mercredi 23 mai 2018

Séance 28


HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !


Séance 28


1/ Wild Bill Phillips
On commence l’émission avec du blues et de l’harmonica :nous allons parler de   Wild Bill Phillips. Parler est un bien grand mot car il y a peu d’informations concernant cet excellent harmoniciste.
Il appartient pourtant à l’histoire puisqu’il est présent sur la première session d’enregistrement de Lightnin’ Slim pour le producteur J.D. Miller, une session qui marquera le décollage de la marque Excello qui deviendra par la suite la marque du swamp blues, le blues des marais, le blues de la Louisiane. 
C’est Diggy Do, le D.J. d’une radio de Baton Rouge, WXOK, qui a joué un rôle clé dans la découverte de Lightnin’ Slim puisqu’il a fait passer l’orchestre dans lequel jouait Lightnin’ Slim à la radio et c’est lui qui a présenté le groupe à Miller. Ce dernier n’est pas convaincu par le groupe mais il accepte d’enregistrer le guitariste, Otis Hicks, le vrai nom de Lightnin’ Slim. Mais tout seul, ça ne le fait pas. J.D. Miller a entendu parler d’un bon joueur d’harmonica à Beaumont, alors il est allé le chercher. Il a eu du mal à le trouver car le gars était en taule et il a dû payer la caution pour le faire libérer. Cet harmoniciste, c’était Wild Bill Phillips. Voilà comment ce dernier a accompagné Lightnin’ Slim sur Bad Luck Blues, le chef d’œuvre qui a lancé Lightnin’ Slim.
On écoute le seul morceau connu édité sous le nom de Wild Bill Phillips, Pebble In My Shoe.
Un caillou dans sa chaussure ! Ce morceau figure dans le volume 2 d’une compilation de quatre CD intitulée « Jook Joint Blues – That’s What They Want » parue chez JSP en 2007.
Le talent de Wild Bill Phillips est évident. Je n’ai aucune idée de ce qu’il a pu faire après cette session pour J.D. Miller. Il est vraiment dommage que nous ne disposions pas de plus d’enregistrements  de ce super harmoniciste.



2/ Rufus Thomas
Voici maintenant Rufus Thomas, dont nous avons déjà eu l’occasion de parler dans la première séance consacrée au label Sun Records avec Marc.
On avait écouté Bear Cat, une chanson réponse de 1953 à Hound Dog interprétée par Big Mama Thornton avant d’être reprise par Elvis Presley. Tous ces titres tournent autour des animaux. Cela a dû marquer Rufus Thomas puisqu’il a continué dans ce registre en chantant sur les chiens, les poulets et les pingouins.
Voici une autre chanson enregistrée chez Sun en 1953 reprise plus tard par Elvis Presley, Tiger Man.
Rufus Thomas continuera son bestiaire puisqu’il chantera en 1963 Walking The Dog, gros succès – 10e place au Billboard Hot 100, reprise par les Rolling Stones en 1964, et par bien d’autres -. Rufus Thomas poursuivra par le suite avec un funky chicken en 1969, puis un funky penguin en 1971…
Eh oui, il a fini dans le funk. Il est mort à Memphis en 2001.


3/ Sam Cooke
Place maintenant à une star de la soul music, Sam Cooke, chanteur né dans le Mississippi en 1931, mort en 1964.
Son vrai nom est Samuel Cook, sans e. Sa famille est arrivée à Chicago en 1933 et il a suivi un parcours classique en commençant par le gospel. En 1950, à l’âge de 19 ans, il intègre le groupe des Soul Stirrers. Il sort son premier single solo en 1956 sous un pseudo : vous pensez, un chanteur de gospel qui se met à la musique profane, quel scandale si cela se savait ! Pas de bol, cela s’est su et scandale il y a eu. 
En 1957 il signe chez Keen. Très vite, il sort le morceau You Send Me, qui remporte un succès phénoménal : six semaines en tête des ventes de rhythm and blues. Sam Cooke reste deux ans chez Keen et pendant cette période il sort quatre albums. C’est sur l’un d’eux que se trouve le morceau Only Sixteen qu’on écoute. 
Grand succès, bien caractéristique de la douceur du style Cooke. 
Sam Cooke est l’auteur de A Change Is Gonna Come, dont Bob Dylan fera un hit. Il est mort dans des circonstances mystérieuses, assassiné d’une balle en pleine poitrine dans un hôtel californien. Certains auteurs avancent l’hypothèse que ce serait dû à son engagement en faveur des droits civiques. Il faut dire qu’à ce moment-là Sam Cooke est vraiment au sommet : il est l’artiste noir le plus populaire parmi les afro-américains. 
Sam Cooke est l’un des pionniers, l’un des créateurs de la soul music.


4/ Doctor Ross
Et voici maintenant un one-man-band, un homme orchestre qui joue de la guitare, de l’harmonica et de la batterie, que nous avons évoqué lors d’une des séances consacrées au label Sun Records de Sam Phillips à Memphis, Doctor Ross. 
Son vrai nom est Isaiah Ross. Il est né en 1925 dans le Mississippi et il est mort en 1993. Il a gravé ses premières faces pour Chess en 1951 et il a réalisé une session pour Sun en 1952. Il était très connu en Europe grâce à sa participation à la tournée de l’American Folk Blues Festival en 1965.
C’est un morceau enregistré à Hambourg lors de cette tournée qu’on va entendre. Il s’agit de My Black Name Is Ringing. Chers auditeurs, vous entendez une voix, une guitare, de l’harmonica et une batterie. C’est M. Ross qui fait tout !
L’impact sur le public d’un one-man-band comme Doctor Ross est considérable. Si la force de Joe Hill Louis, l’autre grand one-man-band de Memphis à la même époque, est essentiellement la guitare, celle de Doctor Ross est clairement son jeu à l’harmonica, un jeu brillant inspiré de John Lee Sonny Boy Williamson.


5/ The Five Keys
On change de style avec un groupe de doo-wop, les Five Keys. Le noyau dur des Five Keys est constitué à l’origine, à la fin des années quarante, de deux paires de frangins, Rudy et Bernie West d’une part, Ripley et Raphaël Ingram d’autre part. Ces quatre-là formaient un groupe qui s’appelait les « Sentimental Four ». Raphaël Ingram est parti, deux autres sont arrivés : Maryland Pierce et Dickie Smith. En 1949, le groupe prend le nom des Five Keys.
Ils signent d’abord chez Aladdin, y restent quelques années. En 1954, ils ont enregistré quatre morceaux pour RCA qui sont devenus des raretés. Le producteur de RCA a tout stoppé quand il appris que les Five Keys venaient de signer chez Capitol. 
On écoute un morceau de la période Capitol, en 1956, My Pigeon’s Gone. 
Les Five Keys sont considérés comme l’un des meilleurs groupes de doo-wop ayant existé. Aujourd’hui, seuls Bernie West, Dickie Smith et Maryland Pierce sont encore en vie. Les œuvres des Five Keys sont disponibles sur de nombreuses compilations de doo-wop et de rock ‘n’ roll.


6/ Classie Ballou 
Et maintenant un peu de swamp pop zydeco ! Nous allons parler de Classie Ballou, chanteur guitariste de Louisiane né en 1937.
En fait, Classie Ballou voulait faire du rock ‘n’ roll et il a commencé avec son propre groupe avec des reprises de Little Richard et de Chuck Berry. Il a été contacté par Eddie Shuler, le producteur de la marque Goldband, pour accompagner l’accordéoniste Boozoo Chavis. Il en sortira notamment en 1956 un morceau intitulé  Paper In My Shoes qui est considéré comme l’un des premiers hits du zydeco. 
Classie Ballou a ensuite travaillé avec J. D. Miller, le producteur basé à Crowley. Quatre morceaux seront édités en 1957 avec succès : Confusion, Crazy Mambo, Hey Pardner, Dream Love.  
Plusieurs autres ne seront pas publiés sur le coup. Ils ne sortiront que beaucoup plus tard. Parmi eux, Hey Ma Ma, qu’on écoute. 
Zydeco, rock ‘n’ roll, swamp pop ? Classie Ballou se situe à la frontière de tous ces genres. Il ne va pas récolter grand chose pour les morceaux qu’il a enregistrés et il est ressorti de ses relations avec J. D. Miller un peu dégoûté. 
Il préférera par la suite accompagner des artistes populaires comme Big Joe Turner, Rosco Gordon, Ike et Tina Turner, plutôt que se mettre en avant. Il s’est installé à Waco, au Texas. La vague du disco fin des années soixante-dix le conduit à suspendre sa carrière. Il ne reprendra du service qu’en 1999, accompagné de ses enfants et petits-enfants.
Ses morceaux des années cinquante sont disponibles sur des compilations, notamment la série de la marque Ace que j’ai déjà évoquée : « Rhythm and Bluesin’ By The Bayou ». 


7/ Magic Slim
Séquence fun à présent, on va s’écouter un Magic Slim. Il s’agit d’une reprise d’un morceau de Hound Dog Taylor : Give Me Back My Wig, en français, rends moi ma perruque. Mais qu’on la lui rende, nom d’un chien ! Ca le met dans des états épouvantables.
On écoute ça tout de suite.
Magic Slim, dont le vrai nom était Morris Holt, possède cette particularité des grands guitaristes d’avoir un son qui le rend instantanément reconnaissable. Chez lui, c’est une espèce de vibrato à la guitare qui vous colle le frisson.
Magic Slim était aussi à l’aise dans ses propres compositions, comme  Highway Is My Home qu’on avait entendu lors d’une émission précédente, que dans les reprises qu’il traite à sa façon. Give Me Back My Wig, un des meilleurs morceaux de Hound Dog Taylor, en est une excellente illustration.
Ce morceau est tiré d’un CD paru en 1982 chez Rooster Records intitulé « Grand Slam », toujours disponible.


8/ Kitty Wells
On change de style. C’est une voix féminine qu’on va entendre à présent et c’est un air de country. Voici Kitty Wells, chanteuse de country dont le vrai nom est Muriel Ellen Deason, née en 1919, décédée en 2012. 
Cette fille de musiciens forme d’abord un trio avec son mari. Elle commence à enregistrer pour Decca dans les années 1949, 1950. Son surnom vient d’une chanson. Elle décroche son premier hit, 27ème au Billboard pop music, en 1952 : It Wasn’t God Who Made Honky Tonk Angels. Ce morceau trouvé osé par la critique lui vaudra une interdiction au Grand Ole Opry, l’émission de radio country de Nashville.
Ses chansons sont empreintes d’un certain féminisme. Sur scène, pas de paillettes ou de tenues excentriques, elle était vêtue simplement. Elle sort Release Me en 1954 et surtout Making Believe en 1955. C’est le morceau qu’on écoute.
Kitty Wells est l’une des plus grandes chanteuses de la country music. Elle a placé pas moins de 38 morceaux dans le Top 10 du Billboard ! En 1968 elle a son show télévisé à elle. Son dernier hit est sorti en 1971. Kitty Wells, une grande dame de la country.


9/ Bill Haley
L’artiste suivant est extrêmement connu. C’est l’un des pionniers du rock ‘n’ roll, il s’agit de Bill Haley, chanteur guitariste né en 1925 à Detroit, mort en 1981.
Bill Haley a commencé dans la country mais très tôt, dès 1951, il incorpore du rhythm and blues dans son répertoire : Rocket 88 d’Ike Turner (attribué à Jackie Brenston), qui passe pour le premier morceau de rock ‘n’ roll de l’histoire, et Rock This Joint de Jimmy Preston (titre original : Rock The Joint). Personnellement, je trouve que ce sont des « covers » bien pâlichonnes à côté des originaux, mais bon, des goûts et des couleurs…
Et c’est Bill Haley, avec son groupe Les Comets, qui décroche le premier hit du rock ‘n’ roll en 1953, soit un an avant Elvis Presley, avec Crazy Man, Crazy. Le morceau est paru chez une petite marque indépendante, Essex. Decca flaire la bonne affaire et fait signer Bill Haley. On écoute son morceau le plus connu Rock Around The Clock.
Lors de la première session pour Decca, Bill Haley enregistre Rock Around The Clock et Shake, Rattle And Roll. Quand le film « Graine de violence » avec James Dean, paraît en 1955 avec Rock Around The Clock dans la bande son, la vague du rock ‘n’ roll et la culture jeune ont déferlé sur le monde.
Les disques de Haley étaient surtout des copies des disques noirs. Mais là où Elvis Presley et l’équipe de Sun Records à Memphis ont su créer un style nouveau, le rockabilly, avec des apports spécifiques, les productions de Bill Haley chez Decca ressemblaient plus à une adaptation de type « western swing » des morceaux de rhythm and blues qui étaient déjà du rock ‘n’ roll. A l’appui de ce que je viens de dire, il faut rappeler que le premier concert de rock ‘n’ roll organisé par le DJ Alan Freed en 1953 avait comme vedettes Buddy Johnson, Big Joe Turner, Fats Domino, les Mooglows, les Harptones, les Drifters, Ella Johnson, Dakota Staton et Red Prysock. Que des Noirs !
Rappelons aussi que Shake, Rattle and Roll était de Big Joe Turner – on a entendu la version originale la semaine dernière - et See You Later Alligator de Bobby Charles, nous entendrons la version originale dans une prochaine émission.


10/  B.B. King
On termine en beauté avec une des plus grandes stars du blues, B.B. King. Il s’agit d’un morceau de 1953 intitulé Whole Lotta Love enregistré pour le label RPM.
Morceau disponible par exemple sur un CD paru chez Ace intitulé « BB King – The RPM hits : 1951-1957 ».
Je ne reviens pas ici sur la carrière de B. B. King. Je signale juste que ses enregistrements pour RPM et ses compagnies sœurs Crown et Kent sont parmi les plus intéressants. C’est la période de ses grands succès comme Three O’Clock Blues (1951), You Upset Me Baby (1955), Everyday I Have The Blues etc.
Les CD RPM-Crown-Kent sont hautement recommandables, indispensables même. A noter aussi un enregistrement en public plus récent « Live At The Regal », chez MCA.


Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

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