mercredi 7 mars 2018

Séance 20


HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !



Séance 20


1/ Tommy Johnson
On commence l’émission avec une chanson enregistrée en août 1928 pour la marque Victor ; oui, une chanson autant qu’un auteur, même si les deux sont inséparables bien sûr, parce que cette chanson, Canned Heat Blues, fait partie de l’histoire du blues, je dirais même de la musique contemporaine malgré le déficit de reconnaissance dont le blues a à souffrir. 
Cette émission a l’ambition d’être un peu plus qu’un simple moment agréable où on écoute de la bonne musique. C’est aussi un témoignage sur une certaine réalité sociale, historique et culturelle. Les Noirs d’Amérique du Nord ont inventé la musique contemporaine et le fond de cette musique repose sur des blues tels que Canned Heat Blues. Ce n’est pas pour rien que le plus bluesy des groupes de rock/pop des années soixante a pris pour nom Canned Heat en hommage à Tommy Johnson son auteur et en référence à cette chanson magique.
On écoute Canned Heat Blues.
L’émotion qui se dégage de cette chanson est considérable. Tommy Johnson a l’art de chanter avec une intensité dramatique, avec des effets de falsetto tout simplement incroyables et un jeu de guitare aux basses syncopées qui souligne l’effet avec une efficacité parfaite. 
Les paroles sont relativement simples. Canned Heat, littéralement cela veut dire de la chaleur en boîte. Cela désignait à l’époque, on est en 1928, un combustible utilisé dans les réchauds de cuisine mais qui était connu pour être sommairement distillé afin de servir d’alcool, de boisson. Rappelons aussi que nous sommes en pleine Prohibition. Alors le Canned Heat Blues, c’est pas compliqué, ça veut dire que si tu touches à ce truc-là, t’es foutu. Un autre bluesman, Will Shade, dans un blues de 1928 intitulé Better Leave That Stuff Alone (ce qui veut dire à peu près « Tu ferais mieux de pas toucher à ce truc », compare le Canned Heat à la morphine. 
Tommy Johnson, né dans le Mississippi en 1896, mort en 1956, est un disciple de Charley Patton, le père du blues du Delta. Il n’a enregistré que 14 titres entre 1928 et 1930, mais tous ces morceaux sont devenus des classiques du blues repris d’innombrables fois. Citons Maggie Campbell blues, Big Fat Mama Blues, Big Road Blues   
La fin de sa vie est d’une tristesse absolue bien qu’il ait continué à jouer. Il a perdu au jeu tous ses droits d’auteur et il a vécu pendant vingt ans une vie misérable d’alcoolique avec de nombreux séjours en prison. 
Tommy Johnson a influencé de très nombreux artistes, au-delà du blues. Il est une figure majeure du blues du Delta.


2/ Otis Williams
Et nous passons maintenant à un chanteur de rhythm and blues, Otis Williams. Attention, il s’agit d’Otis Williams chanteur du groupe de doo wop des Charms, à ne pas confondre avec un autre Otis Williams, chanteur de soul celui-là avec le groupe des Temptations. 
Notre Otis Williams version doo wop est né en 1936 dans l’Ohio. Otis Williams & The Charms ont commencé à enregistrer pour King à partir de 1954. Cette année-là, le titre Hearts Of Stone reste neuf semaines numéro 1 au hit-parade rhythm and blues. Il s’en vend plus d’un million d’exemplaires.
On écoute un de leurs succès de l’année suivante, 1955, intitulé Two Hearts 61’. 
Otis Williams décroche un autre succès en 1956, Ivory Tower. Après, ça se dégrade. Il enregistre en solo, arrête en 1963, revient en 1965, se met à la soul chez la marque Okeh, arrête à nouveau, puis il se fait barbier, il enregistre de la country, tout ça sans succès.
Dommage. Otis Williams avait un bon groupe de doo wop dans les années cinquante alors que beaucoup d’autres tombaient dans des écueils divers : orchestres d’amateurs inexpérimentés, chansons gadget insipides, roucoulades de teenagers et j’en passe… 


3/ Bill Doggett
On reste dans le rhythm and blues, tendance jazzy cette fois, avec le pianiste, organiste, arrangeur Bill Doggett, auteur d’un hit historique et étonnant en 1956, Honky Tonk.  Un hit historique, parce que c’est un des plus gros succès de l’après-guerre, vendu à plus de quatre millions d’exemplaires, numéro 1 au hit-parade rhythm and blues, au Top 10 pendant quatorze semaines, numéro 2 au classement pop ; et un hit étonnant parce que c’est un morceau entièrement instrumental qui à ce titre peut se revendiquer aussi bien du blues, du jazz ou du rhythm and blues que du rock ‘n’ roll. J’ai gardé dans les souvenirs de mes années de lycée un livre d’histoire, je pense que cela devait être celui de terminale, qui donnait comme exemple de la culture de masse qui s’était répandue dans le monde après la guerre le succès de Honky Tonk de Bill Doggett.
On écoute Honky Tonk 1ère partie (il existe une 2ème partie qui a également été classée au hit-parade) avec Bill Doggett à l’orgue, Clifford Scott au saxo alto, Billy Butler à la guitare, Edwyn Conley à la basse et Shep Shepherd à la batterie.
Incroyable morceau que ce Honky Tonk où chaque note tombe à la perfection !
Que dire de Bill Doggett ? Il est plutôt rare qu’on retienne les noms des arrangeurs qui sont plus dans l’ombre que sous la lumière des projecteurs. L’orchestre de Lucky Millinder, qu’on a déjà cité plusieurs fois dans cette émission, était l ‘un des orchestres de swing les plus en vue fin des années trente début des années quarante. Qui était l’arrangeur, celui qui met tout en place pour que ça sonne impeccable, pour que les cuivres ne s’emmêlent pas avec les instruments à cordes ? Bill Doggett qui avait formé l’orchestre avant que Lucky Millinder n’en prenne la direction. Par la suite, Bill Doggett travaillera avec les Ink Spots, puis avec Louis Jordan et il fera des arrangements pour les plus grands noms du jazz, Louis Armstrong, Lionel Hampton, Count Basie. Et sans son succès personnel de 1956, qui aurait retenu le nom de Bill Doggett ?
Le schéma de Honky Tonk a fait l’objet de maintes reprises, c’est devenu un classique. Parmi les reprises qui ont adapté ce schéma, on peut citer Slip-N-Out de Joe Houston ou Johnny’s House Party de Jimmy Beasley et il a inspiré des morceaux comme Harpin’ On It de Frank Frost.


4/ Creedence Clearwater Revival
On change de style avec le groupe avec le groupe de rock américain Creedence Clearwater Revival. L’origine du groupe remonte en fait à 1958, lorsque deux copains d’un collège près de San Francisco, John Fogerty, qui deviendra le chanteur guitariste du groupe, et Douglas Clifford, qui deviendra le batteur, décident de former un groupe de blues. De la part de jeunes blancs aux Etats-Unis, en plein boom rock ‘n’ roll, l’idée de former un groupe basé sur le blues est une initiative vraiment originale, presque incongrue, en tout cas unique. Le groupe s’adjoindra un pianiste qui sera en fait le bassiste, Stewart Cook, et le frère de John Forgerty, chanteur, qui en fait tiendra la guitare rythmique.
Le groupe réalise des enregistrements sous des noms divers à partir de 1961. Faut-il préciser qu’ils n’ont obtenu au début aucun succès ? C’est évidemment l’onde choc de la beatlemania qui leur permettra de décoller en 1967 sous le nom de Creedence Clearwater Revival. 
On écoute un morceau extrait de leur second album « Bayou Country », c’est en fait leur plus grand succès, le morceau est intitulé Proud Mary.
Proud Mary est un tube planétaire repris par Elvis Presley, Ike & Tina Turner et beaucoup d’autres. Le groupe accumulera les succès jusqu’en 1972, date à laquelle le groupe se sépare. Citons Fortunate Son, Travelin’ Band, Bad Moon Rising, Who’ll Stop The Rain ?
La force de Creedence, c’est d’avoir su marier avec une grande originalité la country, le rockabilly et le blues. L’étiquette de « country rock » leur convient parfaitement et il se trouve qu’ils ont servi cette musique si bien trouvée au moment même où le rock dérivait dans un psychédélisme totalement délirant, ce qui a fait beaucoup de bien à l’époque. Nombreux sont ceux qui s’en souviennent encore ! 


5/ Cousin Leroy
Allez, après cette digression, on revient au blues, au vrai blues noir avec le chanteur harmoniciste guitariste Cousin Leroy. On sait très peu de choses sur la vie de Cousin Leroy. C’est un musicien de la Côte Est, né en 1925 en Géorgie sous le nom de Leroy Asbell et qui a été présent sur la scène musicale de New-York entre 1955 et 1957 d’abord sous le nom de Leroy Rozier, puis de Cousin Leroy. 
Ses premiers enregistrements de 1955 pour Groove, avec Champion Jack Dupree et Larry Dale qui seront présents sur tous ses enregistrements de ces deux trois années entre 55 et 57, n’ont pas été édités initialement.
On écoute un morceau de 1957 enregistré pour la marque Amber intitulé I’m Lonesome, avec Cousin Leroy au chant et à l’harmonica, Champion Jack Dupree au piano, Larry Dale à la guitare, Sid Wallace à la basse et Gene Brooks à la batterie.
Cousin Leroy, très bien entouré, démontre ici des qualités évidentes et il est vraiment dommage que sa carrière n’ait pas pu se prolonger. Après 1957, sa vie est un mystère. Des histoires ont circulé à son propos, comme quoi il aurait fait de la prison, il se serait échappé et aurait sillonné le Sud à bord de bus Greyhound avec un harmonica dans sa poche.
Vérité ou légende, qui sait ? Ce qui est établi c’est la date de sa mort en 2008. On trouve la plupart de ses morceaux sur des compilations diverses. Le morceau qu’on a entendu est extrait d’une excellente compilation d’auteurs divers intitulée « Gonna Rock The Blues Again » (elle fait suite à un premier CD « Gonna Rock The Blues »), parue chez Official, une marque danoise, en 1995. 
Je vous recommande ces deux CD : tous les morceaux sont géniaux !


6/ Emmy Oro
Voici maintenant une chanteuse étrange, inclassable, Emmy Oro, qui est connue comme l’interprète d’une chanson présente sur plusieurs compilations A Fish House Function. Cette chanson est tout simplement incroyable ! Elle mélange du piano barrelhouse avec des gadgets et du rockabilly, elle commence en anglais et finit en italien et elle connaît plusieurs changements de rythme ! Quant au contenu des paroles, l’histoire de poisson et de chat n’a ni queue ni tête… Voici ce qu’en a dit Bob Dylan qui a interprété cette chanson au cours d’une émission de radio : « Nous jouons une artiste qui nous embrouille totalement:. Je ne sais rien sur Emmy Oro, sauf qu'elle a enregistré cette chanson, et à la fin, elle commence à parler une langue que je ne comprends pas, une chanson qui soulève plus de questions que de réponses ... La première fois que je l'ai entendue, c'était par une chaude journée d'été, je pensais que j'avais des hallucinations ! » Bref, le Bob il était paumé.
On écoute la chanson, A Fish House Function ; on donne quelques explications ensuite.
En fouillant sur internet, j’ai trouvé les éléments suivants. Emmy Oro est née Emilia Gramaldi en 1919 à New York. Elle était mariée à Michael Orofino, d’où son nom d’artiste.  La chanson a été enregistrée pour le label Chelsea qu’elle a contribué à créer. Elle a enregistré une douzaine de titres en 1961, 1962 pour Chelsea. Son neveu, Paul Orofino, précise que l’enregistrement de A Fish House Function a eu lieu à son domicile avant d’être mixé dans un petit studio. Sa tante est morte en 1982. 
Voilà l’histoire d’une rockeuse d’origine italienne totalement inconnue qui a produit une petite merveille de rock ‘n’ roll original au moment où le genre était en train de s’éteindre sous l’action des majors, les grandes compagnies de disques qui ne cherchaient qu’à promouvoir la variété.


7/ Smokey Smothers
Voici maintenant du blues à nouveau avec le chanteur guitariste Smokey Smothers.  
Attention, il existe deux Smokey Smothers, deux frères ! Nous parlons d’Otis Smokey Smothers, le frère aîné, à ne pas confondre avec Abe Little Smokey Smothers, son frère cadet.
Otis Smokey Smothers est né dans le Mississippi en 1925. Il s’est fixé à Chicago en 1946. Dès 1948 il fréquente la célèbre rue Maxwell où se produisent les bluesmen de Chicago avec Hound Dog Taylor, Johnny Williams. Il joue dans la formation de Billy Boy Arnold, il enregistre comme accompagnateur de Howlin’ Wolf et Bo Diddley pour Chess. Il a aussi écrit des chansons pour Muddy Waters. 
En 1960 il grave un album pour la marque Federal / King. Il réalise une nouvelle session pour Federal en 1962. On écoute un morceau issu de cette session : Honey I Ain’t Teasin’.   
Ce morceau est présent sur le CD édité par Ace en 2002, « Smokey Smothers Sings The Back Porch Blues ». Il est parfaitement caractéristique de l’époque. Le producteur de Federal, Sonny Thompson, avait demandé à Smothers de faire du « Jimmy Reed », la grande vedette de Chicago chez Vee-Jay. Et c’est là où on voit qu’un musicien comme Smothers, qui avait tourné à Chicago depuis une quinzaine d’années, savait tout faire sans que ce soit du recopiage. Ca sonne incontestablement Jimmy Reed, mais la touche personnelle est bien présente et le niveau est excellent.  
Après la session pour Federal en 1962, Smokey Smothers n’enregistrera plus qu’un single pour la petite marque Gamma en 1967 et c’est tout. Par la suite il n’exercera plus d’activité régulière.
Smokey Smothers fait partie de cette cohorte de bluesmen de Chicago assez peu enregistrés alors qu’ils ont joué un rôle non négligeable dans l’élaboration du blues de Chicago dans les années quarante, cinquante.


8/ Hezekiah and the Houserockers
Et voici toujours du blues avec Hezekiah and the Houserockers. Hezekiah (dont le nom s’écrit avec ou sans h devant, j’ai trouvé les deux orthographes) se nomme Hezekiah Early. Il est né à Natchez dans le Mississippi en 1934. C’est un chanteur, batteur, harmoniciste. Je précise que jouer de l’harmonica en jouant de la batterie, ce n’est pas si fastoche, essayez vous verrez !
On a découvert cet artiste à l’occasion d’une tournée européenne mise sur pied en 1986 par le label français Black & Blue à l’instigation de l’ethnomusicologue David Evans, sous le nom de Mississippi Blues Festival.
Il en est sorti un très bon disque Black & Blue du même nom. On écoute un morceau de l’album, Saint Louis Blues, un grand classique du jazz repris façon blues du Mississippi.
Morceau extrait du CD Mississippi Blues Festival publié par Black & Blue, avec Hezekiah Early au chant, à l’harmonica et à la batterie, Pee Wee Whittaker au trombone et James Baker à la guitare.
Hezekiah Early a sorti au moins deux autres albums, l’un avec Elmo Williams, l’autre avec Robert Lee Watson.


9/ Deitra Farr
Nous allons parler d’une chanteuse à présent, une chanteuse de blues, Deitra Farr.
Personnellement, j’ai découvert Deitra Farr à l’occasion d’un festival de blues à Cognac. Je ne me souviens plus en quelle année c’était. Elle était furieuse, et il y a de quoi, parce que les organisateurs lui avaient refusé de jouer seule avec sa formation sur la grande scène et qu’elle avait dû se coltiner la présence de je ne sais plus qui. Ce genre d’incident témoigne du peu de respect dont certains organisateurs font preuve à l’égard des artistes, et peut-être plus spécialement d’authentiques artistes de blues noyés dans le magma de la world music qui a envahi les scènes.
On écoute un morceau du disque que j’ai acheté à Cognac, Must Have Been An Angel.
Ce morceau est tiré du CD intitulé « The Search Is Over » édité par JSP.
Deitra Farr est née en 1957 à Chicago. Elle a commencé à chanter du blues en 1980. Elle s’est fait connaître comme chanteuse principale du groupe des Mississippi Heat entre 1993 et 1996 avec lequel elle a sorti deux albums.
Chez JSP elle a également sorti deux albums.. Le premier, en 1997, c’est celui dont on vient de parler, « The Search Is Over ». Le second, c’est en 2005, « Let It Go ».
Deitra Farr est une chanteuse qui perpétue la tradition du blues authentique et dans les temps actuels, ça fait énormément plaisir.


10/ Elmore James
On termine avec un maître, un véritable Chicago blues master, Elmore James, émule du grand Robert Johnson et chef de file d’une école slide de Chicago qui va de Homesick James à Lil’ Ed, en passant par Hound Dog Taylor et bien d’autres.
On écoute Shake Your Money Maker, un morceau enregistré à la Nouvelle Orléans en 1961 dans des conditions un peu spéciales, « à la chandelle » selon le jargon des musiciens. Il semblerait qu’Elmore James ait été en froid avec le syndicat des musiciens et l’enregistrement aurait été fait dans des conditions quasi clandestines, la nuit, avec des chandelles pour ne pas attirer l’attention.
Elmore James est entouré par ses « Broomdusters », nom du groupe qui l’accompagne, référence évidente au morceau culte de Robert Johnson repris cent millions de fois par Elmore James : Dust My Broom. Parmi eux, Johnny Big Moose Walker au piano, Sammy Lee Bully à la basse et King Mose Taylor à la batterie. 
Sur l’origine de ce morceau, dont Elmore James est bien l’auteur, signalons qu’il a évidemment été influencé par le Roll Your Money Maker de Shakey Jake Harris enregistré trois ans auparavant avec Magic Sam et Willie Dixon.
Certains trouvent des origines plus lointaines dans le Shake It And Break It de Charley Patton en 1929, voire même dans le Got The Blues I Can’t Be Satisfied enregistré par Mississippi John Hurt en 1928. 
 Au-delà de ces querelles de spécialistes, cela prouve que la musique d’Elmore James est enracinée dans la plus pure tradition du blues d’avant-guerre. Un seul regret : quand vous tapez « Shake Your Money Maker » sur internet, vous tombez sur… Fleettwood Mac, un groupe pop auteur d’une pâle copie en 1968 qui n’est même pas la première puisque Paul Butterfield en avait commis une en 1965.
Shake Your Money Maker est évidemment un énorme standard du blues, du rock ‘n’ roll et de la pop music.


Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

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