucoup, évidemment à la voix et au piano de Harrison, mais aussi à la guitare du fantastique guitariste new-yorkais Wild Jimmy Spruill. On écoute cette version.
Ce morceau enregistré pour la marque Fury du producteur Bobby Robinson a été une véritable bombe, classé n°1 au hit-parade, vendu à plus d’un million d’exemplaires. mais surtout c’est devenu l’un des plus grands standards de blues et de rock ’n’ roll de l’histoire dont les reprises sont absolument innombrables. Il existerait plus de trois cent versions…
Wilbert Harrison n’en est pas resté là. Il a de nouveau cassé la baraque en 1970 en reprenant une de ses propres chansons qui s’appelait Let’s Stick Together et qu’il a transformée en Let’s Work Together qui a été classée trente-deuxième au hit-parade et qui est devenue un tube mondial avec la reprise dans les mois qui ont suivi par le groupe de blues rock Canned Heat. 
Wilbert Harrison ne saurait être réduit à ces deux coups d’éclat. Il a produit dans les années cinquante et soixante toute une série de morceaux vraiment extra. C’est un personnage majeur de la scène de New-York avec Wild Jimmy Spruill, Champion Jack Dupree, Mickey Baker dont nous aurons l’occasion de parler dans de prochaines émissions.


Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

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