HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !
Séance 40
1/ Kid Prince Moore
On ne connaît pas la date de naissance ni la date de a mort de ce chanteur guitariste qui a gravé 17 faces entre 1936 et 1938. On ne connaît rien de sa vie. C’est pourtant un brillant représentant de ce « Piedmont style », le blues de la côte est, le style de Blind Blake, un style élégant, léger, un style de virtuose de la guitare.
Kid prince Moore a réalisé trois séances d’enregistrement à New York pour Melotone en 1936 : les 8, 10 et 11 avril 1936 exactement. C’est au cours de la dernière, celle du 11 avril, qu’il grave un morceau qui n’a pas été édité à l’époque par Melotone ; ce morceau s’appelle South Bound Blues et on l’écoute.
Kid Prince Moore a réalisé une dernière séance d’enregistrement pour Decca deux ans après celles de Melotone, le 6 juin 1938 à Charlotte en Caroline du Nord. Lors de cette ultime séance, il a gravé six morceaux sous son nom en étant accompagné par un pianiste, Shorty Bob Parker et ce dernier a également gravé sous son nom six morceaux où il est accompagné par Kid Prince Moore.
L’ensemble de l’œuvre de Kid Prince Moore est disponible sur un CD publié par le label Documents : « Kid Prince Moore 1936-1938, Complete Recorded Works in Chronological Order ».
Documents a publié la quasi totalité de l’œuvre des bluesmen d’avant-guerre. Certains morceaux sont parfois d’une qualité très défectueuse.
2/ Wild Jimmy Spruill, 1934-1996
On reste dans le blues et la côte est. Je suis très heureux de vous parler aujourd’hui de Wild Jimmy Spruill. C’est un super guitariste, un guitariste de très grande classe et qui pourtant n’est pas très connu. Il est né en Caroline du Nord ; il vient donc de la côte est et il suit le parcours traditionnel : il est donc « monté » à New York. Les Noirs du Mississippi montaient à Chicago, ceux de la côte est à New York.
Lui il y arrive en 1955. Immédiatement il se met à travailler comme musicien de studio. C’est d’ailleurs essentiellement ce qu’il va faire durant les années cinquante, soixante : des séances de studio. Son principal patron, c’est le producteur du label Fire / Fury, Bobby Robinson. Mais il a aussi bossé pour d’autres marques, comme Old Tom ou Vanguard.
Ce qui est incroyable, c’est que, si lui est quasiment inconnu en dehors du cercle des amateurs de blues, malgré un style flamboyant, très accrocheur, immédiatement reconnaissable – et ça c’est la marque de fabrique des grands ; vous entendez trois notes de la guitare de Wild Jimmy Spruill et vous savez tout de suite à qui vous avez affaire – malgré sa classe, il figure sur d’innombrables morceaux qui ont occupé les premières places des hit-parade pendant une quinzaine d’années.
Ainsi en mai 1959 c’est le morceau de Dave Baby Cortez, The Happy Organ, qui est en tête du hit-parade pop. La guitare, c’est Wild Jimmy Spruill. The Happy Organ sera immédiatement suivi de Kansas City, de Wilbert Harrison, qu’on a déjà entendu dans Hot Ariège, qui le remplace donc à la première place. La guitare, c’est encore Wild Jimmy Spruill ! C’est aussi le cas peu après en 1960 pour Fannie Mae de Buster Brown, qu’on a également entendu dans Hot Ariège. Bon, il est impossible de citer tous les morceaux à succès avec Wild Jimmy Spruill à la guitare et d’ailleurs on peut penser qu’il est présent sur beaucoup de morceaux sans même que son nom apparaisse dans l’orchestre de soutien.
Il a aussi sorti quelques 45 tours sous son propre nom. On écoute un morceau tiré d’une compilation parue chez Night Train en 2005 sous le titre « Scratch ‘n Twist – Wild Jimmy Spruill, Rare ans unreissued New York rhythm ans blues 1956-1962 ». Le morceau s’appelle Sweet Little Girl. La chanteuse est Lynn Taylor.
► Wild Jimmy Spruill - Sweet Little Girl
Dans les années soixante, Wild Jimmy Spruill travaille essentiellement dans des boîtes de nuit de la côte est. Il est ensuite décorateur d’intérieur. Il donne des concerts occasionnels. Il a aussi fait une tournée en Europe avec ses potes de New York Larry Dale et Bob Gaddy.
New York compte deux musiciens de studio qui ont joué un rôle dans l’histoire du blues : Mickey Baker et Wild Jimmy Spruill.
3/ Julia Lee, 1902-1958
Chanteuse pianiste originaire du Missouri. Elle a joué dans les années vingt dans l’orchestre de son frère qui comprenait Charlie Parker. Elle est présente au piano sur un enregistrement de Jesse Stone datant de 1927.
C’est en 1935 qu’elle entame sa carrière solo. En 1944 elle signe chez Capitol. Le premier grand succès arrive en 1946 ; il s’agit de Gotta Gimme Watcha Got, qui atteint la troisième place au Billboard rhythm and blues.
Le suivant est son morceau le plus connu et son plus grand succès. C’est Snatch And Grab It, qui reste numéro 1 au Billboard pendant douze semaines en 1947. On l’écoute.
Julia Lee était au chant et au piano, Jack Marshall à la guitare, Red Norvo au xylophone, Geechie Smith à la trompette, Vic Dickenson au tuba, Benny Carter au saxo alto, Dave Cavanaugh au saxo ténor, Red Calender à la basse et Sam Lovett à la batterie.
Julia Lee n’en reste pas là. King Size Papa reste numéro 1 pendant neuf semaines en 1948 et I Don’t Like It The First Time atteint la quatrième place au Billboard.
Le succès se tarit après 1949 mais Julia Lee reste très populaire à Kansas City et elle continue à jouer jusqu’à sa mort en 58. Julia Lee est l’une des chanteuses de rhythm and blues de l’immédiat après-guerre les plus importantes. Elle représente la transition entre les chanteuses de blues d’avant-guerre et les chanteuses noires de style rock ‘n’ roll des années cinquante.
4/ Wayne Raney, 1921-1993
Chanteur harmoniciste originaire de l’Arkansas. Il se rend au Mexique, joue à la radio, revient dans l’Arkansas où il fait aussi de la radio. Il met au point une méthode d’harmonica et fabrique des harmonicas qu’il vend par correspondance.
Dans l’immédiat après-guerre il joue avec les Delmore Brothers, super guitaristes de country boogie que nous avons eu l’occasion d’entendre dans cette émission. Et c’est le cas pour le morceau que nous allons entendre, Lost John Boogie, grand classique du jazz, du blues et de la country.
C’est la face B d’un 45 tours paru chez King Records. Wayne Raney chante et est à l’harmonica, Alton et Rabon Delmore à la guitare et Henry Glover à la batterie.
Fantastique morceau d’harmonica country. Assurément Wayne Raney en était un des meilleurs spécialistes.
La carrière solo de Wayne Raney a démarré en 1948. En 1949 il décroche son plus grand succès, numéro 1 au Billboard de la country music, Why Do Not You Haul Off And Love Me.
Dans les années cinquante Wayne Raney se lance dans la production de musique country, il fonde son propre label Rimrock. Dans les années soixante il joue encore de la country et du gospel. C’est peu connu mais en fait de nombreux artistes de country ont joué du gospel, à commencer par le plus grand, Hank Williams.
Wayne Raney s’est mis ensuite à l’élevage de poulets. Dans les années soixante-dix et quatre-vingt il ne joue plus que de manière sporadique. Wayne Raney, c’est un grand nom pour la country et l’harmonica.
5/ Junior Wells, 1934-1998
Chanteur harmoniciste originaire de l’Arkansas né Amos Wells Blakemore Junior, il a passé sa jeunesse à Memphis et ce serait un autre Junior, Junior Parker, qui lui aurait appris à jouer de l’harmonica.
Bien sûr il finit par atterrir à Chicago. C’est en 1946 et il est d’abord limonadier. Il lui arrive de jouer avec Tampa Red et Little Johnny Jones. Il se lance vraiment en 1950 en constituant un trio avec les frères Myers, Louis et Dave. Ils seront rejoints plus tard par le batteur Fred Below et ils formeront alors les Aces. En 1953 les Aces enregistrent pour States puis Junior Wells entre brièvement dans la formation de Muddy Waters. Il part à l’armée, après quoi il dirige un ensemble avec les frères Myers et Luther Tucker.
Entre 1957 et 1963 Junior Wells grave de nombreux disques pour Chief, pour Profile. Il remporte des succès avec Messin’ With The Kid, Come On In This House, Little By Little. En 1965 Junior Wells sort un album avec Buddy Guy à la guitare, « Hoodoo Man Blues ». C’est le début d’une fructueuse collaboration. En 1966 Junior Wells participe à la tournée de l’American Folk Blues Festival. Par la suite il enregistre abondamment pour Delmark, Vanguard, Blue Rock.
On écoute un morceau de 1968 tiré d’un album intitulé « Coming At You » édité par Vanguard. Le morceau s’appelle When My Baby Left Me.
Junior Wells est au chant et à l’harmonica, Buddy Guy à la guitare, Walter Williams à la guitare rythmique, Douglas Fagan au saxo ténor, Tom Crawford à la basse, Clark Terry, Wallace Davenport et Jimmy Owens à la trompette et Levi Warren à la batterie.
A partir de 1970 Junior Wells s’associe durablement avec Buddy Guy. Ils font des festivals, des tournées, dont une en Europe avec les Rolling Stones. Le duo Junior Wells / Buddy Guy faisait partir du Top de cette génération de bluesmen de Chicago.
6/ Leadbelly, 1889-1949
C’est une figure de légende qui sort totalement de l’ordinaire que nous allons évoquer : Huddie William Ledbetter, dit Leadbelly. Leadbelly est la principale référence d’avant-guerre du courant folk avec Woody Guthrie. Il est d’ailleurs à ce titre quelque peu snobé par certains puristes qui ne voient pas en lui un authentique bluesman, notamment Gérard Herzhaft que je cite souvent dans cette émission. En réalité, c’était surtout le cas il y a trente ou quarante ans ; aujourd’hui les spécialistes n’opposent plus les « songsters », les raconteurs d’histoires dont le répertoire incluaient souvent des ballades, des airs à la mode, des chansons de cow-boy, aux bluesmen car l’intrication des styles est en réalité indissociable. Et d’ailleurs bien de ceux qui étaient qualifiés de bluesmen véritables dans les années dix, vingt, trente, avaient des répertoires qui débordaient largement du blues, comme Big Bill Broonzy, Charley Patton ou Blind Willie McTell pour ne citer que quelques uns des plus célèbres.
La vie de Leadbelly est un roman. Né en Louisiane, ses parents s’installent au Texas en 1894. Il joue dans les maisons closes à l’âge de 16 ans. Il fait la connaissance de Jelly Roll Morton, pianiste pionnier du jazz à La Nouvelle Orléans. En 1916 il se produit dans plusieurs villes du Texas avec Blind Lemon Jefferson, le pionnier du blues texan. En 1917 il tue un homme lors d’une bagarre et il est incarcéré dans une prison du Texas. La légende raconte que le gouverneur du comté, un certain Pat Neff, l’a amnistié en 1925 parce qu’il était tombé sous le charme de sa musique. Il se produit ensuite dans les tavernes de Houston. En 1930 il est de nouveau impliqué dans une bagarre et condamné en 1930 à dix ans de prison dans le pénitencier d’Angola en Louisiane. Ce sont les ethnomusicologues John et Alan Lomax qui le font enregistrer pour la Bibliothèque du Congrès américain et libérer en 1933. Leadbelly devient alors le chauffeur des Lomax.
C’est alors une nouvelle période qui s’ouvre pour Leadbelly. Il fait découvrir le blues et le folk au public de gauche de Greenwich Village à New York. Il participe à des concerts et enregistre abondamment. Il est la grande figure de la scène du blues à New York avec Sonny Terry, bientôt rejoints par Brownie McGhee.
On écoute un morceau de 1943, Good Morning Mr Blues. Leadbelly est au chant et à la guitare, Sonny Terry à l’harmonica.
Ca, c’est indiscutablement du blues et du meilleur. Les morceaux de Leadbelly qui ont traversé le temps ne sont certes pas des blues comme la ballade Good Night Irene ou les titres folk comme Midnight Special, qu’on a entendu lors d’une émission précédente, ou Rock Island Line dont la reprise par Lonnie Donegan a lancé la mode du skiffle.
Avec sa voix de stentor et son utilisation géniale de la guitare à douze cordes Leadbelly est devenu une figure mythique. Il a énormément contribué à populariser le blues en Europe en venant en France en 1949, ouvrant ainsi la voie aux bluesmen de Chicago dans les années cinquante.
7/ Al Coker, 1918-1970
Dans la country music, il n’est pas rare que des ensembles soient constitués de membres de la même famille. Dans le genre, la famille la plus connue est évidemment la famille Carter, The Carter Family.
Je vais vous en présenter une autre. Il s’agit de la famille Cocker, la Coker Family. Coker s’écrit sans « c » avant le « k », à l’inverse de Joe Cocker par exemple.
Al Coker est né dans l’Arkansas mais il s’établit en Californie en 1937. Avec sa femme Geraldine, ils ont eu deux enfants : un fils Sandy et une fille Alvadean. Vous ajoutez la tante Linda et vous avez la famille Coker.
La famille Coker enregistre en 1954 We’re Gonna Bop pour le label Abbott et elle signe ensuite chez Decca. En 1956, elle enregistre à Nashville le morceau qu’on va écouter Don’t Go Baby (Don’t Go).
Al Coker est au chant et à la guitare, Sandy Coker à la guitare et Geraldine à la basse. La voix sonne hillbilly mais on est en 1956 et le morceau est clairement rockabilly. Don(t Go Baby (Don’t Go) est le morceau le plus connu de la famille ; il figure sur de nombreuses compilations de rockabilly, par exemple le coffret de quatre CD intitulé « Classic Rockabilly » édité par le label anglais Proper Records avec un livret plein de photos et d’explications très bien fait.
Les enfants Sandy et Alvadean Coker ont enregistré d’autres morceaux. Ils ont joué aussi avec le duo des Collins Kids constitué de la sœur Lorrie et du frère Larry. Tout ça, ce sont des histoires de familles !
8/ Big George Jackson
Un peu de blues moderne à présent avec le chanteur harmoniciste Big George Jackson, né en 1949 dans les Twin Cities, les villes jumelles de Minneapolis et St Paul.
A ma connaissance Big George Jackson a sorti son premier album en 1998 chez Cold Wind et tous ses albums ultérieurs ont été édités par Black & Tan Records, le premier en 1998 également, le dernier en 2017 « Harmonica Blues ».
On écoute un morceau extrait de ce dernier album. Le morceau s’appelle What You Got.
► Big George Jackson - What You Got
Big George Jackson, c’est du bon gros blues qui tape et qui tâche, le genre de blues qui déchaîne un public.
On attend avec impatience le prochain album.
9/ Bobby Marchan, 1930-1999
Séquence rhythm and blues. Son vrai nom : Oscar James Gibson. Il est né dans l’Ohio. Au début des années cinquante il travaille comme imitateur des dans boîtes de nuit de La Nouvelle Orléans. En 1954 il sort son premier 45 tours chez Aladdin avec Have Mercy. Il sort ensuite des disques pour les labels Dot, Ace, certains sous le nom de Bobby Fields.
A partir de 1957 il travaille avec Huey Piano Smith et il se produit avec le groupe de ce dernier, les Clowns. Il est présent sur de nombreux titre des Clowns, notamment le plus connu d’entre eux, Rockin’ Pneumonia And The Boogie Woogie Flu.
En 1959 Bobby Marchan quitte les Clowns et entame une carrière solo chez Fire, la marque de Bobby Robinson. C’est l’année suivante, en 1960, qu’il sort son super hit, numéro 1 au Billboard rhythm and blues, There Is Something On Your Mind. On l’écoute.
Ce morceau, qui est en fait une reprise un peu transformée d’un titre de Big Jay McNeely, a été un super tube repris un nombre incalculable de fois dans les genres les plus divers, du rockabilly à la pop en passant par la country.
En 1963, Bobby Marchan signe chez Stax, puis chez Dial, Cameo Parkway. En 1966 il décroche un deuxième hit, Shake Your Tambourine. Dans les années soixante-dix il travaille en club à La Nouvelle Orléans comme animateur imitateur. Il a aussi créé un label, Manicure, qui s’est spécialisé dans le hip hop.
10/ Larry Williams, 1935-1980
Larry Williams, né en 1935 décédé en 1980, est un super chanteur de rock ‘n’ roll noir qui est pour moi l’égal des plus grands, bien qu’il n’ait pas atteint la notoriété d’un Chuck Berry ou de Little Richard.
Son nom officiel était Lawrence Eugene Williams. Il fait partie de cette génération de brillants pianistes de la Nouvelle Orléans qui ont suivi les traces de Professor Longhair et Fats Domino. C’est un cousin de Lloyd Price et il commence par travailler pour lui en 1954 comme chauffeur. Il bosse ensuite avec Roy Brown et Percy Mayfield. C’est en 1955 que se produit le déclic. Il devient pote avec Little Richard et signe chez Specialty, une marque locale qui vise le public du rock ‘n’ roll.
Le succès ne se fait pas attendre. En 1957, Short Fat Fannie atteint le numéro cinq au classement de la pop music, je dis bien de la pop, c’est-à-dire toutes musiques confondues et non du seul rhythm and blues. Le concept novateur de cette chanson signée Williams sera par la suite reproduit un nombre incalculable de fois : la chanson est entièrement composée de mots et de noms tirés de succès de rock ‘n’ roll, genre « elle passe par le Heartbreak Hotel (Elvis), elle marche sur mes blues suede shoes (Carl Perkins), mais c’est mon tutti frutti (Little Richard) ». On l’écoute.
Deux autres morceaux de Larry Williams sont classés en 1957, Bony Moronie et You Bug Me Baby, et encore une autre en 1958, Dizzy Miss Lizzy, dont le titre joue sur les consonances à la manière de Lawdy Miss Clawdy de Lloyd Price ou encore de Good Golly Miss Molly de Little Richard.
Dans les années soixante, Larry Williams s’est tourné vers le style funky. Il collabore avec Johnny Guitar Watson. Il a connu par la suite de sérieux ennuis liés à la drogue. A noter que Paul McCartney a revendiqué Larry Williams comme sa principale influence et les Beatles ont repris trois morceaux de Larry Williams.
Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE
Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :
https://www.radio-transparence.org/
Merci pour votre visite & Bon Blues !!
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