mercredi 17 octobre 2018

Séance 46


HOT ARIEGE
Du swing, des blue notes et du rythme
Avec Bruno Blue Boy !

Séance 46 


1/ T-Bone Walker, 1910-1975
Nous avons fait connaissance avec T-Bone Walker dans Hot Ariège en écoutant son plus grand succès, Call It Stormy Monday : la version originale de 1947 et celle de 1956 pour le label Atlantic. 
Ce géant du blues, pionnier de la guitare électrique qu’il adopte vers 1935, a enregistré dès 1929 un 78 tours pour Columbia. En s’inspirant de Lonnie Johnson, T-Bone Walker a construit un style, le style de la Côte Ouest, le West Coast Blues, en s’appuyant sur une petite formation avec cuivres, piano, basse et batterie. La guitare électrique et les cuivres campent une atmosphère ouatée, vaporeuse, au sein de laquelle la voix de T-Bone émerge d’une façon suave et charmeuse. T-Bone Walker est avec Charles Brown et Lowell Fulson le grand créateur du blues de la côte ouest. 
Il joue avec Cab Calloway, Charlie Christian. En 1940, il sort T-Bone Blues et en 1942, Mean Old World, deux morceaux exceptionnels. Après une session pour Capitol en 1942, il entreprend de longues tournées et se produit dans tous les Etats-Unis : New York, Chicago, Detroit, Los Angeles. Entre 1946 et 1955, il grave de nombreux disques pour plusieurs marques. 
La carrière de T-Bone Walker connaît une interruption en 1955 pour raisons de santé. Il est longtemps absent de la scène mais il enregistre néanmoins pour Atlantic. Ainsi le morceau Two Bones And A Pick qu’on va écouter a été enregistré en 1959. T-Bone Walker est au chant et à la guitare, R.S. Rankin et Barney Kessel aux guitares, Plas Johnson au saxo ténor, Ray Johnson au piano, Joe Comfort à la basse et Earl Palmer à la batterie. Je précise que T-Bone Walker prend le troisième solo de guitare.
T-Bone réapparaît sur scène en 1960 sur la Côte Ouest et il monte ensuite dans le train du blues revival. Il participe à deux séances de l’American Folk Blues Festival. Il se produit et enregistre jusqu’en 1974 où une pneumonie mettra fin à ses jours.
T-Bone Walker a été une grande figure du jump blues, qui a été à l’honneur dans les années quarante et cinquante. Il a été l’un des grands innovateurs du blues. Il incarne la transition entre le jeu de Lonnie Johnson et celui de B.B. King.


2/ Son House, 1902-1988 
Originaire du Mississippi, son vrai nom est Eddie James House Jr. Quand il avait quinze ans, il se proposait de devenir prédicateur. Heureusement pour nous, il s’est tourné vers le blues ! D’ailleurs, en fait de prédicateur, il est condamné pour meurtre en 1928 à la suite d’une bagarre et emprisonné à Parchman Farm, un pénitencier chanté par Bukka White. Il est rapidement libéré et il se lie d’amitié avec Charley Patton, la grande figure du delta blues. En 1930, il enregistre quelques faces pour Paramount. Parmi elles, My Black Mama qu’on écoute.
Toutes les faces enregistrées par Son House en 1930 n’ont pas été retrouvées, ce qui en dit long sur la politique d’une major comme Paramount et sur la faiblesse de la diffusion des morceaux en question.
Son House vit grâce à un emploi de conducteur de tracteurs et il anime des bals et des « house parties » le week-end. Il est retrouvé par l’ethnomusicologue Alan Lomax en 1941. Lomax l’enregistre pour la Bibliothèque du Congrès. La plupart des morceaux ne seront édités qu’en 1963 par Folkways.  
Au moment du blues revival, au début des années soixante, les fans de country blues se mettent à sa recherche et ils le retrouvent en 1964. Une seconde carrière commence alors pour lui. Il enregistre pour Columbia et participe à de nombreux festivals. Il vient même en Europe. Il participe notamment à la tournée de l’American Folk Blues Festival en 1967 où sa prestation est particulièrement remarquée.
Son House s’est retiré de la scène musicale au début des années soixante-dix. C’est une grande figure du Delta blues qui a profondément influencé Robert Johnson et Muddy Waters.


3/ Lisa Bourne  
Je vais vous proposer maintenant quelque chose de plus moderne : une chanteuse de blues, Lisa Bourne. Je n’ai pas beaucoup d’informations sur elle, sinon qu’elle est présente sur le CD du Lucerne Blues Festival de 2002 et que la même année, en 2002 donc, elle a sorti un album chez Pacifica Studio, un label de Los Angeles, intitulé « Bluehipnotik » ; Bluehipnotik en un seul mot.
On écoute un morceau de cet album, Tell Me Lies.
Lisa Bourne - Tell Me Lies
« Dis-moi des mensonges ! » Mais non Lisa, on ne va pas te baratiner ! Ce n’est pas un mensonge de dire que ce Tell Me Lies, signé Jimmy Morello comme tous les autres morceaux de l’album, me paraît très prometteur. Pourtant, bien que Lisa Bourne soit présente sur quelques compilations depuis 2002, il ne semble pas qu’elle ait sorti d’autre album. Dommage, mais attendons ! Qui sait ? Ca finira peut-être par venir.


4/ Ricky Nelson, 1940-1985
La carrière du chanteur de rockabilly Ricky Nelson est tout à fait caractéristique de la politique des maisons de disques et de la manière dont on fabrique des idoles dans l’industrie du disque.
Imperial, une firme de Los Angeles, est devenue la grande maison de La Nouvelle Orléans grâce aux succès de fats Domino. Fats Domino a réussi un coup prodigieux en passant du rhythm and blues au rock ‘n’ roll. Beaucoup d’autres ont essayé par la suite, bien peu y sont arrivés. On a conté dans Hot Ariège l’histoire de nombreux chanteurs qui ont échoué. Fats Domino a fait le succès d’Imperial.
Mais évidemment cela ne suffisait pas. En 1956/1957, à la suite du succès d’Elvis Presley, le raisonnement des producteurs est le même pour toutes les firmes : pour frapper un grand coup auprès du public blanc, il faut un chanteur blanc. Et toutes les firmes ont essayé de lancer « leur » Elvis Presley. Pour Imperial, ça a été Ricky Nelson.
Ricky Nelson jouait le rôle du jeune premier dans une série télévisée à l’eau de rose. Il avait une certaine ressemblance avec Elvis. On lui a fait enregistrer en 1957 une reprise d’un succès de Fats Domino I’m Walkin’. Ca a marché, Imperial l’a engagé et son premier 45 tours, Be Bop Baby, s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires.
Dans la foulée, toujours en 1957, Imperial sort un album entier de Ricky Nelson intitulé tout simplement « Ricky ». Parmi les morceaux se trouve une reprise d’un titre de Carl Perkins, Boppin’ The Blues. On l’écoute.
Un gars connu qui passe à la télé, une belle gueule, une voix agréable, un label en vogue, une équipe ultra professionnelle, et voilà ! Voilà comment on lance une idole. C’était vrai en 1957, apparemment ça marche toujours.
Ricky Nelson a placé 19 hits au Top 10 du Billboard et entre 1957 et 1962 30 chansons au Top 40. Il arrive en deuxième position derrière Elvis.
 Le critique Charlie Gillett a écrit : « Bien que Nelson eût un registre vocal modeste…, il sut s’adapter au rythme du rock ‘n’ roll de manière plus convaincante que la plupart des chanteurs non originaires du sud. » Ricky Nelson a fait de la télé, des films. Quand la beatlemania a liquidé le rock ‘n’ roll il a fait de la country. L’aventure s’est terminée en 1985 lorsque son avion s’est écrasé. Même fin de vie donc que pour Buddy Holly, Ritchie Valens et quelques autres.


5/ Lil’ Son Jackson, 1916-1976
Melvin Jackson, c’est le vrai nom de ce chanteur guitariste, est né au Texas. C’est l’un des plus remarquables bluesmen texans de l’après-guerre, avec Lightnin’ Hopkins et Smokey Hogg. 
Avant-guerre il occupait un emploi de garagiste et animait des « house parties » avec un groupe de spirituals. Après la guerre il se fixe à Dallas en 1946 et peu après il envoie un disque de démonstration au producteur Bill Quinn ce qui lui permet de graver en 1948 ses premiers disques pour le label Gold Star. Il obtient un petit succès avec Roberta Blues. On écoute un morceau de cette période tiré d’un album intitulé « Texas Blues – The Gold Star Sessions ». Le morceau s’appelle Gambling Blues. 
Jusqu’à la fin 1954, Lil’ Son Jackson se produit localement et en tournées. Il enregistre abondamment pour Imperial (plus de cinquante titres) et obtient un succès avec le morceau Rockin’ And Rollin’ dont B.B. King s’est inspiré pour son célèbre Rock Me Baby.  
Sérieusement blessé dans un accident de voiture, Lil’ Son Jackson renonce à la musique en 1955 et reprend son métier de mécanicien auto. Retrouvé en 1960 par l’écrivain Paul Oliver et le producteur Chris Strachwitz, il a gravé un album solo pour Arhoolie. Il s’est ensuite consacré à son magasin d’accessoires pour automobiles.
 Lil’ Son Jackson, un grand nom du blues du Texas !


6/ Dave Bartholomew 
La Nouvelle Orléans est connue pour avoir été le berceau du jazz. On connaît moins son rôle dans le blues qui est loin d’être négligeable. En fait, le déclin du jazz dixieland a laissé la place à une autre musique populaire noire.
C’est dans l’immédiat après guerre qu’un style particulier de blues est né à La Nouvelle Orléans. Il y a quelques grands noms associés à ce style. Celui du pianiste Professor Longhair d’abord, le véritable créateur du style. Celui de Fats Domino bien sûr, la grande vedette de La Nouvelle Orléans. Celui de Cosimo Matassa, le propriétaire de studios d’enregistrement qui va lancer toutes les gloires locales. Et il y a aussi Dave Bartholomew, trompettiste, compositeur, chef d’orchestre et producteur, qui a eu une influence considérable sur la scène musicale locale.
Dave (son nom est Davis) Bartholomew est né en Louisiane en 1918. Il joue dans un orchestre de jazz avant la guerre. En 1945 il fonde son propre orchestre de danse, les « Dew Droppers ». C’est en 1947 qu’il réalise ses premiers enregistrements pour de Luxe Records, dans les studios de Cosimo Matassa naturellement. En 1949, il grave le morceau Country Boy qui atteint la quatorzième place au Billboard. On l’écoute.
Je crois que je ne connais pas de riff plus copié et recopié que le riff de Country Boy.
Dave Bartholomew est au chant et à la trompette, Joe Harris au saxo alto, Clarence Hall au saxo ténor, Fred Lands au piano, Frank Fields à la batterie et Earl Palmer à la batterie.
Dès 1949 Dave Bartholomew devient le directeur artistique de la maison Imperial. Il ne le restera que deux trois ans, mais cela va suffire pour faire de lui le « pape » du blues local, un peu comme Willie Dixon à  Chicago. C’est ainsi qu’il découvre des talents comme Roy Brown et Fats Domino qui rencontrent un énorme succès. Il est le producteur arrangeur de la plupart des succès locaux des années cinquante. C’est lui par exemple qui produit pour le label Specialty Lawdy Miss Clawdy, grand succès de Lloyd Price.  
Mais bien au-delà de la production c’est lui qui compose et arrange les morceaux. On peut dire que si Professor Longhair est le créateur du son du piano blues Nouvelle Orléans, c’est Dave Bartholomew qui est le créateur du style. Son nom est relativement peu connu et pourtant son rôle a été déterminant pour la scène locale, pour l'évolution du rhythm and blues et pour la création du rock ‘n’ roll.


7/ Fats Domino, 1929-2017
Et Dave Bartholomew a joué un grand rôle dans la vie de l’artiste suivant puisqu’il s’agit de Fats Domino qui a commencé sa carrière en jouant dans l’orchestre de Dave Bartholomew. Et surtout c’est Dave Bartholomew qui a mis au point le style de La Nouvelle Orléans qui a si bien réussi à Fats Domino dès 1949 avec The Fat Man.
On écoute un morceau de 1960 écrit par Dave Bartholomew et Fats Domino pour Imperial, My Girl Josephine.
Ce morceau est intéressant par sa structure. Il est manifestement conçu pour le public du rock ‘n’ roll et pourtant il garde toutes les caractéristiques du rhythm and blues. Il est à la fois puissant et simple, c’est là toute la force de Fats Domino. C’est aussi, plus largement, le secret de la réussite de nombreux morceaux de blues et de rhythm and blues.
Ce n’est pas un des plus grands succès de Fats Domino puisqu’il n’a atteint « que » la quatorzième place au Billboard. Mais il faut se rappeler qu’on est en 1960, date à laquelle l’Europe commence à s’intéresser au rock ‘n’ roll. Et ce morceau a fait une forte impression sur ce tout nouveau public.


8/ Mississippi Heat
Mississippi Heat est un orchestre de Chicago blues dont la clé de voûte est aujourd’hui l’harmoniciste Pierre Lacocque. Attention ! Malgré son nom bien français, Pierre Lacocque est américain.
Le groupe s’est formé en 1991 dans un café de Chicago. Les quatre musiciens d’origine étaient le chanteur guitariste Jon McDonald, le batteur Robert Covington, le bassiste Bob Stroger et Pierre Lacocque. Le groupe n’a pas cessé d’évoluer au fil des ans. Il a compté dans ses rangs des gens comme le guitariste James Wheeler ou la chanteuse Deitra Farr.
Je vous propose d’écouter un morceau tiré d’un album de 2002, « Footprints On The Ceiling ». Le morceau s’appelle Still Havin’ A Ball. 
Pierre Lacocque à l’harmonica, Chris Winter au chant et à la guitare, Billy Boy Arnold guest star à la guitare, Inetta Visor, au chant, Carl Weathersby au chant et à la guitare, Roger Weaver aux claviers, Stephen Howard à la basse et Kenneth Smith à la batterie.
Ce qui est intéressant avec Mississippi Heat, c’est qu’ils parviennent à jouer une musique à la fois moderne et ancrée dans la tradition du blues de Chicago de la belle époque, c’est-à-dire des années cinquante soixante. Ils ont fait paraître douze albums en tout depuis 1992. Le dernier date de 2016. Ils en sortent un tous les deux ans environ. Le prochain ne devrait donc pas tarder.


9/ Milton Brown, 1903-1936
  Ce chanteur né au Texas est le père du western swing. C’est lui qui a eu le premier l’idée géniale de marier country music et jazz pour composer une musique de danse. Cette idée va révolutionner la country music dite « old style » et va influencer toute la musique populaire jusqu’à nos jours.
Le déclic se produit en 1930 dans une salle de bal à Fort Worth, Texas. Brown rencontre deux autres musiciens de country, le violoniste Bob Wills et le guitariste Herman Arnspiger, tous deux passionnés de jazz comme lui. Ils décident de s’associer et fondent le groupe des « Fort Worth Doughboys ». Les Doughboys ont leur programme à une radio locale, extrêmement populaire, et ils gravent un single pour Victor en 1932.
Ils se séparent peu après et Milton Brown fonde alors les Musical Brownies qui réalisent deux sessions pour Bluebird en 1934 : la première en avril, la seconde en août. Ils gravent en tout dix-huit morceaux qui sont autant de chefs d’œuvre du genre. 
On écoute un morceau de la deuxième session, celle d’août 1934, Talkin’ About You.
Milton Brown au chant, Derwood Brown au chant et à la guitare, Cecil Brower et Ted Grantham aux violons, Fred Papa Calhoun au piano, Wanna Coffman à la basse et Ocie Stochard au banjo. 
Certains auteurs, comme Gérard Herzhaft par exemple – une autorité du blues en France – que je cite souvent, considèrent Talkin’ About You comme le premier morceau enregistré de rock ‘n’ roll. C’est une opinion que je ne partage pas, même si on doit reconnaître que Milton Brown a créé une musique de danse moderne fondée sur des éléments blancs et noirs, country et jazz. C’est beaucoup, et ça se rapproche, mais ce n’est pas suffisant à mes yeux.
Il faut être logique. Soit on considère que le rock ‘n’ roll est un phénomène qui déborde le cadre musical, un véritable phénomène social qui a touché la jeunesse de l’après-guerre, et c’est Elvis Presley qui doit être crédité de son origine : Elvis, le premier à interpréter des blues en mariant blues et country music et qui incarne, à l’instar d’un James Dean, une certaine jeunesse rebelle, au moins à ses débuts… Soit on recherche les antécédents purement musicaux du genre et dans ce cas-là on tombe d’un côté sur Jimmie Rodgers, un des pères fondateurs de la country moderne qui interprétait déjà des blues dans les années vingt mais cela ne colle pas parce que ses morceaux n’ont en rien la structure du rock ‘n’ roll et d’un autre côté c’est plutôt Big Joe Turner qui se rapproche le plus du genre en créant avec le pianiste Pete Johnson à la fin des années trente des pièces de rhythm and blues qui ont déjà la structure du rock ‘n’ roll : la base, c’est un chant syncopé sur du boogie-woogie. Et d’ailleurs après la guerre, Big Joe Turner, le créateur de Shake Rattle And Roll, dont Bill Haley a fait un immense succès, jouera un véritable rôle dans le rock ‘n’ roll.
Pour en revenir à Milton Brown, il faut signaler qu’il engage dans son orchestre à la fin de l’année 1934 le guitariste Bob Dunn qui enregistre sa Dobro électrifiée dès janvier 1935, ce qui en fait l’un des tout premiers à utiliser une guitare électrique, avant le jazzman Eddie Durham et juste après le hawaïen Sol Hoopii. 
Milton Brown signe chez Decca en 1935 et enregistre une cinquantaine de morceaux. Il est mort en 1936 des suites d’un accident de voiture, ce qui a privé la country music d’un de ses plus éminents représentants. 


10/ U2 & B.B. King
Nous allons parler à présent d’une association peu courante mais qui en fait a toujours existé. Je veux parler de l’association entre un groupe de rock et un authentique bluesman, en l’occurrence celle de U2 et de B.B. King.
Celle-ci s’est passée en 1988 mais comme le note Philippe Bas–Rabérin dans son ouvrage sur le blues moderne, dès 1963, à la faveur de tournées collectives comme l’AFBF ou de déplacements individuels, Sonny Boy Williamson Rice Miller, Otis Spann, Muddy Waters, Memphis Slim, Champion Jack Dupree, Eddie Boyd, B.B. King ont joué avec Alexis Korner, les Yardbirds, John Mayall, Eric Clapton, Tony McPhee, Peter Green etc. 
On peut ajouter Sleepy John Estes avec Mike Bloomfield, Son House avec Alan Wilson et les « London Howlin’ Wolf Sessions » de 1970 qui ont débouché sur des albums de Howlin’ Wolf avec Eric Clapton, Steve Winwood, Bill Wyman, Charlie Watts. La rencontre la plus connue est celle qui s’est produite en 1970 quand le groupe Canned Heat a enregistré avec John Lee Hooker un album devenu célèbre « Hooker ‘n Heat » ; ils ont ensuite réalisé un concert ensemble en 1971.
Ces rencontres se plaçaient toutefois dans un contexte différent de celui de 1988 quand U2 a joué avec B.B. King. Korner, Clapton, Wilson jouaient une musique consciemment appuyée sur le blues. Le style de U2 en est nettement plus éloigné. Etonnamment, le résultat n’est cependant pas catastrophique ; on peut même dire que ça fonctionne. La preuve par le son : voici U2 et B.B. King en 1988, When Love Comes To Town, extrait de l’album Rattle And Hum.
Je rappelle la composition de U2 : Bono au chant et à la guitare, The Edge au chant, à la guitare et aux claviers, Adam Clayton à la basse et Larry Mullen Jr à la batterie. Le groupe a fait une tournée en 1989. B.B. King jouait en première partie et ils jouaient ensemble pour les rappels.
Pour moi c’est une rencontre vraiment étonnante, inattendue, mais plutôt réussie. Ce n’est vraiment pas le cas de toutes celles que j’ai citées dont la plupart sont, il faut bien le dire, sans aucun intérêt. D’ailleurs à propos d’intérêt, je laisserai la parole à John Lee Hooker : « Cet Eric Burdon et ces Animals, ils ont repris Boom Boom, Dimples, Maudie… Aux USA, on me disait : « Tu entends ce qu’ils font de tes morceaux ? Ils ne savent même pas tenir le tempo. » Mais ils ont vendu beaucoup de disques avec mes blues. Et ça m’a rapporté un bon paquet de dollars. » Sur l’intérêt, je crois que tout est dit. Alimentaire, mon cher Watson !


Morceau non diffusé


11/ Louis Jordan, 1908-1975

Louis Jordan, né en 1908 mort en 1975, joueur de clarinette et de saxophone, fait partie de ces musiciens inclassables qui se situent au carrefour de plusieurs styles : blues, jazz, rock ‘r’ roll… Il a commencé à enregistrer dès 1929 avec le chef d’orchestre et batteur de jazz Chick Webb. Il a accompagné notamment Louis Armstrong et Ella Fitzgerald. Il fonde son orchestre, les Tympany Five, en 1938 et signe chez Decca. Il obtient un succès immédiat et devient une véritable star. 
Louis Jordan a mis au point un style de rhythm and blues incroyablement efficace, à base de jump blues et de boogie. Il est l’auteur d’une dizaine de morceaux, comme Caldonia Boogie, Keep-A-Knockin’, Let The Good Times Roll, qui sont devenus des standards du blues et du rock ‘n’ roll.
On écoute l’un d’eux : Choo Choo Ch’ Boogie, un morceau de Louis Jordan and his Tympany Five, enregistré à Los Angeles en 1946, avec Aaron Izenhall à la trompette, Josh Jackson au saxo ténor, Wild Bill Davis au piano, Carl Hogan à la guitare électrique, Jesse Simpkins à la basse et Eddie Boyd à la batterie (à ne pas confondre avec un autre Eddie Boyd, pianiste de Chicago).
Les morceaux de Louis Jordan se caractérisent par un rythme endiablé, des riffs efficaces, un swing exubérant et Louis Jordan n’hésite pas à les émailler de blagues et de gags qui constituent son cachet personnel. Son succès ne faiblit pas tout au long des années quarante. Il trône sans arrêt en tête du Billboard dans la catégorie rhythm and blues. Et son influence considérable s’étend bien au-delà du seul rhythm and blues.


Vous pouvez écouter les morceaux présentés ici en cliquant sur le titre de la chanson en ROUGE

Vous Pouvez écouter "Hot Ariège" en direct les mercredis a 19h sur Radio Transparence :

https://www.radio-transparence.org/

Merci pour votre visite & Bon Blues !!

1 commentaire:

  1. Great session , was U2 with the great B.B. really necessary ? i can give you a few tips for better B.B. if needed .

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