HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy… et Marc !
Séance 16 bis
La maison Sun
Sam Phillips est d’abord talent scout pour :
- les frères Bihari, marques Modern/RPM/Meteor, Los Angeles ;
- les frères Chess, Chess/Checker, Chicago.
A ce titre, il enregistre Big Walter Horton, Howlin’ Wolf et Sonny Boy Williamson.
Il fonde sa propre maison, Sun, en 1952. Il enregistre alors de nombreux bluesmen. Certains deviendront célèbres, au moins dans le monde du blues : Little Milton, Junior Parker. Il comprend néanmoins que le talent des bluesmen ne suffit pas pour obtenir le succès commercial auquel il aspire. Il y a trop de mépris pour les Noirs à l’époque. Il faudrait un Blanc capable de chanter dans le style des Noirs. C’est Elvis Presley qui jouera ce rôle. La maison Sun crée ce qu’on peut appeler le « Memphis sound », à la base du rockabilly et de la country moderne (via Johnny Cash).
Sun Records est surtout connue pour son rôle dans le rock ‘n’ roll. Mais évidemment nous allons nous attacher dans cette émission à montrer son rôle dans le blues.
Memphis se situe entre le Mississippi et Chicago. L’histoire du blues est liée à la migration qui a poussé des millions de Noirs du Sud, et notamment du Mississippi, vers Chicago. Memphis, qui possédait déjà avant guerre une solide tradition de blues au plus haut niveau, a constitué une étape importante dans cette remontée vers Chicago.
De très grands bluesmen, parmi les plus importants de l’histoire du blues, ont été enregistrés à Memphis avant de devenir des grands noms du blues de Chicago.
C’est le cas par exemple de Howlin’ Wolf.
1/ Howlin’ Wolf
De son vrai nom Chester Burnett, né en 1910 mort en 1976, Howlin’ Wolf a accompli le parcours classique : il est né dans le Mississippi où il puise son influence principale, il est ensuite disc-jockey à Memphis comme son beau-frère Sonny Boy Williamson deuxième du nom jusqu’en 1952. Il dirige alors une formation qui comprend Ike Turner et le guitariste Willie Johnson.
Après 1952, Chicago. Le son « Memphis » et le son « Chicago ».
Memphis : son lourd, proche de la saturation, ; musique rude, primitive, hurlements…
Chicago : musique plus profonde, apports de Hubert Sumlin, Willie Dixon, Johnny Jones.
2/ Rufus Thomas
Né en 1917 dans le Mississippi, mort à Memphis en 2001.
Commence sa carrière dans le comique : les « Rabbits Foot Minstrels ».
Il se produit dans les clubs à Memphis et enregistre pour de petites marques, sans succès. Sam Phillips le fait enregistrer pour Chess en 1951, toujours sans succès.
Il est DJ à la radio WDIA, la radio de Memphis tenue par des Noirs (W= est du Mississippi ; K= ouest).
C’est en 1953 qu’il sort Bear Cat pour Sun Records, une chanson réponse à la chanson interprétée par Big Mama Thornton, Hound Dog. Bear Cat atteint la troisième place au Billboard, le hit-parade rhythm and blues.
A la guitare, Joe Hill Louis dont on parlera après. Pour être complet Tuff Green à la basse et Houston Stokes à la batterie.
Le bestiaire : Tiger Man, Walking The Dog. Succès, reprises.
Rufus Thomas est ensuite victime de la politique « Elvis Presley ». Sam Phillips oriente la marque vers le rock ‘n’ roll. Rufus Thomas n’enregistre plus rien pendant trois ans. En 1956, un single pour les frères Bihari.
En 1959, Rufus Thomas passe chez Satellite qui deviendra en 1963 Stax. Rufus Thomas entame alors une autre carrière, plus soul funk, avec sa fille Carla.
3/ Joe Hill Louis
« One man band » : homme orchestre, chanteur harmoniciste et guitariste.
Né en 1921 dans le Tennessee, mort en 1957 (ni alcool, ni drogue… : tétanos !).
Grave ses premiers disques à Nashville pour Columbia en 1949.
Succède à B.B. King comme animateur à la WDIA, « The Be Bop Boy », jusqu’au milieu des années cinquante.
Il a été l’un des premiers à être enregistré par Sam Phillips. De 1950 à 1956, enregistre pour diverses marques dont Sun (Modern, Checker, Meteor, Big Town, Rockin’, House Of Sound).
4/ Jimmy DeBerry
Un choix assez évident pour moi. L’intérêt d’une telle émission est de montrer le rôle historique de Sun en faisant écouter les premiers enregistrements de bluesmen parmi les plus grands, comme Howlin’ Wolf, mais aussi de faire connaître des bluesmen plus obscurs, qui ont souvent peu enregistré mais qui ont joué un rôle sur la scène de Memphis.
C’est le cas de Jimmy DeBerry. Né en 1911 dans l’Arkansas, décédé en 1985.
Arrive à Memphis en 1927. Il apprend l’ukulele, le banjo et la guitare.
Joue avec Will Shade, Jack Kelly, Frank Stokes et le jeune Walter Horton !
Premier enregistrement pour Vocalion en 1939 avec les « Memphis Playboys ».
En 1953, il réalise deux sessions pour Sun Records ; la première avec Big Walter Horton dont il ressort l’instrumental mémorable Easy.
Le morceau qu’on va entendre est issu de la deuxième session, avec Mose Vinson au piano et Raymond Jones à la batterie.
Une veine rurale vraiment authentique et vraiment efficace.
5/ Woodrow Adams
Woodrow Wilson Adams. Né en 1917 dans le Mississippi, décédé en 1988. Harmonica, guitare.
Woodrow Wilson, président démocrate de 1913 à 1921.
Forme les « Boogie Blues Blasters », les « 3 B’s », à la fin des années quarante.
Trois sessions :
- 1952, dans les studios de Sun mais les faces seront publiées par Checker ;
- 1955, Meteor ;
- 1961, Home of the Blues.
Grâce à David Evans, session pour Flyright en 1967.
Style rural, proche de Howlin’ Wolf.
6/ Junior Parker
« Little » Junior Parker, chanteur harmoniciste, un autre choix évident :
- ses premiers succès, il les a eus avec Sun : Feelin’ Good, Mystery Train
- créateur d’un style, c’est le son de la marque Sun.
Né en 1927 dans l’Arkansas, mort en 1971 à Chicago.
A 15 ans, Sonny Boy Williamson devient son mentor.
En 1950, les « Blue Flames » avec Bill Johnson au piano, Matt Murphy à la guitare et L.C. Dranes à la batterie.
Enregistre pour Modern en 1952 et pour Sun en 1953. Succès.
Chanson « miroir » de Feelin’ Good.
En 1954 il s’établit à Houston et enregistre pour Duke… Il aura beaucoup d’autres succès (Next Time You See Me, That’s Alright, Driving Wheel…).
7/ Pat Hare
Né dans l’Arkansas en 1930, décédé en 1980. Guitariste.
Il a accompagné la plupart des bluesmen de Memphis dans les années 40, 50.
Les deux faces gravées sous son nom pour Sun en 1954 sont restées inédites jusqu’en 1974.
Il a travaillé pour Junior Parker et pour Muddy Waters.
Histoire fantastique et tragique. En 1954 il interprète une version d’un morceau de Doctor Clayton intitulé I’m Gonna Murder My Baby, « Je vais assassiner ma chérie ». Le problème, c’est qu’il ne s’est pas contenté de le jouer, il l’a fait ! Il a flingué sa femme, et puis après le flic venu enquêter. Il a écopé de 99 années de prison et il est mort en taule. Il paraît qu’il avait mis sur pied un orchestre en prison, les « Sounds Incarcerated » !
Précurseur :
- du rockabilly : on cite notamment son break dans Love My Baby en 1953 ;
- du heavy metal : son jeu de guitare dans Cotton Crop Blues de James Cotton en 1954.
8/ Doctor Ross
Isaiah Ross, né en 1925 dans le Mississippi, décédé en 1993.
Surnom de « Docteur » dû selon les sources, soit « pour son goût pour les livres de médecine » (Arnaudon), soit parce qu’il a été incorporé dans l’armée dans un hôpital militaire. (Wikipedia – Allmusic). La vérité, c’est peut-être les deux…
1949, KFFA, West Helena, « Doctor Ross and His Jump ans Jive Boys ».
1951, premières faces pour Chess. The « King Biscuit Boys ».
1952, 1 session pour Sun (publiée en 1972 par Arhoolie).
1953/1954, nouvelles sessions pour Sun : The Boogie Disease, Chicago Breakdown.
S’installe dans le Michigan.
1958, devient « one man band ».
1965, tournée de l’AFBF. Sa prestation impressionne le public européen.
Gaucher, emploie son harmonica et sa guitare à l’envers. Harmoniciste percutant, influence profonde de John Lee Sonny Boy Williamson.
9/ Boyd Gilmore
Né en 1905 dans le Mississippi, décédé en 1976.
1952, 1 session pour Modern avec Ike Turner.
1953, session Sun.
I Believe I’ll Settle Down, avec Pinetop Perkins au piano, Earl Hooker à la guitare et Willie Nix à la batterie. Non publié à l’époque.
10/ Willie Nix
Choix d’un batteur.
Rabbits Foot Minstrels. KXLR, Little Rock.
1951, WDIA. Se produit avec Joe Hill Louis, Big Walter Horton, Joe Willie Wilkins.
Un ensemble avec Willie Johnson, James Cotton.
1951/1953, enregistre pour RPM, Checker et Sun.
Impliqué dans une affaire de meurtre, fait de la prison.
Chicago, vie errante.
Musique enracinée dans le blues du Delta.
Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE
Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :
https://www.radio-transparence.org/
Merci pour votre visite & Bon Blues !!
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