mercredi 20 février 2019

Séance 60


HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !


Séance 60 


1/ Big Jack Johnson 1939 (1940 ?) – 2011
Jack Johnson est un chanteur guitariste né dans le Mississippi en 1939 (ou 1940 ?). Son père était un musicien de country blues local et c’est dans son groupe que Big Jack a fait ses débuts à la guitare.
En 1962, il rejoint les Jelly Roll Kings formés par Sam Carr et Frank Frost. Il tient la basse dans deux albums sortis par les Jelly Roll Kings, respectivement en 1962 et 1966. Il va jouer avec eux une bonne quinzaine d’années. En 1979 sort le premier album où il chante avec Frank Frost. 
Le premier album sous son nom paraît en 1987 chez Earwig. Le titre de l’album, « The Oil Man », fait référence au fait qu’il a été chauffeur de camion dans le pétrole, pour la compagnie Shell. Dans les années quatre-vingt dix il sort quatre albums : deux pour Earwig, deux pour MC Records.
On écoute un morceau tiré d’un album paru en 2000 chez MC Records, « Roots Stew ». Le morceau s’appelle Jump For Joy.
Big Jack Johnson a encore fait paraître quatre albums dans les années 2000 avant de décéder en 2011. Il délivrait une musique solide, puissante, très ancrée dans les racines du blues du Delta du Mississippi. En même temps, il ne répugnait pas à aborder des sujets sociaux ou sociétaux. A noter aussi que non seulement il chantait et jouait de la guitare, mais il pratiquait la basse et la mandoline. Bref, c’était un bluesman complet, un artiste varié et quelqu’un d’intéressant.


2/ Charles James
Voici un chanteur inconnu de rhythm and blues, Charles James, qui est l’auteur de deux 45 tours parus probablement au début des années soixante chez une toute petite maison de disques, Zab Records. Ce label n’a apparemment sorti que quatre 45 tours, dont deux en 1961/1962. Les deux autres sont ceux de Charles James et la date n’est pas connue.
On écoute l’un des quatre morceaux de Charles James, Thief In The Night. « Un voleur dans la nuit » est à l’origine une expression tirée du Nouveau Testament pour imager un fait à venir imprévisible, sans signes annonciateurs. Evidemment, si la Bible parle de la venue du messie, Charles James, lui, nous parle de tout autre chose. Cela nous permet de noter au passage la prégnance des références bibliques dans la culture afro-américaine.
C’est encore du rhythm and blues première manière mais on n’est pas très loin de la soul.
Ce morceau est présent sur un CD intitulé « Rockin’ Rhythm ‘n’ Blues from Memphis » paru en 2012 chez Stomper Time Records. Je recommande spécialement cette compilation extrêmement intéressante qui présente des morceaux de genres divers, blancs et noirs.


3/ Little Al Gunter
Je n’ai pas la date de naissance de Little Al Gunter, mais il était le frère cadet d’un bluesman plus connu, Arthur Gunter, né à Nashville, Tennessee, en 1926. Comme ils jouaient ensemble dès le début des années cinquante, on peut penser que « le petit », Little Al, est né à la fin des années vingt.
Arthur Gunter forme un trio avec Little Al et un cousin, Junior Gunter. Ernie Young, le producteur des disques Excello a l’idée de les réunir avec Louis Campbell et Shy Guy Douglas dans une formation, les « Leap Frogs », les grenouilles bondissantes. En décembre 1954 paraît un single sous le nom d’Arthur Gunter, Baby, Let’s Play House, qui va devenir historique : il atteint en janvier 1955 la douzième place au Billboard et en février le titre est repris par Elvis Presley qui obtient avec son premier succès national.
Alors que son grand frère était devenu une célébrité locale, Little Al, c’est sous ce nom que le cadet des Gunter va enregistrer, n’a sorti en tout et pour tout que deux singles chez Excello sous son nom. On écoute un morceau tiré du premier gravé en 1956, Little Lean Woman. 
On trouve ce morceau sur une compilation éditée en 1997 par Ace sous le titre « No Jive -  Authentic Southern Country Blues ».
J’ai eu l’occasion de le dire à maintes reprises, la durée de vie d’un bluesman est souvent limitée. Les causes sont multiples : les conditions de vie très difficiles (la galère), l’alcool, un mode de vie harassant (travail le jour, musique la nuit) et la violence. Little Al Gunter est mort assassiné lors d’une bagarre dans un bar en 1959. On ne sait donc pas ce qu’aurait pu donner la carrière de Little Al s’il n’était pas allé dans ce bar ce jour là.


4/ The Mar-Keys
A l’origine des Mar-Keys, on trouve un groupe de lycéens blancs de Memphis qui s’appelait les Royal Spades. Ce groupe a pris le nom de « Mar-Keys » pour leur premier enregistrement chez Satellite Records qui allait devenir peu après le label phare de la soul, Stax.
Attention, ne pas confondre les Mar-Keys avec les Bar-Kays, groupe de soul funk qui sévissait aussi dans les années soixante ! Le nom des Mar-Keys est associé à un seul titre, leur unique tube de 1961, Last Night. On l’écoute.
La composition du groupe a été très fluctuante. Au moment de l’enregistrement, elle était la suivante : Steve Cropper à la guitare, Charles Packy Axton au saxo ténor, Wayne Jackson à la trompette, Jerry Lee Smoochy Smith aux claviers et une série de musiciens additionnels extérieurs au groupe de base.
Les Mar-Keys sont rapidement devenus le groupe de studio qui a donné le son de base du label Stax et qui a accompagné une ribambelle de vedettes de cette maison de disques, Otis Redding et Wilson Pickett en tête. Il est intéressant de constater que ce son est donc né à Memphis, comme le rockabilly, et qu’un groupe blanc en est à l’origine alors que la soul est considérée comme une musique noire dérivée du rhythm and blues, dont l’essor a été parallèle à celui de la pop music dans les années soixante.
Les Mar-Keys ont quasiment disparu en 1966 en raison du succès d’une partie de ses membres de l’époque sous un autre nom, celui de Booker T. & the MG’s. Ce qu’il faut retenir des Mar-Keys est donc assez simple : un tube en 1961, Last Night, et le fait qu’ils ont joué un rôle  dans la création de la soul music.


5/ Homesick James, 1910-2006
On pourrait croire que Homesick James soit un parent d’Elmore James. Il n’en est rien. En fait Homesick James était un disciple talentueux d’Elmore James. Homesick James a beaucoup travaillé dans l’orchestre d’Elmore James, occasionnellement d’abord puis de façon régulière de 1958 à 1963. Et à la mort d’Elmore James, il a repris le répertoire de son mentor.
En revanche Homesick James, de son vrai nom James Williamson, né en 1910, décédé en 2006 était un cousin de John Lee Sonny Boy Williamson, harmoniciste de renom qui a joué un rôle considérable dans l’élaboration du blues de Chicago moderne. Homesick James s’est installé à Chicago en 1939. Ce n’est qu’après une longue fréquentation des clubs de la ville, en 1952, qu’il a l’occasion d’enregistrer pour le label Chance. Il joue alors dans un style inspiré d’Elmore James. Le succès d’un des morceaux enregistrés pour Chance intitulé Homesick remporte un petit succès et cela lui a donné son surnom. James, c’était son prénom, mais en se faisant appeler Homesick James, il s’est fait passer pour un cousin d’Elmore James en train de devenir une grande vedette à Chicago. 
Homesick James n’est pas devenu une star du blues de Chicago mais en revanche il a bien profité du revival. A partir de 1968, il effectue de nombreuses tournées en Europe et il est parvenu à se faire un nom auprès du public européen dans les années soixante dix. Il a publié de nombreux albums excellents.
On écoute un morceau tiré d’un album paru chez Big Bear Records en 1975. Il s’agit d’une reprise d’un morceau d’Elmore James intitulé Shake Your Money Maker. Il s’agit d’un enregistrement en public avec Homesick James au chant et à la guitare, Bob Hall au piano, Lonesome Jimmy Lee Robinson à la basse et Pete York à la batterie.
Ce morceau est disponible sur un CD édité en 2003 par Castle Music, « Homesick James & Snooky Pryor – The Big Bear Sessions ».
A noter que dans ces sessions Big Bear, il existe aussi une très bonne version studio de Shake Your Money Maker qui bénéficie de la présence de Snooky Pryor à l’harmonica. Nous écouterons cette version une prochaine fois.


6/ Jim Jackson, 1876 (?) – 1933 ( ?)
Jim Jackson est un chanteur guitariste du Mississippi dont les dates de naissance et de décès ne sont pas connues avec exactitude. Certains chercheurs avancent les dates respectives de 1876 et de 1933, mais il n’existe aucune certitude.
Jim Jackson a commencé à jouer dans des « medecine shows », des soirées, des bals. Dans les années dix, il parcourt les Etats du sud avec la troupe des « Rabbit Foot Minstrels » qui a compté dans ses rangs des chanteuses de vaudeville blues comme Ma Rainey ou Bessie Smith. Dans les années vingt, il joue à Memphis, notamment dans la célèbre rue de Beale Street où se retrouvaient tous les musiciens de blues. Il devient vite très populaire.
En 1927, Jim Jackson est repéré par un « talent scout », un recruteur de talents. Il faut rappeler que les producteurs des maisons de disques de l’époque, et jusque dans les années cinquante, ne connaissaient pas grand chose au blues. En revanche, ils avaient compris qu’il  y avait du pognon à se faire en vendant des disques auprès du public noir. C’est pourquoi, afin de sélectionner les artistes à enregistrer, ils faisaient appel à des professionnels qui connaissaient le milieu du blues. C’est ainsi que Jim Jackson a pu enregistrer dès 1927 pour Vocalion. Le morceau Jim Jackson’s Kansas City Blues obtient un énorme succès. On l’écoute.
► Jim Jackson - Jim Jackson's Kansas City Blues
Surtout ne croyez pas Wikipedia qui raconte que cette chanson a été écrite dans les années cinquante par Jerry Leiber et Mike Stoller. Elle date de 1927 et elle a immédiatement fait l’objet de reprises. Je pense notamment à celle de Charley Patton, qui l’a rebaptisée I’m Gonna Move To Alabama. Lorsqu’on a écouté les versions de Little Willie Littlefield et de Wilbert Harrison lors d’émissions précédentes, j’ai dit que Kansas City était l’un des plus grands standards de la musique populaire américaine. Il en existe plusieurs centaines de versions dans tous les styles. Little Richard, les Beatles, Janis Joplin, James Brown, Muddy Waters etc., il est impossible d’énumérer tous les artistes qui l’ont interprété. Ce qui est certain, c’est que cette chanson a eu une grande influence sur de nombreux bluesmen dès les années trente.
Jim Jackson a enregistré pour Vocalion et Victor entre 1927 et 1930. Dans les années trente, il est reparti en tournée avec les « Red Rose Minstrels » puis il s’est retiré dans le Mississippi. Il serait décédé soit en 1933, soit en 1937, selon divers auteurs.


7/ Mike Miller  
Peu de renseignements sont disponibles sur Mike Miller, dont un morceau, Don’t Mess Up My Hair, est présent sur une compilation de rockabilly intitulée « Rock-a-Billy Cowboys » et parue chez le label The Intense Media. Cette compilation contient 10 CD, le morceau figure sur le neuvième. On l’écoute.
Peu de renseignements donc, mais en cherchant j’ai quand même trouvé que le morceau était crédité en fait à Mike Miller, accompagné de Jack Casey et des Star Mountain Boys. On est clairement dans le rockabilly mais le style est original, car le fond est plutôt bluegrass que honky tonk comme c’est le cas habituellement.
Mike Miller, Jack Casey et les Star Mountain Boys ont sorti pas mal de disques : trois en 1958, leur grande année, chez le label Starr et c’est le troisième single qui contient le morceau qu’on a écouté. Ensuite, ils sortent un disque chaque année jusqu’en 1963, sauf en 1960, pour des marques diverses. Jack Casey a enregistré seul entre 1965 et 1968 et enfin ils ont sorti ensemble un dernier disque en 1972 pour le label Rome sans les Star Mountain Boys. Il semble que sur la fin, une fois la folie des années rock ‘n’ roll passée, ils aient adopté un style totalement bluegrass.


8/ Mildred White
Et on poursuit dans le registre des artistes obscurs avec Mildred White, une chanteuse de blues, sur laquelle tout ce que je peux dire c’est qu’elle figure sur une compilation de 5 CD intitulée « Down Home Blues Chicago, Fine Boogie » parue chez un label anglais, Wienerworld Presentation, qui présente une longue liste d’artistes de blues en activité à Chicago dans les années quarante et cinquante.
On trouve deux morceaux de Mildred White sur le deuxième CD de la compilation : Kind Hearted Woman et Cutting Out On Me. C’est ce dernier morceau qu’on écoute. Je précise que la guitare somptueuse qu’on entend derrière la voix de Mildred White est celle de Tampa Red.
Mildred White - Cutting Out On Me
Mildred White était au chant, Tampa Red à la guitare, Pete Franklin au piano et Ransom Knowling à la basse.
Pour les amateurs, je recommande la compilation dont est tirée ce morceau. Je rappelle le titre « Down Home Blues Chicago, Fine Boogie » et c’est paru chez Wienerworld Presentation.


9/ Johnny Copeland, 1937-1997
Johnny Copeland était un chanteur guitariste né en Louisiane en 1937, mais c’est au Texas qu’il a commencé à se faire un nom. Au début, il s’est un peu cherché. Lui-même déclarait se situer quelque part entre le R&B funk et le jump blues swing et, de fait, ses premiers morceaux englobent du blues, de la soul et du rock ‘n’ roll.
Son premier single paru chez Mercury en 1958 l’atteste : on est bien à l’heure du rock ‘n’ roll. On écoute l’un des deux morceaux de ce 45 tours au titre explicite, Rock ‘n’ Roll Lilly.
Dans les années soixante, Johnny Copeland enregistre pour une quantité de petites marques. Il obtient des succès régionaux en 1962 chez des labels de Houston, Golden Eagle et All Boy. Dans les années soixante-dix, il déménage à New York. Là il est obligé de travailler dans un resto le jour, le blues c’est pour la nuit. Il parvient à se faire accepter dans les clubs de Harlem.
Sa carrière décolle dans les années quatre-vingt. Il sort sept albums chez Rounder. Son premier, paru en 1981 obtient une récompense, le WC Handy Award. En 1985, l’album « Showdown » réalisé avec Albert Collins, autre texan admirateur comme lui de T-Bone Walker, et Robert Cray, obtient un Grammy Award. Johnny Copeland effectue des tournées et participe à de nombreux festivals. Dans les années quatre-vingt-dix, il est sur le devant de la scène du blues. Il est décédé en 1997.


10/ B.B. King, 1925-2015   
Riley King a été surnommé un temps Beale Street Blues Boy King, abrégé en Blues Boy King, puis finalement B.B. King. Et tout cela vient de la radio : B.B. King, après avoir joué dans l’émission de Sonny Boy Williamson Rice Miller sur KWEM à Memphis, a été pendant deux ans le DJ de sa propre émission en 1948/49.
En 1949, il sort deux 78 tours chez Bullet Records assez peu remarqués. Il signe ensuite chez RPM et le décollage est rapide : son premier 45 tours sorti en 1951 décroche la première place au Billboard R&B avec Three O’Clock Blues. 
On écoute un morceau de son quatrième single chez RPM, Woke Up This Morning, paru en 1953, qui a obtenu la troisième place au Billboard.
Morceau enregistré à Houston dans les studios ACA de Bill Hollford avec B.B. King au chant et à la guitare, Bill Harvey au saxo ténor, Floyd Jones à la trompette, George Coleman au saxo alto, Connie McBooker au piano, James Cato Walker à la basse et Ted Curry à la batterie.
Ce morceau est disponible par exemple sur un CD paru chez Flair intitulé « The Fabulous B.B. King ».
Je ne reviens pas ici sur la carrière de B. B. King. Je signale juste que ses enregistrements pour RPM et ses compagnies sœurs Crown et Kent sont parmi les plus intéressants. C’est la période de ses grands succès comme Three O’Clock Blues (1951), You Upset Me Baby (1955), Everyday I Have The Blues etc.
Les CD reprenant les morceaux enregistrés pour RPM ainsi que Crown et Kent sont hautement recommandables, indispensables pour les amateurs. 


Bonus track

11/ Baby face Turner  
Baby Face Turner est un chanteur guitariste dont on ne sait que peu de chose car il n’est l’auteur que de trois chansons, plus les prises alternatives, réalisées lors d’une session mémorable le 21 mars 1952. Parmi elles, il y a Gonna Let You Go, qu’on écoute.
Modern a publié en 1952 deux des chansons de Baby Face Turner, dont Gonna Let You Go. Il a publié la troisième l’année d’après, en 1953, en l’attribuant par erreur à Sunny Blair. Par ailleurs Baby Face Turner serait l’auteur d’un quatrième titre, un classique du blues du Mississippi intitulé 44 Blues mais ce morceau reste introuvable.
Les morceaux de baby Face Turner ont été éditées par le label Ace dans le deuxième volume de son excellente série « The Modern Downhome Blues Sessions » sous-titré « Mississippi & Arkansas 1952 ».


Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

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