mercredi 7 février 2018

Séance 17


HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !


Séance 17


1/ Clyde McPhatter
On commence l’émission avec une immense star du rhythm and blues que j’ai déjà évoquée à plusieurs reprises dans Hot Ariège, Clyde McPhatter. 
Clyde McPhatter est né en Caroline du Nord en 1932. Sa famille est venue s’installer à New York quand il était adolescent. Très tôt, il chante du gospel. Cette influence du gospel est restée forte durant toute sa carrière. En 1950 il est engagé par Billy Ward dans le groupe des Dominoes. Nous avons eu l’occasion de parler des Dominoes dans Hot Ariège à propos du morceau Sixty Minute Man. Clyde McPhatter est le ténor et son rôle est essentiel. C’est grâce à lui que la popularité du groupe surclasse nettement celles des Ravens, des Clovers et autres Five Keys C’est lui qui crée le style qui va devenir dominant dans le doo wop, à base de gospel transposé et d’alternances entre appels et réponses. Problème, il ne gagne pas un rond dans l’affaire. Il a déclaré lors d’une interview ultérieure qu’à cette époque il n’avait pas de quoi se payer un coca pendant les pauses.
Clyde McPhatter quitte les Dominoes en 1953. Il est recruté par Ahmet Ertegun chez Atlantic. Il forme son propre groupe, les Drifters. Les enregistrements de juin 1953 ne sont pas jugés satisfaisants. Clyde McPhatter procède à quelques remaniements dans le groupe, après quoi les Drifters sont au top. Ils produisent une série de tubes : Honey Love, White Christmas, Watcha Gonna Do.
On écoute le plus connu de ces tubes qui est devenu un immense standard, Money Honey. 
C’est une session du 9 août 1953 où Clyde McPhatter tient évidemment le rôle de ténor. Il est entouré par les Drifters qui comprennent un autre ténor, Gerhart Trasher, un baryton Andrew Trasher et une basse vocale Willie Ferbee. Et ils sont accompagnés par des musiciens de studio : Sam Taylor, saxo ténor, Walter Adams et Mickey Baker à la guitare, Jesse Stone au piano et le coffret du CD indique « and others », les autres sont donc inconnus.
Money Honey est bien caractéristique de McPhatter qui déclame son texte avec une outrance dramatique alors qu’il décrit une scène on ne peut plus banale. Son propriétaire vient lui réclamer le loyer, il n’a pas de quoi payer, il demande du fric à son amie qui du coup le quitte. Le décalage produit un effet presque comique.
Impossible de citer tous ceux qui ont repris un tel standard ; parmi eux, Elvis Presley, Eddie Cochran, Little Richard… A la fin de l’année 1954, Clyde McPhatter a quitté Atlantic et les Drifters pour entamer une carrière solo. Il récolte des succès : le premier avec la chanteuse Ruth Brown, Love Has Joined Us Together et d’autres comme Treasure Of Love, vendu à plus de deux millions d’exemplaires, et surtout A Lover’s Question, numéro 6 au Billboard en 1958. 
Clyde McPhatter enregistre pour MGM, pour Mercury. Son dernier succès au Top Ten est Lover Please en 1962. Après, sa carrière suit une pente descendante. Il sombre dans l’alcool et la dépression. Il habite pendant deux ans en Angleterre, revient ensuite aux Etats-Unis. Il préparait un grand retour sur Decca en 1972 quand il meurt des complications causées par l’abus d’alcool, à moins de quarante ans.
Clyde McPhatter était le king du doo wop. Quelqu’un a pu écrire que sa carrière mal gérée avait fait de lui une légende sans pour autant qu’il décroche le succès qu’il méritait. C’est un peu exagéré parce que Clyde McPhatter a eu tout de même sept chansons classées au Top Ten. En fait, la cause du naufrage des années soixante me paraît un peu plus profonde. Le doo wop a été un moment dans l’histoire du rock ‘n’ roll, qui lui-même n’a connu qu’une durée éphémère, en gros entre 1954 et 1961. La seule issue pour durer après le doo wop pour un artiste comme Clyde McPhatter aurait été de monter dans le wagon de la soul music. Il a sans doute été mal conseillé mais il n’en reste pas moins une figure majeure inoubliable des années cinquante, soixante.


2/ Jimmy Reed
L’artiste suivant est un géant du blues qui, comme Clyde McPhatter, a sombré dans l’alcool dans les années soixante. Il s’agit du chanteur harmoniciste Jimmy Reed qui est l’auteur de l’indicatif de l ‘émission, Boogie In The Dark. Avec 22 entrées au hit-parade entre 1953 et 1966, Jimmy Reed est de loin le bluesman qui a eu le plus de succès commercial dans le genre. Il est même rentré dans le hit-parade pop en 1957 avec Honest I Do. 
Jimmy Reed a mis au point avec son copain de toujours, le guitariste Eddie Taylor, une formule redoutablement efficace : des basses ambulantes lourdement appuyées, une voix paresseuse et traînante, quelques notes stridentes d’harmonica et un soutien rythmique impeccable d’Eddie Taylor et du batteur Earl Phillips, telles sont les clés de l’énorme succès de Jimmy Reed. Ce dernier est l’auteur d’une grande collection de standards.
On écoute l’un des plus connus, Big Boss Man. L’interpellation de Jimmy Reed mérite d’être méditée par tous :
Hé, l’grand patron, t’entends pas quand je t’appelle ?
Oh, t’es pas si grand en fait,
T’es juste de bonne taille, c’est tout.
Big Boss Man a été enregistré en 1960. Jimmy Reed au chant, à l’harmonica et à la guitare, est accompagné de Mama Reed, sa femme au chant, de Lefty Bates et Lee Baker à la guitare, Curtis Mayfield à la basse et Earl Phillips à la batterie.
Big Boss Man est un des fleurons du blues qui a été repris une quantité incalculable de fois. 
C’est Jimmy Reed qui a assuré le succès de la maison Vee-Jay, la première maison de disques tenue par des Noirs, « V » Vivian Carter et « J » Jimmy Bracken qui ont pris leurs initiales pour donner le nom de la maison. La firme connaîtra son meilleur moment en 1962 – 1964, avec les Four Seasons et les Beatles. Eh oui, ils s’étaient assurés les droits de diffusion des Beatles avant qu’ils ne soient trop connus ! Si ça, ce n’est pas du flair… Mais croyez moi, en matière de musique, vous pouvez faire confiance aux Noirs ! Vee-Jay a sombré au milieu des années soixante parce que le trésorier a piqué dans la caisse pour régler des dettes de jeu. Alors par contre, en matière de pognon, c’est une autre histoire…
Quant à Jimmy Reed, je l’ai dit en introduction, son problème a été l’alcool. Alors avec la faillite de Vee-Jay et un état éthylique prononcé permanent, il ne pouvait que sombrer dans les problèmes et c’est bien ce qui est arrivé.
Jimmy Reed, c’est le meilleur du blues, mais si vous voulez acheter un CD, je vous conseille de vérifier qu’il s’agit bien d’une version originale et pas d’une reprise des années soixante.


3/ John Lee Ziegler
L’artiste que je vais vous présenter maintenant a un certain nombre de points communs avec Jimmy Reed, puis que c’est un guitariste, qui joue du blues et c’est un bluesman de l’après-guerre. Et pourtant, vous allez avoir l’impression de changer d’univers. C’est toute la magie du vrai blues noir, dont l’incroyable force primitive s’est retrouvée plus ou moins diluée dans toute la musique moderne.
Ce bluesman s’appelle John Lee Ziegler. On le trouve partout orthographié « Ziegler », mais lui-même disait que son nom s’épelait « Zeiglar ». Il est né en 1929 à Houston et il est mort également à Houston en 2008. Il a pourtant dû vivre en Géorgie puisqu’on le trouve sur les compilations de George Mitchell consacrées à la musique de cet Etat du sud, et notamment sur celle intitulée Georgia Blues Today parue en 1981 dont est extrait le morceau qu’on va entendre.
Ce morceau s’intitule Used To Be Mine But Look Who Got Her Now. L’enregistrement date probablement de 1978.
Personnellement, je trouve ce morceau extraordinaire. Il dégage un feeling extrême. La voix, le son, même les cris des enfants derrière (qu’on entend beaucoup moins d’ailleurs que sur les autres morceaux de John Lee Ziegler de la compilation Georgia Blues Today), tout cela contribue à donner cette touche d’authenticité spéciale qui fait qu’on a l’impression de se retrouver dans l’arrière cour d’une ferme en Géorgie face à gars qui vous exprime toute la misère que les Noirs ont pu ressentir depuis trois siècles.
On est loin, très loin, des clubs, des tavernes, des basses ambulantes, du swing et de la danse, on est plongé dans une atmosphère rurale pauvre et c’est énorme.
On réécoutera John Lee Ziegler car les autres morceaux qu’il a enregistrés sont du même niveau.


4/ Aretha Franklin
On revient en ville à présent avec une chanteuse de soul music, Aretha Franklin. Aretha Franklin est née à Memphis en 1942. Elle est la fille d’un prédicateur itinérant et d’une pianiste. 
Elle fait son premier enregistrement chez Columbia en 1960. Today I Sing The Blues est déjà un succès. Elle sort son premier album en 1961. Par la suite elle enregistre du jazz, du blues, du doo-wop, du rhythm and blues. A partir de 1964 son registre vire à la pop et elle grimpe dans les charts. 
En novembre 1966 elle signe chez Atlantic. I Never Loved A Man atteint la première place au hit-parade en 1967. C’est en avril 1967 qu’elle sort une reprise d’un morceau d’Otis Redding intitulée Respect. En fait, la mélodie est transformée et Aretha Franklin donne au contenu des paroles un sens entièrement nouveau. Il s’agit d’une femme qui sait ce qu’elle veut et qui exige le respect de la part de son homme. Cette chanson devient emblématique du féminisme. En plus, elle résonne fortement avec le « Say it loud, I’m black and I’m proud » de James Brown : dîtes le haut et fort, je suis noir et je suis fier. Respect accompagne de fait le mouvement de libération des Noirs américains de ces années-là. On écoute la version d’Aretha Franklin.
Dans les années soixante, soixante-dix, Aretha Franklin a inscrit une série incroyable de tubes : huit au Top dix, suivis de dix autres au Top 40 et encore cinq autres au Top 10 jusqu’en 1974. Et après avoir quitté Atlantic en 1980, elle a encore réussi à classer plusieurs titres dans les sommets du hit-parade dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. 
Aretha Franklin chante avec fougue et passion. Elle parvient à donner à ses chansons, et notamment à ses reprises, un souffle nouveau et la forme qui convient le mieux. C’est vraiment une grande figure de la soul et de la pop.


5/ Hop Wilson
On revient au blues à présent avec un artiste du Texas, Hop Wilson. Harding Wilson est né au Texas en 1927 et il est mort au Texas en 1975.
Harding Wilson jouait de l’harmonica pendant son enfance, d’où son surnom de « Harp », transformé en « Hop » lorsqu’il s’est établi à Houston à la fin de la guerre. Jusqu’en 1970 il se produit dans des bars et des tavernes de Houston et il enregistre pour des petites marques locales.
Hop Wilson est un virtuose de la guitare hawaïenne amplifiée dont il tire des sons fascinants. On écoute un morceau enregistré en 1960 à Houston pour la marque Ivory, My Woman Has A Black Cat Bone. Ma femme a un os de chat noir, on est en plein  vaudou ! Ca devrait barder pour le bonhomme… Hop Wilson au chant et à la steel guitar, est accompagné par Elmore Nixon au piano, Pete Douglas à la guitare, Slim Parker à la basse et Ivory Lee Semien à la batterie.
Quel son de guitare ! Hop Wilson marie les influences du blues et du western swing, notamment du fabuleux guitariste Leon Mac Auliffe, le maître de la steel guitar. Et ça donne un style texan vraiment original, vraiment chouette.
Je signale pour les amateurs que le morceau qu’on vient d’entendre est tiré d’un CD paru chez Ace en 1994, portant le numéro CDCHD 240,  intitulé « Hop Wilson & His Buddies – Steel Guitar Flash ». Je vous recommande cette bonne bouteille de steel guitar, c’est un vrai régal ! J’ajoute que toutes les productions de la marque Ace sont d’une vraiment grande qualité. 


6/ Whispering Smith
On reste dans le blues à présent, mais on passe de la guitare à l’harmonica et du Texas à la Louisiane. Nous allons parler du chanteur harmoniciste Whispering Smith. Nous allons en effet plonger dans le swamp blues, le blues des marais de la Louisiane.
Le swamp blues est associé au nom de J. D. Miller, un homme d’affaires de Crowley en Louisiane, qui a décidé en 1948 de promouvoir des artistes locaux de blues, de zydeco, de country, de rock ‘n’ roll… Il faisait enregistrer les artistes dans des studios qu’il avait créés à Crowley et il les faisait éditer par son ami Ernie Young, propriétaire de la marque Excello basée à Memphis. Les grands noms du swamp blues sont le père fondateur Lightnin’ Slim et la plus grande vedette Slim Harpo.
Dans le sillage de ces deux figures, s’est développé un swamp blues caractérisé par un son rural électrique, très influencé par Jimmy Reed, avec souvent des sons de percussion un peu étranges. Cela a permis à  J. D. Miller de découvrir une palette bien remplie d’artistes vraiment intéressants.  
Parmi eux, Moses Smith né dans le Mississippi en 1932, mort en 1984. Smith, comme beaucoup d’autres, a commencé par jouer du gospel. Il s’est établi à Baton Rouge, la capitale de la Louisiane, en 1957. Il joue dans les bars avec Lightnin’ Slim. De 1960 à 1966, il forme son propre orchestre. Il réalise son premier enregistrement pour Excello naturellement, et en 1963 paraît le titre Mean Woman Blues. 
On écoute un morceau issu d’une compilation sur CD intitulée « Blues Hangover – Excello Blues Rarities » parue en 1995. Le morceau s’appelle Wake Up Old Maid.
Après 1966, Whispering Smith renonce à une carrière active et il trouve un emploi chez un constructeur de piscines. Cet emploi lui évite le plongeon puisqu’il reprend du service en 1970 et il enregistre pour Arhoolie et Blue Horizon. Il participe même à des tournées de l’American Folk Blues Festival. Après 1974 il n’a plus exercé d’activité régulière.
Whispering Smith était un accompagnateur de grande classe. Sa carrière solo n’a pas été très prolifique mais c’était un excellent représentant du swamp blues qui savait installer un climat particulier avec sa voix grave et son jeu d’harmonica.


7/ Carter Family
On change de style à présent avec les artistes suivants qui constituent une famille entière. Il s’agit de la famille Carter, la Carter Family qui, je pense, n’a rien à voir avec l’ancien président américain car le patronyme de Carter est relativement courant aux Etats-Unis. 
A l’origine la Carter Family était un trio composé d’Alvin Pleasant Delaney Carter (1891-1960), au chant, de sa femme Sara (1898-1979) au chant, à la harpe et à la guitare, et de sa belle sœur Maybelle (1909-1978) au chant, à la harpe et à la guitare également. Maybelle était une cousine de Sara et elle avait épousé un frère d’Alvin, elle était donc aussi sa belle-sœur.  
Leur premier enregistrement date de 1927, comme Jimmy Rodgers qui a été surnommé le père de la country music. Cela se passe le 1er août 1927 à Bristol dans le Tennessee dans les studios de la firme Victor, exactement la Victor Talking Machine Company VTMC. Le premier 78 tours sort en novembre et c’est tout de suite le succès. La collaboration du trio avec la VTMC durera jusqu’en 1935.
On écoute un des premiers enregistrements de la , un de ceux de 1927, Keep On The Sunny Side. 
Keep On The Sunny Side est devenu un standard de la country music. 
Au début des années trente, Alvin Carter parcourt la région des Monts Appalaches où les traditions musicales des colons d’Irlande, d’Ecosse etc. se sont perpétuées. Il est souvent accompagné d’un guitariste noir du Tennessee, Lesley Riddles. Leur but est de recueillir des ballades traditionnelles, des blues, des gospels, afin de les adapter dans le style du trio. Un exemple de plus qui montre le lien assez fort entre les musiques populaires blanches et noires dans les années vingt, au moment où on commence à graver les premiers disques de blues et de country.
La Carter Family est sans doute le trio le plus populaire de l’histoire de la country music. A la fin de 1930, ils avaient vendu plus de 300 000 disques aux Etats-Unis. Après la VTMC, ils continueront à enregistrer pour Decca puis pour Columbia. Le groupe se sépare en 1943 / 1944. Maybelle Carter et ses trois filles, Anna, June et Helen poursuivront une carrière au début sous le nom « Maybelle et les Carter Sisters » puis par la suite elles reprendront le nom de Carter Family.
Outre Keep On The Sunny Side, la Carter Family a produit plusieurs standards de la country, comme Wildwood Flower ou Wabash Cannonball. La Carter Family a exercé une influence profonde sur la country, spécialement sur le bluegrass, la pop et le folk. Maybelle Carter a construit un style de guitare qui est resté sous le nom de « Carter picking » et qui a été développé par des guitaristes comme Doc Watson ou Norman Blake. Signalons enfin que l’une des filles de Maybelle, June, a épousé le célèbre chanteur de country rock Johnny Cash.


8/ Little Willie John
Et voici maintenant du rhythm and blues avec le chanteur Little Willie John. William Edward John, né dans l’Arkansas en 1937, mort en 1958, était sur nommé « Little Willie », le petit Willie, en raison de sa petite taille.
Il était âgé de quatre ans lorsque sa famille a déménagé à Detroit, la ville de l’automobile, pour que son père trouve du travail. Contrairement à New York, Chicago ou Los Angeles, la ville de Detroit ne possédait pas de maison de disques importante, ce qui constituait un handicap important pour les artistes locaux. Il n ‘y avait pas d’autre moyen pour un amateur que de se faire repérer par quelqu’un de passage. C’est ainsi que comme d’autres, tels Hank Ballard ou Jackie Wilson, Little Willie John a eu la chance d’être distingué lors d’un spectacle présentant de jeunes talents en 1951. Il a été signalé à la firme King Records et sa carrière a été lancée.
Elle démarre sur les chapeaux de roues. Une reprise d’un morceau de Titus Turner, All Around The World, décroche la cinquième place au hit-parade du rhythm and blues. Il s’ensuit une collection de succès. Citons Need Your Love So Bad et surtout Fever, paru en 1956. Fever est surtout connu du fait de la reprise par la chanteuse blanche Peggy Lee en 1958, voire par celle d’Elvis Presley, mais la version originale de Little Willie John s’est classée première au hit-parade et s’est vendue à plus d’un million d’exemplaires.
On écoute un morceau de 1958, Let’s Rock While The Rockin’s Good.  
La liste des succès de Little Willie John  est longue : Talk To Me, Talk To Me atteint la cinquième place au hit parade ; Leave My Kitten Alone la treizième et a été enregistrée par les Beatles mais elle ne sera publiée qu’en 1995. Little Willie John a placé 5 hits au Top Ten du Billboard, le hit-parade.
Seulement voilà, il a abusé de l’alcool et la descente a été sévère. Sa maison de disques se sépare de lui en 1963. Quelques années plus tard il est reconnu coupable d’homicide involontaire et envoyé dans un pénitencier. C’est là qu’il meurt, en prison, dans des conditions douteuses en 1968. Officiellement, d’un arrêt cardiaque, alors qu’il était entré à l’hôpital de la prison pour une pneumonie. Alors un arrêt cardiaque dans ces conditions, à trente ans, pour un Noir dans un pénitencier en 1968, au moment où les émeutes raciales battaient leur plein, cela me fait terriblement penser au titre de la pièce de Dario Fo, mort accidentelle d’un anarchiste tombé du quatrième étage…
Little Willie John était l’une des grandes voix du rhythm and blues des années cinquante, aux côtés de Tony Williams, le ténor des Platters, Clyde McPhatter et Jackie Wilson qui se sont succédé au sein des Drifters.


9/ Buster Benton
Voici maintenant un chanteur guitariste de blues, Buster Benton, né Arley Benton dans l’Arkansas en 1932, surnommé Buster pendant son enfance.
Il se fixe à Chicago en 1958. Il se livre alors à la double journée bien connue : il est mécanicien le jour et il fréquente les artistes du South Side de Chicago la nuit. En 1962 il constitue un orchestre et accompagne occasionnellement Buddy Guy, Junior Wells, Johnny Shines…
Le déclic se produit en 1971 lorsque Willie Dixon, le pape du blues de Chicago, celui qui a ses entrées partout, celui qui fait les carrières des bluesmen de Chicago, l’engage dans son orchestre. Il participe alors aux tournées et aux enregistrements.
Son premier enregistrement solo a lieu en 1974, pour Jewel et Spider In My Stew remporte un succès. Par la suite Buster Benton produira plusieurs albums.
On écoute un morceau d’un CD enregistré en 1985 à Paris pour Black & Blue, From Missouri. 
Buster Benton est au chant et à la guitare, François Rilhac au piano, Billy Branch à l’harmonica, Carlton Weathersby à la guitare, J.W. Williams à la basse et Mose Rutues à la batterie. 
Buster Benton est un guitariste qui a apporté sa contribution au blues moderne de Chicago avec des morceaux d’excellente facture comme celui qu’on vient d’entendre. il est mort en 1996.


10/ Black Diamond
Voici maintenant un mystère : qui est Black Diamond, le Diamant Noir ? On ne sait absolument rien de ce chanteur guitariste de blues, sauf deux choses : d’abord son vrai nom James Butler, ensuite qu’il a enregistré deux morceaux à Oakland, Californie, en 1948 et c’est tout. Après les enregistrements, le diamant noir s’est évaporé.
Alors les experts se livrent à toutes sortes de conjectures. Ne serait ce pas en fait K.C. Douglas, un autre bluesman profond de la Californie de l’après-guerre ? Faux, répondent certains qui mettent en avant les différences dans la voix.
Bon, ce qu’on sait c’est qu’on ne sait rien ! On écoute l’un des deux morceaux de Black Diamond, Lonesome Blues.
Ce morceau se trouve sur une compilation intitulée « Down Home Blues Classics, Vol. 4 California » parue chez Boulevard Vintage en 2007.


Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

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