mercredi 8 août 2018

Séance 37


HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !



Séance 37 


1/ Little George Smith, 1924-1983   
Allen George Smith est un chanteur harmoniciste originaire de l’Arkansas, admirateur de Little Walter, géant de l’harmonica et du blues de Chicago. Il commence en jouant dans les rues et il utilise un harmonica amplifié très tôt, dès 1945. 
En 1949, George Smith se fixe à Chicago. C’est là qu’il rencontre son mentor, Little Walter, qui fait partie de l’orchestre de Muddy Waters. D’ailleurs, George Smith prendra la place du successeur de Little Walter dans l’orchestre, Henry Strong, poignardé par sa petite amie jalouse. 
Mais cela ne durera pas et George Smith repart à Kansas City. Là il est repéré par le détecteur de talent, le « talent scout » de la firme Modern, Joe Bihari. Il signe alors chez Modern qui fait paraître ses premiers enregistrements sous le nom de Little George Smith, Telephone Blues et Blues In The Dark. 
On écoute Rockin’, un morceau de cette période non édité initialement par Modern.
On peut trouver ce morceau sur plusieurs CD, dont celui qui est intitulé « Little George Smith, The Modern Masters, Harmonica Ace » paru chez Ace.
Le contrat avec Modern ne dure pas. Le succès commercial n’est pas au rendez-vous et le label est plus attaché à chercher des vedettes de rock ‘n’ roll plutôt qu’à éditer d’obscurs bluesmen. Le contrat est rompu et George Smith sort alors plusieurs 45 tours chez de petites marques sous des noms divers : George Harmonica Smith, Little Walter Junior, George Allen…
George Smith est l’auteur de deux albums : le premier, paru en 1966 chez World Pacific, « Tribute To Little Walter » ; le second, chez Bluesway en 1968, « Off The Blues ». 
Il a aussi travaillé comme musicien de studio et dans l’orchestre de Big Mama Thornton. Au total, on peut parler d’une carrière en demi-teinte pour un artiste de la côte ouest qui a contribué à populariser l’harmonica moderne dans le style de Chicago.


2/ Oscar Buddy Woods, ~ 1890 - 1955
  Né en Louisiane, il a passé la plupart de son temps à Shreveport. Il a commencé en jouant dans les rues et très tôt il acquiert la technique de la guitare hawaïenne, jouée à plat sur les genoux. C’est lui qui enseignera cette technique à d’autres, comme Black Ace notamment. Il est non seulement un pionnier de ce style mais c’en est l’un des représentants les plus accomplis.
Il a enregistré 35 faces entre 1930 et 1940. Les premières sont gravées à Memphis pour le label Victor Records en 1930. Les séances d’enregistrement suivantes ont eu lieu à La Nouvelle Orléans en 1936 pour Decca, puis en 1937-1938 pour Vocalion. 
Cette période, de 1936 à 1938, est tout simplement magnifique. C’est durant cette période qu’Oscar Buddy Woods enregistre ses morceaux les plus connus, Lone Wolf Blues – il sera d’ailleurs surnommé Lone Wolf, le loup solitaire – et Don’t Sell It, Don’t Give It Away. 
C’est ce dernier morceau, enregistré à San Antonio en 1937, qu’on écoute. Oscar Buddy Woods est au chant et à la guitare, Kitty Gray au piano et on ne sait pas qui tenait la seconde guitare ni la contrebasse.
 En 1940, Oscar Buddy Woods a enregistré quatre titres pour la Librairie du Congrès.
A noter aussi qu’Oscar Buddy Woods a accompagné sur plusieurs enregistrement le chanteur de country Jimmie Davis, qui est devenu par la suite gouverneur de la Louisiane !


3/Chuck Willis ,
Né en 1928 à Atlanta et mort en 1958.
Chuck Willis a eu de la chance au démarrage puisqu’il signe pour Columbia à l’âge de 23 ans, en 1951, ce qui lui permet d’enregistrer pour la filiale Okeh. Il compose ses propres chansons et se forge un style de rhythm and blues. Le décollage se produit quand il passe chez Atlantic en 1956. Des morceaux comme It’s Too Late (She’s Gone) ou Juanita sortis en 1956 ont tout de suite connu le succès.  
Mais c’est l’année suivante, en 1957, que Chuck Willis décroche la timbale avec sa reprise de C.C. Rider, vieux classique du blues de vaudeville de la chanteuse Ma Rainey. La version de Chuck Willis atteint le numéro 1 au Billboard rhythm and blues et se classe aussi dans le hit parade pop. Chuck Willis récidive l’année suivante en 1958 avec What I’m Living For qui atteint encore la première place au Billboard rhythm and blues. 
Le morceau qu’on va écouter date également de 1958 : il s’agit de Betty And Dupree. C’est l’histoire de Betty qui demande à Dupree une bague en diamant. La version de Chuck Willis est une simple histoire d’amour. Dans d’autres versions un peu plus hard, Dupree prend un flingue, va braquer une bijouterie et se retrouver en taule. Il risque même d’être pendu. Rien de tout ça avec Willis, ça se finit bien  et Betty and Dupree vont se marier !
Les sessions d’enregistrement de 1958, What I’m Living For, Keep On Drivin’ et autres, ont lieu en février. Chuck Willis meurt en pleine gloire deux mois plus tard en avril. 
Chuck Willis, qui portait un turban et s’habillait à l’orientale, histoire sans doute de flamboyer un peu auprès d’un public jeune friand de nouveauté, a reçu des surnoms comme « roi du stroll » ou « sheik du shake ». C’était un chanteur exceptionnel qui incarne mieux que quiconque le mariage du rhythm and blues et du rock ‘n’ roll ou, si l’on préfère, le passage de l’un à l’autre.


4/ Ferlin Husky, 1925-2011
 Curieusement ce chanteur guitariste originaire du Missouri, qui est une figure importante de la country music, n’est pas très connu aujourd’hui. Il a pourtant obtenu entre 1953 et 1975 53 chansons classées au hit-parade de la country music, dont plus d’une vingtaine dans le Top 20 et certaines d’entre elles ont été dans les premières places du classement pop, c’est-à-dire toutes musiques confondues.
Il a commencé comme DJ. Il signe chez Capitol en 1953. Cette année-là le morceau A Dear John Letter, où il chante en duo avec Jean Shepard, atteint la première place au classement country. Ferlin Husky enchaîne alors les succès. Parfois il enregistre sous le nom de Simon Crum, qui est le nom d’un personnage de bande dessinée qu’il a lui-même créé. 
A la fin des années cinquante il obtient une longue série de tubes, notamment Gone en 1957 et Wings Of A Dove en 1960.  
On écoute un morceau de 1959 qui atteint la onzième place au hit-parade country, Draggin’ The River. 
On est en 1959, ce morceau est fortement marqué par le rockabilly. Il figure dans un coffret dont je vous ai déjà parlé : « Rock-a-Billy Cowboys » édité par The Intense Media, qui présente 250 chansons avec cette caractéristique de relever à la fois de la country et du rock ‘n’ roll.
Ferlin Husky a continué à récolter des succès dans les années soixante et soixante-dix, ce qui n’est pas fréquent et démontre une grande popularité. A noter également qu’il a joué dans une vingtaine de films.
Au total, c’est donc un grand artiste, avec de multiples facettes : DJ, dessinateur, acteur de cinéma.


5/ Johnny B. Moore, 
Né en 1950 .
A ne pas confondre avec un autre Johnny Moore qui était un guitariste de blues de Californie. Johnny B. Moore (B. comme Belle), lui, est né à Clarksdale dans le Mississippi et sa famille s’est installée à Chicago en 1964.
A la fin des années soixante, il travaille dans un fabrique de lampes et il joue la nuit. Ce serait Jimmy Reed, dit-on, qui lui aurait appris à jouer de la guitare. En 1975 il entre dans l’orchestre qui accompagne la chanteuse Koko Taylor, Blues Machine, puis il travaille avec Willie Dixon jusqu’à la mort de ce dernier en 1992. 
En 1984, il participe à la tournée du Chicago Blues Festival. Il sort son premier album en 1987. On écoute un morceau tiré de son deuxième album paru chez Wolf Records en 1993, « Lonesome Blues ». Le morceau s’appelle Straighten Up Woman. 
Johnny B. Moore - Straighten Up Woman
Ce qui est intéressant chez Johnny B. Moore c’est le fait qu’il parvienne à restituer d’une façon incroyable le style des bluesmen du Delta d’avant-guerre, alors qu’il fait partie d’une génération récente, qu’il a appris le blues essentiellement en écoutant des disques et qu’il a baigné dans le blues de Chicago des années soixante. Cette façon de conjuguer tradition et modernité est assez impressionnante. 
Johnny B. Moore est l’auteur de neuf albums : un en 1987, six dans les années quatre-vingt-dix et deux au début des années 2000. Ce sont tous des albums de bonne facture.


6/ Sugar Pie DeSanto,
C’est une chanteuse née à New York qui a vécu en Californie dès son plus jeune âge. C’est en 1954 à Los Angeles qu’elle est remarquée par Johnny Otis qui lui fait enregistrer ses premiers disques pour Federal l’année suivante. 
En 1957 elle épouse le chanteur guitariste Pee Wee Kingsley et ensemble ils gravent plusieurs disques pour les marques Aladdin, Check et Veltone en 1958/1959. Ils obtiennent un succès avec I Want To Know.   
On écoute un morceau de cette période : Nickel And A Dime, paru chez Music City en 1959. 
Un air de flûte, c’est toujours rafraîchissant dans les musiques sauvages !
En 1961, Sugar Pie DeSanto est engagée par James Brown avec lequel elle part en tournée pendant un an. Elle se sépare ensuite de son mari et s’établit à Chicago. Elle signe alors chez Chess et enregistre abondamment jusqu’en 1967. Elle remporte un grand succès en 1964 avec Slip In The Mules. La même année elle participe à la tournée de l’American Folk Blues Festival. 
Sugar Pie DeSanto se produit ensuite en Californie. Sa dernière apparition date de 1974, pour le festival de San Francisco.


7/ George Thorogood
Ce chanteur guitariste du Delaware a commencé en jouant en solo du Robert Johnson et du Elmore James. Il a bossé avec Hound Dog Taylor et est devenu dans les années quatre-vingt une figure importante du blues rock. 
Il a sorti plus de 20 albums à partir de 1977, notamment avec son groupe les Destroyers. Le deuxième album, Move It On Over paru chez Gold en 1978, avec une reprise du hit de Hank Williams marche bien. Ils se sont fait connaître en faisant la première partie du spectacle de la tournée des Rolling Stones en 1981.
On écoute un morceau tiré du CD « George Thorogood & The Destroyers – Live, Let’s Work Together » paru en 1995 et réédité chez BGO, une marque anglaise, en 2000. C’est une reprise d’un classique de Chuck Berry, No Particular Place To Go. 
George Thorogood, au chant et à la guitare, Jeff Simon à la batterie, Bill Blough à la basse et Hank Carter au saxo et au clavier.
George Thorogood a sorti un album solo en 2017.


8/ J. B Hutto, 1926-1983
Le chanteur guitariste Joseph Benjamin Hutto fait partie de ces nombreux guitaristes disciples du maître Elmore James utilisant une guitare électrique jouée avec un bottleneck. J. B. Hutto avec son groupe, les Hawks, les faucons, a gravé dans les années cinquante quelques titres qui sont devenus des classiques du blues de Chicago, Combination Boogie, Things Are So Slow, Pet Cream Man, sans jamais toutefois rencontrer le succès franc et massif qu’il aurait mérité.
On écoute un morceau de 1954 enregistré pour la marque Chance, Price Of Love.  
Ce morceau figure sur le CD « Chicago Blues, The Chance Era » édité par le label Charly. 
J. B. Hutto abandonne la musique entre 1956 et 1965. Cette année-là, en 1965, il enregistre pour Vanguard une session superbe. On a écouté un morceau tiré de cette session lors d’une émission précédente.
Après 1965, J. B Hutto n’a cessé de tourner dans les clubs de Chicago. A la mort de Hound Dog Taylor en 1975, Hutto a essayé de reprendre ses musiciens dans l’espoir de toucher le public plus large qu’avait conquis Hound Dog Taylor dans le milieu rock / pop, sans succès. 
J. B. Hutto nous a laissé de splendides morceaux où sa voix gutturale et son bottleneck agressif font merveille.


9/ Otis Blackwell, 1931-2002
Ce chanteur, pianiste compositeur est inconnu du grand public et pour tant il a joué un rôle important dans l’histoire du rhythm and blues et du rock ‘n’ roll.
En 1952 il gagne un concours de chant qui lui permet de décrocher un contrat avec RCA. Il sort deux 45 tours qui ne se vendent pas mais le producteur Joe Davis croit en lui et le fait enregistrer pour son propre label, Jay Dee (les initiales de Joe Davis), entre 1953 et 1955..
On écoute un morceau de 1954 intitulé Ain’t Got No Time. Otis Blackwell est au chant, Lem Johnson au saxo ténor, Dave McRae au saxo baryton, Conrad Frederick au piano, Frank Carroll à la basse et Panama Francis à la batterie.
Pourquoi les disques d’Otis Blackwell n’ont-ils pas marché ? Je n’ai pas la réponse.  En tout cas, cela a incité Blackwell à développer son talent pour l’écriture. Il a composé plus de 1000 chansons et beaucoup d’entre elles ont cartonné.
Je citerai Fever pour Little Willie John, repris par Elvis Presley ; Don’t Be Cruel, pour Elvis Presley et pour ce dernier encore All Shook Up et Return To Sender ; pour Jerry Lee Lewis Great Balls Of Fire et Breathless. Je m’arrête là, la liste des chansons à succès d’Otis Blackwell est très longue. On dit que ses chansons figureraient sur 200 millions de disques vendus.


10/ Big Pete Pearson,
Né en 1936 .
Son vrai nom est Lewis Paul Pearson, Big Pete pour les intimes. Il est né à Kingston, en Jamaïque, mais très tôt sa famille est venue s’installer au Texas. Et Big Pete Pearson est un précoce puisque dès l’âge de 9 ans, il joue dans les bars à Austin. 
Il enregistre pour Peacock à la fin des années cinquante. Il faut attendre 2001 pour voir un album sortir sous son nom. C’est un album édité par Blue Witch, « One More Drink ». Blue Witch Records récidive et publie en 2007 un deuxième album de Big Pete Pearson, « I’m Here Baby ».
Je vous propose d’écouter un morceau de cet album. Il s’agit de Too Many Drivers.    
Big Pete Pearson - Too Many Drivers
Quoi de meilleur que du bon Chicago blues qui cogne ?  C’est bien ce que sait faire Big Pete Pearson. Il sait même très bien le faire !
Il a sorti deux autres albums en 2009 : Finger In Your Eye chez Southwest et The Screamer chez Modesto Blues.


Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

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