J. D. Miller
Introduction
Deux émissions consacrées à « Jay » Miller, Joseph Denton Miller, né en Louisiane en 1992, mort en 1996.
Il a joué de la guitare avec des groupes cajun dans les années trente. Et ce sont des groupes cajun qu’il commencera d’enregistrer à partir de 1946.
Il enregistre des artistes « swamp pop » et « swamp blues » au début des années cinquante :
Swamp pop : King Karl, Guitar Gable, Warren Storm, Rod Bernard…
Swamp blues : Lightnin’ Slim, Slim Harpo, Lonesome Sundown, Lazy Lester… des artistes dont nous allons parler dans nos émissions consacrées au « blues des marais ». Il y aura aussi une émission sur Jay Miller consacrée à la swamp pop, au rock ‘n’ roll et à la musique cajun.
L’activité de Jay Miller est importante car c’est lui qui a permis à beaucoup d’artistes, et notamment à des bluesmen, d’enregistrer. Ce n’est pas un chercheur comme Lomax, Mitchell ou Evans, c’est plutôt un homme d’affaires, l’équivalent pour la Louisiane de Sam Phillips à Memphis dont nous avons parlé au cours de précédentes émissions (Sun Records).
Les studios de Crowley. Les relations avec Ernie Young, Excello. Eddie Shuler, Goldband.
G. Hertzhaft : «En général, J.D. Miller a su obtenir le meilleur de ses artistes et, bien que ses méthodes de production aient souvent été critiquées par les musiciens, on ne peut qu’être impressionné par les résultats qui sont d’une rare constance dans la qualité et comprennent de nombreux chefs d’œuvre… Ce n’est en rien minimiser le talent considérable des artistes que J.D. Miller a su découvrir, que d’affirmer que sans la présence avisée de ce producteur, il est probable que nous n’aurions pas connu ce style de blues de Louisiane, ni qu’il aurait eu la forme exacte que nous lui connaissons. »
L’influence de Jimmy Reed, Lightnin’ Hopkins. Le son « swamp blues ». G. Hertzhaft : « Derrière les voix rocailleuses de ses artistes, les harmonicas plaintifs, les guitares électriques et les nombreux effets de percussion, on peut presque sentir la chaleur moite de la Louisiane et entendre les appels des crapauds-buffles. »
Deux grandes « vedettes », Lightnin’ Slim et Slim Harpo, et beaucoup d’autres pas mal non plus.
1/ Lightnin’ Slim, Otis Hicks 1913-1974
Chanteur guitariste.
Né dans le Missouri, sa famille s’établit en Louisiane en 1926. En 1946, Baton Rouge.
Découvert en 1954 par un DJ sur WYOK. Premier artiste noir à enregistrer pour Miller, il est un peu le père du swamp blues. C’est lui qui a présenté à Miller d’autres artistes comme Lazy Lester, Silas Hogan, Whispering Smith… Grande influence sur la musique de la région.
C’est le succès de Lightnin’ Hopkins qui l’incite à se produire dans les tavernes de Baton Rouge. Son surnom vient de là. Miller lui fait enregistrer ses premiers disques pour Feature, dont Bad Luck Blues en 1954, grand succès.
« Bluesin’ By The Bayou – From The Vaults Of J.D. Miller & Eddie Shuler, Ace 1368).
Lightnin’ Slim, au chant,
Tal Miller au piano,
Guitar Gable à la guitare.
Batterie : Roosevelt Samples ?
« Blow your harmonica, son ! »
2/ Slim Harpo, James Moore 1924-1970
Chanteur harmoniciste.
Nous avons entendu au cours d’une précédente émission le morceau I’m A King Bee enregistré en 1957,un succès d’abord régional classé au hit-parade national, repris par les Rolling Stones qui l’ont inclus sur leur premier album paru en 1964 et qui fut l’un de leurs premiers succès. C’est sans doute cela qui a donné à Slim Harpo une notoriété qui dépasse le cercle des amateurs de blues.
Après I’m A King Bee, son premier morceau enregistré pour Miller en 1957, Slim Harpo devient un bluesman populaire et il le restera. Beaucoup d’artistes du swamp blues se sont cantonnés dans un style caractéristique, souvent calqué sur celui de Jimmy Reed. Lorsque Slim Harpo a commencé à enregistrer l’influence de Jimmy Reed était très sensible mais il s’en est dégagé et a enregistré des morceaux dans des veines relativement variées, jusqu’à la country ou la ballade. Il a remporté de nombreux succès comme Rainin’ In My Heart, Baby Scratch My Back, Tip On In…
Morceau enregistré à Crowley en 1965, Excello : Slim Harpo au chant et à l’harmonica, James Johnson et Rudolph Richard aux guitares, Willie « Tomcat » Parker au saxo ténor, Geese August à la basse et Sammy Brown à la batterie.
Une crise cardiaque a emporté Slim Harpo à l’âge de 46 ans alors qu’il se préparait à effectuer une tournée européenne.
3/ Lonesome Sundown, Cornelius Green 1928-1995
Lonesome Sundown a commencé sa carrière de musicien professionnel en 1955 en entrant dans l’orchestre de Clifton Chenier, le roi du zydeco.
Lonesome Sundown quitte les Zydeco Ramblers de Chenier dès la fin de l’année et il adresse l’année suivante une démo – un enregistrement de démonstration – à J.D. Miller, Miller est emballé. C’est lui qui baptise Lonesome Sundown de son surnom et il publie un 45 tours. Lonesome Sundown réalisera des enregistrements pour Miller pendant huit ans, jusqu’en 1964.
« I’m A Mojo Man », Ace 556.
Lonesome Sundown au chant et à la guitare, Lazy Lester à l’harmonica, Tal Miller au piano, Leroy Washington à la guitare, Fats Perrodin à la basse et Clarence Etienne à la batterie.
Faute d’engagements, son orchestre est dissous et en 1965 il renonce à la musique et s’est fait prédicateur apostolique !
Lonesome Sundown a repris du service en 1977. Il a sorti un bon album, il a fait des tournées dans le monde entier. Mais les ventes ont été décevantes et il a arrêté pour de bon peu après.
4/ Charles Mad Dog Sheffield, 1931-2010
Figure moins connue que les précédents artistes. Né au Texas, rejoint assez tôt la Louisiane.
7 séances d’enregistrement : 2 pour Eddie Shuler (Goldband) en 1955-1956, 3 pour Miller en 1959 et 1961, et deux à la Nouvelle Orléans en 1965-1966.
Juin 1961 : Charles Sheffield, au chant; Lionel Torrence et Harry Simoneaux au saxo ténor; Peter Gosch au saxo baryton; Katie Webster au piano; Bobby McBride à la basse; Warren Storm à la batterie.
Morceau le plus connu : It’s Your Voodoo Working, janvier 1961 (Miller). Crédité de certains morceaux à tort (blog de GH).
Mad Dog Sheffield disparaît de la scène musicale après les séances de La Nouvelle Orléans.
A noter que Joe Cocker, qui habitait Sheffield (Royaume Uni), s’est fait appeler « Mad dog ».
5/ Silas Hogan, 1911-1944
Autre figure importante du swamp blues.
Silas Hogan a constitué son premier orchestre en 1958 et il se produit dans les tavernes et les bars de Baton Rouge. Influencé par Jimmy Reed, ses compositions sont dans la même veine que celles de Lightnin’ Slim, le chef de file. Il a en plus un fort accent louisianais qui contribue à donner un son très « swamp blues ». Il forme son premier orchestre en 1958, les Rhythm Ramblers, avec notamment Jimmy Dotson à l batterie et Sylvester Buckley à l’harmonica. Le groupe dure une dizaine d’années. C’est en 1962 que Silas Hogan fait ses premiers enregistrements pour la marque Excello. Silas Hogan remporte un premier succès avec Trouble At Home.
« The Real Excello R&B », Ace 562.
Crowley, avril 1954.
Crowley, avril 1954.
Silas Hogan, au chant et à la guitare, Whispering Smith à l’harmonica, Al Foreman à la guitare, Rufus Thibodeaux à la basse, Jeffrey Holden à la batterie
Silas Hogan a continué à enregistrer jusqu’en 1966. Des problèmes avec la firme Excello l’ont conduit à arrêter pendant plusieurs années. Il redémarre en 1970 et ne s’arrêtera plus de se produire et d’enregistrer.
Silas Hogan a produit une collection de morceaux de grande valeur. On peut citer Ain’t It A Shame, Go On Pretty Baby, I Didn’t Tell Her To Leave et beaucoup d’autres.
6/ Jimmy Dotson 1933-2017 (26 mars)
Guitariste, batteur. De nouveau une figure plus obscure. A ne pas confondre avec James A. Dotson.
Après quelques spectacles à New York, Jimmy Dotson a commencé sa carrière comme batteur dans les Rhythm Ramblers de Silas Hogan. Bien que ce soit Hogan le leader, Jimmy Dotson a chanté sur les premiers morceaux et certains lui ont été crédités.
Miller a fait éditer ces titres par de petites marques par de petites marques qui lui appartenaient : Zynn et Rocko.
On écoute un morceau de 1960 édité par Rocko, I Need Your Love, le morceau le plus connu de Jimmy Dotson.
« Rhythm ‘n’ Bluesin’ By The Bayou 10 », Ace 1422.
Par la suite, Jimmy Dotson a pas mal galéré. Il est allé à Memphis, a enregistré un 475 tours pour une petite marque locale Home Of The Blues. Il a appris la basse et le piano. Ca lui a servi pour être musicien de studio. Il s’est fait vendeur itinérant.
Il n’est revenu en Louisiane qu’au début des années quatre-vingt, se produisant de manière épisodique dans des clubs de Baton Rouge.
7/ Tabby Thomas 1929-2014
Ernest Joseph, surnommé « Tabby », parfois « Rockin’ Tabby », né à Baton Rouge.
Il gagne un concours de chant et enregistre pour Hollywood Records à San Francisco, sans succès. Il revient à Baton Rouge, joue avec son groupe les « Mellow, Mellow Men ».
Il enregistre pour de petites marques, Delta, Feature, Zynn, Rocko. C’est en 1962 qu’il obtient un succès chez Excello avec Voodoo Party.
« Rhythm ‘n’ Bluesin’ by The Bayou 5», Ace 1478.
A la fin des années soixante, il crée sa propre maison de disques, Blue Beat. En 1978 il ouvre un club de blues à Baton Rouge qui marchera jusqu’en 2004.
8/ Whispering Smith 1932-1984
Nous avons déjà fait connaissance dans Hot Ariège avec Whispering Smith, né Moses Smith dans le Mississippi en 1932, mort en 1984. Smith, comme beaucoup d’autres, a commencé par jouer du gospel. Il s’est établi à Baton Rouge, la capitale de la Louisiane, en 1957. Il joue dans les bars avec Lightnin’ Slim. De 1960 à 1966, il forme son propre orchestre. Il réalise son premier enregistrement pour Excello naturellement, et en 1963 paraît le titre Mean Woman Blues.
On écoute un morceau enregistré à Crowley en avril 1964, Cryin’ Blues, avec Whispering Smith au chant et à l’harmonica, Ulysses Williams à la guitare, Ernest Ambrose à la basse et Sammy K. Brown à la batterie.
« The Real Excello R&B », Ace 562.
Après 1966, Whispering Smith renonce à une carrière active et il trouve un emploi chez un constructeur de piscines. Cet emploi lui évite le plongeon puisqu’il reprend du service en 1970 et il enregistre pour Arhoolie et Blue Horizon. Il participe même à des tournées de l’American Folk Blues Festival. Après 1974 il n’a plus exercé d’activité régulière.
9/ Leroy Washington 1932-1966
Né en Louisiane.
Présent comme accompagnateur sur de nombreux morceaux enregistrés par Miller qui l’a fait enregistrer sous son nom pour Excello, Zynn et Rocko.
(à ma connaissance ?) 3 45 tours édités par Excello de son vivant, dont son morceau le plus connu Wild Cherry paru en 1958.
De nombreux autres morceaux non édités de son vivant, disponibles sur des compilations diverses. Parmi eux, You Can’t Trust Nobody (Flyright, 1981).enregistré à Crowley en 1959.
Leroy Washington au chant et à la guitare, John Johnson au piano, Lonesome Sundown à la guitare, Fats Perrodin à la basse et Clarence Etienne à la batterie.
« Rhythm ‘n’ Bluesin’ by The Bayou 6 », Ace 1388.
10/ Sad Leroy White
Et voilà un homme mystère ! On ne sait absolument rien de lui : ni son vrai nom, ni son âge, ni son parcours !
La chronique du coffret « Rhythm ‘n’ Bluesin’ by The Bayou 10 », Ace 1422 : « Le nom de l’artiste a été imaginé par J.D. Miller quand Bruce Bastin a loué la première fois le morceau pour un album Flyright alors que l’artiste était inconnu. Ah, le cauchemar du biographe ! » Bruce Bastin = producteur de Flyright.
On ne lui connaît, qu’un seul morceau, le voici : A Merry Christmas.
Tous ceux qui disposeraient d’informations fiables sur Sad Leroy White peuvent appeler au studio de Radio Transparence au 05 61 65 50 00 aux heures de bureau ! Merci.
Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE
Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :
https://www.radio-transparence.org/
Merci pour votre visite & Bon Blues !!
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