mercredi 19 septembre 2018

Séance 43 A


HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !



Séance 43 A


1/ Curley Weaver, 1906-1962
Du blues de la côte est ! Curley Weaver est un chanteur guitariste né en Géorgie, qui s’exprime évidemment dans un idiome rural ; il tire de riches effets de la guitare à douze cordes. C’est sa mère qui lui a appris à jouer de la guitare. En 1925 il se fixe à Atlanta et il fréquente les musiciens de blues du coin : les frères Hicks, Barbecue Bob et Charley Lincoln, Buddy Moss, Blind Willie McTell. 
Entre 1928 et 1931 il enregistre pour plusieurs labels , notamment Columbia. En 1933 il grave de nombreux disques sous son nom au sein d’un groupe, les Georgia Browns. Il travaille alors dans une compagnie de chemins de fer. 
Dans les années quarante, il effectue de nombreuses tournées dans les Carolines et le Tennessee avec Blind Willie McTell. En 1949 il réalise avec ce dernier quelques sessions pour Regal et Sittin’ In With. 
On écoute un morceau enregistré pour ce label, Sittin’ In With, Some Rainy Day. Il s’agit en fait de la reprise d’un morceau qu’il avait enregistré en 1933 sous le nom de Some Cold Rainy Day. 
Après 1949, Curley Weaver continue à se produire à Atlanta, parfois avec Buddy Moss. Sur la fin de sa vie il est devenu aveugle, mais il a continué à jouer dans des soirées privées.
On trouve les morceaux de Curley Weaver dans des compilations éditées par le label Flyright : un vinyl, « Play My Jukebox », LP 4711 ; un CD, intitulé également « Play My Juke Box », avec le sous-titre « East Coast Blues 1943-1954 », sous le numéro CD 45. Et bien sûr, comme tous les bluesmen d’avant-guerre, un CD du label Documents lui est consacré : « Curley Weaver, Complete Recorded Works 1933-1935 ».


2/ Wild Jimmy Spruill, 1934-1996
On reste dans le blues et la côte est. Nous avons parlé récemment du guitariste Wild Jimmy Spruill, né en Caroline du Nord, arrivé à New York en 1955, et qui a joué un rôle considérable au sein de la scène du blues new-yorkais.  C’est essentiellement un musicien de studio, présent sur d’innombrables enregistrements d’artistes extrêmement divers, mais il a aussi enregistré quelques disques sous son nom.
Nous avions écouté un morceau intitulé Sweet Little Girl tiré d’une compilation parue chez Night Train en 2005 sous le titre « Scratch ‘n Twist – Wild Jimmy Spruill, Rare ans unreissued New York rhythm ans blues 1956-1962 ». Je vous propose d’écouter un autre morceau de cette compilation. Il s’agit de If You Just Woulda de Walkin’ Willie and His Orchestra.
On a très peu de renseignements sur Walkin’ Willie. Il semble qu’il n’y ait que trois morceaux enregistrés sous ce nom. En fait, Wild Jimmy Spruill a accompagné de nombreux artistes à New-York. Certains étaient connus, d’autres n’ont fait que quelques morceaux et sont tombés dans l’obscurité. c’est sans doute le cas de ce Walkin’ Willie qui a signé ce morceau.


3/ Little Mack Simmons, 1934-2000
 Croyez-vous au destin ? Croyez-vous que nous soyons marqués par notre naissance ? Mack Simmons, chanteur harmoniciste connu sous le nom de Little Mack ou Little Mack Simmons, est né dans l’Arkansas dans un patelin nommé Twist. C’est pas beau, ça ?
C’est James Cotton qui lui apprend l’harmonica à l’âge de neuf ans. Par la suite il s’est initié au blues en écoutant la radio, notamment les programmes de Sonny Boy Williamson Rice Miller et de B.B. King. Il débarque à Chicago en 1954 et là il va faire partie de la cohorte de bluesmen de haut niveau qui galèrent dans l’ombre, avec un orchestre qui compte Eddie king à la guitare, Bob Anderson à la basse et Robert Whitehead à la batterie. Il obtient quand même des engagements dans des clubs. En 1959-1960, il dirige un nouveau groupe, les Royal Aces, avec Detroit Junior au piano. Il enregistre alors ses premiers disques pour de petites marques.
On écoute un morceau de 1961, Broken Heart n°2. Little Mack est au chant et à l’harmonica, Detroit Junior au piano ; on ne connaît pas le nom des autres musiciens.
Little Mack Simmons - Broken Heart n° 2
A la même époque Little Mack obtient un petit succès avec Come Back. Il peut alors réaliser quelques sessions pour Checker, une sous-marque de Chess. Par la suite, jusque dans les années soixante-dix, il travaille essentiellement dans des clubs. Il lui arrive cependant d’enregistrer comme accompagnateur, auprès de Lonnie Brooks ou de Earl Hooker. Il grave aussi plusieurs disques sous son nom pour de petites marques entre 1970 et 1975. C’est le label français Black & Blue qui lui donne l’occasion d’enregistrer son premier album en 1975. 
La suite de sa vie est tourmentée. Il fonde sa propre marque de disques, il s’autoproclame « révérend » et se lance dans une carrière religieuse, mais il est rattrapé pour une affaire de drogue. Il est aussi accusé de proxénétisme. Pour un révérend, ça la fout mal et il doit passer par la case prison. Il refait surface dans les années quatre-vingt-dix et enregistre des albums pour St. George, Wolf et Electro-Fi.
Little Mack Simmons est un digne héritier de l’école de Chicago, un bon disciple de Little Walter.


4/ Otis Redding, 1941-1967
Un morceau pour le fun à présent de quelqu’un qu’on ne présente plus, Otis Redding. Je vous propose d’écouter I’ve Been Loving You Too Long, sorti chez Volt filiale du label Stax en 1965, la meilleure période de cette icône de la soul music. Cette année-là, Otis Redding bombarde le monde musical avec Mr. Pitiful, Respect et I’ve Been Loving You Too Long. 
A ce moment-là, Otis Redding s’est dégagé du style de ses débuts très inspiré de Little Richard. Je cite le critique Charlie Gillett : « Dans la ballade I’ve Been Loving You Too Long,  les riffs lents et coupants de l’orchestre installaient un climat de tristesse permettant à Redding de suggérer la vénération qu’il voulait exprimer, mais les arrangements n’étaient plus une simple transcription instrumentale des harmonies d’un groupe de gospel. A la suite d’expérimentations à partir d’un style ancien, un nouveau style avait été créé. »
On écoute I’ve Been Loving You Too Long.
Otis Redding était au sommet lorsqu’il est décédé en 1967 à 26 ans. C’est un accident d’avion qui a mis fin à la carrière d’un des plus grands chanteurs de la musique afro-américaine.


5/ Clarence Bluesman Davis   
Clarence Bluesman Davis est un chanteur guitariste très peu connu né en 1945 en Alabama. C’est un autodidacte fortement inspiré par Jimmy Reed qui a appris en écoutant la radio. Il participe régulièrement à des festivals et fait l’ouverture de musiciens plus connus.
Apparemment il n’a enregistré qu’un seul album autoproduit en 2016, « Before You Accuse Me », qu’il partage avec Jock Webb qui était l’harmoniciste de Willie King. 
Je vous propose d’écouter un morceau de l’album, Pants Too Tight. 
Signe des temps modernes : Clarence Bluesman Davis est originaire de l’Alabama et son style est celui de Chicago, dense et rugueux. 
Ce CD, « Before You Accuse Me », qui porte le titre d’une chanson de Bo Diddley     - autre héros de la musique de Chicago -, et qui est sorti alors que les auteurs sont âgés de plus de soixante-dix ans, est la preuve que les Etats-Unis recèlent encore, disséminés dans tout le pays, des trésors cachés, de vieux bluesmen au talent incroyable. Espérons qu’il en sortira encore beaucoup d’autres ! Car ces artistes-là jouent LEUR musique, même s’ils ne l’ont apprise qu’en écoutant la radio. Il s’agit bien de LEUR musique et l’authenticité de leur expression est éclatante. Rien ne remplacera le fait qu’un Clarence Bluesman Davis ait travaillé dans les champs de coton dans son enfance et qu’il se faisait engueuler par son père parce qu’à force de s’entraîner sur sa guitare, il avait les doigts si endoloris qu’il ne pouvait plus bosser dans les champs !


6/ Dinah Washington,   1942-1963
Dinah Washington est une chanteuse pianiste de rhythm and blues originaire de l’Alabama. Son vrai nom est Ruth Lee Jones et elle est venue habiter Chicago dans son enfance. A quinze ans elle remporte un concours de chant et elle se lance dans le gospel.
En 1941-1942, elle se produit dans des clubs. Elle entre dans l’orchestre de Lionel Hampton qui obtient deux succès avec le label Keynote : Evil Gal Blues, puis Salty Papa Blues. 
En 1946 elle quitte Lionel Hampton et se lance dans une carrière solo. Elle signe chez Mercury. Entre 1948 et 1955 elle décroche vingt-sept hits au Billboard dans la catégorie rhythm and blues. Elle est alors l’une des principales figures du genre et s’autoproclame « reine du blues ». Elle place deux titres en première place du hit-parade : Am I Asking Too Much ? et Baby Get Lost. Un autre, I Wanna Be Loved, se classe dans le hit-parade pop.
Je vous propose d’écouter un morceau de 1953, enregistré chez Mercury bien sûr, TV Is The Thing (This Year). 
On voit bien au passage comment le rhythm and blues colle à l’actualité : 53, proclamée année de la télévision aux Etats-Unis par la chanson. Dinah Washington retrace brillamment l’espèce de jubilation du téléspectateur qui zappe d’une chaîne à une autre, même si – je pense qu’il faut le préciser pour les plus jeunes – à l’époque il n’y avait pas de télécommande. Autre précision qui s’impose, la chanson montre qu’il y avait au moins onze chaînes de télé aux Etats-Unis en 1953 puisque Dinah Washington nous parle de « channel eleven », la chaîne onze, alors que la deuxième chaîne en France n’arrivera qu’en 1964. 
Dinah Washington enregistre abondamment, parfois avec des musiciens de jazz. En 1959 le morceau What A Difference A Day Makes obtient un gros succès sur le marché de la pop music. La carrière de Dinah Washington prend alors un nouveau tour : elle se consacre aux ballades et à la pop. Elle décroche des succès jusqu’en 1961.
Dinah Washington est une grande dame du rhythm and blues.


7/ Harmonica Slim, 1934-1984

Comme son surnom l’indique, Harmonica Slim est un joueur d’harmonica . Il est né au Texas, son vrai nom est Travis Leonard Blaylock. A ne pas confondre avec deux autres joueurs d’harmonica : Slim Harpo, qui dans ses débuts a enregistré des morceaux sous le nom de Harmonica Slim, et Richard Riggins également.
Harmonica Slim a commencé très jeune dans le gospel et la radio. Il s’établit en 1945 en Californie. En 1952 il rejoint l’orchestre de Lowell Fulson avec lequel il effectue des tournées. Il est aussi musicien de studio pour différents labels : Aladdin, Spry , Vita. Il forme ensuite un groupe avec Lloyd Glenn et enregistre entre 1954 et 1956 six singles.
Je vous propose d’écouter un de ces morceaux, paru en 1956 chez Vita. Il s’agit de Drop Anchor. 
Deux morceaux marchent bien dans les années cinquante : Mary Helen et surtout You Better Believe It. Ce sont ces succès qui obligent les autres musiciens qui utilisaient le nom de Harmonica Slim à changer de nom. Grâce à ses succès, Harmonica Slim peut faire des tournées avec des musiciens comme Percy Mayfield, B.B. King, T-Bone Walker et d’autres… Il se produit dans des clubs.
Dans les années soixante il doit cependant renoncer un temps à la musique. Il bosse en usine. Grâce à T-Bone Walker, il peut néanmoins enregistrer un album en 1969 pour Bluestime, « The Return of Harmonica Slim ». Vers la fin de sa vie il est retourné au gospel et il s’est même fait pasteur pour l’église baptiste de Texarkana. Ainsi finit Harmonica Slim, dont le mérite ne se limite pas, loin de là, à avoir contraint Slim Harpo à changer de nom.


8/ Jerry Lee Lewis   
Jerry Lee Lewis est LE pianiste rock ‘n’ roll vedette de la maison Sun, la marque de Sam Phillips à Memphis qui a lancé Elvis Presley. Evidemment le jeu de Jerry Lee Lewis doit tout au boogie-woogie, aux Noirs, à Fats Domino et Little Richard. Sa marque de fabrique, c’est son accent hillbilly, de jouer du piano debout en martelant les touches à coups de poing.
Jerry Lee Lewis, né en 1935 en Louisiane, a commencé à enregistrer chez Sun en 1956, mais c’est en 1957 qu’il s’est fait connaître en interprétant Whole Lotta Shakin’ Goin’ On, dont on a entendu la version du créateur Roy Hall au cours d’une précédente émission. Il faut aussi rappeler que la première à avoir interprété la chanson est la chanteuse de blues Big Maybelle, en 1955.
On écoute la version de Jerry Lee Lewis. 
La même année, en 1957, Jerry Lee Lewis sort Great Balls Of Fire et la vente de ses disques fait un carton. Il reste au sommet avec des titres comme Breathless et High School Confidential. Mais sa popularité chute brutalement après son mariage en décembre 1957 avec sa cousine mineure, âgée de 13 ans seulement, alors même qu’il est toujours officiellement marié. 
Après un long passage à vide il a refait surface en jouant de la country.


9/ Lacy Gibson, 1936-2011
Lacy Gibson est un chanteur guitariste né en Caroline du Nord. Il est arrivé à Chicago en 1949. Il est d’abord musicien de studio. En 1963, il enregistre en soutien de Willie Mabon, Billy The Kid Emerson et Buddy Guy. 1963, c’est aussi l’année où il sort son premier disque sur le label Chess. 
Son premier album, « Wishing Ring », date de 1971 et il est paru chez El Return Records. En 1977, il enregistre pour Delmark qui n’éditera ses morceaux que dix-neuf ans plus tard en 1996 dans un album intitulé « Crying For My Baby ». Alligator inclut en 1980 quatre morceaux de Lacy Gibson dans sa série Living Chicago Blues, dans le volume trois.
Lacy Gibson a sorti un troisième album en 1983, « Switchy Titchy », chez un label hollandais, Black Magic. Je vous propose d’écouter un morceau de cet album intitulé Take My Love. 
Au chant et à la guitare, Lacy Gibson, au piano Sunnyland Slim, à la basse Snapper Mitchum, au saxo Abb Locke et à la batterie Robert Covington. 
Dans les années soixante-dix Lacy Gibson fait partie du groupe de Son Seals. Il fait des tournées, se produit dans des clubs. Il a notamment fait partie de la tournée du Chicago Blues Festival en 1984.


10/ Jesse Fuller, 1896-1976
Jesse Fuller est un « one man band », un homme orchestre, de rue. Il chante, joue de la guitare, de l’harmonica, du kazoo et du footdella. Il est propulsé sur le devant de la scène lorsque Peter, Paul and Mary, ont fait un énorme tube d’un morceau qu’il avait enregistré en 1955, San Francisco Bay Blues. Le chanteur de rue inconnu est devenu du jour au lendemain une vedette du blues revival.
Il est né en Géorgie et il a exercé tous les métiers pour survivre : dans les années dix il est tonnelier, puis fabricant de balais, puis travaille dans un cirque ; dans les années vingt, il fabrique des serpents de bois, puis il est cireur de chaussures, laveur de voitures… En 1924 il rencontre Douglas Fairbanks et obtient un rôle dans le film « Le voleur de Bagdad ». En 1935-1936, il vend des hot dogs à la sortie des studios de Hollywood. Ensuite il travaille dans une plantation de coton, puis dans une compagnie de chemins de fer.
C’est seulement à la fin des années quarante qu’il rencontre Leadbelly, adopte la guitare à douze cordes et joue dans des bars à San Francisco. En 1951, il fabrique une contrebasse à six cordes actionnée par un pédalier que son épouse baptise « footdella ». Il participe à des émissions de télé et se produit dans les clubs. Enfin en 1955 il peut enregistrer pour un petit label, World Song, notamment San Francisco Bay Blues.  
Jesse Fuller a enregistré plusieurs versions. Je vous propose d’écouter celle qu’il a enregistrée en 1962 pour Folklyric. 
Au chant, à la guitare, à l’harmonica, au kazoo et au footdella, il n’y a qu’un seul homme, Jesse Fuller ! On comprend que sa prestation dans les rues ait pu amener les passants à lui donner la pièce.
Dans les années soixante, Jesse Fuller est très demandé et très occupé. Il court de festival en festival et grave plusieurs albums.
Pour les amateurs, je recommande le CD édité par Arhoolie sous le titre « Jesse Fuller, Frisco Bound ».


11/ Wayne Raney, 1921-1993
Chanteur harmoniciste originaire de l’Arkansas. Il se rend au Mexique, joue à la radio, revient dans l’Arkansas où il fait aussi de la radio. Il met au point une méthode d’harmonica et fabrique des harmonicas qu’il vend par correspondance. 
Dans l’immédiat après-guerre il joue avec les Delmore Brothers, super guitaristes de country boogie que nous avons eu l’occasion d’entendre dans cette émission. Et c’est le cas pour le morceau que nous allons entendre, Lost John Boogie, grand classique du jazz, du blues et de la country. 
C’est la face B d’un 45 tours paru chez King Records. Wayne Raney chante et est à l’harmonica, Alton et Rabon Delmore à la guitare et Henry Glover à la batterie.
Fantastique morceau d’harmonica country. Assurément Wayne Raney en était un des meilleurs spécialistes.
La carrière solo de Wayne Raney a démarré en 1948. En 1949 il décroche son plus grand succès, numéro 1 au Billboard de la country music, Why Do Not You Haul Off And Love Me.


Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

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